[2,0] L’ART VÉTÉRINAIRE, ou L'HIPPIATRIQUE DE VEGETIUS RENATUS, LIVRE SECOND. PROLOGUE. Il y a déjà longtemps que l'Art vétérinaire est tombé, tant pat le vice de la cupidité qui est devenu général que par la modicité du gain qu'on y peut faire, de sorte que personne ne s'applique plus à l'étudier. Mais n'y a-t-il pas lieu de craindre que la pratique de cet Art ne tombe aussi elle-même, comme elle est tombée chez les Huns ou chez d'autres Nations, quand on voit des hommes qui, fuyant la dépense et affectant de vouloir imiter la coutume de ces Peuples barbares, exposent leurs animaux dans les pâturages d'hiver et à tous les accidents résultants de la négligence, sans en prendre aucun soin? Ce qu'il y a de confiant, c'est que cette, méthode n'a jamais profite à personne et qu'elle a occasionné des pertes à bien du monde, pour deux raisons : la première, c’est que les animaux des peuples barbares sont d'une nature différente de celle des nôtres et qu'ils ont le corps plus endurci contre toutes les espèces de mauvais traitements ; la seconde, c’est qu'ils sont élevés, dès leur enfance, a n'avoir pas besoin de potion médicinale et qu'ils sont accoutumés à se fortifier dans les pâturages d'hiver et à supporter sans risque le froid et les brouillards, au lieu que nos animaux sont d'une nature plus délicate et qu'étant plus habitués à être à couvert et même dans des écuries très chaudes, pour peu qu'ils éprouvent quelque irritation, quelleque soit l'incommodité qui la cause, ils tombent aussitôt malades de façon ou d'autre. Par conséquent, si un chef de famille attentif à ses intérêts vient à comparer le nombre des animaux que la mort lui enlevé, avec les dépenses et les salaires qu'il lui en aurait coûté pour leur guérison, il sentira bientôt que la conservation d'un grand nombre d'animaux, qui périraient infailliblement s'ils n’étaient point traités, n'excède pas le prix de l'animal le plus vil. [2,1] CHAPITRE PREMIER. Dans tel animal que ce soit, c’est la tête qui tient le premier rang entre tous les autres membres, parce qu'étant plus élevée qu'eux, elle conserve sur eux une espèce d'empire qu'elle doit au fort de sa position. C’est dans la tête que résident l'odorat, le goût, l'ouïe et la vue ; mais aussi plus l'importance de cette partie du corps est grande, plus le travail lui fait supporter de dangers. Nous essaierons donc d'indiquer par ordre les causes qui donnent naissance aux maladies qui l'attaquent, les symptômes auxquels on peut en reconnaître la nature, ainsi que les traitements qui peuvent les guérir. Ce sont communément les mauvaises digestions qui corrompent le sang dans le corps des animaux et c’est ce qui arrive lorsqu'ils ont les membres affaiblis soit par le chaud soit par le froid et que le sang, qui vient à se congeler dans leur tête, se convertit en poison. En effet, les veines étant pleines alors, la membrane du cerveau se distend et éloigne souvent le sommeil qui est la chose la plus nécessaire à la santé, d'où il résulte nécessairement des douleurs de tête, de la tristesse et de la faiblesse. Cette incommodité est la première de toutes et paraît être la plus légère, lorsqu'on y apporte un prompt remède. [2,2] CHAPITRE II. Au reste, lorsque le mauvais sang a corrodé la membrane du cerveau d'un seul côté et qu’il a commencé à l’appesantir par une douleur trop forte, l'animal devient lourd et son esprit s'émousse ainsi que sa vue, parce que c’est le bon état du cerveau qui entretient les yeux et les sens dans le leur. Comme l'animal, dans cette position, n'a qu'une seule partie de la tête qui soit incommodée, il va en rond comme s’il tournait la meule. [2,3] CHAPITRE III. Mais lorsque le virus d'un sang corrompu a infecté le milieu même du cerveau, l’animal devient frénétique de façon qu'il saute subitement et qu'il semble vouloir s'enfuir : il donne aussi contre les murailles, comme s'il était hors d'état d'être conduit et on ne peut le retenir en aucune manière. [2,4] CHAPITRE IV. La cardialgie est une maladie dans laquelle le cœur souffre : or, cette maladie prend aux animaux, toutes les fois que le sang, étant de même corrompu, remplit les vaisseaux de l’estomac ou du thorax et qu'il frappe le cerveau et resserre le cœur par son humeur pestilentielle. Cette maladie entraîne avec elle l'aliénation de l’esprit et se manifeste par la sueur du corps : l’animal en réchappe difficilement. [2,5] CHAPITRE V. Si l'affection du thorax s'empare d'un animal qui soit déjà dormeur, elle le fait aussitôt devenir enragé, parce que la trop grande ardeur, tant du foie que du sang venant à suffoquer les vaisseaux du cœur, ainsi que les nerfs, le resserrement qu'elle occasionne lui cause dans ces parties une douleur si vive, qu'il se déchire lui-même à belles dents. Si on réchappe un animal de ces maladies et qu'après sa guérison une partie de son cerveau demeure altérée, ou qu'il y soit survenu une enflure, il devient inepte et paresseux, il se tourne difficilement du côté de la tête où ce vice sera resté, il s'appuie de ce côté-là contre les murailles et marche lentement et sans être sensible aux coups, il perd la grâce de son allure, il porte toujours la tête baissée et quand il a commencé à s'arrêter, il ne se remet plus en mouvement qu'avec lenteur : il a aussi la vue moins bonne, mais il ne refuse ni à manger, ni à boire. Si on veut le guérir, il faut le traiter avec des cautères que l'on fera succéder à des sinapismes. Dans toutes les maladies que nous venons d'exposer, on commencera par tirer du sang des tempes et quelquefois même de la veine mère. Au surplus, le traitement est presque le même pour toutes ces différentes maladies. On verra dans la suite de cet ouvrage l'ordre qu'il faut suivre dans ce traitement. [2,6] CHAPITRE VI. On se rappellera que les maladies de la tête, qui sont toutes dangereuses, surtout quand elles sont invétérées, doivent être traitées par le cautère qu'on fait succéder au sinapisme. Voici le régime et l'ordre que l'on suivra dans ce genre de traitement. On privera l'animal d'orge pendant trois jours et on le ménagera en ne lui donnant que des nourritures molles : au bout de ces trois jours on lui tirera du sang de la veine-mère, tant du côté droit que du côté gauche, autant que son âge, ses forces ou son état le permettront, après quoi on le sustentera pendant trois jours avec une nourriture verte qui confinera en petits choux et en laitues. On commencera par l'empêcher de boire et de manger le premier jour. Le jour suivant on ne lui donnera pas moins de vingt pâtés faites avec du chou et trempées dans du bouillon et de l'huile qui soit excellente, indépendamment de la laitue qu'on lui donnera pour sa nourriture trois fois par jour. Il commencera toujours par boire quand il aura pris sa potion ; mais s'il arrive que son ventre commence à se trop lâcher, on cessera de lui donner des pâtés de choux et on lui donnera au contraire de la paille et du son en sorte que le jour suivant il ne mange absolument rien et qu'il n'ait que de l'eau à boire ; le lendemain on le mènera dans une salle de bains chaude pour le faire suer; mais il faudra être attentif à le retirer promptement de cette chaleur, de peur qu'il n'y périsse faute de respiration. Quand on l'en aura retiré, on l'essuiera avec soin et après l'avoir frotté sans ménagement avec du vin et de l'huile on lui donnera une quantité convenable de feuilles de raiforts saupoudrées de nitre. Ensuite on mêlera d'excellente huile avec des racines de concombre d'aneth vert hachées par petits morceaux, que l'on fera cuire dans un vase propre jusqu'à diminution d'un tiers, pour lui en donner pendant trois jours une hemina afin que cette potion lui lâche le ventre. Mais s'il commence à être dévoyé outre mesure, on fera fricasser de petites lentilles et de l'orge par dose égale, pour lui en donner deux livres par jour avec du son et de la paille. On travaillera donc ainsi pendant cinq jours à le refaire et on l'exercera modérément afin de voir jusqu'à quel degré les forces du corps et la santé lui seront revenues. Ensuite on le saignera au palais à volonté. Le jour suivant on lui purgera la tête avec de la conise ou de la racine de Diane qui porte le nom d’Artemisia, ou à défaut de l’une ou l'autre de ces plantes, avec d'excellent bouillon mêlé d'huile. On lui attachera la tête et les pieds ensemble. Quand on s'apercevra qu'il aura été bien purgé, on le déliera et on lui versera dans chaque naseau une cotyla de beurre fondu dans de l'huile de roses, pour calmer avec cet adoucissant l'irritation causée par la purgation. Si les potions que nous venons de prescrire ne lui ont point lâché le ventre, on lui donnera une potion composée d'un denarius pesant de miel et d'hellébore blanc bien broyés, dans une hemina de vin doux, ou du moins on lui fera avaler deux denarii pesant de scammonée également bien broyée dans une hemina de vin doux. Mais si le trop grand relâchement du ventre le met en danger, on lui fera prendre de la grande consoude dans de la ptisanne d'orge mondé pour le resserrer et on lui donnera pour sa nourriture deux livres de petites lentilles et d'orge fricassés avec de la paille et du son. Enfin, on appliquera avec soin un sinapisme sur les parties malades. Ensuite on les brûlera avec un cautère de fer où de cuivre, lequel passe pour être meilleur que celui de fer, après quoi on traitera cette brûlure suivant les méthodes accoutumées. On lui donnera aussi pendant plusieurs jours une potion d'antidote polychreste et on l'exercera modérément, en augmentant peu à peu la quantité de nourriture qu'on lui donnera, jusqu'à ce qu'on l'ait remis à son ancien régime. On assure qu'on peut guérir les maladies les plus incurables par le moyen du cautère que l'on fera succéder au sinapisme et qu'on peut, par exemple, fortifier les fous avec ce traitement. C’est à la tête qu'on brûle ceux qui tombent du mal caduc, quand on les traite avec le cautère qu'on fait succéder au sinapisme, au lieu qu'on applique le cautère aux reins de ceux qui sont maladifs, de ceux qui ont la dysenterie, de ceux dont la peau est collée contre les os, ainsi que de ceux qui ont l’orthopnée et le strophus. [2,7] CHAPITRE VII. Il arrive assez communément que le cerveau d'un animal est ébranlé par diverses maladies, ce que l'on reconnaît à ces symptômes-ci : il marche de travers, choppe souvent et remue tout le corps. Voici la manière de le traiter en pareil cas : on prend vingt baies de laurier, une selibra de nitre et une poignée de rue qu'on broie bien ensemble et après avoir mêlé du vinaigre faible et d'excellente huile de roses, on fait chauffer ces drogues si l'on est en hiver, puis on lui oint d'huile la tête et le cerveau ou les oreilles, après quoi on lui enveloppe le cervelet d'une peau de laine. Si l'on n'a point sous sa main les drogues que nous venons de dire, on mêle ensemble de la farine d'orge et de la résine, pour en faire un cataplasme qu’il faut lui mettre sur le cerveau. Outre cela on mêle de la cire avec de l'huile de carpe pour mettre avec du linge entre ses oreilles comme du cérat. Il faut néanmoins lui réchauffer aussi le reste du corps avec des potions. On aura donc soin de bien broyer trois écrevisses de rivière qu'on mêlera avec deux unciae de jus de chou, en y ajoutant un sextarius de lait et deux cyathi d'huile et après avoir passé ce mélange, on le lui versera à la corne dans la bouche. Si on n'a point d'écrevisses, on fera bouillir deux cyathi de miel et un sextarius d'eau chaude, pour en faire des pastilles qu'on fera fondre dans de l'eau fraîche pour lui faire boire. Outre cela, si c’est en hiver qu'il a besoin d'être traité, on lui donnera en potion de la farine de froment au lieu que si c’est en été, on lui donnera de la farine d'orge mêlée d'eau fraîche comme de l'amidon. [2,8] CHAPITRE VIII. Il y a bien des auteurs qui ont amplement traité des douleurs de tête. En voici les symptômes : il paraît une tumeur autour des yeux de l'animal, il refuse à manger, sa langue, son palais et ses lèvres s'enflent et plus la maladie augmente, plus cette enflure croît. Lorsqu’il marche, tout son corps vacille et il a peur de son ombre comme s'il la sentait. La cause de cette maladie vient de la corruption du sang et de la mauvaise digestion des nourritures, qui gonflent les vaisseaux qui environnent les tempes, parce que leur passage naturel est obstrué ou au moins intercepté et qui corrompent la membrane du cerveau. Il faut alors lui tirer du sang des tempes et oindre aussitôt sa tête avec une grande quantité d’huile et de vinaigre mêlés ensemble. Si l'on est en hiver, on fera tremper un jour d'avance, dans de l'eau, de l'orge que l'on fera bouillir pour la mettre chaude: dans de petits sacs qu'on laissera longtemps sur sa tête, afin de la réchauffer par cette fomentation. D'autres auteurs ordonnent de lui tirer du sang au palais, ensuite de mêler de l’argile de Cimolus, infusée dans du vinaigre et de la fiente de bœuf récente avec du nitre broyé et de faire bouillir ce mélange sur des charbons, dans un chaudron; pour l'appliquer chaud sur le cerveau de l'animal malade, en l’arrosant de vinaigre, afin que l'argile ne s’arrache pas à ses poils, ce qui serait d'autant plus à craindre qu'on a commencé par lui fomenter la tête avec de l'eau chaude. Voici les symptômes qui annoncent que la douleur de tête va presque jusqu’à là folie : toutes les fois qu'un animal est lourd et qu'il se laisse aller sur sa crèche, les larmes lui tombent souvent des yeux, ses oreilles se dressent, ses yeux sont appesantis, il a la respiration fréquente, le poil sec, des tremblements fréquents et l'extérieur triste. On commencera par lui interdire l'eau dans la crainte qu'il ne boive trop, on lui tirera du sang des deux côtés de l'encolure et on traitera sa tête de la manière que nous avons prescrite. [2,9] CHAPITRE IX. C’est encore principalement à la mauvaise disposition de la tête que, l’on rapporte la maladie de la distension. En; voici les symptômes : la vue de l'animal s'obscurcit et se couvre d'argile et ce symptôme est suivi d'un tremblement et d'une sueur par tout le corps. On attribue cette maladie à l'eau, que l'animal a bue dans le temps, qu'il était en sueur, ou à une nourriture mal digérée ou à la privation du sommeil ou à ce qu'il n’a pas été desserré. La membrane de la tête se distend dans cette maladie, qui est regardée comme la source et la mère de toutes les autres. En effet, si on ne traite pas alors l’animal dès le principe du mal, pour le faire dormir comme il faut, il devient dormeur, fou, enragé, frénétique et tombe dans la cardialgie. En conséquence quand cette maladie prendra à un animal, on lui tirera du sang de sa tête à proportion de sa taille et de son âge. Et si l’on est en été, on lui oindra la tête et tout le corps d'huile et de vinaigre et on le frottera très longtemps, puis on le tiendra renfermé dans un lieu frais et obscur et on mettra sous lui de la fiente sèche ou de la paille, afin que la mollette même de sa litière l'invite à se coucher. On évitera de le tenir dans un lieu chaud, parce que la chaleur l'empêcherait de dormir. On le refera avec du son, de la paille ou des feuilles de laitues. Outre cela, on ne lui donnera que peu à boire. Quand il commencera à entrer en convalescence, on l'exercera par de petites promenades et si on le juge à propos, on l'amènera peu à peu et par degrés, à une nourriture plus abondante, en lui donnant de l'orge infusée dans de l’eau, jusqu'à ce qu'on l’ait remis à son ancien régime. S'il ne va pas mieux le septième jour, on lui tirera une seconde fois du sang des tempes et on lui traitera la tête sans interruption. On lui donnera la potion avec laquelle on guérit les animaux dormeurs : elle est composée d'une uncia tant de graine de cresson alénois que de graine d'ache de marais, de graine de laitue, de grande consoude, de persil, d'aneth et de graine de pavot sauvage, avec trois scrupules de poivre et une drachme de safran. On crible et l'on mêle bien ces drogues, après quoi on les détrempe dans de l'eau pour en faire des trochisques qui ne pèsent pas moins d'une drachme chacun. On lui fera prendre par la bouche un de ces trochisques par jour, après l'avoir délayé dans de l'eau et on recommencera tous les jours jusqu'à ce que la santé lui soit revenue. S'il n'a point d'appétit, on lui donnera tous les jours un trochisque délayé dans de la ptisanne d'orge mondé. On ne lui donnera jamais de vin, parce que les maladies de la tête empirent quand un animal a bu du vin pur. [2,10] CHAPITRE X. Si un animal est dormeur, il se couche sur sa crèche, il a les yeux tendus, il remue sans cesse les oreilles, sa vue s'obscurcit et il tourne en rond comme s'il était attaché à la meule. [2,11] CHAPITRE XI. Il arrive même que sa maladie tourne à la rage, on s'en apercevra à ces symptômes-ci : il hennira subitement comme un cheval sain il cherchera à mordre ses camarades ou les hommes et rongera sa crèche ou ses entrailles avec ses dents. On le traitera comme un animal dormeur : ainsi on lui retirera absolument l'orge pour ne le sustenter qu'avec des nourritures molles. On lui donnera cependant particulièrement de l’ache de marais verte tant qu'il en voudra. On lui tirera du sang de la tête ou des tempes, on le mettra dans un lieu obscur et on lui traitera, la tête avec un acopum composé de la manière qui suit : on prend une livre de grande berce, deux unciae tant de résine que de térébenthine, une de galbanum, trois de colofone, deux de mastic broyé et une livre de vieille huile. On lui en frotte le cerveau et les oreilles, indépendamment de ce qu'on lui verse dans les oreilles de l'huile pure et sans mélange. Mais avant d'avoir recours à cet acopum, il faut lui réchauffer la tête et le cerveau en les couvrant de sacs et lui munir la tête de petits coussins. On lui donnera aussi tous les jours en potion le trochisque dont nous avons parlé plus haut et on l’oindra habituellement d'un collyre acre pour venir à bout de faire disparaître l'obscurcissement de sa vue. Si ces soins n'avancent de rien, on lui brûlera la tête et les tempes, sous le toupet même, avec un demi-cautère que l'on appliquera aussi sur les veines des tempes. Cependant, pour ne point occasionner de difformité aux animaux, on pourrait se contenter de leur percer la lame du palais et la plupart pourraient bien en guérir par ce moyen. En effet, la chaleur du cautère fait disparaître la faiblesse de la tête et rend à la méninge son ancienne constitution. [2,12] CHAPITRE XII. D'autres auteurs disent que les yeux de l'animal qui est fou sont ardents et sanguinolents, qu'il s'y fait un épanchement d'humeurs, que ses oreilles se dressent et qu'il les remue souvent, qu'il est aussi difficile de le prendre qu'un cheval indompté et que lorsqu'il est pris, il cherche à s'enfuir et se heurte contre les murailles. Il gratte aussi la terre avec ses pieds et jette beaucoup de flegmes par la bouche. Voici comme on le traite : on lui tire du sang d'abord des veines jugulaires et du palais et ensuite des jambes. On l'empêche le même jour de boire et de manger et le jour suivant on lui donne de l'eau fraîche à boire. On lui retire les excréments de l'anus et on lui traite le ventre avec des clystères pendant quatre jours, on lui graisse le cerveau, on le met dans un lieu à l'écart, on lui donne pour sa nourriture des porreaux et de l'herbe très tendre, ou du foin très mollet, après quoi on achevé sa cure avec ces potions-ci : on prend une drachme de poudre d'encens, un sextarius de vinaigre blanc, une uncia de racines de panais et trois de saxifrage, qu'on lui fait prendre par la bouche dans de l'hydromel. On lui fera avaler un sextarius de lait de chèvre et si l’on n'en a point, on réduira en poudre deux livres de cumin sauvage et après y avoir ajouté un acetabulum d'excellente huile on lui fera prendre ce médicament à la corne, dans de l'hydromel. Mais d'autres regardent cette potion-ci comme plus convenable : on prend une uncia tant d'ache de marais que de jusquiame et de graine d'ache de marais, deux de graine de laitue et une de pavot sauvage, que l'on réduit en poudre et que l'on mêle ensemble, pour lui en donner dans un grand cochlearium plein d'eau, ou s'il est à la diète, dans de la ptisanne d'orge mondé. On le met dans un lieu obscur, frais et vaste et on n'y fait aucun bruit afin qu'il puisse dormir. Il faudra cependant lui frotter auparavant la tête avec de l'huile et de la poix liquide et en remplir ses oreilles; on lui munira aussi les tempes de coussins ou de bandes et on broiera du myrrhe sec que l'on mêlera avec du vinaigre et de l'huile, pour lui en frotter très longtemps tout le corps. On est dans l'usage de garrotter les animaux dans ce cas-là pour les enterrer sous de la fiente afin qu'ils suent et qu'ils dorment : en effet dès que le sommeil leur revient, il leur rend la santé. Une bête enragée fait voir tous les mêmes symptômes qu'une bête qui est folle, avec cette différence qu'ils sont plus caractérisés, puisqu'elle mord les autres animaux et qu'elle les fait devenir enragés par le seul effet de la contagion. Communément même elle s'arrache les intestins avec les dents et hennit fortement. Cette maladie vient de la trop grande abondance du sang et de la chaleur et on la traite par la méthode et avec la potion que nous avons prescrites ci-dessus. [2,13] CHAPITRE XIII. On donne le nom de Chirurgia à toutes les opérations dans lesquelles on coupe avec le fer, ou à celles dans lesquelles on brûle avec des cautères. Quoiqu'on ait recours à ce genre de traitement pour tous les membres des animaux, c’est cependant pour leur tête qu'il est le plus nécessaire. Il faut, par conséquent, traiter avec soin tous les animaux qui se seront cassé la tête par accident, ou qui se la seront dépouillée en telle partie que ce soit, de peur que l'irritation d'une pareille plaie ne pénètre jusqu'aux nerfs et au cerveau et qu'elle ne les expose à quelque danger. Il ne faut pas même, dans les commencements du mal, avoir recours à des remèdes trop acres et il vaut mieux se servir de miel lorsque les parties qui auront été brisées seront venues à maturité, les os se relâcheront, alors on les bandera avec adresse et on les arrachera en les ébranlant avec la main ou avec des pinces. Quant aux fragments d'os qu'on aura laissés et qui ne seront point régalés, on les coupera avec des ferrements et on les ratifiera afin qu'ils se revêtent plus aisément de chair. Car jamais la plaie ne se refermera à moins qu'on ne les ratifie jusqu'à ce que le sang sorte par la bouche de l'animal. Mais il faut user de beaucoup de précautions dans ces sortes d'opérations, parce qu'il se forme ordinairement une fistule dans les endroits où sont les os et les jointures et que s'il vient à s'en former une, il en résulte une petite plaie incurable qui ne rend pas de la sanie, mais une humeur liquide et qui ne se cicatrise jamais avec solidité. Quand il survient une pareille fistule, voici comme on la traite : on fait passer à travers la fistule même du papier qu'on lie en dehors par les deux bouts, pour l'empêcher de tomber et on l'y laisse pendant cinq jours ou davantage jusqu'à ce qu'il ait relâché la callosité de la fistule et qu'il l’ait fait gonfler de façon que l'ouverture de la plaie se trouve élargie. Ensuite on fait un collyre de la grandeur de la plaie, avec les médicaments propres aux fistules, que l'on met dans la fistule après en avoir retiré le papier, de façon que la concavité de la plaie en soit entièrement remplie. Il est évident qu'il faut bien attacher ce collyre, afin qu'il ne tombe point : on le détachera au bout de quatre ou cinq jours. Si la fistule est disparue, on la traitera avec des traumatiques, que l'on ne cessera pas d'appliquer sur la plaie, jusqu'à ce qu'elle rende une sanie épaisse en petite quantité; et quand on s'apercevra que le collyre est propre et sans sanie lorsqu'on le retire de la plaie, on fera bouillir avec du miel de la fleur de farine d'ers et de l'encens mâle broyé par parties égales, pour appliquer ce médicament sur la plaie même et on la pansera de la même manière pendant plusieurs jours, en repoussant les lèvres de la plaie, afin qu'elles se rejoignent pour reprendre plutôt. Si un animal s’est donné un coup de tête assez violent pour que le cerveau soit endommagé à l'intérieur, il faut sur le champ lui tirer du sang des tempes et lui appliquer sur la tête une éponge trempée dans de l'eau mêlée d'huile de roses, si l'on est en été et de vinaigre par parties égales et l'y attacher avec une bande. On lui donnera des nourritures vertes et s'il refuse toute nourriture au point de ne pas même vouloir de celles-là, on fera moudre des fèves pour les réduire en fleur de farine ; et après avoir mêlé avec ces fèves une pareille quantité de farine de froment, on les lui fera avaler à la corne dans de l'hydromel pour le sustenter, jusqu'a ce qu’il commence à avoir de l'appétit pour les nourritures vertes, qu'on ne lui donnera qu'après les avoir arrosées d'eau de mer ou d'eau salée. [2,14] CHAPITRE XIV. Comme les oreilles sont voisines de la tête, leur pansement n'est pas moins dangereux que celui de cette partie du corps. S'il arrive qu'elles aient été froissées par accident vers leur racine et qu'il s'y soit formé une apostume, on l'ouvrira lorsqu'elle sera mûrie, avec un scalpel et on en laissera écouler le pus ; ensuite on les oindra pendant trois jours avec du vinaigre très mordant et de l'huile et le quatrième jour on les traitera avec des traumatiques jusqu'à ce qu'elles soient guéries. Quand le tendon même de l'oreille serait endommagé, ce traitement serait également bon. Mais s'il y a une grosse tumeur accompagnée de dureté à la racine de l'oreille ou à sa naissance de la tête, on y appliquera un cataplasme composé de fenugrec et de lin avec de la fleur de farine de froment et on ouvrira l'apostume avec le scalpel quand elle sera mûrie, de façon que la plaie, formée par cette incision, soit tournée par en bas, afin que l'humeur en découle par la pente. On applique sur la plaie des linges roulés et trempés dans du vin et de l'huile avec du miel et on la fomente pendant quatre jours, après quoi on a recours aux traumatiques. Mais la cure est difficile en pareil cas, parce qu'il se forme souvent des fistules dans ces parties. S'il arrive qu'il s'en forme une, on la traite de la manière que nous avons prescrite ci-dessus. Si malgré ces traitements la plaie venait à s'étendre plus loin, il faudrait brûler les parties voisines très profondément et enfoncer dans les apostumes même des cautères en forme de pointes, afin de détruire à l'intérieur la cause de la maladie, en désunissant la peau ; après quoi on traitera avec soin les parties brûlées. Car il ne faut pas négliger de traiter les maladies des oreilles, de peur que la douleur excessive, dont elles sont accompagnées, n'engendre la folie. Il faut, par conséquent, nettoyer d'abord avec soin l'oreille à l'intérieur, pour en ôter tout ce qui peut exciter la douleur ou blesser. Si on n'y trouve rien, on versera doucement sur une éponge du nitre et de l'eau pour la mouiller et on la mettra dans l'oreille où on la laissera pendant une nuit. On ne commencera que le troisième jour à la fomenter souvent et longtemps avec du nitre et de l'eau chaude, jusqu'à ce que la douleur disparaisse. S'il est entré de l'eau dans l'oreille, on y injectera de vieille huile et du vinaigre par poids égal, en y ajoutant du nitre et on appliquera de la laine par-dessus. S'il y a une plaie dans l'oreille, on y introduira un médicament onctueux et elle en guérira. [2,15] CHAPITRE XV. Voici la manière de traiter un animal dont les yeux sont tourmentés par une trichiase, c’est-à-dire, par des poils déplacés qui, en brûlant sa paupière, excitent ses larmes et lui troublent la vue. On fera une incision avec le scalpel sur la peau de la paupière, par dedans, auprès de ces poils; Ensuite on taillera en long, avec des ciseaux, une bande proportionnée à la grandeur de l'œil et après avoir mis sur la paupière des éclisses, on la coudra en dehors, afin que l'animal recouvre avec la vue la grâce naturelle de ses yeux, sans qu'il en résulte aucune difformité. On appliquera ensuite sur l'œil une éponge trempée dans d'excellente huile et dans de la saumure et on le bandera. Cinq jours après on déliera la bande et on pansera alors l'œil par dedans avec un collyre et par dehors avec le remède composé de quatre drogues, sans ôter les éclisses avant qu'il soit cicatrisé : et même, lorsqu'on les aura ôtées, on ne cessera pas pour cela de le panser avec le collyre, de peur qu'il ne s'y forme quelque excrescence de chair superflue. Néanmoins bien des personnes suivent une méthode qui est à la vérité plus courte, mais dont il résulte toujours quelque difformité ! elle consiste à couper avec des ciseaux ce qui déborde dans l'œil pour le mettre à son niveau naturel, à fomenter les parties froides de l'œil avec de l'oxycrat pour arrêter le flux de sang et à traiter l'intérieur de l'œil avec un collyre, pour empêcher qu'il n'y survienne une irritation dangereuse. Le troisième traitement des maladies occasionnées par les poils consiste à brûler, avec un cautère doux et léger, les paupières sur lesquelles paraît l'excrescence, pour lors, quand la cicatrice est formée, la peau se resserre et la