Ancus Martius, quatrième roi des Romains. (1) Ancus Martius, le quatrième roi, petit-fils de Numa par sa fille, fut d’un caractère modéré, conforme aux moeurs de ses ancêtres : plus belliqueux que Numa et plus doux que Tullus. (2) D’abord il institua pour la guerre les cérémonies religieuses que son aïeul avait instituées pour la paix. Il s’agit bien évidemment des prêtres fétiaux et de cérémonies d’un rite nouveau, destinées à introduire solennellement des réclamations et, au cas où elles ne seraient pas reçues, à déclarer la guerre, un rite longtemps conservé par la postérité. (3) Il fut le premier à s’en servir, déclara et fit la guerre aux Latins, qui jusqu’à ce jour n’avaient pas subi les armées romaines et méprisaient la douceur du roi, abusés par un vain espoir, comme si Ancus, à la manière de son ancêtre, en roi des sacrifices et non en roi guerrier, allait gérer des autels et non des armées, des cérémonies religieuses et non des armes. (4) Mais dès qu’il eut pesé attentivement cela et estimé de son intérêt de recourir aux habitudes du premier ou du troisième roi plutôt qu’à celles du second, il confia à d’autres le soin des cérémonies religieuses, tourna entièrement son esprit vers la guerre, et attaqua Politorium, une cité des Latins, dont il s’empara. La population de la ville ennemie qu’il avait prise, il la transféra à Rome sur le mont Aventin, un mont qu’il peupla ensuite avec les populations d’autres cités latines, également capturées et transportées à Rome. Puis, comme Politorium, vidée de ses habitants, avait été à nouveau occupée par les Latins, il l’attaqua une nouvelle fois et la détruisit pour empêcher qu’elle soit réoccupée. (5) Enfin, toute la puissance des Latins étant réduite à la ville de Medullia, il y eut souvent des combats à l’issue variable. Le Romain l’emporta finalement dans une grande bataille, des milliers de Latins furent faits prisonniers et amenés à Rome. Il devint alors nécessaire d’étendre l’espace de l’Aventin et d’ajouter ce qui se trouvait entre les monts Aventin et Palatin, ainsi que le Janicule au-delà du Tibre, cela non pas à cause d’une quelconque nécessité ou par manque de places, mais en prévision de l’avenir, afin qu’il ne puisse servir de refuge aux ennemis. Pour la même raison on construisit le premier pont de Rome, le pont Sublicius, ainsi qu’un mur autour du Janicule, pour le relier à la cité tant en vue de la défense que de l’approvisionnement. (6) On construisit ensuite un grand fossé autour de la ville, et une prison au centre, ce qui était utile parce que les crimes se développaient en même temps que la cité. Les limites du territoire aussi furent étendues : la forêt Maesia avait été enlevée aux Véiens et on avait fondé au point de rencontre du fleuve et de la mer la ville d’Ostie, un peu comme un présage de future grandeur, « pour », comme dit Florus, « accueillir les richesses et les marchandises du monde entier, dans ce quartier de Rome, pour ainsi dire maritime ». Des salines aussi furent construites, utiles encore aujourd’hui à la ville, et l’on agrandit le temple de Jupiter Férétrius. (7) Ancus mourut après vingt-quatre années de règne, et pourtant, comme l’écrivait Pline, « enlevé par une mort prématurée, il n’avait pas pu se montrer le roi qu’il avait promis d’être ».