Notice : 1. Fiches de lecture :
- Adresse du site : Lectures (site arrêté à la date du 18 mai 2006)
- Base de données : Fiches (depuis le 19 mai 2006)
- Ajouts : consultation des ==> Nouveautés <==
Les Nouveautés concernent :
- ==> LATIN :
- AULU-GELLE, Les nuitsd attiques, livre II
- ÉCRIVAINS de l'Histoire auguste, Trebellius Pollion, Vie du divin Claude (II)
- JUSTIN, Histoire universelle, livre XXXI
- VÉGÈCE, De l'art militaire, livre IV
Nouvelles étincelles glanées :
- Ésope et la fable de l'alouette
- A propos de la durée de la vie humaine
- A propos des oies du Capitole
- Scipion l'Africain : Les devoirs de père doivent céder le pas aux devoirs de la patrie
- En 190 av. J.-Chr., les Scipions (l'Africain et l'Asiatique) et l'armée romaine arrivent à Troie d'où est parti Énée, leur lointain aïeul
- A propos d'une utilisation des cheveux de femmes
- Art militaire : Comment connaître la hauteur d'un mur à assiéger?
2. ITINERA ELECTRONICA & environnements hypertextes :
Christian RUELL, avec sa diligence coutumière, a pu confectionner 9 nouveaux environnements hypertextes :
- Aulu-Gelle, Les Nuits attiques, livre II [traduction française reprise au site de Philippe Remacle]
- Écrivains de l'Histoire auguste, TREBELLIUS POLLION, Vie du divin Claude (II) [Traduction française reprise au site de Philippe Remacle]
- Eutrope, Abrégé de l'Histoire romaine, livre VIII [Traduction française reprise au site de Philippe Remacle]
- Eutrope, Abrégé de l'Histoire romaine, livre IX [Traduction française reprise au site de Philippe Remacle]
- Eutrope, Abrégé de l'Histoire romaine, livre X [Traduction française reprise au site de Philippe Remacle]
- Justin, Histoire universelle, livre XXX [Traduction française reprise au site de Philippe Remacle]
- Justin, Histoire universelle, livre XXXI [Traduction française reprise au site de Philippe Remacle]
- Stace, Silves, livre II
- Végèce, De l'art militaire, livre IV [Traduction française reprise au site de Philippe Remacle]
Les textes bruts de ces oeuvres sont disponibles dans le Dépôt ITINERA ELECTRONICA.
3. L'Ovidienne, livres X et XI :
Depuis plusieurs années, la section Traductions de la Bibliotheca Classica Selecta (BCS) propose un certain nombre de traductions nouvelles de textes anciens (Ovide, Virgile, Suétone, Tacite, Tite-Live, Veillée de Vénus, Anthologie Palatine, Euripide, Jean le Lydien, Ménandre, Plutarque, Théophraste), en les accompagnant généralement de notes portant sur les realia.
La collection vient de s'enrichir de la traduction annotée des livres X et XI des Métamorphoses d'Ovide. On la doit à Anne-Marie Boxus et à Jacques Poucet, qui ont déjà publié en commun dans la même collection l'intégralité de l'Énéide de Virgile, l'intégralité des Fastes d'Ovide et les neuf premiers livres des Métamorphoses d'Ovide. Si le rythme actuel de publication se maintient, les quinze livres des Métamorphoses seront terminés dans le courant de 2008.
4. Livre : le culte de César :
Livre : Friedrich GUNDOLF, César. Histoire et légende.
Titre original : Caesar. Geschichte seines Ruhms (Berlin, 1924)
Traduction française par Marcel BEAUFILS
Paris, Rieder, 1933
Extrait : pp. 22-24 :
"... Diviniser, c'est adorer sous forme d'image des forces
cosmiques détectées, un secret vital entrevu dans la joie ou avec un
frisson de terreur. La chose était familière à l'esprit antique,
comme c'est le propre des modernes, inversement, de voir en tout
ce qui a pris forme, une individualisation provisoire, ou factice,
pour le ramener sur le plan du sentiment, du concept, de l'intuition.
Le culte de César unit et fond trois ambiances antiques de
déification : l'humilité asiatique devant la force en elle-même,
nature ou destin ; la glorification hellénique de toute plénitude
humaine : beauté, génie ou force ; le frisson italien devant les
démons profonds de l'homme, d'une époque, ou de lieux prédestinés.