paupière se trouvant élevée plus haut préserve l'œil des accidents que le mouvement des poils pourrait occasionner à la prunelle. [2,16] CHAPITRE XVI. L’épanchement du sang ne prive pas moins de là vue les animaux que les hommes : les Auteurs indiquent trois espèces d'épanchements dans l'œil à savoir, la stenocoriasis, la platycoriasis et l’hypocoriasis, car g-core en Grec signifie la prunelle de l'œil. On appelle stenocoriasis la maladie dans laquelle la vue se resserre et perd sa vigueur : voici comme il faut la traiter. On tirera du sang des tempes; on fera aussi bouillir jusqu'à diminution des deux tiers de la racine de fenouil et de la petite chélidoine ou de la rue, pour fomenter tous les jours l'œil avec l'eau dans laquelle ces plantes auront bouilli, dont on remplira sa main à cet effet. On l'oindra aussi d'un collyre de baume blanc, parce que cette plante est communément bonne contre les épanchements. Il y a une platycoriasis dans l'œil, lorsque la prunelle s'étend au delà de sa grandeur naturelle et que l'on perd la vue ; car cette maladie est absolument incurable, parce que de même qu'un jaune d'œuf, dont l'enveloppe est rompue par quelque accident, ne peut plus se réunir ni reprendre la première forme, de même la prunelle une fois épanchée, ne peut plus reprendre l'habitude de voir. Cette maladie est occasionnée par la sueur des chevaux, lorsque l'irritation, causée par une inflammation, rompt la petite membrane qui renferme l'humeur cristalline, ou qu'au moins la fatigue d'un long voyage donne nécessairement lieu à cette irritation dans les animaux, ou enfin que leur maître a négligé de panser leurs yeux lorsqu'ils étaient malades. L'œil paraît sain dans cette maladie et son mauvais état ne se manifeste ni par les larmes, ni par le sang ni par aucune irritation, de sorte qu'on ne peut en avoir d'indice qu'en examinant l'œil de l'animal, auquel cas on ne peut pas voir son image dans sa prunelle comme dans un miroir. Quant à l’hypocoriasis, elle est occasionnée par uns humeur qui vient de la tête et elle commence par se manifester dans un œil, après quoi elle passe à l'autre. On la distingue à l'humeur ou aux larmes qui coulent des yeux. On tire aussitôt du sang des sourcils ou des tempes même et on fomente l'œil avec de l'eau tiède dans laquelle on a fait bouillir des racines de fenouil avec de la rue. Outre cela, on l'oint avec un collyre composé de grande berce et de baume blanc. En suivant cette méthode, il arrive souvent que l'aveuglement se guérit par un flux de larmes. On brûle aussi les veines des tempes avec un cautère et dès lors L'humeur trouve tout partage bouché. [2,17] CHAPITRE XVII. Lorsque la violence de la maladie a dégénéré en hypochise, examinez attentivement de quelle couleur est la membrane étendue sur la prunelle, qui intercepte la vue : si elle est de couleur d'or, sachez que l'hypochise est incurable, de même que si elle est trop blanche. Mais si elle est épaisse, de couleur olivâtre et semblable à de la morve, on la traite ainsi que dans les hommes, quand elle est mûre, par l'opération de la paracentèse. On mettra en conséquence l'animal à la diète la veille de cette opération et on l'empêchera particulièrement de boire, après quoi on le renversera par terre sur un terrain mou et on placera convenablement sa tête et son col. Ensuite on aura soin de lui ouvrir l'œil, de façon qu'il ne puisse pas le refermer, après quoi on introduira dans l'œil, depuis le front même, l'instrument de la paracentèse, entre les tuniques de l'œil, sans toucher à la prunelle, ni rien endommager dans l'intérieur de l'œil et on fera tomber le dragon avec dextérité de la partie supérieure de l'œil où l'hypochise est formée, vers la paupière inférieure, en se servant de la petite tête de l'instrument. Quoique le dragon soit tombé, on ne retirera pas encore l'instrument avant d'avoir fomenté l'œil très longtemps avec une éponge chaude pendant qu'il sera fermé, parce qu'il arrive communément que ce dragon remonte. Si cela arrivait, on le ferait encore retomber, jusqu'à ce qu'il fût placé de façon à ne pouvoir plus remonter. Lors donc que l'on sera assuré que la prunelle est claire et que l'hypochise ne forme plus aucun obstacle à la vue, on retirera l’instrument et l’on s'apercevra que l'animal jouit de la vue. Voici comme on le pansera. On fera un anacollemate avec de l'huile de roses et un blanc d'œuf que l’on étendra sur de la laine, puis on l'appliquera sur l'œil guéri, que l'on bandera par dessus. On prendra garde que l'animal ne mange ce jour-là et que l'agitation de ses mâchoires n'occasionne quelque mouvement dans l'œil; on le laissera cependant boire s'il en a envie. Le lendemain on déliera la bande et on fomentera l'œil très longtemps avec de l'eau chaude. Ensuite on versera goutte à goutte dans l'œil du jus de fenugrec et on y remettra encore l'anacollemate que nous venons de prescrire, puis on le bandera. Quand on aura répété ce pansement pendant trois ou quatre jours, on déliera la bande et on fomentera l'œil avec du jus de fenugrec, puis on l'oindra avec d'excellent miel Attique, jusqu'à ce que la cicatrice et l'œil soient consolidés. [2,18] CHAPITRE XVIII. Il y a une autre maladie dans laquelle l'œil est tantôt couvert d'un dragon, tantôt limpide : les anciens ont donné le nom de lunatiques aux yeux qui se trouvaient attaqués de cette maladie. Voici comme on les guérît : on tire du sang des tempes ; il faut néanmoins en tirer encore quelques jours après au-dessous de l'œil. On traite aussi tous les jours l'œil par dehors avec des fomentations chaudes et on l'oint à l'intérieur pendant plusieurs jours avec un collyre thermantique très violent, jusqu'à ce qu'il soit guéri. Si ce traitement n'avance de rien, on cherchera attentivement les veines des tempes situées au-dessus de la partie affligée de cette maladie et on les brûlera afin de pouvoir détourner l'humeur qui cause le mal. [2,19] CHAPITRE XIX. Tout animal, qui a un staphylome dans l'œil, est incurable néanmoins voici le remède qu'on a coutume d'y apporter : on tire du sang au-dessous de l'œil et on le fomente avec de l'eau chaude, dans laquelle on a fait bouillir des racines de fenouil et de la rue : on l'oint aussi avec un collyre qui ne soit pas bien violent. S'il vient à s'y former une plaie, on la fomentera, après l'avoir bien aplanie en la ratifiant, avec du jus de fenugrec et on l'oindra avec un collyre doux qui soit bon pour les tuniques rompues, jusqu'à ce que la cicatrice se referme avec la plaie qui aura été aplanie, après quoi on se servira d'un collyre plus acre et on répétera le pansement pendant plusieurs jours, jusqu'à ce que toutes les parties puissent s'aplanir et se remplir comme elles le sont naturellement, sans que la vue de l'animal conserve aucune difformité. [2,20] CHAPITRE XX. Si par hasard un animal s’est heurté l'œil, ou qu'il ait été ébloui, ou qu'il ait eu l'œil endommagé à la suite d'un coup et qu'il s'y soit formé un dragon, quand même l'œil serait entièrement bouché, l'expérience a prouvé qu'on pouvait néanmoins parvenir à le guérir en peu de temps par cette méthode : on cueille du lierre terrestre et on le bat très longtemps dans un mortier très propre pour en exprimer le jus dont on oint l'animal et le dragon disparaît contre toute espérance par la vertu de ce médicament. Mais si l’on ne trouve point de lierre terrestre, on broie des baies ou des feuilles de lierre pour en exprimer le suc avec lequel on oint l'animal. Si ce dernier remède paraît lui-même difficile à pratiquer, ou lent à opérer, on bat très longtemps des feuilles de lierre dans un peu d'eau fraîche, pour en exprimer le suc qu'on lui injecte dans l'œil avec un siphon. Quand on aura répété ce pansement pendant plusieurs jours, tant le matin que le soir, le dragon disparaîtra totalement. Mais si on y ajoute du vin nouveau excellent, le remède sera encore plus efficace. [2,21] CHAPITRE XXI. Quelques auteurs ont dit que lorsqu'il est survenu un épanchement dans l'œil droit, ou qu'il s'y est formé un dragon, il faut examiner attentivement le côté droit des naseaux, ou le côté gauche si c’est à l'œil gauche que cet accident est arrivé et qu'on trouvera, dans la callosité même des naseaux, de très petits trous dans lesquels il faudra insérer un petit tuyau, à travers lequel celui qui voudra faire ce pansement soufflera du vin pur dont il aura rempli sa bouche, de façon que ce vin pénètre par ce trou jusqu'à l'œil, après quoi l'œil commencera à pleurer; et effectivement ce remède sera plus prompt que tout autre, parce que la vertu du vin pur pénétrera dans l'œil à travers les vaisseaux intérieurs. [2,22] CHAPITRE XXII. Lorsqu’un animal aura reçu dans l'œil un coup qui aura donné sur l'os même, si le coup a formé une tumeur dure, calleuse et semblable à une ossification, voici comme on le traitera : après l'avoir renversé par terre, on lui ouvrira la peau auprès du mal même et on coupera avec un ciseau soit la gencive de l'os, soit le cartilage, soit l’os qui aura commencé à former une excrescence, afin de l'aplanir au niveau de l'autre œil. Lorsqu’il sera aplani convenablement, on remplira la cavité avec du vinaigre et de l'huile, en y mettant de petits linges ou de la charpie et on bandera la plaie : le troisième jour on déliera la bande et on répétera le même pansement pendant cinq jours, jusqu'à ce que l'inflammation soit cessée, après quoi on aura recours aux traumatiques. On mangera aussi les excrescenses de la peau avec un médicament répressif, jusqu'à ce que la plaie soit belle, guérie et aplanie. Si l'os n'a pas pu se recouvrir de chair, on le ratifiera tous les jours jusqu'au sang afin que la chair revienne, en appliquant sur la plaie les remèdes convenables. Si après avoir été guérie, la même maladie commence à reparaître, on la brûlera délicatement avec un cautère en forme de pointes. Le sang tiré au-dessous de l'œil guérira les épiphores des yeux, pourvu qu'on ne cesse pas de les oindre avec d'excellent miel, jusqu'à leur guérison. Voici en outre un remède excellent pour cette maladie : on broie et on mêle ensemble, pour en oindre l'œil, un denarius pesant de myrrhe, une semi-uncia tant d'excrément-de crocodile que de sel ammoniac et d'os, de sèche, avec deux cyathi de miel Attique. Voici le remède qu'on emploie contre une lippitude violente: on broie ensemble, on réduit en poudre ; et on crible, une uncia tant de myrrhe des Troglodytes que d’encens mâle, de safran de Sicile, de pierre de Cypre et de cuivre brûlé, à quoi on ajoute une quantité suffisante d'eau de pluie, de vin de Falerne et de miel Attique et l'on renferme cette composition dans un vase de verre, pour s'en servir au besoin. Si un animal s’est rompu par hasard le cil, on y mettra une éclisse avec de la manne d'encens et un œuf. Voici une composition qui enlève les cicatrices des yeux : on réduit en poudre, pour s'en servir dans l'occasion, une uncia et demi de spica nard, trois de sel ammoniac, une et demi de calamine, une de safran et une semi-uncia de poivre. Traitement, qui guérira les dragons : dix scrupules d'os de sèche de mer ratissés et deux tant de safran que de sel ammoniac, de myrrhe et d'excrément de crocodiles. Les dragons ou les glaucomes se guérissent encore avec trois sextarii de vieux vin Amminée et d'œillet et trois unciae de miel; on se sert de ces drogues après les avoir fait toutes bouillir. Voici comme on enlève un dragon quand il est occasionné par une humeur ou par un coup : on mêle avec du miel deux unciae de sandaraque, quatre d'os de sèche brûlés, une semi-uncia de poivre blanc et deux unciae de sel ammoniac. La salive d'un homme à jeun guérit les cicatrices des yeux, pourvu qu'on l’injecte dans l'œil après avoir mâché du sel : il en est de même du sel égrugé avec un os de sèche et de la graine de moutarde sauvage. Collyre de nard : deux scrupules de grande berce, deux unciae de violette, une semi-uncia tant de spica nard que de cannelle et de marrube, une uncia et demi de safran de Sicile, une semi-uncia et quatre scrupules d'huile, six unciae de poivre blanc et cinq scrupules de gomme. Voici encore un collyre d'une autre composition : on mêle ensemble une quantité égale de rouille de cuivre et d'excellent sel, avec une quantité suffisante de vinaigre. Composition d'un usage nécessaire : on broie bien et on mêle ensemble, pour s'en servir au besoin, quatre scrupules tant de rue que d'encens mâle, de fiente de pigeon, d'excrément de souris, d'huile de safran, de miel, de calamine et d'huile rosat. Mais si l’œil, à la suite d'une plaie occasionnée par un coup, est devenu incurable et qu'il s'y soit formé des canchremata, pour me servir de l’expression des Médecins Vétérinaires, on y met de la fleur de farine d'ers avec de l'huile de roses et un œuf, pour écarter le danger de mort qui menace alors l'animal lorsque la plaie est nettoyée, ont l'oint avec du miel Attique. Il y a encore bien d'autres espèces de collyres, mais nous, en avons regardé le détail comme superflu, parce qu'ils ont tous la même vertu que ceux-ci et qu'ils contiennent les mêmes drogues; [2,23] CHAPITRE XXIII. Les humeurs froides, les parotides ou les écrouelles assiègent assez souvent le gosier des animaux et se manifestent par une tumeur à la gorge. Ils soulèvent alors la tête et sont comme étranglés par la strangurie qui en résulte. Il faut commencer par les traiter avec des fomentations chaudes et un cataplasme composé de fleur de farine d'orge et de trois uncia de résine bouillie dans du vin fort; et lorsque l'apostume sera mûre, il faudra l'ouvrir avec un scalpel, en faire sortir tout ce qui s'y sera amassé et mettre dessus des linges roulés trempés dans du vinaigre, du sel et de l'huile. Si la plaie est large, il faut continuer de la traiter les jours suivants avec des traumatiques et des remèdes convenables choisis avec intelligence, jusqu'à ce qu'elle soit guérie. Communément quand ces sortes de plaies sont refermées, il ne tarde pas à s'y former une fistule ; c’est pourquoi si cela arrive, on pourra la guérir parfaitement: avec du papier et un collyre, de la manière que nous avons enseignée ci-dessus. [2,24] CHAPITRE XXIV. Les glandes incommodent encore les animaux et principalement-les poulains, jusqu'à mettre quelquefois leur vie en danger en se convertissant en une maladie. Elles viennent entre les mâchoires et le bas du gosier, les unes plus grandes, les autres plus petites que de petites boules et s'unissant ensemble sous la chair, elles s'endurcissent et donnent lieu à une tumeur qui ne cause point de douleur. L'usage est de les oindre d'huile dans le principe, de les frotter avec de la poix et de les pétrir beaucoup avec les mains moyennant quoi elles se guérissent comme en s'évaporant. Si elles augmentent, on renverse l'animal à terre pour les ouvrir légèrement par le milieu avec un scalpel et les extirper jusqu'à la racine, sans toucher aucune veine. Après quoi il faut panser les plaies qui seront résultées de cette opération avec du vinaigre, de l'huile, du sel et les médicaments que nous avons donnés ci-dessus. Bien des auteurs ont prétendu qu'il fallait les brûler et en effet ce remède est également bon quand elles sont encore petites, mais lorsqu'elles sont grosses, il faut les couper avec le fer. Il y a aussi beaucoup d'auteurs qui veulent qu'après avoir extirpé les glandes avec le fer, on brûle la place qu'elles occupaient pour arrêter le flux de sang et qu'on les panse ensuite avec du sel et de l'huile pendant huit jours. Ils veulent aussi qu'on les lave avec du nitre et de l'eau chaude et à défaut de nitre avec de l'urine charade et de l'eau de lessive et qu'ensuite on y mette pendant trois jours du vin, de l’huile et de la farine d'ers, après quoi on achève la cure avec du vin, de l'huile, de la farine d'orge et du miel. Ils ajoutent qu'il n'y a pas de plaies occasionnées par des humeurs froides, par des parotides où par des glandes, qui ne puissent être enlevées avec un médicament de suc de pyracanthe et dont on n'achève la cure en les saupoudrant de poudre de grenades sèches dont l'effet sera toujours très prompt. [2,25] CHAPITRE XXV. Quand la pousse des premières dents aura enflammé la tête des poulains, il se formera une tumeur et une apostume entre les gencives et les mâchoires : on donne à cette maladie le nom de pullaria et la tension en est si grande qu'à peine peuvent-ils alors manger. Il faut faire mûrir avec soin ces apostumes en y mettant des cataplasmes, ensuite les ouvrir avec la lancette et enfin les panser avec du sel, du vinaigre et de l'huile. [2,26] CHAPITRE XXVI. Composition d'un collyre pour les fistules. Si quelques uns des pansements que nous venons de détailler ont donné naissance à une fistule dans la bouche d'un animal, voici comme on la traitera : on introduira du papier dans la fistule de façon que l'une de ses extrémités entre dans la bouche et on l'attachera bien avec du fil, afin qu'il ne puisse pas tomber ; l'autre extrémité de ce papier sera hors de la bouche et également attachée avec du fil, de crainte qu'elle ne tombe. On l'y laissera pendant trois jours ; le quatrième jour on l’ôtera pour lui substituer un collyre de la longueur de la plaie et qui en remplisse bien exactement la cavité et pour empêcher que ce collyre ne vienne tomber, on bandera la plaie de façon que l'animal puisse néanmoins remuer les mâchoires pour manger : le troisième jour on déliera la bande. Si la fistule est disparue, on la pansera pendant sept jours avec un onguent traumatique. Ensuite on y mettra pendant plusieurs jours un collyre fait avec du miel et de la fleur de farine d'ers bouilli ensemble et l'on fera en sorte que ce collyre en remplisse bien, l'ouverture. Enfin on mettra sur la plaie même un médicament anaplerotique, jusqu'à ce qu'elle soit totalement consolidée et cicatrisée. Or, voici la manière de faire ce collyre pour les fistules : on broie avec du vinaigre très mordant une uncia tant d'anis, que, de férule, de vert-de-gris, d'écailles de calamine et de graine de cumin et on en forme des collyres pour s'en servir dans l'occasion suivant la qualité des plaies. [2,27] CHAPITRE XXVII. Il vient des fistules toutes les fois qu'un nerf ou un cartilage, ou un os se trouvent gâtés par l’humeur corrompue de quelque plaie, en conséquence de l'ignorance et de l'impéritie de celui qui l’a pansée. En effet partout où une humeur pareille passe comme à travers un canal, elle endurcit la chair et la rend calleuse et il se forme une fistule que l'on ne peur guérir en aucune façon et qui ne peut jamais se rejoindre ni se consolider, à moins qu’on ne l'extirpe entièrement. Les différents auteurs ont prescrit divers traitements pour cette maladie. Car les uns ordonnent d'y faire une incision et de l'ouvrir avec le scalpel, de la décharner avec le syringotome et de manger les chairs avec des médicaments très corrosifs, afin que la plaie parvienne à se cicatriser par la suite. Mais quoique cette méthode soit d'une pratique difficile et qu'elle ne soit pas sans danger, elle est néanmoins de peu d'utilité. D'autres, au contraire, ont cru qu'il fallait brûler toute la fistule avec un cautère et dissoudre les parties circonvoisines avec des pointes brûlantes, afin que lorsque le feu aura détruit toutes les callosités, les plaies puissent être entièrement guéries par des remèdes staltiques; mais il vaut mieux traiter les fistules en y insérant du papier de la manière que nous avons expliquée ci-dessus, parce qu'on ne fatigue alors ni le nerf, ni la veine, ni la jointure, d'autant qu'il arrive souvent que le scalpel ou le cautère font empirer la maladie, de sorte qu'il en résulte un état dangereux pour l'animal, au lieu que le collyre détruit toute la callosité de la fistule jusqu’à sa racine, si profonde qu'elle soit. Si l'os a été tourmenté parce qu'il aura fallu ratifier la plaie, attendu qu'elle était très large, ce médicament ne pourra point lui nuire. Mais s'il est resté quelque pourriture, ou un nerf, ou un cartilage au fond de la fistule, on réduira le même collyre en poudre que l’on y injectera souvent, parce que cette poudre nettoye et guérit parfaitement toutes les plaies. [2,28] CHAPITRE XXVIII. Quelquefois l'intérieur de la gorge. et de la tête des animaux leur enfle, comme il arrive dans l'esquinancie, de façon qu'ils ne peuvent plus ni boire ni manger. On leur fomente alors toute la bouche, ainsi que la langue, avec de l'eau chaude et on la frotte arec du fiel de taureau. On leur donne encore cette potion-ci à la corne : on mêle ensemble deux livres de vieille huile et un sextarius de vin et on fait bouillir dans de l'eau neuf figues sèches avec neuf têtes de porreau que l'on broie avec grand soin, enfin, on mêle dans cette eau même, une quantité suffisante de nitre d'Alexandrie broyé, pour faire du tout ensemble une potion, dont on donne une hemina aux animaux attaqués de cette maladie, tant le matin que le soir, afin que la dureté de la tumeur se détende et s'apaise. D'ailleurs on leur donnera à manger de l'herbe verte, ou, ce qui vaut encore mieux, on les mènera paître. Si l'on n'a pas d'herbe verte, on fera de la farine d'orge dans laquelle on mêlera du nitre, pour leur en présenter. On choisira aussi du foin très mollet, sur lequel on jettera encore du nitre et de l'eau. On ne leur tirera pas de sang, si ce n'est du palais. Quand ils commenceront à être convalescents, on mêlera du nitre broyé et criblé avec de la poudre de racine de concombre sauvage et on jettera plein un cochleare de cette poudre dans un sextarius de vin, pour faire une potion dont la vertu leur relâchera le ventre et les purgera. D'autres auteurs craignant les accidents que peut occasionner la tumeur de la tête et de la langue ou de la gorge, se hâtent de la traiter de cette façon-ci, quoiqu'elle soit déjà endurcie; ils font chauffer au feu plusieurs pierres meulières et quand elles commencent à rougir, ils couvrent la tête du cheval et lui mettent sous la bouche et sous les naseaux un vase plein d'urine, dans laquelle ils trempent ces pierres l'une après l'autre, tandis qu'elles sont rouges, afin que la bouche et les naseaux du cheval se trouvent remplis de la vapeur et de la fumée excitée par la chaleur de ces pierres. Mais il faut lui passer un bâton en traverse dans la bouche, afin qu'il la tienne ouverte. Lorsqu’on aura fait cette opération pendant un temps très considérable, on fera chauffer de l'eau de mer, ou du moins on mettra du sel dans de l'eau douce, que l'un fera bouillir afin de le faire fondre et après avoir ajouté avec cette eau salée du vinaigre très mordant, on lui en frottera très longtemps la tête, la bouche et les gencives. Ensuite on mêlera de la fiente de bœuf avec du vinaigre mordant que l'on fera chauffer, pour lui frotter avec ce médicament toute la tête, la face et les lèvres, après quoi on lui donnera une quantité suffisante de farine d'orge dans de l'eau tiède, ce qui lui servira de nourriture et de boisson. [2,29] CHAPITRE XXIX. On jugera qu'une tumeur, causée par une irritation, aura été occasionnée par la plénitude du sang, lorsque les veines de l'animal étant tendues, sa respiration sera interceptée et que ses yeux paraîtront sanguinolents. Il faudra alors lui tirer du sang des tempes, si elles ne sont pas enflées, ou au moins du palais, s'il n'y a pas d'irritation en cette partie. On fera aussi tremper dans du vin dur deux tiers d'argile de Cimolus avec un tiers d'argile noire, pour frotter sa tête avec cette composition, après l'avoir fait chauffer. [2,30] CHAPITRE XXX. Au surplus, il faut savoir qu'il s'élève souvent sur le corps des tumeurs que les Grecs appellent g-onkohmata. Il y en a de différente nature et qui portent des noms différents. Le stéatome est une tumeur qui renferme du suif ou de la graisse. Le meliceris est une tumeur dans laquelle on trouve de la chair entassée comme dans les verrues. L'anévrisme est une rumeur dans laquelle le sang, poussé hors de l'artère par la respiration, forme un bouton semblable à celui d'une mamelle. L'athérome est une tumeur dans laquelle se trouve un amas farineux. Le ganglion est une tumeur formée par un nerf qui s’est doublé; elle ressemble à une truffe et est accompagnée d'une douleur axée en un certain endroit. Il n'y a qu'une façon de traiter toutes ces espèces de tumeurs. On lie l'animal et on le couche à terre; alors on fait deux ouvertures en long auprès de la tumeur, tant de droite que de gauche, avec une flèche ou un scalpel, en proportionnant la longueur de ces ouvertures à la tumeur, de façon que la bande de peau qui les sépare et qui couvre la tumeur, reste intacte. Ensuite on extirpe ou on détruit tout ce qui pouvait donner lieu à cette tumeur et on fait cicatriser la plaie avec les remèdes convenables, qui sont ceux que nous avons prescrits ci-dessus. [2,31] CHAPITRE XXXI. Si un animal a eu la langue coupée, on la recoud promptement en la retenant avec des éclisses. Ensuite on la lave avec du vin, puis on broie de la noix de galle dont on crible la poudre pour en mettre sur la plaie jusqu'à ce qu'elle soit guérie. On donne à l'animal du foin très mollet et haché avec du son au lieu d'orge. D'autres ont pensé qu'après avoir mis les éclisses et avoir lavé la langue avec du vin, il fallait mettre du miel sur la plaie, pour la nettoyer et la guérir en finissant par y appliquer de la poudre de grenade. [2,32] CHAPITRE XXXII. Si un animal a mal aux cases qui contiennent les dents, c’est-à-dire, aux gencives ou aux dents elles-mêmes, on le reconnaîtra à ces symptômes-ci ; il avalera son orge sans le mâcher, il maigrira, il salivera beaucoup et ses gencives s'enfleront. On fait tremper alors de l'argile de Cimolus dans du vinaigre très mordant et tandis qu'elle est chaude, on l’étend en dehors sur les mâchoires au moins pendant cinq jours : on frotte aussi très longtemps les gencives à l'intérieur avec de la poudre d'écorce de grenade, en y ajoutant du miel le troisième jour et l'on ne cesse ce traitement que lorsque l'animal a rendu toute sa sanie et qu'il se porte mieux. Cet accident arrive lorsqu'il tombe une humeur acre de la tête dans les veines des mâchoires. [2,33] CHAPITRE XXXIII. Si un animal s’est brisé un os auprès du col ou des dents molaires, ou dans un autre endroit de la bouche, de façon qu'il ne puisse pas en fermer la charnière et que ses dents soient à jour, ou que ses lèvres pendantes le rendent difforme, on fomentera promptement avec de l'eau chaude et on ajustera la lèvre ainsi que tout ce qui pourra être disjoint avec une petite bande très mince trempée dans du vinaigre et de l'huile; puis on remettra avec soin à leur place les parties défuntes, d'abord par un côté, ensuite par l'autre et on les bandera de la même manière, de peur qu'elles, ne se séparent de nouveau. Il faut aussi lui attacher une muletière à la bouche et afin qu'il ne se défigure point les dents ni les lèvres. Lorsqu'on déliera la bande pour le panser, on contiendra avec la main les parties que l'on avait d'abord ajustées et on lui donnera à manger du son et de la farine d'orge mêlés ensemble dans une corbeille, sans éloigner la main de l'endroit qu'elle retiendra pendant tout le temps qu'il mangera. Quand il ne voudra plus manger, on lui offrira de l'eau à boire et quand il aura bu, on le pansera de la manière que nous venons de dire. Il faut aussi lui donner de la ptisanne d'orge mondé au cas qu'il ait peu mangé. En le traitant ainsi pendant quarante jours, on lui rendra la santé. [2,34] CHAPITRE XXXIV. Si un animal s’est blessé le cartilage des naseaux et que l’on ne puisse pas arrêter son sang, on mettra sur la partie blessée de l'éponge d'Afrique et de la fleur de farine d'encens mâle mêlés ensemble et s'il y a une plaie formée dans le cartilage, c’est ainsi qu'on la pansera. Quand on a saigné un animal au palais, il arrive quelquefois qu'on ne peut plus arrêter son sang dès qu'il a commencé à couler ; il faut alors mettre, comme nous venons de le dire, de l'éponge sur l'endroit du palais qui aura été piqué de la flèche et attacher la tête de l'animal haute, puis lui verser de l'eau fraîche sur les reins, sur le cerveau et sur les testicules. Si ces soins tardent à le soulager, ou trempera dans du vinaigre très mordant de l'acacia noir et de la fleur de farine d'encens mêlés en égale quantité, pour en oindre toute sa tête jusqu'à ce que le sang s'arrête par le resserrement même qu'occasionnera ce remède. [2,35] CHAPITRE XXXV. C’est un accident qui devient bientôt dangereux, lorsqu'une veine, qui aura été ouverte dans le palais, ne peut pas se refermer, mais on arrête à l'instant le flux de sang en brûlant le passage à travers lequel il s'écoule avec un cautère chaud et en tenant la tête de l'animal très élevée. Quand le sang coule par les naseaux et qu'on ne peut pas l'arrêter par d'autres moyens, on broie une quantité suffisante de coriandre verte et l'on injecte dans les naseaux du cheval, que l'on attache à cet effet, le suc qu'on en aura exprimé et le froid naturel de ce médicament refermera aussitôt la veine : on brûlera aussi du carton et de la laine pour lui en souffler la cendre dans les naseaux à travers un tuyau. [2,36] CHAPITRE XXXVI. Il faut aussi connaître la nature de la morve qui coule par les naseaux, parce qu'elle indique les différents genres de maladies et qu'il est plus aisé de guérir les