[14,0] LIVRE XIV. ÉTRENNES. [14,1] I. - AU LECTEUR. Tandis que chevaliers et sénateurs se parent de la robe des festins, que notre Jupiter se coiffe du bonnet, que l'esclave, dès qu'il voit les eaux près de se couvrir de glace, agite son cornet et ses dés sans craindre d'être vu par l'édile, reçois ces lots divers, partage du riche et du pauvre : que chacun fasse son présent à ses convives. - Ce sont des bagatelles; des riens, moins que cela peut-être. - Qui l'ignore, ou qui nie une vérité si palpable ? Mais que faire de mieux dans ces journées d'ivresse que le fils de Saturne à consacrées à son père en échange du ciel ? Veux-tu que je raconte les guerres de Thèbes et de Troie, ou bien les crimes de Mycènes ? - Joue aux noix, me dis-tu. - Je ne veux pas perdre mes noix. Partout où tu voudras, lecteur, tu peux finir ce petit livre. Deux vers contiennent en entier chaque sujet. [14,2] II. - ÉTRENNES. Si tu me demandes pourquoi chacun de mes distiques a son titre : c'est pour que tu puisses, si tu l'aimes mieux, ne lire que les titres. [14,3] III. - TABLETTES DE CITRONNIER. Si nous n'étions du bois taillé en minces feuilles, nous serions dignes d'être supportées par l'ivoire de Lybie. [14,4] IV. - TABLETTES A CINQ FEUILLES. Le palais fortuné de l'empereur fume du sang de jeunes taureaux, quand des tablettes à cinq feuilles confèrent à César de nouveaux honneurs. [14,5] V. - TABLETTES D'IVOIRE. De peur que la teinte lugubre de la cire ne fatigue ta vue affaiblie, reçois ces tablettes d'ivoire, dont la blancheur fait ressortir les lettres noires qu'on y trace. [14,6] VI. - TABLETTES A TROIS FEUILLES. Ces tablettes à trois feuilles ne te paraîtront pas un cadeau sans valeur, quand elles t'apprendront la prochaine visite de ta maîtresse. [14,7] VII. - TABLETTES DE PARCHEMIN. Suppose qu'elles sont de cire, ces tablettes, bien qu'on les appelle parchemin : tu les effaceras, quand tu voudras substituer une nouvelle empreinte à la première. [14,8] VIII. - TABLETTES VITELLIENNES. Avant même de les avoir lues, la jeune fille sait ce que désirent ces tablettes vitelliennes. [14,9] IX. - LES MÊMES. En nous voyant d'un si petit volume, tu nous crois adressées à une maîtresse. Erreur ! ce n'est pas un rendez-vous, c'est-de l'argent que nous-demandons. [14,10] X. - LE GRAND PAPIER. Tu aurais tort de regarder comme un mince cadeau ce papier blanc que te donne un poète. [14,11] XI. - PAPIER A LETTRES. Que ce papier s'adresse à un homme qu'on connaît à peine, ou à l'ami le plus intime, il les appelle également : mon cher. [14,12] II. - COFFRETS D'IVOIRE. L'or seul mérite de remplir ces coffrets d'ivoire. L'argent doit se contenter de simples coffrets de bois. [14,13] XIII. - COFFRETS DE BOIS. S'il reste au fond de ce coffret quelque monnaie, elle est à toi. S'il ne s'y trouve rien, prend le coffret lui-même. [14,14] XIV. - LES OSSELETS D'IVOIRE. Lorsque chacun d’eux t'amènera un point différent, tu conviendras que je t'ai fait là un beau cadeau. [14,15] XV. - LE DÉS. Peu nous importe d'être inférieurs en nombre aux osselets, pourvu que ce soit avec nous que l'on joue plus gros jeu. [14,16] XVI. - LE CORNET. Tel fripon sait avec la main amener les dés qu'il lui plaît, qui, s'il les fait passer par moi, n'a plus que des voeux à former. [14,17] XVII. - LA TABLE DE JEU. Ici l'on joue aux dés, et le point le plus fort est douze ; là c'est aux échecs, et le pion cerné par deux autres est un pion perdu. [14,18] XVIII. - LES NOIX. Le jeu des noix est peu de chose ; il ne semble pas dangereux ; toutefois, il fut souvent fatal aux fesses des enfants. [14,19] XIX. - L'ÉCRITOIRE. Quand tu auras reçu cette écritoire, ne manque pas de la garnir de plumes. Je t'ai donné le principal ; à toi d'y joindre l'accessoire. [14,20] XX. - LES ÉCHECS. Si tu aimes les pièges et les combats du jeu d'échecs, ces pions de verre seront tes ennemis et tes soldats. [14,21] XXI. - L'ÉTUI A METTRE LES STYLETS. Accepte cet étui garni de ses stylets de fer : si, tu le donnes à ton enfant, ce ne sera pas un mince cadeau. [14,22] XXII. - LE CURE-DENT. Le meilleur cure-dent est une pointe de lentisque ; mais, à défaut de ce bois, tu peux te servir d'une plume. [14,23] XXIII. - LE CURE-OREILLE. Si des picotements importuns te déchirent l'oreille, nous te donnons des armes contre ces fatigantes démangeaisons. [14,24] XXIV. - L'ÈPINGLE D'OR. De peur que tes cheveux, imbibés de parfums, ne tachent tes légers tissus de soie, relèves-en les boucles et fixe-les avec cette aiguille. [14,25] XXV. - UN PEIGNE POUR UNE FEMME CHAUVE. A quoi bon pour ta tête sans cheveux ce peigne aux mille dents ? [14,26] XXVI. - LE SAVON. Une écume caustique rougit la chevelure des Teutons : à l'aide du savon, tes cheveux peuvent devenir plus beaux que ceux de ces captifs. [14,27] XXVII. - LES BOULES DE MATTIACUM. Si tu veux, vieille décrépite, changer la couleur de tes cheveux ; prends ces boules de Mattiacum. Mais à quoi bon ? tu n'as pas un cheveu. [14,28] XXVIII. - L'OMBRELLE. Accepte cette ombrelle qui te garantira des rayons d'un soleil trop ardent : quelque vent qu'il fasse, elle te tiendra lieu de voiles. [14,29] XXIX. - LA COIFFURE A GRANDS BORDS. Je n'irai plus sans cet abri au théâtre de Pompée : car le vent, plus d'une fois, y rend les voiles inutiles. [14,30] XXX. - LES ÉPIEUX. Ces armes arrêteront le sanglier ; elles attendront le lion, elles perceront l'ours, pourvu, qu'elles soient maniées par un bras vigoureux. [14,31] XXXI. - LE COUTEAU DE CHASSE. Si, par un coup de boutoir, le sanglier vient à te désarmer de ton épieu, tu pourras, avec cette arme plus courte, l'attaquer de plus près. [14,32] XXXII. - LE CEINTURON. Ce ceinturon est un ornement militaire ; c'est l'insigne honorable du guerrier ; un tribun serait fier de le porter. [14,33] XXXIII. - LE POIGNARD. Cette lame, que sillonnent des veines ondulées, a frémi quand on l'a trempée, tout en feu, dans l'onde glacée du Salon. [14,34] XXXIV. - L'ÉPÉE DEVENUE FAUX. La paix que l'empereur assure au monde m'a courbée pour des travaux paisibles. Je sers au laboureur, après avoir servi au guerrier. [14,35] XXXV. - LA PETITE HACHE. Dans une vente forcée, faite par des créanciers, cette petite hache a été achetée quatre cent mille sesterces. [14,36] XXXVI. - LA TROUSSE DE BARBIER. Ces instruments te serviront, celui-ci, à tailler tes cheveux ; celui-là, à te faire les ongles ; cet autre, à te raser. [14,37] XXXVII. - LE PORTE-FEUILLE. Si tu ne tiens étroitement serrés les papiers que tu me confies, j'y laisserai pénétrer les mites et les teignes dévorantes. [14,38] XXXVIII. - LES PAQUETS DE ROSEAUX A ÉCRIRE. Les roseaux de la terre de Memphis servent à l'écriture ; emploie, pour couvrir tes toits, ceux des autres