L'empire de César soude l'idée de puissance des Grands-Rois
orientaux, héritage d'Alexandre, l'idéal grec de la culture humaine
totale, et l'idée romaine d'un État né lui-même du caractère
sacré, en tout espace et en tout temps, de toute puissance humaine.
Ainsi César est le premier Dieu européen en qui se soient rencontrés
le culte de la puissance, le culte du héros et le culte de l'État. Le
premier homme qui ait acclimaté en Europe la puissance du Grand
Roi, née en Asie, européisée par Alexandre, et par lui rendue assimilable
à nos esprits, l'Europe l'a, à la manière asiatique, adoré
et craint comme le Seigneur des Destins, le rédempteur ou le
dominateur du monde. Elle l'a, à la manière hellénique, honoré et
célébré comme l'individu orné de dons admirables et couronné de
victoires. Elle l'a, à la romaine, craint comme l'homme investi de
fonctions sacrées, comme la personnification de l'ordre sacral.
Sans doute se mêlait, à ce culte, une part de flatterie : mais la
flatterie ne l'a pas créé. La distance entre ces trois formes d'adoration
a compliqué à César la besogne. Ainsi Alexandre, déjà, avait
dû flotter, presque trébucher, entre Cyrus et Achille, le Grand-roi
et le Héros, Ammon et Dionysos. Pour César, il y avait en outre la
sujétion à la fonction romaine, qui ne s'accordait ni avec l'autocratie
intégrale de l'Asie, ni avec la liberté du héros grec. A lui-même
et à ses sujets grecs suffisait son génie divin. C'était là une
assise suffisante à sa puissance.
Près des Romains, il lui fallut,
se proclamant fils de Vénus, chercher à se justifier par une descendance,
et entasser sur ses épaules les honneurs publics. Puis
lorsque, dans l'Est-égyptien, la magie de l'Orient le frôla, l'ordre
romain lui devint trop étroit, l'élan d'Alexandre le poussa hors
des frontières de son monde. Il eut soif de cette divinité absolue
qui devait lui épargner, dans l'accomplissement de ses buts gigantesques,
bien des pertes de temps et bien des travaux. Las des
petits conflits, il se mit au-dessus du ban de la République, trop
élevé pour respirer à l'aise dans les emplois mêmes de Pontife,
de Censeur, de Dictateur ou d'Imperator. Et cependant, ces
emplois, ces formes seules assuraient à Rome sa puissance, et
lui conféraient caractère sacré. Qu'il ait voulu être appelé Roi,
qu'il ait voulu, d'Ilion ou d'Alexandrie, dominer le monde, tous
ces bruits, vrais ou faux, témoignent chez les Romains d'un sentiment
très exact que César en faisant éclater les frontières de
l'Empire, avait péché contre le Dieu romain qui avait fait sa grandeur.
César cherchait une mesure nouvelle. Cette mesure était,
pour le Romain, démesurée. La royauté divine pouvait, en Asie,
être le moule où se coulerait la vie immense de César. C'était une
chose que Rome n'avait pas le droit de souffrir. Ce fut la raison
de sa chute. Mais son génie personnel triompha par delà cette
chute même. L'adoration qui porta peuples et sujets à son tombeau
n'est ni italienne ni orientale : elle est hellénique. Elle est le
culte suprême au dernier héros païen, une dernière fois allumé à la
flamme d'une grandeur humaine, à un être puissant, à un destin
écrasant, sans le médium asiatique d'un mythe divin, — chrétien
par exemple —, ou du culte romain de l'État.
Rome ne fit
plus, désormais, de ces prières que pour Marc-Aurèle et Trajan.
César fut en cela le successeur direct d'Alexandre. C'est donc par
plus qu'une fleur de langage qu'on a toujours associé ces deux
dieux païens. Alexandre a été déifié parce qu'il incarnait la résurrection
de puissances éternelles, qu'il était fils de Jupiter, émanation
terrestre du plus grand des Êtres ; César, parce que, dans
les limites nettes de son humanité, il eut une envergure unique.
Sa divinisation fut l'élévation, vers les Dieux et les étoiles, de
l'homme Caïus Julius. Ainsi les deux cultes sont deux langages
symboliques où s'expriment deux essences. Alexandre, c'est la
Vie totale envahissant l'empire des hommes ; César, le déploiement
de dons et d'espaces humains jusqu'à la perfection divine. ..."
Jean Schumacher
29 février 2008
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