maladies une fois qu'on les connaît. La morve est habituellement limpide et à moins qu'elle ne soit trop abondante, elle ne doit pas être suspecte lorsqu'elle est telle ; mais lorsqu'elle est blanche et épaisse, c’est une preuve qu'elle coule du cerveau et qu'il faut se presser de guérir la tête. Quand elle est rouge, légère et froide, elle annonce une incommodité occasionnée par un frisson d'ancienne date. C’est pourquoi il faut réchauffer l'animal avec des potions thermantiques. Celle qui est bleue, c’est à dire, brune, vient des vaisseaux internes et indique la fièvre ; c’est pourquoi il faut avoir recours aux fébrifuges convenables. Pour celle qui est épaisse, écumeuse et pâle, elle vient des poumons et indique que l'animal a la pousse : il est même difficile de le guérir alors, à moins qu'on ne se hâte d'y apporter remède. Celle qui est de couleur de fèves, vient de glandes qu'il faut faire disparaître promptement ou extirper avec le fer, de peur qu'elles ne se convertissent en maladie. [2,37] CHAPITRE XXXVII. Il arrive souvent qu'à la suite d'une plaie occasionnée par un coup, le sang coule par les naseaux des animaux : on appelle cette maladie cuférion. C’est ce qui arrive particulièrement quand un cheval a été excité à courir au-delà de ses forces. Il faut lui frotter alors tout le corps avec de l'huile et du vinaigre, le mettre dans un lieu chaud en le couvrant avec soin et faire en sorte qu'il soit couché mollement, sans le contraindre à marcher et en lui laissant, au contraire, le temps de se refaire par la nourriture qu'il prendra, après quoi on broiera dans du lait une uncia de roquette qu'on lui versera à la corne dans les naseaux. A défaut de roquette on broie dans du vin doux une uncia d'aristoloche et une semi-uncia de safran, qu'on lui verse dans les naseaux. On exprime aussi du jus de coriandre verte pour lui en verser dans les naseaux. [2,38] CHAPITRE XXXVIII. S’il vient un polype dans les naseaux d'un animal, il étranglera, parce que sa respiration se bouchera, il se vautrera à terre, il jettera une morve humide et cette maladie sera très dangereuse. Voici le remède auquel on aura recours. Si le polype est à l'extrémité des naseaux, on le coupera avec un instrument de fer très tranchant et on le pansera avec les remèdes dont on se sert pour guérir les plaies cernées. Mais s’il est plus profond, on aura un cautère de plomb quatre qu'on fera chauffer pour l'en brûler souvent et on parviendra ainsi à le guérir. [2,39] CHAPITRE XXXIX. Si un animal a été brûlé par l'ardeur de la canicule, on le reconnaît à ces symptômes-ci : ses lèvres, ses mâchoires et même ses naseaux sont attelés en partie, de façon qu'il broie difficilement sa nourriture avec les dents. On trouve même ces parties remplies d'humeur et lorsqu'il veut boire, il plonge sa bouche dans l'eau jusqu'aux naseaux, à cause de la faiblesse de ses lèvres, qui lui servent à humer la boisson. On lui frotte très longtemps la langue et les lèvres avec du vinaigre et du sel, jusqu'à ce que le sang coule. Le troisième jour on applique sur la partie de la lèvre qui est affectée un caustique violent, en prenant la précaution de lier auparavant la langue, dans la crainte qu'elle ne soit endommagée par sa violence. Lorsqu’on verra qu'il aura fait son effet sur les lèvres, on les lavera avec de l'eau, Ensuite on les fomentera avec du vinaigre et de l'huile comme les autres plaies et on les guérira par ce traitement. Mais s'il a la mâchoire brûlée par l'ardeur de la canicule et tournée, voici le traitement qu'on y apportera. On le saignera à la tempe du côté malade; on pèlera de la fiente de bœuf avec du vinaigre très mordant que l'on fera bouillir très longtemps et on en mettra souvent après l'avoir fait chauffer sur la tempe dont on aura tiré du sang, pour faire disparaître cet accident et guérir l'animal. On aura recours en outre à cette potion-ci : on broie et l'on crible une quantité égale tant de germandrée que d'hysope sauvage, d'origan, de serpolet, d'aristoloche et de manne de safran et on lui injecte tous les jours dans le naseau gauche, plein un cochleare de cette poudre infusée dans une hemina d'hydromel, d'huile et de vin. [2,40] CHAPITRE XL. Ayant à parler des pansements de l'encolure, il est naturel de donner les règles de la phlébotomie, puisqu'on fait le plus souvent cette opération dans le voisinage de cette partie du corps. Quand il sera question de saigner un animal, on l'empêchera de boire et de manger et on le placera sur un terrain uni, après quoi une personne tierce tiendra la partie de l'encolure où on doit le saigner et y fera une ligature, afin que la veine soit plus saillante. Ensuite on appuiera le pouce de la main gauche sur la veine au-dessus du nœud coulant de la ligature, afin qu'elle ne s'échappe pas, après quoi on la piquera avec la flèche Au surplus il y a deux veines qui descendent du sommet de la tête et qui vont se réunir sous la ganache vers la gorge : on enfonce donc l'instrument de fer à quatre doigts au-dessous de ces deux veines, sans pénétrer jusqu'à la gorge, ni toucher au point de leur réunion, ce qui causerait la mort de l'animal. On tient en conséquence la flèche à deux doigts et on ne l'enfonce que de la longueur qui les déborde. On a même l'attention de tenir la main élevée en l'air et de la modérer avec le doigt du milieu, afin de lui donner plus de légèreté et de ne pas enfoncer l'instrument plus qu'il n’est nécessaire, attendu qu'il n'y a absolument que la pointe du fer qui doive entrer dans la veine. Si le sang ne coule pas comme il faut, on donnera du foin à l'animal, ou quelque chose qu'il puisse manger, afin que le mouvement de ses mâchoires le fasse couler plus abondamment. [2,41] CHAPITRE XLI. Si un animal a l'encolure déjetée ou relâchée, ou qu'au moins les vertèbres en soient déjetées ou tordues, voici comme on le traitera : on le renversera à terre et on le liera, puis on lui tiendra le col étendu sur une fosse, jusqu'à ce que toutes les vertèbres soient sans tension. Ensuite on mêlera de vieille huile avec du vieux oing battu et passé et on lui versera avec attention cet onguent sur l'encolure, après l'avoir fait chauffer, puis on le remettra sur ses pieds et on lui enveloppera le col d'une bande fine et ample, trempée dans de l'huile chaude et du vin. On entourera encore cette bande de laines grasses, abreuvées d'huile et de vin, autour desquelles on mettra ensuite des éclisses de bois d'olivier, larges de quatre doigts pleins et entiers, qu'on serrera avec de la ficelle en laissant entre chacune, lorsqu'elles seront liées ensemble, un intervalle également de quatre doigts. On les imbibera quatre fois par jour si l'on est en été et deux fois seulement si l'on est en hiver. Lorsque l'encolure sera bien remise, on déliera les éclisses cinquante et un jours après et on oindra cette partie du corps de l'animal, jusqu'à ce qu'il ait recouvré la santé. Si ses forces tardent à revenir, on y appliquera le feu et on le traitera ensuite conformément aux règles de l'art et suivant l'usage. [2,42] CHAPITRE XLII. Si l'on veut faire passer des malandres qui seront venues sur l'encolure d'un animal, voici la manière dont on s'y prendra : on commencera par préparer des cautères en les faisant rougir au feu. Ensuite on décharnera le col avec un instrument de fer, sans toucher les nerfs et en brûlant toutes les petites veines dont on verra couler le sang, afin de pouvoir en arrêter le flux. Mais on prendra garde de trop brûler avec les cautères et d'occasionner un accident dangereux par l'irritation des nerfs. Ensuite on frottera l'encolure avec du vieux oing et on la munira d'une bande. On commencera aussi le jour suivant à y mettre un cataplasme et quand on l'aura ôté, on fomentera avec de l'urine chaude la partie brûlée, après quoi on l'imbibera de vinaigre et d'huile et on la pansera avec les médicaments convenables. Si on s’aperçoit que la cicatrice commence à se couvrir de poil, on mêlera ensemble de la cendre faite avec une tête de chien brûlée et de la graisse de porc fraîche, pour appliquer dessus ce médicament qui rendra la santé à l'animal et fera revenir les poils qui lui servent d'ornement. [2,43] CHAPITRE XLIII. Si un animal a des fluxions dans le col, cette partie de son corps paraîtra plus grosse qu'elle ne doit être et il en sortira une odeur de chancre avec une humeur noire et liquide. On sondera avec soin les cavités de ces fluxions, dans la crainte qu'il ne se forme une poche qui s'étende au loin entre les nerfs et les épaules. Quand cela arrive, il y a peu d'animaux qui s'en tirent, encore n’est-ce pas sans peine. Au reste le danger se manifeste par ces symptômes-ci : l'animal siffle de la poitrine et rend une humeur liquide par les naseaux. Voici comme on le traitera : on remplira les cavités par dessus leur orifice avec du marrube et du sel broyés ensemble, que l'on foulera pour les faire mieux entrer et on les détendra par dessous en y appliquant un cataplasme Et si la situation de la cavité le permet, on y fera une diérèse, afin que l'humeur s'écoule en dehors par la plaie de cette opération. Le troisième jour on la lavera aussi avec de l'urine chaude, après quoi, lorsque les plaies seront vermeilles et nettoyées, on commencera à les panser avec des traumatiques et des drapeaux de lin, qui seront préparés de cette manière-ci : on mêlera ensemble un sextarius de fleur de farine d'ers deux unciae tant d'iris d’Illyrie que d'encens mâle pour en faire un médicament céphalique, dont on se servira jusqu'à la guérison parfaite de l'animal. [2,44] CHAPITRE XLIV. Si un animal a les épaules démises, on examinera attentivement s'il n'y a pas quelque dépôt entre les nerfs et les jointures : si on en trouve on aura soin d'amollir avec des cataplasmes à tous les endroits où l'on pourra établir une plaie et de les ouvrir avec le scalpel ou avec le cautère, afin que cette sanie et cet amas d'humeurs s'écoule, puis on mettra, sur l'orifice de ces plaies des traumatiques et des linges secs. S'il s’est fait quelque trou entre les nerfs, on les pansera avec beaucoup de précaution, de peur que le fer où le cautère, ne pénètrent trop au loin : on se gardera bien aussi de laver l'infection et la pourriture de ces sortes de plaies et il vaudra mieux les panser promptement avec de seuls médicaments secs, parce que toute humidité augmente la suppuration. Quand les parties, qui auront été coupées ou brûlées, seront cicatrisées, on finira par y mettre un caustique pour les consolider. [2,45] CHAPITRE XLV. Si un animal s’est blessé les épaules, on lui ouvrira les veines au milieu des deux jambes et on lui frottera les épaules avec de la poudre d'encens qu'on mêlera en très grande quantité avec le sang, à mesure qu'il coulera. S'il en coule plus qu'il n’est nécessaire, on appliquera sur les veines de la fiente de l'animal même qui aura été saigné, en la contenant avec des bandes. Le lendemain on lui fera encore une seconde saignée dans les mêmes parties du corps et on suivra le même traitement en tout point. On cessera de lui donner de l'orge, mais on le sustentera avec un peu de foin pendant trois jours. Ensuite on mêlera trois cyathi de jus de porreau, avec une hemina d'huile qu'on lui fera avaler à la corne. Au bout de six jours, on le forcera de marcher lentement, après quoi on l'enverra soit à l'abreuvoir, soit à la rivière ou à la mer pour le faire nager, en lui attachant le pied avec du genêt d'Espagne et des drapeaux. Ensuite on lui donnera une nourriture plus solide pour lui rendre son embonpoint. Si la douleur est légère, on le frottera au soleil avec du vin et de l'huile que l'on fera chauffer à cet effet : si elle est plus vive, on lui fera gonfler l'épaule et on la percera à huit doigts au-dessous du haut de la crinière, sans en coucher le cartilage, lorsqu'elle sera gonflée, on la fouettera avec une férule ou une baguette molle, puis on la frottera avec du sel et de l'huile et dès le lendemain on la pansera avec une pâte dont voici la composition : on mêle deux sextariï de fleur de farine de froment, ou de blé à défaut de froment, avec du vinaigre mordant et trois œufs, dont on ne mettra néanmoins que le blanc : on ajoute encore une uncia et demi de poudre d'encens et on pétrit le tout à la main pour l'appliquer sur les épaules, que l’on fomente bien pendant plusieurs jours avec de l'eau chaude et de la fleur de foin pour les amollir : on y applique tous les jours cette pâte et on les lave avec du vin pur, pour y ajouter par la suite un onguent composé d'une selibra de baies de laurier, d'un sextarius tant d'huile que de bon vin et de trois uncia de nitre : il faut que le nitre et les baies de laurier soient pulvérisés et criblés. Ainsi, lorsque l'épaule aura été fomentée avec de l'eau chaude, on l'oindra au soleil avec cet onguent que l’on fera chauffer et on la frottera très longtemps, après quoi on y appliquera l'onguent de la pâte propre à guérir les épaules et quand l'animal se portera mieux, on l'enverra nager. S'il s’est démis l'épaule, comme il arrive souvent aux animaux qui tournent la roue, remettez-la lui et traitez-le avec les médicaments que nous venons de prescrire; s'il n'en sent pas l'efficacité, il faut y appliquer le feu en dernière ressource. Voici les symptômes sous lesquels s'annoncent les douleurs de l'épaule : l'animal tient ses pieds de devant tendus comme s'ils étaient raides, sans les appuyer sur terre. Au reste, il faut examiner avec attention si c’est un coup ou une chute qui a été le principe de la maladie : si elle est occasionnée par une luxation, on remettra d'abord les membres à leur place et l'on suivra ensuite en tout point la méthode que nous avons prescrite. Si les épaules d'un animal sont appesanties par les humeurs ou par le sang, on lui tire du sang de la poitrine ou bien on a recours aux onguents. [2,46] CHAPITRE XLVI. Si un animal s’est disloqué le genou ou la sole en tournant la roue ou quelque machine, on remettra les os à leur place et on lui enveloppera la partie affligée de laines grasses imbibées d'huile et de vinaigre qu'on attachera de la manière accoutumée. Le troisième jour on les détachera pour fomenter la partie après quoi on étendra dessus de la résine et de la poix et on finira par les malagmes ou le caustique. [2,47] CHAPITRE XLVII. L'Impulsion des essieux ou des roues dans le Cirque ou dans d'autres endroits brise de différentes manières les jambes des animaux, ou leurs cuisses, ou leurs articulations : sachez qu'en ce cas, lorsque la fracture de l'os est sortie hors de la peau, c’est-à-dire, lorsqu'il y a une exérèse, la cure en est difficile et presque impossible. On ne désespère pas moins de les guérir, lorsqu'ils se sont rompu la cuisse ou les extrémités des membres, ou le dessus de la jointure de la jambe et cet accident est incurable, parce qu'on ne peut pas alors se servir de ligatures. Mais si la fracture est sans plaie dans une partie du corps qui puisse être liée, voici comme on la pansera : on commencera par remettre la fracture et on attachera la partie affligée avec des bandes propres de linge déchiré, qui seront imbibées de vin et d'huile et que l'on enveloppera de laine pour les préserver d'accidents, en les entourant d'éclisses; mais on aura soin de tenir l'animal comme suspendu à un joug, ou à des échelles, afin qu'il ne marche point avec sa fracture au risque de souffrir, puis on humectera les bandes tous les jours matin et soir, le troisième jour on les détachera et après avoir achevé le pansement, on les rattachera. On répétera la même opération tous les cinq, sept ou neuf jours, jusqu’à ce que l'animal soit en état de porter son corps. Après quoi on mettra sur la fracture de la mousse, du poivre sauvage ou de la racine de saule avec cinq œufs crus, sans cependant la soutenir avec des éclisses comme on avoir fait auparavant, mais en se contentant de l'entourer de férule. Le troisième jour on détachera cette férule, on la fomentera et on l'oindra avec de la résine et du vieux oing : quand la cure sera avancée, on y appliquera un malagme ou un caustique, mais on ne laissera à l'animal la liberté de se tenir sur ses jambes qu'au bout de quarante jours. C’est le temps nécessaire pour consolider les membres disloqués ou cassés. [2,48] CHAPITRE XLVIII. Il vient assez souvent dans les genoux ou dans les articulations des phlegmons, des marbres, ou des oignons : ces incommodités sont occasionnées par une mauvaise humeur et indiquent une maladie accompagnée d'une tumeur difforme; mais il y a cette différence entre elles, que le phlegmon est une grosseur molle, que le marbre annonce de la dureté par son nom même et que l'oignon est une tumeur sans douleur. Quand elles sont récentes, on peut y remédier aisément. On applique d'abord dessus de la laine grasse imbibée d'huile et de vinaigre et on met l'animal vis-à-vis d'une eau fraîche et courante. Ensuite on le traite, sans avoir recours, au fer de cette façon-ci : on broye ensemble quatre scrupules de moutarde et de sel d'Alexandrie, deux cyathi de vinaigre et une selibra de vieux oing que l'on met sur ces tumeurs et que l'on retire au bout de trois jours. S'il s’est fait une ouverture, on y met de l'éponge avec du vinaigre et du laser et on panse la plaie avec des styptiques. Outre cela on dépile la partie que, l’on veut panser avec un psilothre que l'on met dessus et on broye dans un mortier de la racine de fougère, de l'ers et des figues d'Afrique que l’on met dans un morceau d'étoffe pour les appliquer sur la plaie et les y laisser pendant trois jours. D'autres auteurs pensent qu'il faut mêler la racine de fougère et l'ers avec du vieux oing et du vinaigre très mordant. On pétrit encore dans du vin trois unciae de cendre prise au foyer et six de chaux vive; jusqu'à ce qu'elles aient acquis l'épaisseur de l’oxymel, pour en oindre les tumeurs avant qu'elles soient durcies. En répétant avec assiduité ce traitement dans l'origine du mal, on vient à bout de le faire disparaître. Mais lorsque ces tumeurs sont anciennes, on les brûle avec des pointes bien délicatement, de peur que la violence du feu n'occasionne quelque accident. On assure aussi que l'on peut dissiper les phlegmons avec un onguent composé de trois unciae tant de laurier rose que de bitume, de nitre et de vieux oing passé. Bien des auteurs ont prétendu qu'il fallait percer les phlegmons avec un cautère de cuivre brûlant composé de deux pointes et les laisser suppurer, puis imbiber la partie dont on aura fait sortir la morve, avec de la charpie tordue, trempée dans du vieux oing, du vinaigre et de l'huile; ils ajoutent encore, qu'il faut faire passer un linge roulé à travers les trous formés par la brûlure, pour entraîner toute l'humeur qui s'y trouve. Ensuite on y applique un cataplasme fait avec du fenugrec et du vin et quand les patries brûlées sont guéries et que la tumeur est affaissée, on retire le linge roulé, on panse la plaie avec des traumatiques et on finit par y mettre un caustique. D'autres percent la peau avec la flèche pour faire sortir l'humeur du phlegmon et introduisent, dans l'ouverture qu'ils ont faite, de la laine trempée dans du vinaigre et du laser, après quoi ils mettent sur la plaie de l'éponge, de l’oxycrat violent et du laser : le troisième jour ils ôtent les bandes, retirent la laine et pansent la plaie avec le remède composé de quatre drogues pendant cinq jours où sept. Mais si un animal a un marbre qui le fasse boiter beaucoup et qu'il plie difficilement les articles, il faut le brûler légèrement, après quoi on y mettra le malagme appelle cupressina, et ce traitement lui rendra la santé, sans néanmoins faire passer la difformité. S'il lui est venu un oignon dans les genoux ou dans les articles, il ne faut pas tarder à le traiter, de peur que si on négligeait cette maladie, la tumeur ne vienne à augmenter sa difformité, ou qu'à force de s'endurcir de jour en jour, elle ne se convertisse en marbre. On fera une ouverture de droite et de gauche dans les pieds ou dans les genoux, soit avec le fer, soit avec le cautère de cuivre, comme on l'a dit ci-dessus. On y mettra un cataplasme jusqu'à ce que l'inflammation cesse et qu'elle suppure. Ensuite, quand la plaie est nettoyée, on retire le linge roulé, on y met des traumatiques que l’on ôte de trois jours l'un et on renouvelle ce médicament jusqu'à la guérison du mal. [2,49] CHAPITRE XLIX. S’il est venu des hydatides dans les articulations ou dans la jointure des jambes, il ne faut point y toucher à froid avec le fer, de peur que l'abondance de l'humeur qui sortira, n'expose l'animal à quelque danger. Mais on aura recours à une scarification légère et à la saignée, après quoi on les lavera très fort tant avec du vinaigre qu'avec d'excellent sel égrugé et de l'huile ou du vieux oing. Il faut bander la plaie pendant cinq jours. Si l'effet de ce traitement est trop lent, il faut avoir recours au feu d'un caustique très brûlant. On les guérit aussi d'une autre façon en mêlant de la sleta dont se servent les Trictores avec moitié sel et en y appliquant de la laine grasse imbibée de vinaigre que l'on retire au bout de trois jours. S'il se forme une ouverture, on y met de la farine d'orge bouillie avec du miel, de la graine de lin et du fenugrec et on finir par y appliquer un malagme violent. Outre cela, on mêle du vieux oing avec une quantité égale de vitriol, de petites noix de galle et d'alun broyé, à quoi on ajoute de la poudre de grenade, du nitre et du vinaigre : et après avoir fait bouillir toutes ces drogues ensemble, on les joint aux autres médicaments et elles dissipent cette maladie. On y met aussi des figues sèches broyées avec de la moutarde et du vinaigre; on retire ce médicament au bout de trois jours et s'il est lent à opérer, on recommence le même genre de traitement. Quand l'animal commencera à se mieux porter, on mettra sur ses articles, de la lie de saumure. D'autres y mettent de la grande berce bouillie avec de la farine d'orge en forme de cataplasme. Quelques-uns font bouillir dans de l’eau des fèves concassées et les broient avec du miel, ensuite ils étendent ce médicament sur un morceau de drap pour panser l'animal et finirent par le malagme de cyprès. Il y a beaucoup de personnes qui mêlent de la chaux vive et des cendres avec du miel et du vin et qui, après avoir mis fréquemment ce médicament sur les ozènes finissent par le caustique. Les anciens auteurs croient qu'il faut également avoir recours à ces genres de pansements pour les pieds de derrière. On a trouvé par l'expérience, qu'il falloir frotter les ozènes avec des tissus de poil et y mettre du sel et du vinaigre jusqu'à ce que le sang ou l'humeur s'écoule. Quoique cette méthode ne les guérisse pas entièrement, elle ne laisse pas d'aider les traitements postérieurs. [2,50] CHAPITRE L. Tantôt les animaux ont des rhumatismes aux pieds tantôt ils y ont des vents : il ne faut jamais approcher le fer de ces sortes de maladies, mais il faut les faire disparaître avec des malagmes ou des caustiques et quelquefois brûler légèrement les veines, afin que l'effet du cautère rétrécisse et resserre les canaux dans lesquels l'humeur est renfermée et qu'il procure une guérison momentanée ; car ces maladies ne pourront jamais être guéries radicalement, quoiqu'on ait coupé et brûlé quelques veines, par-ci, par-là. [2,51] CHAPITRE LI. Il vient aussi quelquefois des dartres entre les nerfs dans les articulations, ou dans les genoux, à l'endroit de la jointure et il s'y forme une plaie, semblable à des rhagades, qu'il n’est pas aisé de guérir, à moins qu'on n'y applique des staltiques, c’est-à-dire, des styptiques, ou qu'on n'y porte quelquefois le feu, il faut aussi y appliquer des malagmes convenables. [2,52] CHAPITRE LII. Il vient encore quelquefois des démangeaisons dans les pieds, dans les jambes, dans le sabot, ou sous les épaules : quelques personnes leur donnent le nom de dulcedines et elles ressemblent à la galle. Lorsqu'elles viennent et s'étendre, les pieds deviennent ulcérés, comme il arrive dans la lèpre et la démangeaison sollicitant les animaux à se gratter, ils se rongent ces parties ou se les blessent en se frottant les pieds les uns contre les autres. Cette maladie est communément engendrée par une humeur crue ou putride : aussi la traite-t-on par des saignées, des onguents et des purgations de ventre. Si on fait avaler aux animaux de la racine de concombre sauvage, mêlée avec de la poudre de nitre, elle les purgera de toutes les humeurs les plus pernicieuses. [2,53] CHAPITRE LIII. Comme les maladies des hommes passent aux bestiaux, il arrive quelquefois que la podagre prend à ceux-ci : voici les symptômes de cette maladie : ils ne peuvent ni se tenir sur leurs jambes, ni marcher et si on les y contraint, ils boitent et se renversent souvent à terre, comme sont les animaux qui ont une indigestion d'orge et que la douleur empêche de digérer leur nourriture. Aussi ils deviennent hideux, leur corps est brûlant et leurs veines se gonflent, leur membre devient pendant et le fumier s'accroche à leurs pieds par une suite de la trop grande chaleur, comme il arrive communément à ceux dont la sole est usée par-dessous. Il sera bon de ne pas les laisser se coucher, mais de les mener promener à petits pas, dans un terrain sec jusqu'à ce qu'ils fixent; il faudra même les frotter à plusieurs mains, afin qu'ils suent encore davantage. On leur tirera du sang des veines supérieures de la tête, mais néanmoins en petite quantité. Le lendemain on leur en tirera du train de derrière, au-dessus des talons et le troisième jour des jointures de la jambe, ou au-dessous de la partie même du corps qui souffre. On n'oubliera pas qu'il ne faut jamais leur en tirer qu'une petite quantité. On leur fera boire de l'eau chaude dans laquelle on aura fait infuser de la poudre de nitre et de la farine de froment : on fera aussi infuser dans du vin la valeur d'un acetabulum de fleur de farine d'encens, dont on leur mettra une cotyla par jour pendant trois jours dans les naseaux. On fera aussi bouillir de la poirée pour leur donner trois cyathi de l'eau dans laquelle elle aura bouilli et on leur fera prendre tous les jours de l'exercice. On leur purgera aussi le ventre pour chasser l'humeur détestable qui descend dans leurs veines. Voici la purgation que l'on emploiera en pareil cas ; on fera infuser dans de vieux vin doux la valeur d'un acetabulum de thym et on leur en versera une cotyla par les naseaux : on leur donnera à manger du foin vert. Si l'on n'en a point, on leur en donnera de sec que l'on saupoudrera de nitre. Si ces remèdes ne font point d'effet, on les châtrera et ils guériront, attendu qu'il est rare que la podagre tourmente, les animaux qui ont été châtrés. [2,54] CHAPITRE LIV. On donne aussi le nom d’orthocola ou de stillosa aux animaux qui souffrent d'une contraction de nerfs dans les pieds, qui marchent du bout des pinces, qui ont les articulations raides et qui ne peuvent pas poser à terre le sabot plein. Cette maladie vient du poids excessif des fardeaux que les animaux auront portés et de la fatigue qu'ils auront étiolée dans des chemins raboteux. Voici comme on les traite: on leur tire du sang soit au-dessous du fanon, soit des couronnes; on leur panse bien le sabot et on fait bouillir de la fleur de farine d'orge et de la résine, avec de la graille de porc, pour les oindre trois fois par jour. On les fomente aussi avec de l'eau chaude, dans laquelle on aura fait bouillir de la verveine et on leur frotte les jambes entières avec un acopum. Au bout de cinq jours on leur applique des cataplasmes composés de fleur de farine d'orge, de graine de lin et de fenugrec que l'on fait bouillir dans du vin par parties égales : ces cataplasmes se mettent sur toute la jambe après qu'elle a été ointe avec l'acopum depuis les articulations jusqu'aux genoux. On munit ces parties de laines grasses et on les bande : on fait aussi marcher un peu les animaux trois fois par jour. Si ce traitement ne fait point d'effet, voici un emplâtre qu'il faudra leur mettre sur les articles. On fait bouillir lentement au feu et on passe ensuite deux livres tant de sel ammoniac, que de galbanum, de grande berce et de moelle de cerf, deux unciae de térébenthine, une livre de zopissa et une et demie de colofone, avec une quantité suffisante de vieille huile, pour en mettre sur le sabot de chaque pied pendant plusieurs jours, jusqu'à ce qu'ils soient guéris. Mais il faut nécessairement se hâter de les soulager dans cette maladie, parce qu'ils restent communément dans le même état lorsqu'on tarde trop à leur donner ses soins. D'autres croient néanmoins qu'il faut les brûler peu à peu dans les articulations, quoiqu'il soit rare que ce remède même soit bon. [2,55] CHAPITRE LV. La difficulté et la longueur des routes use le sabot des animaux et les met hors d'état de marcher. Il y survient aussi des irritations causées par des contusions lorsqu'on les a forcés de courir dans un chemin rude ou pierreux. Enfin, il arrive même quelquefois que sans aucune cause préalable et pendant qu'ils restent à l'écurie sans rien faire, l'amas d'humeurs qu'ils y engendrent commence à les faire boiter. Il faut donc leur ouvrir promptement le dessous du sabot, afin que l'apostume se dissipe par les parties inférieures et qu'elle ne fasse pas d'éruption au-dessus des couronnes, ce qui rendrait la guérison difficile et lente. Voici les symptômes de cette maladie : l'animal ne pose pas à terre la pince pleine ; lors donc qu'on voit qu'il suspend son pas en l'air, on lui ratifie le sabot par-dessous pour mieux discerner la cause du mal et l’on presse avec le doigt la partie qui paraît la plus noire : il elle cède sous le doigt avec douleur et qu'elle soit mûre, on l'ouvre et on en fait sortir la sanie. On cerne alors jusqu'au vif l'endroit où est situé le dépôt et on y met des linges imbibés d'huile de rose, de vinaigre et de sel, avec de la fiente de l'animal même que l’on chausse ensuite; le troisième jour on délie le bandage. Si la chair est revenue, on fait bouillir du gramen avec de l'huile pour en appliquer dessus. Si l'on s'aperçoit que la chair elle-même noircisse, on examinera si l'animal n'a pas quelque fracture, ou s'il ne lui est pas entré dans le sabot un clou, une pierre aiguë, ou une épine auquel cas on aura recours aux fomentations et à la résine pour pouvoir les retirer lorsque l’on verra que la plaie sera nettoyée, on y appliquera des traumatiques, après quoi on y ajoutera de la suie sèche. Lorsque le traitement sera fini, on y mettra de la résine fondue et du soufre. Si l'apostume est encore profonde, on fera bouillir de l'orge ou des fèves dans de l'eau, pour en faire une fomentation qui puisse la faire venir à maturité. Quand il aura les pieds usés par-dessous, on les fomentera avec de l'eau chaude et on les frottera avec du vieux-oing, après quoi on les lui fera poser sur une brique ardente et on les brûlera légèrement. Ensuite pendant trois jours, avec une lame de fer rouge trempée dans une quantité égale d'huile et de soufre broyé. Mais s'il s’est brisé le sabot, on lui tirera du sang de la couronne, on le fomentera avec de l'eau chaude, on le frottera avec du vieux-oing et on appliquera dessus du crottin de brebis mêlé avec du vinaigre, quoique d'autres croient celui de chèvre plus efficace. [2,56] CHAPITRE LVI. S’il est sur venu aux pieds d'un animal une de ces excrescences qui ressemblent aux poumons et que cette excrescence se soit ouverte, sachez qu'il faut lui lever tout le dessus du pied, c’est-à-dire, tout le sabot de cette façon-ci : on ratifie par-dessous. Ensuite on fait une incision en tournant entre la jointure du talon et du sabot entier, on soulève le sabot par-devant et on chasse le dessous du talon en arrière ; on ratifie au vif toute la partie occupée par l’excrescence et on y met de la laine imbibée d'huile, de vinaigre et de sel, avec de la fiente de l'animal lui-même puis on le chauffe. Le trentième jour on ôte le bandage, après quoi on le fomente : on fait bouillir de la farine d'orge, de la résine et du vinaigre, pour lui en mettre pendant trois jours ; ce médicament guérit les fractures même lorsqu'on en met souvent. Ensuite on y applique aussi un traumatique avec de la laine ; et lorsque la plaie est cicatrisée, on fait bouillit de l'écorce de grenade et du bitume de Judée avec du vinaigre, pour en mettre pendant trois jours, après quoi on l’ôte et on en remet de nouveau jusqu'à ce que le sabot reprenne la dureté de la corne. [2,57] CHAPITRE LVII. Si le sabot d'un animal est tombé, la cure de cet accident est difficile; mais on pourra, pourvu qu'on ne manque pas d'industrie, avoir recours à un genre de pansement qui le soulagera : ce pansement consiste à retirer avec adresse le papier des chandelles et après l'avoir nettoyé, à le faire tremper dans le blanc d'un œuf cru pour en entourer le pied dépouillé en cercle, en l'attachant avec un morceau d'étoffe et une petite bande par-dessus. Au bout de trois jours on ôte la bande et on fomente le pied, avec de la farine de blé, de la résine, du vinaigre et du miel bouillis ensemble ; quelquefois on se sert de farine de fèves au lieu de farine de blé. Si la plaie n’est pas nettoyée, on la lavera avec du vin tiède et on y mettra de la laine avec du miel ; lorsqu'elle le sera, on aura recours aux traumatiques. Et quand elle sera cicatrisée, on brûlera des cosses de fèves avec de la peau de cerf que l'on fera tremper dans du miel, en y ajoutant de la poudre de bitume de Judée et de grenade avec du vinaigre : on renouvellera ce médicament de deux jours l'un, jusqu'à ce que la corne se forme en sabot. On finira par broyer de vieux genêt d'Espagne que l’on fera bouillir dans une marmite propre avec du vinaigre, pour en envelopper le sabot, qui durcira par ce moyen; de sorte que l'animal fera parfaitement guéri. S'il survient un épanchement d'humeurs dans les pieds d'un animal, on broyé des figues sèches avec du sel par parties égales, pour les appliquer sur le sabot. [2,58] CHAPITRE LVIII. On fait croître le sabot des animaux lorsqu'il est trop petit, de même qu'on le répare lorsqu'il est usé, en mêlant ensemble à cet effet et en faisant bouillir sept gouttes d'ail, trois poignées de rue, sept unciae d'alun broyé et criblé, deux livres de vieux-oing et une poignée de crottin d'âne. Mais le conseil le plus prudent que l'on puisse donner, c’est de maintenir les pieds des animaux en santé, plutôt que d'être dans le cas de les guérir quand ils seront malades. Or on fortifie le sabot des animaux lorsqu'on a soin qu'ils soient très proprement à l'écurie, sans fiente ni humidité et que l'écurie est parquetée de ponts de robre. Il faut aussi, quand ils reviennent d'une route, leur fomenter avec du vin chaud les articulations ou les jarrets. Quand le sabot est naturellement mol, on le consolide en broyant ensemble deux tiers de graine de lierre avec un tiers d'alun rond et en mettant ce médicament pendant plusieurs jours sur les pieds, après les avoir chauffés. Ce fera encore une bonne chose pour les pieds usés par dessous, que de broyer ensemble une selibra de poix liquide, une hemina de vinaigre et une livre de sel avec une quantité suffisante de feuilles de lierre et d'en oindre tous les jours les pieds de l'animal qui aura cette incommodité. Ce médicament suffit communément pour durcir les sabots les plus mous et il n'y en a pas de plus efficace. On met un lézard vert vivant dans une marmite propre et l'on y ajoute, pour faire bouillir avec ce lézard, une livre de vieille huile, une selibra de bitume de Judée, une livre de cire et une selibra d'absinthe broyée. Quand toutes ces drogues sont fondues, on les passe pendant qu'elles sont chaudes et après avoir jette les os et les immondices, on remet dans la marmite ce médicament liquéfié, lorsqu'on veut ensuite faire durcir les sabots d'un animal, on les ratisse par dessous et l'on met cet onguent dans une canne verte, après l'avoir fait chauffer et pendant qu'il est presque bouillant, pour le distiller à travers cette canne sur les sabots, en prenant garde d'en laisser tomber sur la couronne ou sur les parties qui débordent le sabot, à l'exception desquelles on frottera le dessous et tout le contour du sabot pour le consolider. Mais il faut se rappeler que le sabot se renouvelle en croissant ; c’est pourquoi il ne faut pas manquer de prendre ce soin au bout d'un certain nombre de jours, ou à chaque mois, parce qu'il servira à corriger la faiblesse de la nature. [2,59] CHAPITRE LIX. Comme c’est le dos des animaux qui se sent le plus de leur travail, il faut le panser avec plus de soin encore que les autres parties de leur corps. En effet, si l'on excepte les animaux qui sont destinés au Cirque, tous les autres, soit mulets, soit chevaux ou ânes, ne rendent de service que par le dos, lorsqu'ils sont montés, ou qu'ils portent des fardeaux. C’est pourquoi l'industrie, qui tend à conserver la santé de cette partie de leur corps, est préférable à celle qui s'occupe du soin de la guérir, lorsqu'elle est blessée. On la préserve donc de maladie, en mettant sur eux suffisamment de couvertures ou de housses qui soient molles, propres et secouées avec soin avant de servir, afin qu'il n'y reste ni malpropreté, ni rien qui ne soit uni et qui puisse altérer la peau sous la charge qu'ils porteront. Ensuite il faut que les fardeaux ou les selles soient d'une proportion et d'une qualité convenable, parce que lorsque celles-ci sont trop petites ou trop grandes, comme lorsqu'elles sont trop étroites ou trop larges et qu'elles ne s'adaptent point au dos des animaux, elles les incommodent beaucoup. En effet, lorsqu'un animal est trop comprimé par le poids de sa charge dans des terrains raboteux, ou que la housse dont il est couvert le brûle, parce qu'elle est trop tirée, ou qu'elle froisse le mercurius ou l'épine du dos, il en résulte des froissements, des suppurations et des apostumes. L'énormité des fardeaux incommode aussi les animaux, quoique ce dont ils sont couverts ne soit point d'ailleurs défectueux, c’est pourquoi il en faut modérer la charge, de peur qu'elle ne donne lieu à des plaies. [2,60] CHAPITRE LX. Si le dos d'un animal commence à se gonfler par la maladresse de celui qui le monte, il faudra, dès le principe du mal, faire macérer dans de l'eau très bouillante, pendant quelque tems» des tiges d'oignons, c’est-à-dire, de ces tuyaux secs auxquels pendent les bouquets de cette plante, après quoi on les appliquera, pendant qu'elles seront chaudes, sur la tumeur, en les y contenant avec une bande attachée avec du fil, pour les y laisser pendant une nuit. On touchera la tumeur pour s'assurer si elle est sans suppuration. S'il s’est formé une callosité dure, on broie ensemble de la farine d'orge avec des feuilles de chou et l’on applique dessus ce médicament que l'on fait chauffer à cet effet. On mêle aussi de la cendre avec de l'huile, pour en mettre sur cette callosité, jusqu'à ce qu'elle disparaisse ; lorsqu'elle est disparue, on y met des médicaments onctueux étendus sur des morceaux d'étoffe très minces, ou du miel étendu sur du linge et lorsque l'ulcère est nettoyé, on achevé de le guérir avec du suc de pyracanthe. [2,61] CHAPITRE LXI. S'il est venu une excrescence en forme de poumon sur le dos d'un animal, il est difficile de la dissiper avec des médicaments, mais lorsqu'elle est petite, il faut l'ouvrir avec le cautère et particulièrement avec le cautère de cuivre, afin d'en faire sortir la sanie qui s'y était amassée, après quoi on la pansera comme on panse ordinairement les brûlures : mais il vaut encore mieux la couper en croix avec le fer et l'extirper, sans cependant couper la peau outre mesure, de peur qu'il ne se forme une peau trop dure quand la plaie se cicatrisera. On mettra aussitôt sur la plaie de l'huile, du vinaigre et du sel et pour empêcher que le sang ne coule trop, on y appliquera de la fiente de l'animal lui-même et on la fera tenir avec des ligatures; le troisième jour on commencera à y mettre des feuilles de choux broyées avec de l'huile et du vinaigre et l'on continuera ce pansement pendant cinq jours. Quand la plaie commencera à se cicatriser, on la pansera avec du suc de pyracanthe. [2,62] CHAPITRE LXIL Mais s'il s’est formé une plaie, on laisse reposer l'animal pour le panser avec plus de soin et afin de lui donner le temps de fortifier sa santé lorsqu'il l'aura recouvrée, on ne lui imposera pas un travail qui pourrait rouvrir des cicatrices encore trop récentes. Au surplus, on guérit l'ulcère en appliquant dessus des noix de galle de Syrie brûlées avec du miel. On mêle aussi de la poudre d'écorce de pin et d'excellente chaux vive par parties égales et on en saupoudre les blessures. On y met aussi des noix de cyprès broyées et criblées et de l’écorce de chêne broyée et pulvérisée. Outre cela, on réduit en poudre des os de sèche et même des coquilles d'huîtres que l'on mêle avec de la suie prise au cul d'un vase d'airain et pour peu qu'on saupoudre fréquemment la plaie de ces matières bien broyées, elle se dissipe et se cicatrise promptement. [2,63] CHAPITRE LXIII. Si les poils tardent à revenir, on brûlera une tortue vivante sur des sarments allumés et on en mettra la cendre dans un chaudron propre, en y ajourant trots unciae d'alun cru, avec une quantité suffisante de moelle de cerf, puis on fait bouillir ces drogues dans du vin, pour en mettre pendant plusieurs jours aux endroits dépilés. On croit, que c’est le moyen de faire revenir le poil. On met aussi habituellement fuir ces endroits de la cendre de fèves ou de lupins crus, ou de feuilles de figuier que l’on brûle à cet effet, en la mêlant avec du suif. Si les poils tombent sans que l'animal ait eu aucune maladie précédente, on broie ensemble du spica nard et des raisins secs et on les fait bouillir dans du vinaigre, pour mettre ce médicament sur les parties du corps qui sont chauves, après l'avoir fait chauffer. [2,64] CHAPITRE LXIV. Si l'on veut faire noircir du poil blanc on mêlera ensemble à cet usage sept scrupules de vitriol, quatre de sac de laurier-rose et une quantité suffisante de graisse de chèvre. [2,65] CHAPITRE LXV. Si au contraire on veut faire blanchir le poil, on réduira en poudre une livre de racines de concombre sauvage et douze scrupules de nitre, à quoi on ajoutera une hemina de miel, pour se servir de toutes ces drogues mêlées ensemble. [2,66] LXVI. Si une plaie commence à engendrer des vers sur le dos d'un animal ou dans toute autre partie de son corps et que l'on craigne que la pourriture de cette plaie ne se tourne en chancre, on broie dans du vinaigre de la cataire et de la gomme de cèdre, ou du cumin, ou de la ciguë, pour appliquer dessus. L'expérience a aussi appris que la chaux vive détrempée dans du vinaigre très mordant, tue les vers. Si un petit vers a formé une pourriture sur le dos d'un animal, il faut y appliquer légèrement le cautère, ensuite broyer du gui avec du miel et du vin et le mettre dessus. Il est évident qu'on nettoye aussi les plaies avec de petits linges imbibés d'huile et de vinaigre : après quoi, s'il y a nécessité, on a recours de nouveau à la brûlure. En dernier lieu, on les saupoudre avec de la corne de bouc brûlée et broyée, qui est très bonne pour rendre la santé à l'animal et délivrer de la crainte de le perdre. [2,67] LXVII. Le traitement des reins n'est pas fort différent: car lorsque les animaux ont été chargés d'un trop grand fardeau, ou qu'en faisant des efforts pour sauter un fossé, leurs pieds de derrière sont restés immobiles, ou qu'ils ont souffert un trop grand froid, ils gagnent une douleur dans les reins. C’est pourquoi il faut les leur fomenter très longtemps avec de l'eau chaude et de la fleur de foin. Il faut aussi les frotter avec des onguents très chauds et enfin les fortifier en y faisant passer un caustique de salpêtre de houssage délayé. Si la douleur est trop vive, il faut leur ouvrir les veines des aines et leur enduire les reins d'huile mêlée avec de la graisse de porc et du sang qu'on leur aura tiré et, s'il est nécessaire, on aura recours aux cataplasmes. On soulage aussi les reins avec une potion composée ainsi : on coupe douze noix de cyprès, pour les mettre sur des charbons et les brûler avec trois unciae de nitre et l'on réduit ces deux drogues en poudre avec trois unciae de miel, trois sextarii de vin vieux et trois unciae d'huile, pour leur faire avaler pendant quatre jours en portions égales. On guérit les maladies des reins avec une hemina de graine de choux broyée dans un sextarius de gruau et pétrie ensuite avec de l'eau, puis appliquée sur les parties souffrantes. On y remédie aussi avec du sisymbrium pétri avec un sextarius de gruau et de l'eau. Il sera cependant plus efficace de bien broyer la valeur d'une hemina de feuilles de cyprès, d'y ajouter un sextarius de gruau et après les avoir pétris avec du vinaigre très mordant, de les appliquer sur la partie souffrante. Outre cela, on fait bouillir six unciae de résine dure, pour la liquéfier et lorsqu'elle est bouillante, on la saupoudre de farine d'orge jusqu'à ce qu'elle soit épaissie en forme de bouillie et après l'avoir longtemps pétrie, on l'emploie tandis qu'elle est chaude au point que la main puisse la supporter, pour en enduire les reins. Si l'on renouvelle souvent ce remède, il apaise la douleur et la tumeur. Mais si l'irritation est si grande que l'effet de ces remèdes ne se fasse point sentir, on la brûlera avec un cautère de cuivre, en enfonçant des pointes dans les parties convenables, afin que ce cautère ne rende point l'animal difforme ; au lieu que si c'est un animal vil et dont le service soit plus important à rechercher que la beauté, on le brûlera en forme de claie, suivant l'usage. [2,68] LXVIII. Au surplus, on reconnaît la douleur des reins à ces symptômes-ci : L'animal tire les pieds de derrière, ses reins vacillent, sa queue est baissée, son urine est bourbeuse, ses entrailles sont dures et crispées. Quelquefois ses reins sont dans un état tel qu'il urine le sang, auquel cas, s'il en rend beaucoup, c'est une maladie incurable, au lieu que s'il n'en rend qu'une petite quantité, sachez qu'on peut le guérir. On lui donnera, après lui avoir tiré du sang de la veine-mère ou des cuisses une potion composée de jus de porreaux, qu'on coupera à différentes reprises, avec de l'eau. [2,69] LXIX. Souvent les muscles des reins sont molestés par une chute et il est plus aisé de les traiter à l'extérieur, lorsque les remèdes nécessaires n'ont pas été administrés a temps. Toutes les fois qu'un animal est tombé, il vaut mieux verser sur lui de l'eau froide dans le lieu même de sa chute et ensuite se servir d'onguents. Voici les symptômes qu'on aperçoit ordinairement dans cette maladie. Les reins s'endurcissent, les testicules se resserrent, l'animal tire la cuisse et ne peut pas se rassembler. Cette maladie vient de la fatigue occasionnée par une longue route, ou par des chemins en pente que l’animal aura traversés dans le temps qu'ils étaient rompus. Les animaux y sont aussi sujets, quand ils ont fait des efforts à la course, ou qu'ils se sont allongés pour sauter. Il faut donc leur tirer du sang des entrailles, autant que la constitution de leur corps le permettra. Il faut aussi employer les potions nécessaires pour leur rendre la santé et les placer mollement afin qu'ils dorment. [2,70] LXX. Quelquefois il arrive que le frisson fasse sortir hors du corps l'extrémité du rectum des animaux. Voici comme on guérit cet accident. On scarifie la partie avec le scalpel et principalement ce qui paraît saillant en dehors et qui ressemble à de petites vessies, on exprime les parties scarifiées entre les doigts et on les décharne, après quoi, on les frotte avec du sel égrugé, jusqu'à ce que l'humeur qui en sort avec le sang soit détruite. Ensuite, on les fomente avec de l'eau chaude et du sel, on fait rentrer le rectum dans le corps, en l'enfonçant avec la main et aussitôt, il se remet à la place d'où il était sorti. On fait un autre enduit dans l'intérieur du corps jusqu'à la guérison de l'animal, en y fourrant les doigts, après les avoir trempés dans un médicament onctueux, ou dans du mélilot. Si l'on ne veut pas se déterminer à avoir recours au fer dans cette maladie, on la pansera, tous les jours avec ce médicament-ci : on prend trois unciae, de castoréum, deux livres de sel égrugé, une de sel ammoniac, une semi-uncia de terre rouge ramassée auprès de Sinope dans le Pont. On fait bouillir le tout ensemble, après l'avoir broyé et criblé, on l'applique sur l'extrémité du rectum et on l'y attache : d'ailleurs, on le fomente tous les jours avec une lessive chaude, et on le panse assidûment jusqu'à la guérison. On réchauffe aussi l'animal malade par des potions thermantiques. D'autres Auteurs ont dit qu'il fallait dans cette maladie soutenir l'extrémité du rectum et la faire rentrer avec la main, que l'on frotte à cet effet de graisse de porc, ensuite y mettre une éponge et lier la queue de l'animal sur son dos. Si cependant l'on a négligé de panser l'animal pendant quelques jours, ils assurent qu'il faut commencer par fomenter le mal avec de la lessive ou du sel et de l'urine chaude et ensuite, se conformer pour le surplus du traitement, à ce que nous avons prescrit. [2,71] LXXI. IL vient souvent aux animaux des douleurs de reins qui se manifestent par ces symptômes ci. Ils ne peuvent ni marcher ni se coucher et leurs entrailles enflent et s'endurcissent. En voici le traitement. On leur tire du sang des deux cuisses, ensuite on met sous eux dans un vase de l'urine vieille et puante, dans laquelle on trempe des pierres meulières bien chaudes, en les couvrant très soigneusement avec des housses, qui les enveloppent jusqu'au bout des pieds, afin que la vapeur de l'urine fasse sortir la sueur des vaisseaux des testicules, après quoi, on les fomente avec de l'eau chaude et on broie bien ensemble du nitre et de l'alun de plume, en y ajoutant de l'huile, pour en oindre les testicules en les en frottant. Si l'on n'a pas de pierres meulières, on fait chauffer des pierres quelconques, pour les faire tremper dans l'urine. On prescrit encore un autre remède que voici pour cette maladie : On fait bouillir une hemina de lentilles, que l'on broie dans un mortier, en y ajoutant du vin, on les mêle avec quatre scrupules de feuilles de cyprès broyées de même très doucement, on ajoute encore la même quantité de graisse de porc et on répand sur ce mélange du vin vieux après quoi, on applique sur les testicules un morceau d'étoffe imbibé de ce médicament, jusqu'à ce que la santé soit revenue à l'animal. Si elle tarde à revenir, on brûle les testicules à l'aide de cautères en forme de stylets, ou on les scarifie légèrement. [2,72] LXXII. SI les testicules d'un animal sont enflés, brûlez de l'orge, ensuite mêlez-en la farine avec de la graisse de porc et enduisez-lui les testicules de ce médicament soir et matin. On croit que c'est un remède naturel, que de tremper les testicules des animaux dans du fiel de chien. D'autres Auteurs ont pensé qu'il fallait fomenter les testicules avec de l'eau chaude, quand ils ressentaient quelque douleur et même les parfumer avec des feuilles de cyprès vertes, dans l'idée que cet arbre était un spécifique pour ces parties. Mais si l'on n'en a point sous sa main, il faut néanmoins faire tremper des tuiles brûlantes dans de l'eau chaude, pour en faire une fumigation, ensuite, étendre sur les testicules de l'argile de Cimolus chaude, avec de la fiente de bœuf détrempée dans du vinaigre très mordant et recommencer tous les jours ce pansement jusqu'à ce qu'il rende la santé à l'animal. [2,73] LXXIII. SI le membre d'un animal s'est allongé, de façon qu'on ne puisse pas lui faire reprendre son état naturel, il faut le tremper dans de l'eau très froide et l'y fomenter, après quoi, on lui fourrera la main, après l'avoir graissée, dans l'anus, pour le frotter auprès de la vessie, ensuite on le couvrira bien, de peur que le frisson ne lui prenne. On lui donnera tous les jours, jusqu'à ce qu'il soit guéri, des potions composées de fiente de brebis, dans du vin ou dans de l'eau douce. [2,74] LXXIV. SI un animal urine le sang, ou qu'il le rende par le fondement voici comme on le guérira: on lui tirera du sang de la veine supérieure, on broiera aussi de la racine d'asphodèle, qui paraisse visqueuse et on lui en fera avaler avec deux cotyles de vin blanc qui soit doux. Il est encore bon de faire bouillir de la farine de froment avec de la graisse de porc et de la poudre d'écorce de grenade, pour en faire des potions qui ne soient point épaisses, mais liquides, lesquelles on lui fera avaler, en lui interdisant non seulement les courses, mais même la promenade, afin que la veine qui est rompue se rejoigne. En effet, comme il arrive quelquefois que les courses ou les sauts rompent les veines intérieures, ont les traitera avec des styptiques et des remèdes capables de les consolider. Il faut mettre sur les reins cet anacollemate ci : on mêle bien ensemble, après les avoir broyées, trente bulbes, cinq escargots broyés vivants, cinq aulx et une livre de grande consoude, pour appliquer ce médicament sur les reins. Il est également bon pour les animaux, qui ont les reins disloqués ou ébranlés. Quant à ceux à qui le sang coule par les naseaux, on leur fomentera la tête avec de l'oxycrat très froid, auquel on ajoutera un peu de sel, ensuite, on enduira la tête et les temples avec l’anacollemate et on arrêtera le flux de sang en resserrant les veines avec ce médicament. [2,75] LXXV. SI un animal vient à avoir la dysenterie, l'extrémité de son rectum se retourne ; il faut pour le guérir, le cerner avec beaucoup de précaution, de peur de rompre l'intestin adhérent, parce que si cet intestin venait à être touché, il tomberait et mettrait la vie de l'animal en danger : cet intestin ne se remettant plus une fois qu'il est tombé et restant toujours dans la même position, de façon que l'extrémité du rectum est un peu saillante au-dessus de lui. [2,76] LXXVI. Il arrive quelquefois aux animaux oisifs et paresseux, que la pléthore leur fait uriner le sang, qui étant trop abondant chez eux, trouve une issue par les urines : d'autres fois, quand ils sont exténués et épuisés, leur urine est sanguinolente, ce qui provient ou d'avoir été trop montés, ou d'avoir porté des fardeaux trop pesants, ou d'avoir trop couru. On tire du sang de la veine-mère à ceux qui ont gagné cette maladie dans la mollesse ou l'abondance, au lieu que la saignée est contraire à ceux qui sont exténués ; mais il est salutaire aux uns comme aux autres, de leur donner fréquemment du lait de chèvre, avec la grosseur de trois amandes d'amidon et du jus de pariétaire. On fera des pastilles, dont celle-ci est vantée, comme pouvant entrer dans une potion qui n'est pas moins sûre pour leur procurer la santé. On fait infuser dans d'excellent vin et l'on broye très longtemps une uncia et demie de gomme adragante, trois scrupules tant de néflier que de storax et deux cent dix pignons épluchés, ensuite, on prend gros comme une aveline de cette composition et après l'avoir broyée avec les drogues précédentes et fait fondre dans un sextarius de vin, on leur fait avaler à la corne pendant sept jours consécutifs : ce remède est même bon pour les hommes, pourvu qu'on leur en donne gros comme une sève avec un œuf. [2,77] LXXVII. Mais si un animal vomit le sang, il faut lui faire avaler du jus de genêt mêlé avec du vin, du jus de porreau et de l'huile vierge. Les animaux vomissent quelquefois le sang et on les soulage avec cette potion-ci : On fait bouillir dans un chaudron propre plein d'eau, de l'absinthe de Pont et du spica nard par poids égal, pour leur faire boire cette eau. [2,78] LXXVIII. Il arrive qu'il coule trop de sang d'une veine qui aura été piquée et qu'on ne puisse pas la refermer, on mettra dessus, pour remédier à cet accident, de la fiente de l'animal lui-même et s'il ne cesse point de couler, on la brûlera avec le cautère, mais légèrement, de peur de blesser les nerfs. Appliquez aussi sur la veine un flocon de laine imbibé d'une quantité suffisante d'huile. On attache encore sur la veine, d'où le sang coule, une éclisse de bois, c'est un remède efficace. [2,79] LXXIX. Les irritations de la vessie proviennent de plusieurs causes et la difficulté d'uriner qu'elles occasionnent, ne tarde pas à mettre l'animal en danger, pour ne pas dire qu'elle l'y met à l'instant même. Il nous faut traiter avec soin de cette maladie, afin de mettre à portée d'en soulager les animaux par des remèdes convenables. Voici les symptômes auxquels on la reconnaît. L'animal qui en est attaqué, ne peut pas uriner. Toutes ses jambes fléchissent et son ventre pend à terre. S'il urine difficilement, on donne à cet accident le nom de dysurie, au lieu que lorsqu'il rend quelques gouttes d'urine par le membre avec difficulté, on l'appelle strangurie et quand il ne peut point absolument uriner, on l'appelle ischurie et sa mort n'est pas éloignée dans ce dernier cas. Aussi lui survient-il des grosseurs et des tubercules sur le dos et un étranglement à la gorge causé par la douleur du ventre. Voici comme on le soulage : on lui pique les veines de la poitrine et on lui tire telle quantité de sang que l'on juge à propos, ce qui lui apporte du soulagement. Outre cela, on lui fourre la main frottée avec de l'huile chaude dans l'anus et si l’on y trouve quelques excréments, qui forment un obstacle à la sortie de l'urine, on les en retire. Ensuite, on mêle la valeur d'un acetabulum de sel égrugé, avec une livre d'huile, pour lui introduire ce médicament chaud dans l'anus, après l'avoir placé sur un terrain qui aille en pente, afin que le remède descende plus facilement dans l'intérieur de son corps : ce remède donne lieu à un chatouillement et à un relâchement du ventre qui apaise la douleur. Si ces remèdes tardent à le soulager, on graisse ses mains et ses bras et on les lui introduit dans l'anus par le côté droit avec beaucoup de prudence et de précaution ; après quoi, on les retourne du côté gauche et on comprime la vessie à pleine main, afin que l'urine commence à couler : cette opération guérit l'animal, mais le contraire arriverait si on la comprimait trop fort. Au surplus, voici les causes qui donnent lieu à cette maladie : lorsqu'un animal a été forcé de travailler ou de courir pendant une grande partie de la journée et qu'on ne lui a pas laissé le temps d'uriner, il lui vient une tumeur depuis le conduit de la vessie, jusqu’au membre, de sorte que ce conduit se rétrécit et ce rétrécissement occasionne de la douleur quand l'urine vient à sortir. Si au contraire un animal habitué à prendre de l'exercice s'est reposé pendant plusieurs jours, la crudité des humeurs engendre des glaires qui se portent à la vessie et qui occasionnent des élancements douloureux dans le conduit urinal, ce qui donne ordinairement lieu à la strangurie. Lorsque le conduit urinal vient à se gonfler à cause du trop grand froid, l'irritation qui en résulte, donne ordinairement la dysurie. C'est pourquoi, il faut écarter promptement cet accident occasionné pat le froid, à l'aide de divers échauffements. Il arrive aussi quelquefois que les animaux ont des douleurs de ventre occasionnées par une indigestion d'orge, ou qui leur viennent d'avoir bu trop avidement de l'eau froide, auquel cas la vessie se trouvant émue, vu sa proximité, il leur vient une strangurie. D'autres fois encore, lorsqu'ils ont mangé de la fiente de poulet ou d'autres matières pernicieuses, il en résulte une enflure qui les empêche d'uriner. Lorsque les animaux avalent une petite bête connue sous le nom de buprestes qui est semblable à une araignée, ils en sont aussi suffoqués, de même que lorsqu'ils boivent de l’eau troublée par la boue ou par le limon, cette eau obstrue le conduit urinal lorsqu’il vient des vermisseaux ou des vers dans les intestins, à la suite de quelque ulcère, la vessie en est endommagée, en sorte que les animaux sont en danger de deux côtés. On reconnaît cet accident à ces symptômes-ci : lorsqu'un animal urine lentement et qu'il se gratte en même temps les flancs, ou qu'il mord la terre, sachez qu'il est tourmenté par des vermisseaux ou par des vers. Voici comme on le soulage: on broie bien menu des feuilles de chou, avec lesquelles on mêle quatre cotyles de bon vin, pour lui injecter dans la narine gauche. On réduit aussi en poudre du soufre vif, dont on lui frotte tout le ventre ainsi que le membre, en y ajoutant de l'huile. On fait encore bouillir une grande quantité d'absinthe dans du vin, pour lui injecter dans le naseau gauche. On fait également bouillir dans du vin du laser de Syrie et de la poudre de nitre, pour lui faire prendre par la bouche. On l'exerce par des promenades et de légères courses dans un terrain mol et rempli d'herbes : ou bien on l'invite à uriner, en le conduisant auprès d'une eau qui coule lentement. On provoquera encore plus aisément son urine, en le mettant dans un endroit où quelque autre animal aura uriné. Mais tous ces remèdes ne sont que préparatoires et ne font que le disposer aux traitements en règle : car on lui fomentera très longtemps les lombes, ainsi que les reins, avec de l'eau chaude, ensuite, on fera bouillir dans deux cotyles de vin très doux de l'avoine sauvage et après avoir passe cette liqueur, on la lui injectera dans le naseau gauche. On fait encore bouillir d'excellentes figues dans quatre cotyles d'eau, pour lui injecter de même, après y avoir mêlé de la poudre de nitre. De l'ail bouilli dans du vin et injecté dans le naseau gauche, provoque aussi l'urine. Souvenez-vous qu'aussitôt qu'un animal est attaqué de cette maladie, il faut absolument lui ôter l'orge, lui interdire la boisson et lui donner des herbes vertes ou des mélanges de légumes coupés en herbe pour le sustenter. Les Sarmates, dont la Cavalerie était autrefois excellente, ont appris par l'expérience, qu'il faut envelopper les animaux de housses de la tête aux pieds et les parfumer en métrant sous eux des charbons ardents avec du castoréum, de sorte que la fumée de ce castoréum leur échauffe tout le ventre, ainsi que les testicules, après quoi, on les fait promener sans les découvrir et ils urinent. Frottez entre vos mains de l'alun de plume et du sel et ajoutez-y du miel et de l'huile, pour en faire un collyre long et mince, que vous introduirez par l'orifice même du membre de l'animal et aussitôt son urine sera provoquée : ensuite, vous lui ferez prendre gros comme l'extrémité du petit doigt de grande berce. D'autres le font marcher après lui avoir mis dans l'anus quatre ou cinq oignons très acres et légèrement broyés. Il s'est trouvé un Auteur qui a assuré, que pour provoquer l'urine d'un cheval, il fallait, lui ratisser la corne du pied et la broyer dans un sextarius de vin, pour lui injecter dans les naseaux et que ce remède ne tardait pas à le faire uriner. Si tous ces moyens ne réussissent pas, on fera bouillir de la poirée avec de la mauve dans de l'eau et on lui injectera dans les naseaux la valeur d'un sextarius de cette eau chaude avec du miel. Si l'on n'est pas dans la saison des pâturages verts, on lui donnera du foin que l'on arrosera d'eau, dans laquelle on mêlera du miel à l'instant même, ou bien, on pourra également lui donner de la ptisanne d'orge mondé avec de l'eau, dans laquelle on mêlera du miel à l'instant même. Il y a des personnes qui font bouillir du romarin dans de l'eau et qui lui fomentent les testicules avec cette eau chaude. D'autres lui mettent dans les naseaux des punaises pilées et en écrasent sur l'orifice de son membre et prétendent que c'est un remède très sûr. On sera bouillir des porreaux pour en exprimer un sextarius de jus, avec lequel on mêlera un acetabulum d'huile et une hemina de vin vieux, qu'on lui injectera dans le naseau droit, après quoi, on le mènera à la promenade. C'est un vrai remède et d'un usage commun, que d'injecter dans les naseaux d'un cheval de la boue formée dans un chemin par l'urine de tel autre cheval que ce soit, après l'avoir mêlée avec du vin et l'avoir passée. On lui fait prendre encore par la bouche dans de l'huile et du vin, des racines d'ache de marais bouillies dans de l'eau, dans laquelle on mêlera du miel à l'instant même, avec de la poudre d'encens et un œuf cru brouillé dans du vin doux et on le fomente en lui frottant les reins et les entrailles avec ce remède, après l'avoir fait chauffer. On introduit aussi dans le conduit urinal des collyres longs et menus faits avec du miel bouilli et du sel. On met encore au même endroit une mouche vivante, en appliquant dessus un grain d'encens : On y introduit aussi un collyre de bitume, pour provoquer l'urine. [2,80] LXXX. Nous avons souvent parlé ci-dessus des moyens de relâcher le ventre quand il est trop resserré. Il faut à présent donner ceux de le resserrer, quand il est relâché, parce que cet accident est très funeste aux animaux, quand on n'y apporte pas de prompts remèdes. Le premier des remèdes approuvés par l'expérience, consiste à leur donner une uncia de graine de balauste dans du vin dur et à broyer des dattes et des noix de galle de Syrie, pour en faire une potion qui leur sera salutaire. Voici encore une composition qui les soulagera : On broie bien deux unciae de cire, une livre de lard, une uncia et demie de poivre, avec une semi-uncia de poix; on saupoudre ces drogues d'une uncia et demie de casse également broyée et on en fait des pâtes que l'on trempe à l'ordinaire dans de la cire fondue. On prépare de même une livre de crottin de brebis, pour leur faire prendre à la corne dans un sextarius de vinaigre et d'hydromel. On les resserre encore avec de la garance, qu'on leur fait prendre dans du vin. On trempe une éponge d'Afrique dans de la poix liquide, après quoi, on la brûle et on en met infuser la cendre dans du vin dur, puis on leur fait prendre ce médicament en y mêlant quatre hemina de farine de froment. On leur donne aussi dans une hemina de vinaigre, une semi-uncia de nitre, qui soit vierge, si faire se peut, après l'avoir bien broyé et réduit en poudre. On les guérit à l'instant avec de la poudre de pierre ponce, qu'on leur fait prendre dans du vin. [2,81] LXXXI. IL vient aussi quelquefois dans d'autres parties du corps des verrues, qui occasionnent des difformités vicieuses. Voici comme on les traite : on les serre avec du fil fin, ensuite, on y applique un caustique violent et elles tombent d'elles-mêmes. On les coupe aussi avec le fer et on les guérit en ses brûlant légèrement avec un cautère. [2,82] LXXXII. Quelquefois, les animaux ont mal à la cuisse, auquel cas, on leur tire du sang des veines du fémur et on reçoit le sang avec soin dans un vase. Ensuite, on y ajoute de la poudre de soufre, de nitre et de baies de laurier broyés ensemble et on les en frotte très longtemps à contre-poil, après quoi, on les laisse en cet état pendant trois jours. On les fomente aussi trois fois par jour avec de l'eau chaude, dans laquelle on a fait bouillir de la verveine. On chausse les pieds qui sont sains, d'une sole de fer ou, si l'on n'en a pas, de genêt d'Espagne sous lequel on met du linge roulé, qu'on attache bien avec une bande, pour soutenir la partie qui est malade et afin qu'ils puissent poser le pied à plat. On les frottera aussi très fort au soleil à contre-poil, avec un onguent liquide, au moins pendant une heure. Si ce traitement tarde à les guérir, on leur fera dans la peau, auprès de la jointure de la cuisse, quatre trous avec un cautère, à travers lesquels on introduira sous la peau pendant trois jours, des morceaux d'étoffe ou des linges roulés imbibés de vinaigre et d'huile, après quoi, on fera passer par les mêmes trous, pendant neuf jours, des morceaux d'étoffe trempés dans un traumatique, ou bien, on les bassinera avec de l'eau chaude, dans, laquelle on aura fait bouillir de la verveine et on y mettra ensuite des linges roulés. Le onzième jour, on retirera ces linges et on appliquera de l'argile sur la plaie, afin que la chair se recouvre de peau. Quand la plaie sera cicatrisée, on mettra un caustique dessus. C'est la manière de guérir une cuisse, quand il y a luxation ou blessure. Mais quand un cheval s'est déjeté ou disloqué la cuisse, ce que les Médecins vétérinaires appellent s'être blessé le fil, il y a un traitement qu'on donne d'après l'expérience qu'on en a faite, comme plus sûr et plus facile. En effet, on conduit au soleil l'animal qui boîte depuis longtemps, on le réchauffe avec du vin et de l'huile que l'on a fait chauffer à cet effet, c'est-à-dire, qu'on lui frotte très longtemps les jointures de la cuisse, jusqu'à ce qu'il sue, ensuite, plusieurs personnes le tirent par la bride d'abord pas à pas et finissent insensiblement par courir : une autre personne, qui les suit en retenant l'animal avec des courroies ou une corde lâche, tire droit à elle et avec effort sa cuisse, pendant qu'il est en train de courir. Si la cuisse fait entendre un craquement, c'est une preuve qu'elle est remise et on laisse un peu reposer l'animal, après quoi, on essaye peu à peu ses forces, en le faisant promener. Lorsque sa cuisse est remise, il pose à terre les pieds qu'il retirait auparavant et il boite moins ; dès lors, on ne le tourmente pas davantage, mais on le fomente pendant trois jours avec de l'eau, dans laquelle on aura fait bouillir de la verveine, après quoi, on applique un caustique sur sa cuisse. Si on ne peut pas lui remettre la jointure le premier jour, on lui tirera souvent la cuisse de la même manière un autre jour, jusqu'à ce quelle soit remise. Au surplus, telle partie du corps qui ait été molestée ou disloquée, soit par un coup de roue, soit par tout autre accident, dans le train de devant ou dans celui de derrière ou dans les articulations, ou dans les genoux, on la resserrera et on la consolidera avec cet anacollemate-ci : on broie bien et on mêle ensemble trente bulbes rouges, trente escargots vivants, une livre de grande consoude et une poignée de plantain vert, ensuite, après y avoir ajouté trois œufs, on met cet anacollemate sur la plaie, avec une étoupe qu'on y attache et il resserre les luxations et apaise les tumeurs. [2,83] LXXXIII. Il vient des cloches dans les jointures de la jambe d'un animal, on le reconnaîtra à ces symptômes-ci : sa peau s'enflera de droite et de gauche comme une vessie. Au reste, on les traitera de la façon que nous avons prescrire pour le traitement des phlegmes dans les genoux.Il y a encore un autre remède. On ramasse des lentilles qui nagent sur l'eau et on les applique sur ces cloches, après les avoir broyées, en y ajoutant du vieux-oing. On prétend que ce remède fait disparaître cette maladie! Si la jointure de la jambe ou l'épaule d'un animal commence à s'enfler en quelque endroit, à la suite de quelque coup, on mêle de l'argile de Cimolus et de la terre rouge avec du vinaigre très mordant pour l’en frotter. [2,84] LXXXIV. Si un animal a habituellement mal à la jointure de la jambe et que cette maladie soit récente, on lui tire du sang du tibia, que l'on enveloppera ensuite de laine grasse. Il faut éviter d'employer alors les fomentations ou le cautère, parce que l'un et l'autre font contraires dans ce cas-là, mais on le pansera avec un malagme violent que l’on changera toujours au bout de trois jours. Quand on s'apercevra que l'animal ira mieux, on lui appliquera un caustique sur la jambe. Si un animal s'est cassé la cuisse ou le dessus de la jointure de la jambe, sachez que c'est un accident incurable, parce que les ligatures ne peuvent pas tenir sur ces parties. [2,85] LXXXV. Quand un animal a été froissé par un coup de roue ou d'essieu, si la blessure est récente, on met dessus pendant trois jours de la laine grasse imbibée de vinaigre et d'huile, ensuite, des figues que l'on aura partagées en deux pour les faire sécher, avec du nitre broyés ensemble et l'on renouvelle cet emplâtre au bout de trois jours. Si cet emplâtre ne fait aucun effet, on y mettra pendant trois jours le malagme composé de quatre drogues. S'il tarde lui-même à opérer la guérison, on y met jusqu'à parfaite guérison le malagme, que l'on appelle meliacinus. [2,86] LXXXVI. On reconnaît qu'un animal est traînant à ces symptômes-ci : lorsqu'il sort de l'écurie ou de tout autre endroit, où il sera resté tranquille, il traîne la cuisse et lorsqu'il pose le pied à terre, il en montre la corne de travers en fléchissant les couronnes. Le nom de syrmaticum qu'on lui donne alors, vient des robes traînantes des acteurs de tragédies, mais quoique sa cuisse paraisse déjetée ou disloquée, pour peu qu'on le repousse en arrière sur le pied même, on corrige à l’instant son allure et il marche droit et sans boiter. Cette maladie vient d'une humeur occasionnée par quelque corruption du corps, on par un frisson qui a pénétré dans la jointure de la vertèbre et qui, s'étendant aux nerfs, les a rendus immobiles et les a, pour ainsi dire, déjetés. Voici comme on le guérit : on lui tire beaucoup de sang au-dessous de la jointure de la jambe et après avoir broyé et criblé du sel, du soufre, des escargots de mer, de la manne d'encens, du tartre brûlé, du nitre et des baies de laurier par poids égal, on mêle toutes ces drogues, tant avec du vin vieux et de l'huile, qu'avec ce sang, pour l'en frotter, après l'avoir préparé à cette friction en l'exposant au soleil. On lui fomente très longtemps les cuisses au bout de trois jours avec de l'eau chaude, dans laquelle on a fait bouillir de la verveine, après quoi, on renouvelle la même friction. Si ce traitement ne lui rend pas entièrement la santé, on brûlera la partie malade avec le cautère dans la vertèbre même. On fait ordinairement la même chose aux animaux sciatiques. Sachez que tout ce que nous venons de prescrire par rapport aux ozènes, ou aux autres maladies des articulations ou de la corne des pieds de devant, doit également être observé dans ceux de derrière. [2,87] LXXXVII. LES Auteurs ont donné le nom d'alienatus à la maladie dont les symptômes s'annoncent ainsi : l'animal qui en est attaqué a les yeux ouverts, sans s'apercevoir de l'approche de l'homme, ses lèvres et l'ouverture même de sa bouche enflent, comme s'il avait été piqué par quelque petite bête. D'autres Auteurs ont appelé cette maladie orabus. Au surplus, elle est très funeste, premièrement parce que sa contagion s'étend sur plusieurs animaux, en second lieu, parce qu'elle jette les ignorants dans l'erreur par une fausse apparence de santé, dont l'animal semble jouir. En effet, les animaux bien repus et bien passés en meurent à l'instant qu'ils sont atteints, de son souffle pestilentiel. Au reste, on l'appelle alienatus, parce qu’elle ôte le sentiment aux animaux : On l'appelle encore malleus, parce que la peste qu'elle occasionne est accompagnée d'une contagion destructive. Communément, elle consume l'intérieur des entrailles par des vers qu'elle y engendre et dont la morsure venant à percer le ventre des animaux, les fait périr à l'instant en les suffoquant, quoiqu'on puisse les sauver en y apportant promptement les remèdes suivants. On leur tire du sang de la tête et l'on compose cette potion-ci : on broie ensemble et on crible une livre tant de grande consoude que d'hysope, une et demie tant d'aurone que d'aristoloche ronde et trois unciae tant de manne de sucre que de germandrée et on fait bouillir le tout dans une grande quantité d'hydromel pour le donner en potion à l'animal attaqué de cette maladie pendant plusieurs jours ; mais comme la contagion de cette maladie gagne ordinairement les animaux qui s'approchent de ceux qui en sont attaqués, s'il arrive que tout un troupeau en soit attaqué, il faudra donner en potion une hemina de ce remède à chacune des têtes qui le composent. Il faudra aussi fortifier dans ce cas les animaux et les traiter très souvent avec des fumigations, comme on sait que nous l'avons prescrit ci-dessus, en traitant du malleus. Il faut même les faire changer de pâturages, jusqu'à les transporter dans d'autres contrées, si faire se peut, parce que partout où ils passent, ils corrompent tous les troupeaux par leur souffle. Ils seront plutôt guéris, dès qu'ils seront séparés des autres animaux et qu'on les aura transférés. [2,88] LXXXVIII. On donne le nom de roborosa à une maladie qui rend les animaux raides comme du bois : en voici les symptômes. Tout leur corps est resserré, leurs naseaux sont très ouverts, ils ont les oreilles raides, l'encolure immobile, la bouche rétrécie, la tête allongée, les épaules ou les jambes rassemblées, les pieds même resserrés, de façon qu'aucune de leurs jointures ne fléchit. Si on veut leur dresser la tête, on ne peut pas en venir à bout, leurs yeux se ferment, ils ont l'épine du dos très raide, aussi allongent-ils la queue en la dressant, sans pouvoir la courber ni la remuer, ils ont les entrailles dures et les reins serrés et ne peuvent pas absolument se coucher. Au reste, cette maladie vient d'un trop grand froid qu'ils auront essuyé, ou d'un spasme dans les nerfs, ou d'un tremblement, c'est ce qui fait qu'on leur a donné le nom de tetanici. Les animaux sont communément attaqués de cette maladie, lorsqu'ils ont été négligés après avoir été cautérisés par le feu et qu'on les a fait marcher, de façon que le froid les a incommodés. En effet, leurs nerfs ressentent nécessairement alors un spasme occasionné tant par la douleur de la plaie qui est récente, que par le froid et s'endurcissent comme du bois de robre. D'un autre côté, quand les animaux ont été brûlés aux pieds ou dans toute autre partie du corps, plus profondément qu'ils n'auraient dû l'être, leurs nerfs ayant été atteints par le feu, il en résulte un spasme qui les jette dans cette maladie. Ils en sont aussi quelquefois attaqués, quand ils ont trop souffert de la gelée, ou qu'ils ont sué pendant un trop grand froid, ou qu'on les a fait sortir d'une écurie chaude, pour les mener au froid ; mais si c'est le train de derrière qui est affecté, de façon que la maladie ne s'étende pas au delà des reins, ils ont alors l'opistotonos, que l'on peut néanmoins guérir par des fomentations et des onguents, au lieu que si cette maladie les prend par le train de devant, de façon qu'ils ne puissent pas ouvrir la bouche, on désespère d'eux, parce que leurs dents étant resserrées, ils sont dans la nécessité de mourir de faim. Quant à ceux qui sont également attaqués de cette maladie par tout le corps et qui peuvent ouvrir la bouche en partie, il faut les frotter avec des onguents très chauds, jusqu'à ce qu'ils suent et les mettre dans un endroit chaud, après les avoir couverts de plusieurs housses. On fait même ordinairement auprès d'eux du feu, qui ne donne pas de fumée, afin qu'ils suent davantage. On leur met aussi dans la bouche entre les mâchoires, des rejetons de laurier, afin qu'ils les rongent et qu'en agitant par là les mâchoires, ils se rechaussent. On leur donne encore à jeun des fèves entières, mêlées de baies de laurier et on leur présente de l'eau chaude à boire. On leur purge le ventre avec un clystère composé d'hydromel chaud mêlé de castoréum : on leur injecte aussi dans le naseau gauche d'excellente huile avec de la ptisanne d'orge mondé et on leur donne, pour les sustenter, de l'orge moulu mêlé avec du son, jusqu'à ce qu'ils soient guéris. Il y a des personnes qui ont prétendu qu'il fallait les garrotter pour les ensevelir sous du sable de rivière ou de mer à l'ardeur du soleil, sans que leur tête ou leurs naseaux en soient couverts et les y laisser jusqu'à ce qu'ils suent ; mais il est constant que plusieurs ont été guéris par le traitement que nous venons de prescrire. Si ce traitement ne fait aucun effet, on leur brûlera l'encolure en forme de croix de droite et de gauche, on leur couvrira tout le dos pendant trois jours, après l'avoir échauffé avec des sacs de son et on les frottera tous les jours avec cet onguent-ci au soleil, s'il est ardent, ou dans un lieu très chaud. On mêle, pour composer cet onguent, une livre tant de cire que de salpêtre de houssage, une selibra de térébenthine, une livre de galbanum, une selibra de castoréum, une livre de grande berce, une uncia de poivre, deux de moelle de cerf, deux et demie de vieille huile et une quantité suffisante d'excellent vin vieux. L'expérience a cependant fait reconnaître comme efficace un remède composé de poix liquide bouillie avec de l'huile et du vin vieux, que l'on fait chauffer pour en frotter l'animal. Il faut aussi lui en injecter dans les oreilles, avec de l'huile chaude, afin qu'il recouvre promptement la santé. Mais pour réchauffer les vaisseaux de l'intérieur du corps et dissiper le froid dont ils sont pénétrés, il faut nécessairement avoir recours à cette potion-ci, qui remettra en santé les chevaux attaqués de la maladie roborosa, soit qu'ils aient le tétanos, soit qu'ils aient l'opisthotonos : On broie bien et on crible, pour les réduire en poudre, deux unciae tant de graine de carotte sauvage que de cumin d'Alexandrie, une tant de grande consoude que de castoréum et d'aurone, deux de germandrée, une tant de manne de safran que de sucre et d'hysope et une semi-uncia de poivre blanc et on donne deux cochléaria de ce médicament aux animaux qui sont harassés et dont la vie est en danger, avec de la ptisanne d'orge mondé chaude, au lieu qu'on en fait prendre par la bouche avec une hemina de vieux vin chaud à ceux qui sont plus robustes, en y ajoutant néanmoins de l'huile pour les uns comme pour les autres, afin d'adoucir l'amertume de cette potion et de calmer le canal de la gorge. D'autres Auteurs disent qu'il faut traiter ainsi les animaux attaqués de cette maladie : on leur tirera du sang des tempes et on recueillera ce sang avec soin, pour les en frotter, en y ajoutant de la poudre de nitre, du sel et du castoréum. Il faudra aussi les mettre dans un lieu chaud, se leur présenter une potion composée de lait de chèvre, de rue, de baies de laurier, de poivre blanc, d'huile et de fèves écossées, on leur donnera aussi de l'orge, afin qu'ils agitent leurs mâchoires en le mangeant. Le troisième jour, on leur tirera du sang de la queue et on leur fomentera les reins avec des onguents chauds. On les fera aussi entrer quelquefois dans des bains, afin qu'ils soient mieux réchauffés. On leur donnera encore tous les jours des potions et on leur mettra dans la bouche des barons de saule ou de robre, de peur qu'ils ne perdent l’habitude de remuer les mâchoires. S'ils commencent à se mieux porter au bout de douze jours, on les couvrira pour leur faire prendre de l'exercice, afin de les faire suer. Si tout ce traitement ne fait aucun effet, on aura recours aux remèdes que nous avons prescrits ci-dessus. Il y a bien des personnes qui assurent qu'il faut donner des feuilles de figuier aux chevaux qui ont la maladie roborosa, parce que ces feuilles sont d'une nature échauffante et leur faire avaler à la corne une potion composée de deux unciae de grande berce, de trois tant de storax que de gentiane et de manne de sucre d'un scrupule de myrrhe et de deux de poivre long, avec de vieux vin chaud. On emploie encore cet onguent-ci pour guérir cette maladie, ou pour chasser le froid : On mêle ensemble et on fait bouillir dans de l'eau une livre de cire, huit unciae de térébenthine, deux tant de grande berce que de moelle de cerf, quatre de storax, une selibra de baies de laurier et la quantité nécessaire d'huile d'Iris et on en fait un onguent dont on frotte les animaux. [2,89] LXXXIX. L'hydropisie tourmente souvent les animaux aussi cruellement que les hommes, parce que dès que les parties nobles sont viciées et que la digestion de la nourriture ne se fait pas pleinement, il en résulte communément une humeur vicieuse, qui ruine le corps en le faisant enfler. Voici les symptômes qui manifestent cette maladie : Le ventre de l'animal s'enfle, ainsi que ses jambes, ses testicules, ses épaules et son dos, jusque là même qu'on ne lui voit pas de veines dans la tête et pour peu qu'on lui touche sous la langue, il lui prend une toux légère. On l'exercera alors au soleil par de courtes promenades, après l'avoir couvert de housses pesantes, jusqu'à ce qu'il sue, après quoi, on le frottera par tout le corps à contrepoil, en lui donnant ensuite pour nourriture des raiforts garnis de leurs feuilles, parce que ces racines en le purgeant, remédient à cette maladie. On lui donnera aussi du foin arrosé d'eau et saupoudré de nitre, ainsi que des lupins qu'on aura fait macérer pendant un jour et une nuit dans l'eau et sécher ensuite. On lui donnera aussi, pour le purger, de la racine ou des feuilles de concombre sauvage, qui serviront à lui émouvoir le ventre. Si ce traitement tarde à lui rendre la santé, il faudra lui tirer l'humeur du corps. On le piquera à cet effet avec la flèche, à quatre doigts du nombril, vers le membre, en perçant le péritoine lui-même, mais en évitant néanmoins de toucher les intestins, ce qui lui causerait la mort. On mettra dans l'ouverture qu'on aura faite la canule dont on se sert pour la ponction, et on laissera écouler l'humeur aussi longtemps qu'on le jugera nécessaire, en la recevant dans un vase. Lorsqu'on aura ôté la canule, on mettra sur la plaie deux ou trois grains de sel, pour l'empêcher de se refermer, après quoi, on y mettra des pastilles. On remettra la canule le lendemain ou le surlendemain, pour faire une nouvelle évacuation et on fera sortir ainsi l'humeur à différentes reprises jusqu'à ce qu'il n'en reste plus. Alors, il faudra panser la plaie suivant ses méthodes accoutumées et faire prendre souvent à l'animal des potions cathartiques. On l'exercera en plein jour, jusqu'à ce qu'il sue. Plus il commencera à reprendre ses forces, plus il faudra le traiter avec soin, en l'observant toujours sur l'article de la boisson et en ne le laissent jamais boire que chaud et modérément et seulement pour le sustenter. [2,90] LXXXX. Tel est l'état des chevaux qui ont le sarcoma : qu'ils enflent et soufflent après avoir bu. Voici comme on les traitera : on broiera un sextarius de cendre ou de lessive avec cinq unciae de graine de plantain, qu'on leur donnera promptement dans du vin et de l'huile jusqu'à ce que ce gonflement diminue. D'autres Auteurs assurent qu'il faut leur faire la ponction sur la poitrine à deux doigts du nombril et y mettre une canule pour en tirer l'humeur ou l'eau qui occasionne cette maladie, auquel cas on en tirera la valeur de trois sextarii, ou davantage, si l'enflure est plus considérable. Mais il est plus prudent d'évacuer souvent cette humeur et à différentes reprises, de peur de mettre leur vie en danger, si on la desséchait tout à coup. Ils ajoutent qu'il faut avoir recours aux potions qui provoquent les urines et les frotter souvent pour les faire suer ; on leur donnera du gramen au lieu de foin et des pois-chiches infusés au lieu d'orge. Ils disent aussi qu'il est bon de les faire promener très souvent parmi les Marchands Droguistes, parce que les différentes odeurs, qui s'exhalent de leurs boutiques, sont bonnes pour les poumons. Ils leur donnent encore en porion du persil et des grenades qu'ils leur font avaler dans du vin vieux. On leur présente aussi à manger de l'ache de marais tant qu'ils en veulent. On fait bouillir, dans un sextarius de vin vieux cuit jusqu'a diminution des deux tiers, deux unciae de racines d'asperges sauvages et on leur en fait avaler la valeur d'une hemina. [2,91] LXXXXI. Quoiqu'un animal qui a le tympanites soit semblable à celui qui est hydropique, on le reconnaît à d'autres symptômes : son ventre enfle à la vérité comme celui de l'hydropique et son encolure se raidit, mais ses testicules ni ses jambes n'enflent point. Il faut donc appliquer sur le nombril ou sur le ventre de celui qui a le tympanites, de la cendre chaude humectée avec d'excellent bouillon et renfermée dans un morceau d'étoffe ou dans un linge qu'on attachera avec des bandes; mais plusieurs personnes le retiendront alors, de peur qu'en se débattant il ne dérange les ligatures. On broiera ensemble de la racine de panax et du seseli de Gaule, qu'on lui fera avaler à la corne dans de l'huile et du vin chaud. Outre cela on fait bouillir du thym sauvage et noir dans du vin, dont on lui fait prendre pendant trois jours la valeur d'une hemina par jour. Les symptômes qui annoncent qu'un cheval a le tympanites sont le dégoût tant pour le boire que pour le manger, la rareté ou l'absence totale du sommeil. Dès qu'il commence à jeter de la morve par les naseaux, son état est désespéré, mais, s'il a les naseaux secs, voici comme on le traitera : on lui donnera pendant trois jours de la crème de ptisanne d'orge mondé, avec deux cyathi de vin cuit jusqu'à diminution de moitié qu'on fera chauffer à cet effet. Outre cela, on mêlera ensemble quatre uncia d'hysope, une poignée d'ail vert, vingt dattes, six cyathi de fenugrec, de l'eau de citerne et du vin vieux dans lequel il y ait des odeurs et on fera bouillir ces drogues pour les lui-donner en potion pendant trois jours. [2,92] LXXXXII. Les symptômes auxquels on reconnaît le mal de rate ne sont pas moins clairs que le danger qui menace les animaux qui en sont attaqués. En effet, leurs yeux se renversent et le sang s'y épanche, ils marchent lentement, ils ont le col allongé et cette partie devient plus faible et plus raide. Cet état indique un commencement de la maladie roborosa ; leurs flancs se gonflent, ou bien l'épine de leur encolure se creuse par le milieu en forme d'auge et quelquefois leurs mâchoires se resserrent. Cette maladie vient communément d'un froid excessif qu'a souffert l'animal lorsqu'il a eu le dos frappé par le froid, la plaie, la grêle ou la neige. En voici le traitement : on lui tire une petite quantité de sang de la queue, parce que, si on lui en tirait davantage, on le refroidirait encore plus et ce serait ajouter du froid au froid ; on mêle avec ce sang du vin pur et de l'huile et après l'avoir fait chauffer on lui en frotte aussitôt le dos et l'encolure, qu'on couvre en outre d'un petit sac plein de son chaud qui détende sur toute l'épine du dos et sur les reins. Le lendemain on l'essuie bien et on le frotte de même, en couvrant également les parties qui auront été frottées d'un petit sac plein de son chaud, après quoi on a recours à un onguent composé d'une livre de moelle de cerf, de quatre unciae de manne d'encens, de trois tant de gomme de bdella que de castoréum, de grande berce, de colofone et de zopissa, de deux de térébenthine, d'une livre et demie de cire, de huit unciae d'huile de laurier, d'une livre d'huile de carpe et d'un sextarius d'huile gleucinus. On broie et on crible celles de ces drogues qui sont sèches et on fait fondre les autres sur des charbons et après y avoir ajouté de l'argile on les fait cuire légèrement dans un vase propre, puis on les serre à l'effet de les garder pour en oindre les animaux dans les cas de nécessité. On les traite encore intérieurement avec cette potion-ci : on broie ensemble et on crible une uncia d'absinthe, trois d'aristoloche, deux de bétoine, une et demie de persil, une de germandrée, trois d'encens mâle, deux tant de castoréum que de manne de sucre ; et on leur fait prendre ces drogues dans de l'hydromel et de l'huile, ce qui les guérit indubitablement. D'autres Auteurs assurent qu'il faut leur tirer du sang des petits bras, leur retrancher totalement l'orge et leur faire prendre en potion dans du vin dur de l'ail, du nitre et du marrube avec le sang qu'on leur aura tiré des petits bras, le tout broyé par poids égal avec de l’absinthe du Pont, ensuite les faire promener lorsqu'ils auront bu, les fomenter avec des éponges chaudes et les frotter fort et longtemps avec les mains. Si l'enflure du ventre persévère, on leur brûlera, la poitrine avec des cautères et cinq jours après on les brûlera encore de droite et de gauche à trois doigts des premières plaies qu'on leur aura faites, en prenant garde de leur brûler les veines. [2,93] LXXXXIII. Comme la maladie des chevaux, qui ont de la peine à se courber, ne diffère point de celle dont nous venons de parler, il faut les frotter avec le même onguent et les brûler s'il est nécessaire. [2,94] LXXXXIV. SI un animal ne transpire point, on le reconnaîtra à ces symptômes-ci : il aura la fièvre, il retournera ses yeux en-dedans, il aura les oreilles allongées et raides et il frappera la terre avec ses pieds. Voici comme on le traitera : on lui tirera du sang de la veine-mère et après avoir fait chauffer ce sang, en y ajoutant de l'huile et du vin, on lui en frottera bien tout le corps à contrepoil ; ensuite on le tiendra dans un lieu chaud et il sera guéri. [2,95] LXXXXV. Il arrive quelquefois que les animaux craignent l'eau, auquel cas on les appelle hydrophobes. Voici les symptômes de cette maladie : ils ont toutes les veines tendues, ils suent et l'on voit du sang épanché dans leurs yeux, ils sont sujets à des tremblements et à des grincements de dents, ils se heurtent contre les murailles: cette maladie se convertit ordinairement en rage. Voici comme on les soulage : on leur tire du sang des cuisses, on les empêche de manger, on les tient dans un lieu tellement clos qu'ils ne puissent pas voir la lumière, on met de l'eau dans un seau ou dans une auge sans faire de bruit et sans qu'ils l'entendent verser, on broie une poignée, de rue et, après l'avoir mêlée avec quinze baies de laurier, une livre d'huile rosat et une uncia de vinaigre, on leur en frotte bien la tête et les naseaux et ils guérissent. [2,96] LXXXXVI. IL est constant que les animaux sont sujets au spasme. Cette maladie se manifeste par ces indices-ci : ils tombent tout à coup et leurs articulations s'allongent, tout leur corps palpite et quelquefois même leur bouche écume. On humectera leur nourriture d'oxycrat et on la saupoudrera de nitre, on leur donne aussi en potion, pendant sept jours, à l'effet de les purger, de la poudre de concombre sauvage et du nitre broyé. On mêlera encore une demi-cotyla de sang de tortue de mer avec la même quantité de vinaigre et quelque peu de laser pour leur injecter dans les naseaux. On dit qu'il est bon de leur frotter très souvent le dos avec de l'huile, du vinaigre et du nitre. [2,97] LXXXXVII. Les animaux tombent souvent, de même que les hommes, comme s'ils étaient lunatiques et périssent dans l'accès de cette maladie, dont voici les symptômes : ils restent couchés par terre, ils tremblent, la salive leur coule de la bouche et au moment qu'on les croit désespérés et prêts à mourir, ils se relèvent et cherchent la pâture. On touchera alors avec le doigt le cartilage de leurs naseaux et plus on le trouvera froid, plus on sera certain qu'ils tomberont souvent, au lieu que s'ils l'ont moins froid, c'est une preuve qu'ils tomberont plus rarement. Voici en quoi consiste le traitement de cette maladie : on leur tirera beaucoup de sang de la tête, au bout de cinq jours on leur en tirera des tempes, on les mettra dans un lieu chaud et ténébreux, on leur frottera tout le corps avec des onguents thermantiques, on leur oindra de même le cerveau ainsi que les oreilles avec de la poix liquide et de l'huile de laurier sans ménagement et en leur injectant même ces liqueurs dans ces parties : enfin on garnira leur tête d'une peau molle ou d'un coussin et on leur donnera une potion cathartique composée de deux unciae de racine de sermontaine et d'une tant de racine de panax que de diagrede et de concombre sauvage. On mêlera toutes ces drogues ensemble après les avoir bien broyées, et on les fera bouillir avec un sextarius de miel, après quoi on en mettra plein un cochleare dans un sextarius d'eau chaude avec trois drachmes d'huile pour leur faire avaler. On leur traitera aussi souvent la tête. A cet effet on réduira en poudre de la racine de Diane, c'est-à-dire, de l’armoise, pour la leur souffler dans les naseaux à travers un tuyau. De la racine de laser broyée et injectée dans les naseaux leur sera également bonne. Mais si la maladie persévère, on leur brûlera la tête, comme on a coutume de faire aux chevaux qui sont dormeurs. [2,98] LXXXXVIII. Il arrive souvent que les animaux vomissent l’eau qu'ils ont bue : cette maladie provient d'un trop grand froid qui occasionne une paralysie dans l'estomac. Mais on les guérit en suivant cette méthode-ci : on leur tire du sang de la tête, on leur donne des potions thermantiques, on leur frotte les épaules et la poitrine avec des onguents très chauds, on leur purge la tête par les naseaux, et même on a recours au sinapisme, quand la maladie l'exige. [2,99] LXXXXVIIII. On donne le nom de sideratitia aux animaux dont les veines ont été frappées du froid ou du chaud dans le temps qu'elles étaient vides ou trop remplies par une indigestion, de même qu'à ceux qu'un trop long jeûne a affamés. Ils deviennent alors stupides et chancellent en marchant. Il faudra les traiter avec des nourritures molles et des potions douces de la manière qui suit : l’on mêlera une uncia de laser avec une hemina d'hydromel et de la ptisanne d'orge mondé et si la maladie est occasionnée par le froid, on leur donnera ce remède dans du vin et de l'huile chaude, au lieu que si elle provient du chaud on le leur donnera dans du rosat. Si elle vient d'une indigestion on les empêchera de manger ; enfin, si elle vient d'une faim excessive, on leur donnera une grande quantité de pois chiches. [2,100] C. Le soleil trop ardent de la canicule frappe de même le cerveau des animaux : on leur tire alors du sang des tempes et on les traite de la même manière. Cet accident se manifeste en ce qu'ils sont forcés de porter la tête baissée. [2,101] CI. Les indigestions occasionnent dans les animaux une maladie que l’on reconnaît à ce symptôme-ci : ils se penchent, en marchant, tantôt d'un côté tantôt de l'autre. Voici comme on les guérit : on leur tire du sang de la tête, on les empêche de boire et de manger et si l’on est en été, on leur donne des potions rafraîchissantes pour forcer la nature. [2,102] CII. Les animaux ont souvent à souffrir d'une faim excessive occasionnée tantôt par le besoin, tantôt par la lassitude. En voici les symptômes : leurs yeux rentrent en dedans, leur vue est peu assurée, leur corps tremble. Voici comme on les traite : on commence par les frotter avec du vin et de l'huile que l'on fait chauffer à cet effet, ensuite on fait tremper dans du vin de la mie de pain blanc pour en faire une gelée liquide qu'on leur fait prendre à la corne et qui les rétablit. Si cette grande faim ne diminue point, on fait infuser, dans un sextarius de vin, une hemina de fleur de farine de froment qu'on leur fait prendre à la corne. Si elle leur prend, en voyage dans des pays où l’on manque du nécessaire, on leur fera avaler de la terre ou bien on fera des pâtes qu'on leur jettera dans la bouche. [2,103] CIII. Si la respiration occasionne aux animaux des gonflements dont on ne puisse pas rendre raison, on leur mettra sur le cerveau et sur la poitrine de l'oxycrat chaud avec une éponge, on leur injectera de l'huile de laurier dans les oreilles, on les tiendra dans un lieu très frais et on leur chatouillera les naseaux afin de les faire éternuer souvent, moyennant quoi ils seront ragaillardis à l'instant. [2,104] CIV. Si un animal, pour avoir eu trop chaud, tombe en défaillance, on broiera des feuilles de chou avec de l’ache de marais et après avoir mêlé ces drogues avec un sextarius de vin, on lui injectera ce vin dans le naseau gauche. Si le chaud qu'il a essuyé a été des plus violents, on broiera par poids égal du persil, de la carotte sauvage, du seseli de Gaule, de l'aurone, du spica nard, du jonc odorant et en lui donnant ce mélange dans de l'hydromel, on le soulagera de cette grande chaleur. Mais si la chaleur lui a si fort affaibli les membres qu'il puisse à peine se soutenir, il y a des Auteurs qui veulent qu'on l'empêche de boire et qu'on le laisse l'espace d'une heure dans de l'eau froide dans le temps qu'il a soif et ils prétendent que cette méthode le rétablit à l'instant. D'autres ont dit qu'il fallait lui faire avaler à la corne de la farine d'orge dans du vin. Bien des personnes, après en avoir fait l'essai, ont trouvé que de la farine de froment dans de l'eau froide le soulageait à l'instant. Au moins faut-il lui faire avaler trois œufs crus brouillés avec du pouliot, de l'oxydât et de l'huile. [2,105] CV. Les animaux sont sujets à la paralysie ainsi que les hommes : on reconnaît cette maladie à ces symptômes-ci : ils se tournent sur le côté comme un cancre en marchant, ils ont l'encolure courbée, telle qu'ont coutume de l'avoir ceux qui ont une fracture dans cette partie du corps, ils ne peuvent pas poser leurs pieds droits : si on les force de marcher, ils se heurtent contre les murailles : ils ne refusent ni à boire, ni à manger, mais leur orge paraît toujours humide. Voici comme on les traite : on leur tire du sang des tempes, non pas du côté ou est le siège de la maladie, mais du côté opposé ; on les frotte avec des onguents thermantiques et on leur assujettit l'encolure avec des bats de bois qu'on y attache jusqu'à ce qu'elle se redresse. D'ailleurs on les met à l'écurie dans un lieu chaud, comme ceux qui ont la maladie roborosa et on leur donne les mêmes potions qu'à eux. Si ces secours de la médecine ne leur font aucun bien, on leur brûle l'encolure, non pas du côté où elle est resserrée mais du côté opposé, en leur appliquant un cautère en forme de palmes, depuis l'épaule jusqu'à la naissance de l'oreille : on leur brûle aussi la tempe sans excéder la mesure d'un demi cautère. Quant à l'autre coté de la tempe, on y applique un cautère de la forme d'une petite étoile : on leur en applique aussi du côté des reins jusqu'au milieu de l'épine du dos qui ont la forme de petites verges, suivant l'usage et ils guérissent. [2,106] CVI. Lorsque les animaux se sont rompu quelque partie du corps à la suite d'un trop grand saut, d'une course excessive ou d'une chute, il leur prend une toux forte. Voici les symptômes auxquels on reconnaît cet accident : ils ont une strangurie, ils crachent le pus et toutes les fois qu'ils se sont vautrés à terre, ils ne se relèvent pas ni ne se secouent. Quand la rupture est récente, ils crachent plutôt le sang que le pus. On les traite avec des nourritures visqueuses et douces. On leur donne aussi très fréquemment cette potion-ci : on broie bien dans du vin une uncia tant d'encens mâle que d'opium, de cet héliotrope que nous appelons chicorée sauvage et de rue et après avoir mêlé avec ce vin quatre fois autant de vin dur, on leur en fait prendre tous les jours à la corne jusqu'à ce que les parties internes, qui sont rompues, se conglutinent. [2,107] CVII. Les animaux sont souvent attaqués de la folie ; au point qu'ils brisent leur crèche, qu'ils se déchirent à belles dents et qu'ils se jettent sur les hommes mêmes, auquel cas ils remuent sans cesse les oreilles, ils ont les yeux fixes et brillants, leur bouche écume et il faut les lier avec beaucoup de soin et de précaution, de peur qu'ils ne blessent celui qui les pansera. On leur tire du sang de l'encolure et des jambes ; après quoi on les tient dans les ténèbres jusqu'à ce qu'ils demandent de la nourriture. Lorsqu'ils commencent à être plus tranquilles, on mêle un acetabulum de jus de ciguë avec une hemina d'eau qu'on leur verse dans la bouche. Ensuite on broie de la rue qu'on leur applique sur le cerveau et on leur enveloppe la tête d'une peau de laine pour les panser et, lorsqu'ils se portent mieux, on les met à l'écurie chaudement. Voici une potion qui soulage aussi les chevaux enragés : on broie bien neuf baies de laurier et vingt-une gousses d'ail épluchées, pour leur injecter dans le naseau gauche avec du vieux vin blanc. [2,108] CVIII. Si des animaux ont mangé de l'orge dans le temps qu'ils suaient, ou que l'orge qu'on leur a donné fut nouveau et qu'il les ait trop échauffés ; de même que s'ils paissent plus abondamment qu'ils ne devraient le faire dans un temps où ils ne travaillent point, l'indigestion et la pléthore s’en suivront indubitablement. On reconnaît cette maladie à ces symptômes-ci : ils sont en sueur, leurs épaules sont raides et leur allure est peu assurée. On leur tirera alors du sang de la tête et après l'avoir mêlé avec du vinaigre et de l'huile, on leur en frottera bien tout le corps, on leur fera faire de petites promenades pour les exercer et on les privera absolument d'orge. Cette potion-ci les soulagera : on broie des feuilles de chou pour en exprimer le jus, on mêle avec ce jus de la poudre de myrrhe avec un peu de bouillon et d'excellent vin vieux et on leur fait avaler pendant trois jours ce médicament qui aide à la digestion et qui leur rend la santé. Il y a des personnes qui tentent de les guérir alors par des charmes, mais c'est une futilité qui ne peut plaire qu'a de vieilles femmes, d'autant que les animaux ne se guérissent pas plus que les hommes par de vaines paroles, mais par les effets certains de l'art de la Médecine. [2,109] CIX. Si les poumons, quand ils sont sains, contribuent à soutenir la vie d'un animal, d'un autre côté, ils le mettent en danger de mort quand ils sont gâtés. La douleur de ces parties se déclare par des symptômes manifestes : en effet les animaux ronflent alors, ils toussent fort et crachent le pus. Si la maladie est de vieille date, ils rendent une odeur fétide par les naseaux, ils ont de la peine à se tenir dans le même endroit et ils ont de la fièvre et se couchent sur leur crèche. Leurs excréments sont corrompus et il leur vient quelquefois sur le corps des tubercules qui ressemblent à des furoncles. Cette maladie est difficile à guérir, mais on la traite avec cette potion-ci : on broie bien et on crible trois unciae d'encens mâle, deux d'hysope, une tant de feuille Indienne que de manne de safran et deux de myrrhe ; on fait infuser dans de l'eau plein un cochleare de cette poudre avec trois œufs pour leur faire avaler. S'ils n'ont pas d'appétit, on la fera infuser dans du lait de chèvre au lieu d'eau et on leur donnera ce lait à boire après y avoir ajouté un cochleare de miel. On leur fera aussi prendre à la corne de la ptisanne d'orge mondé, avec de l'huile de roses, indépendamment de la poudre que nous venons de prescrire et des œufs. On fera aussi des pâtes avec deux sextarii de farine de froment et un de fleur de farine d'ers, en y ajoutant cinq cochléaria de la même poudre et on leur en fera avaler sept par jour pour les sustenter, sans discontinuer jusqu'à ce qu'ils commencent à demander de la nourriture. Il faut leur donner toutes sortes de nourritures vertes pour prévenir leur dégoût ; quant aux nourritures qui ne seront pas vertes, ce seront de petites lentilles avec du froment ou de l'orge brûlé avec de la paille, de façon qu'ils pourront choisir, parmi cette diversité de nourritures, tout ce qui leur conviendra. On leur donnera néanmoins tous les jours du lait nouveau. On les mènera d'abord à promener et lorsqu'ils commenceront à se mieux porter, on les remettra à leurs exercices accoutumés. Si l'on n'a pas de lait on leur fera boire de l'eau, dans laquelle on aura fait infuser un jour et une nuit de l'ers qui aura été lavé préalablement. Quand l'incommodité des poumons n'occasionne point de dégoût aux animaux, mais qu'ils ont le corps robuste, on leur tire du sang de l'encolure ou du palais. On leur donne aussi une hemina de cendres d'orme lavées et infusées dans de l'eau, puis mêlées avec d'excellent vin vieux dans lequel il y ait des odeurs. Mais, lorsque cette incommodité les tourmente violemment et qu'elle tourne en maladie réelle, on leur fait prendre dans du vin une drachme de racine de lentisque, deux unciae d'encens, une drachme de myrrhe et une semi-uncia de sucre, le tout bien broyé. Voici encore d'autres remèdes : on leur exprime souvent dans la bouche du raisin blanc, on leur donne de la graine de raifort dans du vin, on leur présente des amandes grillées dans de l'eau. Mais voici une autre potion encore plus efficace : on leur fait avaler deux unciae de cardamome, avec une tant de casse que de storax dans du vin, s'ils sont robustes et qu'ils n'aient pas de fièvre, ou dans de la ptisanne d'orge mondé, s'ils ont de la fièvre. [2,110] CX. On reconnaît qu'un animal est attaqué de l’orthopnée à ces symptômes-ci : quoiqu'on le traîne, il refuse de marcher, il respire fort, il jette de fréquents soupirs, il ronfle, il tire ses entrailles, il tousse en mangeant. Il sera difficile de se guérir de cette maladie, quoiqu'il puisse traîner une longue vie. En effet ses poumons se dessèchent et se crispent et il en résulte une maigreur qui est ordinairement suivie de la mort. Il faudra cependant, avant que la maladie ait fait des progrès, avoir recours sans tarder à ce traitement-ci: on lui tirera du sang de la poitrine et après avoir mêlé ce sang avec du vin pur et de l'huile et l'avoir fait chauffer, on l'en oindra. On fera aussi infuser dans d'excellente huile de la cendre de lessive bien criblée, pour lui en faire prendre par les naseaux pendant cinq jours consécutifs. On lui donnera ensuite cette potion-ci : on broie et on crible une quantité égale de moutarde d'Alexandrie grillée, de soufre vif, de myrrhe et de cardamome et on fait bouillir ces drogues avec d'excellent miel, après quoi on délaie gros comme une noix de ce médicament dans du vin de couleur foncée que l'on a fait chauffer et on lui en donne tous les jours en potion. D'autres broient deux unciae de myrrhe, une de soufre, une semi-uncia de nitre et quelque peu de poix liquide et après avoir ajouté à ces drogues du miel et du vin blanc vieux et dans lequel il y ait des odeurs, ils lui en injectent souvent dans les naseaux. On prendra garde qu'il ne ressente du froid, on lui sera prendre un exercice modéré afin qu'il sue et on mêlera toujours non seulement dans sa boisson, mais encore avec son soin, du nitre arrosé d'eau dans laquelle on mêlera du miel à l'instant même. [2,111] CXI. La maladie de l'opisthotonos se déclare de la même manière, avec cette différence que l'animal est raide par tout le corps quand il a l'orthopnée, au lieu que le siège de sa maladie n'est fixé que dans le train de derrière, quand il a l'opisthotonos. Voici les symptômes de cette dernière maladie : l'animal qui en est attaqué a les oreilles raides, le col allongé, les yeux petits, la peau tendue sur le front, les lèvres si épaisses qu'il peut à peine les ouvrir, il est dégoûté du boire et du manger, il a la queue raide, l'allure peu assurée, les membres étendus, il a de la peine à marcher en avant et tombe souvent sur son derrière, raison pour laquelle on lui donne le nom d’opisthotonicus. Il sera difficile de guérir cette maladie en hiver, mais on en viendra à bout en été en ne négligeant pas ses soins. Voici les causes qui donnent lieu à cette maladie en été : c'est quand l'animal a été frappé du soleil dans le temps qu'il était très ardent, quand on l'a forcé de marcher ou de courir dans une route pendant qu'il boitait des pieds de devant, quand il a beaucoup sué, quand il a souffert pour s'être blessé l'épaule, ou qu'il s'est couché sur cette partie du corps, de façon qu'elle s'est trouvée engourdie. Cette maladie provient au contraire en hiver des routes ou de l'exercice qu'on a fait faire à un animal, de ce qu'on l'a laissé en plein air et au froid dans le temps qu'il était en sueur, ou dans un nouveau bâtiment, ou dans un endroit pavé en marbre ou en pierres carrées, ou enfin de ce que ses mâchoires ont été engourdies par le froid. On essaiera d'y remédier de la manière qui suit : on fera bouillir ensemble deux livres de vieille graisse de porc, une semilibra de térébenthine, une drachme de poivre broyé, une livre de cire et un sextarius de vieille huile, pour frotter très chaudement avec cet onguent tout le corps de l'animal. Il y a bien des performes qui font bouillir de l'ers et qui en mettent le bouillon chaud sur la tête de l'animal malade. D'autres l'ensevelissent dans sa propre fiente chaude, afin que sa maladie se dissipe par les sueurs. La plupart imaginent qu'il est bon de garrotter les animaux pour les couvrir de sable échauffé par le soleil. On dit aussi que cette potion-ci leur est salutaire : on broie et on mêle ensemble vingt grains de poivre broyés, un denarius pesant de cèdre, une uncia de nitre, une pilule de laser de Cyrène de la grosseur d'une fève et après avoir ajouté à ce mélange une hemina d'excellent bouillon avec un sextarius de très excellent vin vieux, on leur en donne deux fois par jour. On dit que c'est un remède constaté par l'expérience de leur faire avaler à la corne, mais néanmoins avec modération, du sang de bœuf chaud et fumant. Si par hasard on n'en a point sous sa main, on dit qu'il est bon de leur donner trois unciae tant d'encens criblé que de sel égrugé dans l'excellent vin. Il est à propos de les frotter avec des médicaments chauds jusqu'à ce qu'ils soient guéris. On mêle aussi avec d'excellente huile, du vin de la première qualité et du miel avec la quantité qu'on juge suffisante de graisse de porc nouvelle bouillie et on fait cuire ce mélange sur de la braise, pour leur en injecter dans les naseaux. On fait aussi fondre sur des charbons un malagme composé de drogues chaudes dans de l'huile de carpe, ou dans de l'huile commune qui soit cependant vieille et on les frotte avec ce médicament. Après ce traitement on les couvre de housses et on les monte en plein soleil pour les exercer en les faisant trotter jusqu'à ce qu'ils suent. Ensuite on les essuie avec des morceaux d'étoffe très rudes et après les avoir frottés de nouveau, on les recouvre. Il faut aussi les frotter avec de la poix liquide coupée avec de l'huile, de façon que la poix ne domine pas, de peur de leur endommager le cuir. Il y a des personnes qui leur tirent du sang de la tête quand ils ont déjà pris des forces, la plupart les font entrer dans une salle de bain et les traitent avec des potions très chaudes, c'est-à-dire, avec du laser, du cumin, de l’anis, de l'huile et des baies de laurier, dont ils leur donnent tous les jours une certaine quantité dans du vin. On se sert aussi des onguents suivants. On fait bouillir ensemble une livre de cire, quatre unciae de résine, deux de grande berce, trois tant de moelle de cerf que d'huile de storax et quatre d'huile de laurier et on les frotte au soleil ou dans un lieu chaud avec cet onguent. Voici encore une autre sorte d'onguent : on fait bouillie ensemble, pour en frotter l'animal, un sextarius de baies de laurier, deux de cumin, trois unciae de soufre vif, une de résine, trois de galbanum et deux sextarii d'huile. [2,112] CXII. Voici aussi les symptômes auxquels on reconnaît qu'un animal est en léthargie. Il reste couché et ne cesse pas de dormir, il ne demande ni à manger ni a boire ; quand il est réveillé, il s'appesantit à l'instant et se jette à terre, il maigrit et telle potion qu'on lui donne, à peine peut-il la prendre, tant il a l'air d'être endormi. Voici la manière dont on le traitera : on lui mettra sa boisson à terre dans l'écurie, afin qu'il puisse boire sans en sortir. On lui fomentera la tête avec de l'eau chaude, dans laquelle on aura fait bouillir du pouliot, ensuite on l'oindra avec de l'huile et de la fleur de sel marin broyée qu'on versera sur sa tête et sur ses oreilles et on aura recours ensuite à cette potion-ci : on fera bouillir dans de l'eau de la camomille soit d'Illyrie, soit de notre pays, avec de l'armoise et on lui en fera boire tous les jours deux cotyles. On lui fomentera souvent les pieds de devant avec de l'eau chaude, parce que cette maladie s'empare communément avec violence des pieds qui ne font point courbés. C'est une maladie dangereuse, ainsi que le traitement qu'on y apporte. En voici les symptômes : les yeux de l'animal pleurent comme s'ils étaient chassieux, il se couche sur sa crèche pour dormir, lorsqu'il marche il vacille du train de derrière et tout son corps est pesant. On lui tirera du pied droit de devant ainsi que de la cuisse gauche du sang avec lequel on l'oindra. On broiera de l'armoise et, après l'avoir criblée, on lui en donnera pendant trois jours dans un sextarius d'eau de lessive et deux cyathi d'huile. Le quatrième jour on interrompra ce remède. S'il ne demande point à manger, on lui fera boire de l'eau dans laquelle on aura fait infuser de l'ers. Si sa santé ne se rétablit pas, on fera bouillir dans une marmite pleine d'eau de la graine de lin et on lui en fera prendre à la corne une hemina par jour, en y ajoutant une quantité suffisante de miel. Cette potion est également bonne pour les animaux qui ont la fièvre. Il est évident qu'il faut empêcher de dormir un animal qui est en léthargie, en lui faisant prendre fréquemment de l'exercice. Il faut aussi le forcer de se promener toutes les fois qu'on lui aura fomenté les pieds de devant avec du son, du sel et du vinaigre mêlés ensemble qu'on lui mettra chaudement sur le sabot. On lui fera aussi avaler de la farine de froment avec du sel égrugé dans un sextarius d'oxycrat, on lui fera prendre à la corne de l'armoise broyée dans de l'huile et un peu d'eau de lessive, on lui interdira l'orge, on lui donnera un sextarius de fèves pour le faire veiller, jusqu'à ce qu'il soit en état de digérer des nourritures plus solides. On lui tirera du sang de l'encolure et après la saignée voici comme on le traitera : on mêlera ensemble, après les avoir broyées et criblées, trois unciae de salpêtre de houssage, deux tant de noix de galle de Syrie que de spica nard et de racine de câprier et on lui fera boire trois cochléaria de ce médicament dans un sextarius d'eau tiède. On ne lui donnera jamais à boire que de l'eau tiède, qui ne soit ni trop froide ni trop chaude. Il faut ranimer sans cesse avec le fouet ou avec la voix, afin que la crainte lui fasse perdre cette mauvaise habitude. [2,113] CXIII. Lorsqu'un animal a la jaunisse, on le reconnaît à ces symptômes-ci : il a les deux yeux verts et l'encolure penchée sur le côté droit et paraît boiter du pied gauche. Voici le traitement de cette maladie : on l'enferme dans un lieu ténébreux où il ne puisse pas voir la lumière et on le couvre de housses, de façon que ses yeux ne soient point ouverts pendant le jour, on l'oint et on le frotte avec de l'huile et du vin chaud. On met au feu des pierres meulières du poids de cinq livres au moins et on lui attache la tête aux pieds. Lorsque ces pierres sont bien, ardentes, on les place sous ses naseaux et on verse de l'huile dessus, pour faire une fumigation qui pénètre sa bouche, ses naseaux et ses yeux, afin qu'il rende par les sueurs le virus de cette maladie : il faut continuer ce traitement pendant sept jours consécutifs. On le soulage encore avec une potion composée de sang de chèvre, de lait de brebis, de mouron, de costus et d'huile mêlés ensemble par parties égales, qu'on lui fait prendre pendant douze jours. [2,114] CXIV. IL arrive quelquefois que la bile, à laquelle on donne ordinairement le nom de cholera, tourmente les animaux. Cette maladie se déclare par ces symptômes-ci : ils s'agitent et se roulent à terre comme s'ils avaient le strophus. On leur tire du sang de l'encolure pour leur donner aussitôt après cette potion-ci : on broie une uncia et demie de germandrée noire, une de manne de sucre et deux tant de nitre que de guimauve commune dans un sextarius d'excellent vin et on met ce médicament dans une hemina d'hydromel pour leur en injecter dans le naseau gauche. [2,115] CXV. Si un animal a de la bile sèche, on lui injecte dans le naseau droit du myrte sauvage broyé dans du vin et on lui donne de la farine de froment au lieu, d'orge. On coupe même cette potion avec de l'eau. [2,116] CXVI. La maladie du colon cause ordinairement de si cruels tourments aux animaux, qu'on croirait qu'ils ont des faiblesses de cœur et d'estomac ou le strophus, mais on reconnaît cette maladie à ces symptômes-ci : lorsqu'ils sont sur leurs jambes, ils tombent tout à coup, de sorte qu'on les croirait épileptiques et s'ils sont suspendus de façon qu'ils ne puissent pas tomber, ils font saisis par la douleur et quelquefois ils se couchent, lorsqu'on leur donne de l'eau froide, ils tremblent, ils suent, ils halètent. On les soulage de cette façon-ci : on broie ensemble et on crible une uncia tant d'anis du Pont que de persil et de graine de fenouil, deux de poivre noir, une tant de marrube que d'aurone, trois d'aneth, quatre scrupules de livèche, deux unciae de petite et de grande centaurée, une semi-uncia de germandrée, quatre scrupules d'eupatoire, une uncia et demie de gingembre, une semi-uncia de pouliot, une uncia de rue et une demie d'ache de marais. Ensuite on mêle avec toutes ces drogues deux livres d'excellent miel bouilli et écumé et on délaye gros comme une aveline de ce médicament dans un sextarius d'eau tiède, pour le leur faire prendre par la bouche. C'est un remède infaillible. Si la douleur persévère, on leur donne cinq cochléaria de graine de fenouil bien broyée dans un sextarius de vin à l'usage des gens, mais franc. Outre cela on leur fait prendre un peu de poivre avec la pellicule du ventre d'un poulet séchée au four et broyée dans du vin. [2,117] CXVII. Il vient assez souvent des vomiques dans l'intérieur du corps des animaux. Voici les symptômes de cette maladie : lorsqu'ils sont couchés, ils ont de la peine à se relever, ils sentent fort de la bouche, ils se couchent sur la partie de leur corps où est le siège de la douleur, ils toussent et crachent quelquefois le pus. On leur injectera dans les naseaux du vin chaud, dans lequel en mettra deux unciae tant d'encens que d'aristoloche. On leur sera encore prendre de la même manière deux unciae de soufre vif et une et demie d'aristoloche. Mais il faut leur donner à manger pour bien nourrir leur corps et lorsque la vomique sera crevée, on les brûlera à l'entour de la poitrine avec des cautères, afin que l'humeur, étant provoquée s'écoule avec plus de facilité. [2,118] CXVIII. Les Latins donnent le nom de coriago à la maladie que les Grecs appellent g-ekedermia. En voici les symptômes : l'animal maigrit et n'est pas sans fièvre, sa peau se colle sur ses côtes, l'épine de son dos devient plus dure et quelquefois il s'élève des furoncles sur son dos : il a d'ailleurs plus d'appétit que de coutume. Voici la manière de le traiter : on broie du thym et du sel dans du vin rouge, pour en frotter les tubercules qu'il peut avoir. Voici encore un autre onguent qu'il faut préparer : on fait infuser de la poix, de la cire, de la résine ratissée sur des futailles et de la fleur de farine d'encens dans de vieille huile, après quoi on fait bouillir ces drogues pour en oindre tout le corps de l’animal en le frottant très longtemps. Mais c'est peu de remédier à la peau par ces onguents, si on ne traite pas aussi l'intérieur du corps par des potions. On mêlera donc ensemble trente grains de poivre blanc, une semi-uncia de myrrhe, une cotyle de vin vieux dans lequel il y ait des odeurs et un cyathus d'huile verte pour lui faire prendre par la bouche. On jettera des bottes de rue verte et épluchée, avec une uncia de grande berce dans une cotyle de vin et un cyathus d'huile verte pour lui faire boire. Cette maladie est toujours la suite du malaise occasionné par le froid, ou de quelque maladie précédente. Il y a des personnes qui font avaler à la corne aux animaux du sang d'une jeune truie mêlé avec du vin, mais ils ne savent point que la quantité de ce sang domine par hasard sur celle du vin, l'animal en meurt aussitôt. C'est pourquoi il est plus prudent de les traiter avec cette potion ci ; on mêle ensemble de l'oignon franc et de la graine de rue broyée, pour leur en donner trois uncia par jour dans une cotyle de vin et l'on a recours ensuite aux traitements convenables aux animaux qui ont la maladie roborosa. [2,119] CXIX. Les animaux ne sont pas moins sujets que les hommes à la consomption. Cette maladie se manifeste par ces indices : ils dépérissent tous les jours et la maigreur fait paraître leurs os saillants ; quoique mangeant beaucoup, ils ont toujours faim, ils cherchent dans la faim qui les presse à ronger tout ce qu'ils rencontrent, les excréments qu'ils rendent sont durs, ils traînent une vie longue et misérable sans pouvoir même se lever, puisqu'ils restent couchés parce qu'ils font toujours fatigués et quoique mangeant beaucoup, ils meurent de faim, parce que coûte la nourriture qu'ils prennent se convertit en excréments, comme tout ce qu'ils boivent se convertit en urine, sans qu'aucun suc ni aucun aliment parvienne jusqu'à leur moelle. Aussi leur estomac, resserré par un trop grand froid, ne peut-il ni digérer ni rien envoyer au foie, cette partie du corps dans laquelle se fait la préparation de tout ce qui peut contribuer efficacement à entretenir le corps par la distribution des aliments ainsi que par celle du sang. Ils se dessèchent de plus en plus et leur foie dépérit comme un arbre qui, ayant eu la plus grande partie de ses racines coupées, ne tarde pas à sécher sur pied, après avoir porté des feuilles pendant quelque temps, parce que ses petites racines, soutenaient sa vigueur. On cherche à prévenir de cette manière-ci le danger évident donc ils sont menacés : dès le principe de la maladie on fait un onguent composé de deux livres de cire, d'une tant de térébenthine que de moelle de cerf et de vieux, oing sans sel, d'une selibra de propolis, d'une livre tant d'iris d'Illyrie que de marjolaine et d'une quantité suffisante d'huile de laurier, en faisant bouillir toutes ces drogues à petit feu, et en les passant de façon qu'elles acquièrent la mollesse d'un cérat et pendant qu'elles sont encore chaudes; on y ajoute de la poudre d'iris d'Illyrie et d'argile de Cimolus et on les agite jusqu'à ce qu'elles refroidissent. On oing tout le corps de l’animal avec ce médicament et on le frotte à plusieurs mains jusqu’à ce qu'il soit échauffé et qu'il sue. Il faut répéter cette opération de trois jours l'un en couvrant l'animal et en l'exerçant peu à peu tous les jours afin qu'il digère. On lui prépare aussi cette potion-ci : on broie bien ensemble et on crible quatre unciae tant d'aurone que de santoline, de germandrée et d'ivette, deux tant de gentiane que de myrrhe et de grande berce, une semi-uncia tant de racine de cette dernière plante que de sucre avec une petite quantité de rue : on fait bouillir deux cochléaria de ce médicament dans du vin vieux et de la ptisanne d'orge mondé, dans laquelle on aura fait bouillir précédemment l'extrémité d'un jambon. On y ajoute encore deux cochléaria de fleur de farine d'ers et, quand on a donné ce médicament à un animal pendant neuf jours consécutifs, on l'interrompt pendant quelque temps afin qu'il reprenne ses forces et on le traite de la même manière de deux neuvaines l'une, sans discontinuer jusqu'à ce qu'il recouvre la santé. D'ailleurs, les jours où on ne lui administrera pas ce remède, on lui donnera pour le sustenter des pâtes de farine de froment arrosées de lait. On lui donnera encore du son de froment avec de la paille, mais on ne lui donnera pas d'orge à moins qu'il ne soit détrempé dans de l'eau : on lui refusera aussi de l'herbe verte jusqu'à ce que son corps ait commencé et reprendre son embonpoint. [2,120] CXX. Voici les symptômes auxquels on reconnaît qu'un animal est ictérique : ses yeux sont verts et rendent de la chassie qui ressemble à une fève, sa peau s'endurcit et son poil se hérisse : ces symptômes sont suivis de la lassitude et en marchant il boite des genoux. On le guérira avec ces remèdes-ci : broyez et criblez une livre tant de panax de Syrie que de graine d'ache de marais, mêlez ensuite ces drogues avec une livre de miel Attique, après quoi vous jetterez quatre cochléaria de ce médicament dans un sextarius d'eau dans laquelle vous aurez fait bouillir des lupins crus et vous lui donnerez de cette eau à boire pendant cinq jours. Si elle tarde à le soulager, vous mettrez dans un poêlon trois sextarii de vin avec trois unciae de merde de chien blanche et vous laisserez ce mélange en plein air, pour lui en faire avaler en potion pendant cinq jours. Outre cela vous lui donnerez de la même manière de l'eau dans laquelle vous aurez fait bouillir des pois chiches avec de la merde de chien. [2,121] CXXI. Le strophus provient de différentes causes suivant lesquelles cette maladie exige des traitements différents. En voici les symptômes : l'animal se roule à terre, il a des convulsions, il examine ses entrailles, il rend un crottin dur, il frappe la terre avec ses pieds dans la douleur qui l'agite, au bout de quelques heures il sent un certain rafraîchissement et un calme. Il faut le traiter avec cette potion-ci : on broie ensemble et on crible une livre tant d'accrus, que d'anis et de grande berce, on jette deux cochléaria de cette poudre dans un sextarius de vin vieux et une livre et demie d'huile, et on lui fait avaler ce médicament chaud pendant trois jours. Lorsqu'un animal est sujet au strophus et qu'il ne fiente pas, il met sa queue entre ses cuisses, et regarde attentivement son ventre en se retournant : on lui fera prendre alors par la bouche de la graine de rue sauvage en poudre dans du vin. Outre cela on fera des collyres composés de dix vieux oignons, de huit scrupules de signes sèches, de cinq de nitre et de quatre de fiente de pigeon avec de l'urine, et on lui en fourrera deux ou trois dans l'anus. Mais s'il a le ventre trop dur, il faut avoir recours aux clystères, après le lui avoir fomenté avec de l'eau chaude. On le placera donc dans une position telle que son corps soit penché en devant, et on lui injectera dans l'anus du jus d'œillet dans lequel on aura fait bouillir de la poirée et de la guimauve avec du nitre, une hemina d'huile et quatre scrupules de fiente de pigeon, en le faisant promener un peu quand il aura pris ce clystère. D'autres lui versent dans la bouche, pour le guérir, de la fiente de lièvre, avec neuf cochléaria de miel, quinze grains de poivre et du jus de chou. [2,122] CXXII. Les animaux sont assez souvent sujets aux douleurs de foie que l'on reconnaît au dégoût qu'ils ont pour la nourriture, à l'ardeur qu'ils ont pour la boisson à l'enflure de leur ventre et à leur maigreur. On commence par leur faire prendre par la bouche un sextarius de crème de ptisanne d'orge mondé, avec trois cyathi d'huile rosat. Si la maladie persévère, on les traite avec cette autre potion-ci : on fait bouillir jusqu'à diminution des deux tiers dans d'excellent vin trois unciae tant de graine d'ache de marais que d'hysope, une d'aurone et une quantité suffisante d'ail vert, ou une moindre quantité d'ail sec, si la saison n'en donne pas de vert et on leur donne ces drogues en potion pendant quelques jours. Voici une autre maladie qui ressemble à celle-là : quand il en est attaqué, l'animal n'est pas sans fièvre, il a de la peine à digérer la nourriture qu'il a prise et son testicule droit s'enfle et s'endurcit. Voici les remèdes qui le soulageront : on jette dans quatre sextarii d'eau de fontaine quatre cyathi de fenugrec que l'on fait bouillir jusqu'à diminution des deux tiers et on le guérit en lui donnant une hemina de ce médicament en potion. Il y a des personnes qui jettent deux drachmes d'encens broyé dans une quantité suffisante de vin et qui en frottent tour le corps de l'animal à plusieurs mains, en le couvrant de housses pour le faire suer. [2,123] CXXIII. Il arrive quelquefois qu'une enflure de ventre dérange la santé des animaux par la douleur qu'elle occasionne. Voici les symptômes de cette maladie ; leurs testicules sont en sueur, ils frappent la terre tantôt d'un pied, tantôt de l'autre, ensuite ils se tournent subitement d'un côté, puis de l'autre, ils portent leur tête à leurs entrailles, comme pour indiquer l'endroit où ils ressentent de la douleur et quelquefois ces symptômes sont suivis de gémissements et d'un tremblement par tout le corps. On les fera alors marcher peu à peu, on leur fourrera la main dans l'anus après l'avoir graissée, pour en tirer le crottin. Ensuite on leur injectera dans l'anus du sel et du miel mêlés en semble, afin d'augmenter en eux l'envie de fienter. Si l'on est en hiver on leur saoulera les reins et les oreilles d'huile et de poix liquide pour leur donner ensuite cette potion-ci : on mêle ensemble, on broie et on crible du laurier vert, ou des baies du même arbre, du poivre, du cumin, de la graine de persil et de fenouil, de la semence de fenouil de porc et de nitre et on leur donne ces drogues en porion dans du vin et de l'huile chaude, puis on les force de se promener modérément jusqu'à ce que la douleur cesse. [2,124] CXXIV. Le malaise de l'intestin que l'on appelle colum, occasionne aussi assez souvent des enflures accompagnées de douleurs, que l’on reconnaît à ces symptômes-ci : lorsque l'animal commence à marcher, il écarte en travers les pieds de devant et sanglote de douleur : il aime communément dans cet état les promenades fréquentes et la chaleur de l'écurie, comme à être couvert avec soin. On lui verse dans les naseaux du laser de Cyrène délayé dans du vin chaud. [2,125] CXXV. Une maladie qui fait souvent tort à toutes les espèces d'animaux, attendu qu'il n'en est guère qui en soient exempts, c'est la toux : tantôt cette maladie cesse d'elle-même, tantôt on vient a bout de la guérir par des médicaments méthodiques, et quelquefois elle est absolument incurable. Mais la difficulté de sa cure provient de ce que les Médecins ne discernent pas les différentes causes qui l'occasionnent et que souvent même ils ne les connaissent point. Plus cette maladie est commune, plus nous croyons devoir exposer avec soin tout ce que nous avons trouvé de relatif à elle dans les Auteurs que nous avons tous parcourus. [2,126] CXXVI. L’irritation ou le malaise de la gorge occasionne une toux très grave, toutes les fois qu'il est resté dans la gorge d'un animal soit de la poussière, soit un épi, soit un os, soit un rejeton d'arbre, soit un petit caillou, ou toute autre chose. Ces sortes d'accidents sont si dangereux qu'à moins qu'on ne soulage promptement les animaux l'impatience que leur cause la douleur dégénère en folie. On les examinera donc avec attention au soleil et on arrachera ce qui peut être dans leur gorge. On les bassinera aussi avec une éponge trempée dans de l'eau tiède dans laquelle on aura jeté de la poudre de nitre, ensuite on appliquera de la laine trempée dans de l'huile de roses tiède sur la partie où l'irritation se fait sentir. Au bout de trois jours on retirera cette laine et on fomentera la partie avec de l'eau chaude, après quoi on y mettra ce médicament-ci : on fera infuser dans du vin tiède quatre scrupules de sucre avec un d'alun de plume, pour calmer les parties où l'irritation se fait sentir. [2,127] CXXVII. LE frisson occasionne aussi une toux, dont voici les symptômes : quand l'animal vient à tousser, il baisse la tête jusqu'à terre et lorsqu'il boit, l'eau lui sort par les naseaux. Voici comme on traite cette espèce de toux : on lui met un bâillon dans la bouche et en y enfonçant le plat de la main, on y trouve vers la partie supérieure une espèce de petite vessie que l’on crève avec les ongles. Ensuite on fait avec de la graisse de porc bien préparée trois pilules très molles que l’on roule dans un lomentum très fin, c'est-à-dire, dans de la farine de fèves, pour les lui faire avaler, après quoi on le frotte pendant trois jours avec du venaculum et du sel et on lui fait prendre en potion des pastilles composées de drogues chaudes trempées dans du vin. [2,128] CXXVIII. Voici les symptômes auxquels on reconnaît que la toux vient des testicules : ces parties sont douloureuses et gonflées et l'animal rumine aussitôt qu'il a bu. On met alors un œuf dans du vinaigre très mordant et quand la coquille en est dissoute, sans que la membrane en soit altérée, on frotte l'animal arec de la poix liquide et on lui fait avaler cet œuf : ensuite on broie de l'alun, de la graisse de porc et du sel dans du vin, qu'on lui fait prendre avec du miel, en le fomentant sans relâche avec de l'eau chaude, dans laquelle on aura fait bouillir, si on le peut, de la guimauve commune. On aura de plus recours à cette potion-ci : on fait bouillir ensemble dans de l'eau deux unciae de myrrhe, une semi-uncia de poivre blanc, un sextarius et demi tant de pignons épluchés que de raisins séchés au soleil, trois unciae de miel, une de panais et une selibra de dattes vertes, après quoi on ajoute du vin tiède sur ce mélange, pour en faire une potion qu'on lui fera prendre sans cesse pendant cinq ou six jours. [2,129] CXXIX. La toux qui vient de l'intérieur du corps est plus grave et presque incurable. Voici comme on s'y prendra pour la discerner des autres toux : on bouchera les naseaux de l'animal de façon qu'il ne puisse pas respirer, ensuite on examinera ses flancs et s'il les retire avec des battements fréquents, c'est une preuve que la toux est occasionnée par une maladie de foie, de poumons ou d'entrailles, mais qu'elle est nouvelle. S'il retire les flancs ainsi que le ventre avec des battements lents, c'est une preuve que la toux vient de l'intérieur, c'est-à-dire de l'endroit où les intestins sont noués ensemble, parce que leur tension et leur mauvais état force les animaux de tousser. En effet, quand ils ont les flancs brisés à la suite d'une trop grande course, ou d'un saut trop allongé, ils tombent dans cette maladie qui leur fait donner le nom de vulfi. L'intérieur de leur corps est aussi affecté par le trop grand chaud comme par le froid excessif et c'est ce qui les rend phtisiques : en conséquence, quand les maladies que nous venons d'indiquer où d'autres maladies internes ont occasionné quelques plaies dans le corps des animaux, quoique ces plaies soient guéries et cicatrisées, elles contractent néanmoins après la guérison une certaine âpreté et le chatouillement perpétuel que cette âpreté occasionne excite une toux habituelle. Ces causes de la toux peuvent à la vérité être affaiblies, ou du moins leur effet peut être suspendu jusqu'à un certain point par des médicaments très doux, mais elles ne peuvent jamais être radicalement détruites. Aussi ne peut-on plus observer les causes qui rendent les chevaux vulfi, une fois qu’ils sont au vert ou dans les pâturages. Néanmoins cette composition-ci leur est salutaire en tout temps : on broie et on crible une hemina tant de fenugrec que de graine de lin, une uncia tant de gomme adragante que d'encens mâle, de myrrhe, de sucre et de fleur de farine d'ers, après quoi on laisse infuser ces drogues pendant un jour dans de l'eau chaude, le lendemain on leur donne à la corne une cotyle de cette eau tiède, en y mêlant un cyathus d'huile rosat et on continue de leur en donner la même dose pendant plusieurs jours. Cette composition enlèvera la maladie, si elle est récente et y apportera quelque adoucissement si elle est invétérée. On ne donne jamais de potions trop amères dans ces sortes de maladies, de peur qu'elles n'irritent et ne décident la maladie : on n'en donne que de douces, de simples et de rafraîchissantes. Il faut aussi prendre garde de ne jamais tirer du sang dans cet état. Il y a bien des personnes qui se sont avisées de donner aux animaux pendant trois jours de la gomme adragante dans de l'huile et qui leur ont fait boire le troisième jour du vin dans lequel elles avaient fait bouillir des raiforts broyés, en y ajoutant pendant l'été une pastille rafraîchissante. Il y a diverses potions propres pour la toux, que nous avons crû devoir rassembler ici, sans en omettre aucune, afin que les Médecins choisissent à leur volonté suivant la nature des maladies. On fait infuser dans trois sextarii de vin fait avec du raisin séché au soleil, deux sextarii de farine de fèves grillées et on les broie très longtemps dans un mortier. On mêle trente grains de poivre broyés avec trois livres de suif de bouc et après avoir broyé et criblé le tout ensemble, on le fait prendre à la corne à l'animal pendant trois jours. Il y a des personnes qui jettent dans deux sextarii de vin épicé une hemina de fèves grillées et qui les broient bien trois jours après, pour lui faire prendre en trois jours par dose égale. D'autres aiment mieux faire infuser un sextarius de farine de fèves dans trois sextarii de vin vieux et le broyer avec une livre d'excellente huile pour lui faire prendre à la corne. Si la toux provient d'une rupture ou de la maladie qui rend les animaux vulfi, on commence par broyer de la grande consoude, ensuite on mêle avec un tiers de cette plante, deux tiers de jeune pariétaire et après avoir ajouté du vieux oing sur le tout, on broie ces drogues pour en faire des pastilles qu'on fait prendre aux animaux par nombre impair et de deux jours l'un, dans du beurre fondu et du miel. Quand la toux n'est pas encore violente, il y a un remède aisé et praticable dans les routes : il consiste à faire bouillir des porreaux, à les mêler ensuite avec de la pariétaire bien pilée pour en faire des pastilles que l'on roule dans un œuf brouillé, de l'huile de rose, du vin fait avec du raisin séché au soleil et du miel et que l’on donne aux animaux pendant trois jours, en leur donnant en outre à la corne le bouillon même des porreaux qu'on a fait cuire. On broiera aussi dans du vin vieux gros comme une fève de laser ; c'est-à-dire, de jus de Cyrène, pour le leur donner à la corne. On remédiera à la toux ainsi qu'aux pesanteurs de tête, en leur injectant pendant trois jours dans le naseau droit de l’huile de rose, ou au moins de l'huile commune, pourvu qu'elle suit verte avec de l'eau chaude. [2,130] CXXX. On croit qu'on peut conglutiner les entrailles des animaux qui sont vulfi avec ce remède-ci : on fait infuser à part dans de l'eau chaude deux unciae de gomme adragante et une hemina tant de fenugrec que de graine de lin, on broie en suite ces drogues ensemble et on les fait bouillir le lendemain dans un chaudron, après quoi on broie deux unciae de moelle de cerf, une livre de graisse de bouc, une uncia tant de racine de serpentaire que de gentiane, de centaurée et de suif de taureau, on ajoute ces drogues à celles que l'on avoir préparées d'abord et on met le tout dans un mortier où on le pile très longtemps. Enfin, on y ajoute trois sextarii de vin fait avec du raisin séché au soleil et l'eau dans laquelle on avait fait infuser le fenugrec ou la graine de lin et on fait bouillir le tout pour donner à la corne aux animaux cette potion pendant trois jours : elle soulagera ceux d'entre eux qui tousseront fort, ainsi que ceux qui seront vulfi. On fait bouillir l'extrémité d'un jambon de porc mâle qui fait gras jusqu'à ce que toute la chair se sépare des os et après avoir jeté de côté tous les os, on remet la chair dans un chaudron avec le bouillon qu'elle a servi à faire, trois sextarii de vin fait avec du raisin séché au soleil et un de ptisanne d'orge mondé, on y ajoute une semi-uncia de colle de taureau avec une demi hemina de vinaigre très mordant et on fait bouillir le tout jusqu'à ce qu'il soit réduit en gelée : on fait aussi bouillir à part trois unciae de gomme adragante avec une tant de graine de lin que de fenugrec et on les broie en y ajoutant aussi trois unciae de moelle de cerf et de suif de bouc : enfin quand on a fait chauffer le tout ensemble et qu'on l'a passe, on en fait une potion que l'on donne aux animaux à la corne pendant sept jours ou neuf, en prenant soin de la leur donner tiède et pour empêcher cette potion de s'épaissir, on y ajoutera du vin fait avec du raisin séché au soleil, avec de l'eau dans laquelle on aura fait bouillir les graines, en telle quantité qu'elle puisse rendre cette potion liquide. Il y a des personnes qui font bouillir une tête d'agneau jusqu'à ce que tout l'assemblage des os en soit dissous et après avoir jeté de côté les os, elles la broient et ajoutent du miel dans le bouillon qu'elle a servi à faire, pour le faire prendre à la corne aux animaux pendant sept jours. Si la toux vient de la gorge, on broie bien trois unciae de myrrhe, une de cardamome et un sextarius tant d'amandes que de raisin sec, ensuite on fait bouillir ces drogues à petit feu après y avoir ajouté du miel en les remuant sur le feu. Lorsque cette composition est refroidie, on en fait des pastilles de la grosseur d'une noix, dont on donne trois par jour aux animaux pendant cinq jours ou sept avec du beurre. Quand la maladie vient de la gorge, on tue encore un poulet et on l'ouvre pendant qu'il palpite, on en retire le ventricule qu'on roule tel qu'il est et tandis qu'il est chaud dans du miel, sans ôter là fiente qui peut y être restée et on le fait avaler aux animaux : c'est un remède très sûr et immanquable. Si c'est l'irritation de la gorge qui excite la toux, on mêle et on broie bien ensemble, après quoi on fait bouillir deux unciae tant de myrrhe que de poivre, un sextarius de graine de lin grillée et broyée, une semi-uncia de cardamome, un sextarius tant de raisin sec que d'amandes et deux livres de miel, pour en faire des pastilles de la grosseur d'une noix, dont on donne trois par jour aux animaux. [2,131] Voici comme on remédie à la toux qui provient de l’âcreté des humeurs : il faut d'abord purger le corps de l'animal qui en est attaqué ; on broiera donc à cet effet du concombre sauvage ou des racines de la même plante avec du nitre d'Alexandrie et après avoir ajouté du vin vieux avec ces drogues, on lui en fera prendre à la corne par la bouche. Lorsque cette potion lui aura lâche le ventre, on broiera au bout de trois jours quatre scrupules de scille violente avec laquelle on mêlera gros comme une fève d'excellent laser, en y ajoutant un sextarius de vin dans lequel il y ait des odeurs et une livre de vieille huile et quand on aura bien criblé le tout, on lui en fera prendre à la corne pendant trois jours. On apaisera encore cette toux par des fumigations aussi bien que par les potions. Ainsi on broiera ensemble trois unciae tant de sandaraque que de bitume de Judée, d'ail et d'oignon, après quoi on divisera la masse totale de ces drogues en trois portions égales, que l’on mettra sur des charbons pour parfumer pendant trois jours la bouche ou la tête de l'animal, après l'avoir couverte afin que l'odeur lui remplisse les naseaux : on aura néanmoins la précaution de lui bander les yeux, auparavant, de crainte que l'âcreté de ce médicament ne les offense. On broiera aussi une botte de marrube de telle grosseur qu'on jugera à propos et on en mêlera la poudre avec un œuf et du vin gras, en ajoutant de la graisse de cerf, ou, si l'on n'en a pas, de la graisse de mouton qu'on fera fondre avec de la cire, pour donner ce médicament à la corne à l'animal dans de l'eau tiède. On apaise la toux la plus grave en faisant bouillir des noix de cyprès bien épluchées et en y ajoutant de la graisse de poix avec de la grande consoude et de jeunes feuilles, puis en broyant ensuite le tout dans un mortier, pour en faire des pastilles de la grosseur d'une noix, qu'on donne tous les jours aux animaux en nombre impair, après les avoir trempées dans des œufs, du miel, de l'huile et du vin fait avec du raisin séché au soleil. Si l’on veut au lieu de noix de cyprès mêler avec toutes les drogues que nous venons de nommer des feuilles même de cyprès broyées, on pourra faire par ce moyen une potion plus liquide qu'on leur donnera à la corne. Il y a bien des personnes qui ont donné cette potion-ci aux animaux dans tel genre de toux que ce fût : elles ont bien broyé une uncia tant de gomme adragante, que de myrrhe et de spica nard et leur ont fait prendre cette poudre pendant trois jours dans deux sextarii de vin fait avec du raisin séché au soleil. [2,132] CXXXII. Le remede contre l'irritation des artères et contre le spasme : broyez une livre d'hysope, une selibra tant de fenugrec que de graine de lin, de gomme adragante, de grande confonde et de rue verte avec une demi hemina de sel et faites bouillir ces drogues jusqu'à diminution des deux tiers dans du vin fait avec du raisin séché au soleil, pour en donner pendant trois jours à l'animal qui toussera et pendant neuf à celui qui sera vulfi. D'autres broient ensemble une uncia et demie de persil de Macédoine, une tant de carotte sauvage que de myrrhe, de spica nard, de costus et de gomme adragante infusée préalablement dans de l'hydromel tiède, d'acorus, de poivre et de sucre, deux de gomme Ammoniac et une de casse, pour en faire des pastilles avec de l'hydromel et ils donnent ces pastilles à l'animal malade avec du vin fait avec du raisin séché au soleil. Il faut pour remédier aux toux invétérées, à l'asthme, ou à la difficulté de respirer et à l’esquinancie, donner promptement aux animaux trois unciae de storax rouge, deux tant de myrrhe des Troglodytes que de grande berce, d'iris d'Illyrie et de galbanum, trois de térébenthine et une de jusquiame : on mêle le tout ensemble et on le broie pour en faire des pastilles avec du miel. Outre cela on fait des pâtes avec une livre et demie de graisse de porc, quinze figues sèches, de la petite ésule bridée et réduite en cendre, une hemina d'excellent bouillon, une livre de miel et de feuilles de chou bouillies et on leur fait prendre ces pâtes dans du vin fait avec du raisin séché au soleil. Il y a des personnes qui broient une quantité égale de feuilles de lierre et de peuplier blanc et qui injectent ce remède dans les naseaux de l'animal avec du vin blanc. D'autres broient des feuilles de rue avec du miel et leur en injectent dans les naseaux avec d'excellent vin. Autres remèdes : on mêle avec du foin des feuilles de concombre sauvage et on broie la racine de cette plante pour la faire manger aux animaux, en la mêlant avec de la graine de lin et de l'orge. On a trouvé par l'expérience que l'on guérissait la toux et l'asthme des animaux, en leur injectant dans le naseau gauche du soufre vif et du romarin, avec du miel et du vin vieux. Il y a des personnes qui leur versent dans la concavité du naseau gauche de la racine de panax broyée avec une hemina d'excellent vin et trois cyathi d'huile. Outre cela, on leur verse dans les naseaux pendant trois jours quatre scrupules de romarin et deux de myrrhe, avec un sextarius de vin vieux et une hemina d'huile, en partageant ce remède de façon qu'on n'en consomme qu'une hemina par jour. On leur fait prendre par la bouche un acetabulum tant d’aneth que d'iris d'Illyrie, un scrupule de rue et une demi hemina d'huile. On apaise aussi l'asthme et la toux en broyant bien un scrupule de racine de mûrier et trois unciae d’héliotrope qu'on fait prendre par la bouche aux animaux dans une hemina de vin blanc. On apaise également une toux récente par ce remède-ci, dont la vertu a été éprouvée : on fait moudre un sextarius et demi de lentilles pour en avoir de la farine très molle, dont on leur fait prendre par la bouche pendant trois jours une hemina par jour dans pareille mesure d'eau. On croit même qu'on vient à bout de détruire une toux invétérée, en leur faisant avaler pendant plusieurs jours trois cyathi de jus de porreaux dans une hemina d'huile. On guérit ceux qui toussent ainsi que ceux qui sont vulfi avec cette potion-ci : on mêle ensemble et l’on réduit en poudre deux uncia de racine de panax, une de soufre vif, deux d'encens mâle et une de myrrhe des Troglodytes, pour leur en faire prendre par la bouche, pendant cinq jours ou sept, la valeur de deux cochléaria avec deux œufs, en y ajoutant une hemina de vin vieux. On dit que c'est un remède approuvé par l'expérience, que de mêler dans de l'eau tiède de la cendre d'orme très légère, c'est-à-dire, de celle que le feu aura le plus consumée et d'y ajouter une dose égale de bonne huile, pour leur en faire avaler pendant le nombre de jours que l'on jugera à propos, en y ajoutant trois œufs. [2,133] CXXXIII. Voici une composition dont la vertu est très efficace contre la toux et contre les vomiques. On fait bouillir jusqu'à diminution de moitié dans une marmite propre une hemina de jus de marrube, vingt-cinq signes sèches et un sextarius et demi de miel Attique et de cumin, après quoi on broie en semble et on crible deux unciae de myrrhe des Troglodytes, une de carotte sauvage, une et demie de casse, une semi-uncia de cinnamome, une uncia d'encens mâle, deux d'aristoloche, une de grande berce, une et demie d'iris d'Illyrie et une de racine de panax et on jette ces drogues dans le bouillon fait avec le miel et les figues ; puis on les fait bouillir peu à peu à petit feu en les remuant avec soin, après quoi on les serre dans une boite de plomb ou de bois, pour en faire prendre tous les jours aux animaux deux cochléaria par la bouche avec une hemina de vin. C'est un remède excellent pour les animaux qui font vulfi ou pour ceux qui toussent, que de faire griller à part un sextarius tant de lentilles, que de fenugrec et de graine de lin et d'en faire une poudre pour leur faire prendre par la bouche la valeur d'un cochleare de chacune de ces drogues, avec du jus de grande consoude et de plantain, en y ajoutant la quantité de vin que l'on juge à propos. [2,134] CXXXIV. Toutes les toux ont des causes différentes, aussi leur cure est-elle difficile et c'est la raison qui nous détermine à ne rien omettre des connaissances que nous avons acquises sur cette matière, soit d'après notre propre expérience, soit d'après celle des autres. On prépare donc cette potion pour un animal : on fait bouillir dans de l'eau, sans y mettre de sel, un sextarius de fèves grillées, comme on a coutume de faire quand on les prépare à l'usage des hommes. Outre cela, on fait bouillir à part dans un poêlon un sextarius de fenugrec dans de l'eau et quand cette première eau commence à bouillir, on la jette, après quoi on y ajoute cinq sextarii d'eau nouvelle, vingt figues sèches et deux unciae de réglisse et on fait bouillir ce mélange jusqu'à ce qu'il ne reste plus que quatre sextarii d'eau; alors on broie bien dans un mortier les fèves grillées et le fenugrec avec les figues sèches et la réglisse, en y ajoutant en outre deux unciae tant de beurre que de suif de bouc bien fondus au feu. Quand le tout est bien mêlé et tiédi, on en fait avaler à la corne aux animaux plus d'une hemina par jour, en y ajoutant le bouillon qu'a rendu le fenugrec. Si l'on s'aperçoit que cette potion soit trop épaisse, on y ajoute la quantité de vin fait avec du raisin séché au soleil, nécessaire pour la rendre liquide au point de couler par la corne-Les peuples barbares ont trouvé, d'après les expériences qu'ils ont faites, un remède salutaire contre la toux. On ramasse de la racine de l'herbe appelée inula, à laquelle bien des personnes donnent le nom de Campana et on la fait sécher à l'ombre : ensuite on la broie pour la réduire en poudre, puis on fait infuser un jour d'avance trois grands cochléaria de cette poudre, chacun dans un sextarius de vin vieux et quand on l’a bien remuée, on bouche le vase qui la contient de peur que l'odeur de cette herbe salutaire ne s'exhale; ensuite on en fait prendre aux animaux par la bouche pendant trois jours, ou pendant tel nombre de jours que l’on juge à propos. Voici encore d'autres remèdes : on fait bouillir une hemina tant de lentilles d'Alexandrie que de fenugrec et de graine de lin et on ajoute à ces drogues une uncia et demie de gomme adragante qu'on a fait infuser la veille dans de l'eau tiède, avec trois de grande consoude bien pilées et après avoir broyé le tout dans un mortier, on le fait bouillir dans un poêlon propre avec trois sextarii d'eau, ensuite on fait prendre par la bouche aux animaux le tiers de ce mélange tiède, avec un sextarius de vin fait avec du raisin séché au soleil, pendant trois jours consécutifs. On croit que ce remède guérit ceux d'entre eux qui sont vulfi. Lorsqu'un animal est fatigué par une toux: occasionnée par des plaies dans la gorge, on mêle dans un sextarius de vin fait avec da raisin séché au soleil une uncia d'iris d'Illyrie, une semi-uncia de poivre noir, un scrupule de sucre, une semi-uncia tant de myrrhe des Troglodytes que de fleur de farine d'encens et une uncia de gomme adragante préalablement infusée et broyée avec cinq œufs et on leur fait avaler ce remède à la corne pendant trois jours. Ensuite on mêle du beurre, de la graisse de porc, du sel et de la poix pour en faire des boulettes, qu'on leur donne après les avoir faussées dans du vin fait avec du raisin séché au soleil. Si la toux vient de l'intérieur du corps, on mêlé une hemina de ptisanne d'orge mondé avec un cyathus de vin cuit jusqu'à diminution de moitié, pour leur en donner pendant trois jours. Si un animal tousse bien fort, on fait bouillir ensemble un sextarius de fèves grillées et bouillies, trois unciae de suif de bouc et trois gousses d'ail et on broie ces drogues dans un mortier pour lui en donner avec du vin fait avec du raisin séché au soleil. Mais voici un remède qui guérit ceux qui sont vulfi, ainsi que ceux qui ont quelque rupture dans le corps : on fait bouillir dans de l'eau jusqu'à diminution de moitié un sextarius de fenugrec avec vingt figues sèches, une botte d'ache de marais et une de rue, en y ajoutant, ensuite trois unciae tant, de gomme adragante fondue que de grande consoude broyée et d'ail, après quoi on broie le tout et on en fait de petites pâtes de la grosseur d'une noix qu'on leur donne pendant trois jours au nombre de trois, de cinq ou de sept par jour. [2,135] CXXXV. LA gale est une maladie qui rend les animaux difformes et qui les met quelquefois en danger, d'autant qu’elle est contagieuse et que plusieurs la gagnent. Quand elle commence à paraître, il ne faut pas la prévenir par des remèdes, de peur que, ne trouvant plus d'issue à travers la peau, elle ne se fixe dans les entrailles et ne se convertisse en maladie. Mais dès que l'éruption sera faite, on commencera par purger le ventre, en faisant avaler et l'animal de la poudre de concombre sauvage dans du vin, ou au moins en lui donnant avec son orge une grande quantité de cette plante coupée par morceaux. Lorsqu'il aura été ainsi purgé méthodiquement, on lui tirera au bout de trois jours un peu de sang de l'encolure, si sa tête et son col sont infestés de la gale ; au lieu que si c'est le dos, les épaules ou la poitrine qui le soient, on lui en tirera des petits bras et lorsque la démangeaison occasionnée par la chaleur des boutons aura gagné l'épine du dos, les reins ou les cuisses, on lui en tirera des veines du fémur. On broie ensemble dans du beurre une dose égale de bitume de Judée, de soufre vif et de paix liquide, pour oindre tout le corps de l’animal en le frottant très longtemps au soleil. On fait bouillir ensemble un sextarius de vinaigre mordant et quatre unciae tant de poix que de gomme de cèdre, pour en frotter avec beaucoup de soin l'animal attaqué de cette maladie, en joignant à ce médicament de l'urine humaine coupée avec de l'eau chaude : à cet effet, on attache une éponge au bouc d'un bâton et on apporte le médicament au soleil, on broie ensemble le bitume de Judée et le soufre, en y ajoutant une dose égale de graisse de porc et de vieille huile et, après avoir fait bouillir le tout, on en frotte l'animal au soleil. On broie et l’on fait bouillir ensemble une livre de graisse, deux unciae de soufre vif, une de bitume, une selibra d'huile et deux cyathi de poix liquide et on le frotte de la manière que nous venons de l'exposer. Broyez et faites bouillir ensemble quatre scrupules de vieille urine humaine et de lie, une selibra de cru tin de brebis, une hemina d'huile, trois unciae de soufre vif et trois cyathi de poix liquide et frottez-en l'animal une fois par jour à l'ardeur du soleil. Vous mêlerez deux livres de bitume, une selibra de soufre vif, une livre de cire et une selibra de manne d'encens avec de l'huile dans laquelle vous aurez fait préalablement bouillir une botte d'orcanette et vous vous servirez de cet onguent pour frotter l'animal au soleil. Autres remèdes : si l'animal n’a pas toutes ses forces, vous faites bouillir des grenouilles dans de l'eau et vous ramassez la graisse qu'elles ont rendue, vous la mêlez avec de la fleur de farine, des petites lentilles, de la graisse et de l'huile et vous vous servez de ce médicament quand il est tiédi pour l'en frotter. Voici encore d'autres remèdes : vous lavez et vous broyez des racines de concombre sauvage, vous les faites bouillir dans un poêlon propre avec une quantité suffisante d'huile pour vous en servir au besoin. Le soufre bouilli dans du vin est également bon. Si la galle est devenue dure par son ancienneté, il faut commencer par la ratisser au vif, soit avec un fer, soit avec des briques et frotter en outre l'animal avec de l'urine humaine coupée avec de l'eau de mer ou de l'eau salée. Ensuite on broiera une livre tant de soufre que de bitume, de poix liquide, de vieux oing, de suif de chèvre, de cire et d'alun de plume et après avoir mêlé ces drogues ensemble, on les fera bouillir et l'on en frottera l'animal au soleil. On fera bouillir des feuilles de laurier-rose dans de vieille urine, en y ajoutant de la poix liquide, du vinaigre et de la cire. C'est un remède infaillible d'après les expériences qu'on en a faites. Mais il ne faut pas oublier que tel onguent que l’on employé, il faut toujours en frotter l'animal très longtemps au soleil et à contrepoil. [2,136] CXXXVI. Quand le foin se trouve gâté par quelque accident ou qu'il est moisi, il fait autant de mal aux animaux qu'en pourrait faire du poison : voici les symptômes qui annoncent qu'ils en ont mangé de tel, ils ont les yeux hagards et toujours brillants et leur démarche même est peu assurée. Il faut leur tirer du sang de la veine-mère et des petits bras et leur donner en potion des figues sèches qui aient été d'abord bouillies dans du vin dans lequel il y ait des odeurs et ensuite broyées : on leur retranchera l'orge et le foin et on leur donnera des potions diurétiques. [2,137] CXXXVII. ON traite, par une méthode semblable, ceux qui sont incommodés pour avoir mangé trop d'orge ou pour en avoir mangé de mauvais, avec cette différence qu'on tient de plus ceux-ci très longtemps dans l'eau froide, en leur faisant remonter le cours d'un torrent. Le remède pour l'un et l'autre de ces accidents consiste à broyer la pellicule du ventre d'un poulet séchée à la fumée et à la leur faire prendre par la bouche avec huit scrupules de poivre, quatre cochléaria de miel, une uncia de fleur de farine d'encens et un sextarius de vieux vin tiède. [2,138] CXXXVIII. Quand un animal est fasciné, il est triste, il a l'allure pesante, il maigrit ; et si on ne le secourt point, il tombe malade. On lui injectera donc dans les naseaux un peu de bitume et de soufre avec des graines de laurier dans de l'eau. Outre cela on portera autour de lui sur des charbons de la coriandre en nature ou en graine, avec du soufre et du bois gommeux de pin, qu'on arrosera d'eau bouillante pour lui faire des fumigations. Ces sortes de fumigations servent de remède à tous les quadrupèdes, les guérissent et résistent à leurs maladies. [2,139] CXXXIX. Voici une potion qui soulagera toutes les infirmités et toutes les maladies, soit des chevaux soit des bœufs, quand elle leur sera donnée avant que la maladie ait fait des progrès. On met dans de l'eau de la racine de scille avec de la racine du peuplier, qui porte en Grec le nom de g-ramnus parce qu'elle est brune et rougeâtre et une quantité suffisante de sel commun et on fait boire cette eau aux animaux jusqu'à ce qu'ils soient guéris. Si on veut prévenir des maladies désespérées et empêcher que ses animaux n’en gagnent jamais de telles, on leur préparera cette potion au commencement du Printemps, et on la leur fera prendre pendant quatorze jours consécutifs. [2,140] CXL. Mais il faut enseigner la méthode de donner ces potions elles-mêmes, d'autant qu'il arrive souvent que les animaux en buvant toussent, suent beaucoup, ressentent un tremblement dans tous les muscles, soufflent même et tiennent la tête baissée sans pouvoir presque se soutenir. C'est ce qui arrive, lorsque celui qui leur administre les potions ignore son art au point d'en laisser pénétrer dans les artères et dans les parties du poumon qui servent à la respiration, de façon que l'animal courre, dès le moment même, un danger réel. Il faut donc observer de ne jamais donner de potions à un animal qui tousse et dont la trachée artère est ouverte, mais il faut commencer par le détacher, le faire promener un peu et le soulager par cette potion-ci plutôt que par toute autre : on racle de l'huile rosat avec de l'eau, chaude en l'agitant et on lui en fait prendre souvent par la bouche. On lui fomentera aussi les naseaux avec de l'oxycrat au pouliot, pour corriger cette mauvaise disposition, il faut aussi avoir sein de lui retrancher l'orge et la boisson, afin qu'il puisse digérer les potions qu'on aura à lui donner. [2,141] CXLI. IL arrive souvent que les animaux sont mordus par des bêtes venimeuses, c'est-à-dire, par des couleuvres, des scorpions, des tarentules et des orvets, ce qui met leur vie en danger. Voici les symptômes de ces accidents : ils ont du dégoût pour la nourriture, ils traînent les pieds; et lorsqu'on les fait marcher, ils bronchent à chaque pas, il leur coule de la sanie par les naseaux, il leur survient une telle pesanteur dans la tête qu'elle tombe à terre et les forces du corps leur manquent, soit qu'ils aient à se lever, soit qu'ils aient à marcher. Voici un traitement qui les soulagera dans tous les cas : on fera avant tout une fumigation à la partie qui aura été piquée, en brûlant des coquilles d'œufs de poule que l'on aura préalablement fait infuser dans du vinaigre, avec de la corne de cerf et du galbanum. Après cette fumigation on scarifiera la plaie même et on en fera sortir le sang, ou du moins on brûlera avec un fer chaud les parties qui auront été touchées par la bête venimeuse. Il faudra cependant prendre garde de ne jamais appliquer le cautère, en telle circonstance que ce soit, sur les articulations ou sur les parties nerveuses, parce que, si l’on venait à brûler les nerfs ou les articles, il en résulterait une faiblesse habituelle à l'animal. Mais, quand il sera nécessaire d'avoir recours aux cautères, on aura l'attention de les appliquer un peu au-dessus ou au-dessous du siège des nerfs ou des articles. D'ailleurs il est bon de faire suer un animal qui aura été piqué par une petite bête venimeuse et de le faire promener en l'enveloppant de couvertures chaudes, comme de lui donner pour sa nourriture de la farine d'orge, à laquelle on ajoutera des feuilles de frêne et de couleuvrée. Il faut aussi appliquer sur la plaie du miel Attique ou du cumin mêlé dans du vin vieux qu'on fera chauffer. Il y a des personnes qui mêlent avec du vin de la fiente de porc nouvelle et du miel Attique et qui font chauffer ce mélange pour l'appliquer en forme de cataplasme, en y ajoutant de l'urine humaine. [2,142] CXLII. Si un cheval a mangé une bupreste cachée dans son foin ou dans les pâturages, on voit aussitôt paraître ces symptômes-ci : le ventre lui enfle, il fuit la nourriture et rend fréquemment des crottins menus. Il faut aussitôt l'enharnacher et le forcer de courir. Ensuite on lui piquera la veine du palais légèrement, afin qu'il avale son sang à mesure qu'il coulera, on le fera promener habituellement et on lui donnera à manger du froment infusé dans du vin fait avec du raisin séché au soleil et des porte aux. On lui fera boire à la corne du vin tiède dans lequel on aura bien broyé du raisin sec. [2,143] CXLIII. Lorsqu'une vipère a mordu un animal, il sort communément du pus de la plaie, parce que, si la vipère est pleine, tout son corps se crève. Il y a cependant un remède commun contre les morsures soit de la vipère, soit de la tarentule ou du musaragne, qui consiste à mêler avec du vin de la terre d'une fourmilière et à la faire avaler à l'animal, ou du moins à frotter très fréquemment ses plaies avec cette terre. On croit aussi que la terre des taupinières peut être bonne pour ces sortes de maladies. Si cet accident arrive à un animal en route ou dans des lieux où l'on ne trouve point de ces médicaments, on lui fera avaler trente grains de poivre dans un sextarius de vin vieux tiède. On croit aussi qu'il est bon de donner à un animal, en pareil cas, du thym broyé dans du vin. On s'aperçoit qu'un animal a été mordu d'une vipère ou d'un serpent quelconque, lorsque la plaie commence à rendre une humeur putride. Il y a un remède très efficace qui consiste à tuer à l'instant soit un bouc, soit un coq ou un agneau et à appliquer sur la plaie les poumons chauds de ces animaux, avec leur sang, ou leur cœur, ou leur foie, en les y attachant bien, afin qu'ils attirent tout le virus, après quoi on donnera aussitôt cette potion-ci à l'animal mordu : on mêle ensemble une semi-uncia d'acorus du Pont broyé dans un sextarius de vin vieux et une hemina de sel égrugé, pour lui faire avaler ce médicament tiède. Si l'enflure ne diminue point, on brûle une grande quantité de couleuvrée sauvage, pour faire avec les cendres de cette plante une lessive dont on fait une potion, qu'on lui donne pendant trois jours à la mesure d'un sextarius. On applique aussi sur la plaie en forme de cataplasme la cendre même de couleuvrée avec du vinaigre. Si ces remèdes ne font aucun effet, on la brûle avec des cautères et l'on traite à l'ordinaire les parties auxquelles on a mis le feu. Il faut encore mettre sur la cicatrice de ta farine d'orge bouillante avec du vin, du sel et de l'huile. [2,144] CXLIV. Si un animal a mangé un musaragne caché dans son fourrage, on le reconnaîtra à ces symptômes-ci : tout son corps s'enflera, mais il paraîtra autour de ses oreilles, de ses yeux et de ses naseaux un gonflement plus considérable qu'ailleurs et qui sera accompagné d'irritation. Voici comme on remédiera à cet accident : on lui tirera du sang du palais et on recueillera ce sang pour le mêler avec un sextarius de vinaigre et une hemina de sel et en frotter les entours de la plaie ou des parties gonflées. D'ailleurs on le couvrira bien pour le faire suer : ce sera le moyen de le guérir. [2,145] CXLV. Si une tarentule a piqué un animal, on s'en apercevra à ces indices-ci : la douleur lui raidira le membre et on remarquera qu'il aura envie d'uriner. Voici le remède qu'on apportera à cet accident : on broiera une uncia tant de poivre que de pyrèthre et de raisin sauvage, pour la lui faire avaler dans du vin vieux. [2,146] CXLVI. LE musaragne est un animal venimeux et aussi funeste aux chevaux qu'aux bœufs. C'est pourquoi, quand on en aura pris un, on le fera mourir en le plongeant dans de l'huile dans laquelle il tournera en pourriture et lorsqu'un de ces animaux aura été mordu, on appliquera ce genre de médicament sur la plaie et il en guérira : ou, si on n'en peux point attraper, on mêlera du cumin broyé avec de la poix liquide et de la graisse de porc, pour faire cuire ce mélange jusqu'à ce qu'il ait acquis l'épaisseur d'un malagme et quand on l'aura appliqué sur la plaie, l'animal sera délivré et guérira. Si la plaie est tournée en suppuration, il faut l'ouvrir avec une lame de fer rouge, en brûlant toute la corruption qu'elle contient et la panser ensuite avec de la poix liquide et de l'huile. Mais pour empêcher qu'un animal ne soit mordu d'un musaragne, on en couvrira un tout vivant d’argile et quand cette argile sera séchée, on le suspendra au col de l'animal et il ne sera jamais mordu : c'est un fait très certain. On regarde comme un spécifique contre la morsure de cet animal un mélange d'ail broyé avec du nitre, ou, à défaut de nitre, avec du sel et d cumin, dont on frotte les membres qui ont été mordus. Si les plaies envenimées sont ouvertes, on réduira en poudre de l'orge brûlé et après l'avoir délayé dans du vinaigre on en arrosera la plaie et ce remède suffira pour la guérir. On donnera ensuite en potion à l'animal mordu de la fleur de froment, de l'orge et de la gomme de cèdre avec un sextarius de vin. Voici les symptômes auxquels on reconnaîtra si la musaragne qui aura mordu un animal était pleine. Il s'élèvera des pustules sur tout son corps : on ne le traitera pas néanmoins dans ce cas-là d'une autre manière que celle que nous avons exposée ci-dessus. [2,147] CXLVII. Lorsqu’un scorpion a piqué un animal, on le reconnaît à ces symptômes-ci : ses genoux se resserrent, il boite, il ne mange point, ses naseaux rendent une pituite verte et quand il est couché il a de la peine à se lever. On traite cette piqûre comme la morsure du serpent et de la vipère : il faut cependant, en outre, appliquer promptement sur la plaie de la fiente d'âne. [2,148] CXLVIII. LA morsure d'un chien enragé est assez souvent funeste aux animaux ainsi qu'aux hommes, jusques là qu'elle rend hydrophobes ceux à qui cet accident est arrivé et que cette hydrophobie se convertit en rage. Voici comme on les en guérit : on brûle la partie du corps qui a été mordue avec des cautères de fer, ou, ce qui vaut encore mieux, avec des cautères de cuivre, on met l'animal dans un lieu ténébreux et on l'y attache même de façon qu'il ne voie point d'eau. Si on peut venir à bout de tuer le chien même qui l'a mordu, on lui en fera manger le foie bouilli, ou on le lui fera avaler après l'avoir broyé. On brûlera aussi de la fleur de foin que l'on broiera dans du vieux oing pour appliquer sur la morsure : c’est un remède très salutaire. Mais, il y a un remède singulièrement bon qui consiste à arracher de terre de la racine de cynorrhodon, c'est-à-dire de l'herbe connue sous le nom de rosa canina et à l'appliquer sur la plaie, de l'homme ou de l'animal qui auront été mordus d'un chien enragé, après l'avoir bien lavée et bien broyée, en leur donnant tous les jours à boire du vin vieux dans lequel on aura broyé cette racine. C'est le seul moyen de les empêcher de devenir hydrophobes et de les garantir du danger dont ils sont menacés. On remédie aux morsures d'un chien enragé en faisant avaler pendant trois jours à l'animal qui aura été mordu, trois scrupules de nitre et un de bitume de Judée broyé dans une hemina de vin vieux tiède. On exprimera aussi des baies, ou des feuilles, ou de l'écorce de sureau dans du vin vieux qu'on lui fera boire. Mais cette potion n'est efficace qu'autant qu'on y emploie du sureau qui n'est point venu en pleine terre, mais sur un autre arbre. [2,149] CIL. Si un animal a mangé de la fiente de poule cachée dans son orge, ou qu'il en ait avalé avec son foin, il est aussitôt tourmenté comme s'il avoir été piqué par des bêtes venimeuses, il lui survient une douleur et une enflure dans l'intérieur du corps et il se roule et tousse fortement, comme il ferait dans le strophus. Pour remédier à cet accident, on broie deux unciae de graine d'ache de marais, que l'on fait tremper dans un sextarius de vin vieux et une hemina de miel pour lui faire avaler et on le force de se promener jusqu'à ce que cette potion lui ait lâché le ventre. S'il survient une trop grande douleur et même une raideur dans le corps, on broie bien et on mêle ensemble une livre de baies de laurier, une selibra de nitre, deux sextarii de vinaigre et un d'huile et on fait chauffer ces drogues pour l'en oindre pendant trois jours dans un lieu chaud, en le frottant bien à contrepoil, à l'effet de lui procurer une guérison sûre par les sueurs. L'expérience a fait découvrir un remède naturel contre cet accident : il consiste à tuer un poulet ou une poule et à en faire avaler à un cheval ou à un mulet le ventre cru et encore chaud avec la fiente qu'il contient, après l'avoir enveloppé de miel. On imagine que ce remède est très bon. On affirme qu'on guérit très bien les mêmes accidents en broyant trois pilules de gyp dans du vin vieux qu'on leur fait boire tiède. On vante encore comme un remède naturel et très salutaire, de mêler avec de l'huile de la cendre de lessive d'orme ou de telle autre espèce de bois que ce soit, pourvu néanmoins que cette cendre soit bien criblée et de leur faire avaler ce mélange liquide et tiède.