marais. [14,39] XXXIX. - LA LAMPE DE NUIT. Je suis la confidente de tes plaisirs nocturnes ; fais tout ce que tu voudras, je n'en dirai rien. [14,40] XL. - LA CHANDELLE. Tu as reçu du sort cette humble servante de la lampe : elle met en fuite lés ténèbres et produit la sécurité. [14,41] XLI. - LA LAMPE A PLUSIEURS BECS. J'éclaire de mes feux toutes les tables du festin ; et, malgré le nombre de mes becs, je ne suis pourtant qu'une seule lampe. [14,42] XLII. - LA BOUGIE. Cette bougie te prêtera sa lumière nocturne ; car on a dérobé la lampe à ton esclave. [14,43] XLIII. - LE CANDÉLABRE CORINTHIEN. Je dois mon nom à l'antique chandelle. Nos pères économes ignoraient encore l'usage de l'huile et des lampes. [14,44] XLIV. - LE CHANDELIER DE BOIS. Tu vois qu'il est de bois : si tu ne fais attention à la flamine, ce chandelier se changera pour toi en une vaste lampe. [14,45] XLV. - LA BALLE DES PAYSANS. Cette balle, gonflée de plumes et difficile à manier, est moins tendue que le ballon, et moins serrée que la balle ordinaire. [14,46] XLVI. - LA PAUME TRIGONALE. Si tu sais me lancer adroitement vers la gauche, je suis à to i; sinon, maladroit paysan, rends-moi à mes joueurs. [14,47] XLVII - LE BALLON. Loin d'ici, jeunes gens ! Votre âge est trop ardent ; c'est aux enfants, c'est aux vieillards que convient le jeu du ballon. [14,48] XLVIII. - LES HARPASTES. Voilà ces harpastes que l'adroit gaillard sait enlever sur l'arène poudreuse ; c'est pour ce vain amusement qu'il allonge si fort les muscles de son cou. [14,49] XLIX. - LES MASSES DE PLOMB. A quoi bon épuiser les forces de tes bras sous cette masse ridicule : mieux vaut le travail de la vigne ; c'est plus digne d'un homme. [14,50] L. - LA CALOTTE. Pour que ta chevelure brillante et parfumée ne soit pas souillée d'une immonde pommade, tu pourras là cacher sous cette calotte. [14,51] LI. - LES BROSSES A BAIN. Ces brosses recourbées, à manche de fer, nous viennent de Pergame. Si tu t'en frottes bien le corps, ton linge n'aura pas si souvent besoin du dégraisseur. [14,52] LII. - LA CORNE A L'HUILE. Alors que naguère un jeune taureau portait à son front, tu me prendrais aujourd'hui pour une corne de rhinocéros. [14,53] LIII. - LA CORNE DE RHINOCÉROS. Ce rhinocéros, naguère en spectacle au milieu de l'arène impériale, et pour qui le taureau n'était qu'un mannequin, sera pour toi ce qu'était le taureau pour lui. [14,54] LIV. - LES CASTAGNETTES. Si l'enfant d'un de tes esclaves se jette à ton cou en pleurant, que sa petite mais agite ces castagnettes sonores. [14,55] LV. - LE FOUET. Rien ne te servira d'en frapper à coups redoublés un cheval, s'il est de la faction rouge ; tu n'obtiendras rien de lui. [14,56] LVI - LA POUDRE DENTIFRICE. Qu'y'a-t-il de commun entre nous deux ? C'est à la jeune fille à recourir à moi. Je n'ai point l'habitude de polir les dents achetées. [14,57] LVII. - LE MYROBALAN. Ce nom, que l'on ne trouve ni dans Homère ni dans Virgile, est composé des mots PARFUM (g-muron) et GLAND (g-balanos). [14,58] LVIII. - L'APHRONITRE. Es-tu,-dans ton ignorance, étranger à la langue grecque? Je m’appelle écume de nitre. Es-tu Grec ? Je suis l' g-aphronitron. [14,59] LIX. - LES BAUMES. Ce qui me plaît à moi, ce sont les baumes, dignes parfums des hommes ! Vous, belles, exhalez les délicieuses odeurs de Cosmus. [14,60] LX. - LA FARINE DE FÈVES. Tu apprécieras ce cadeau, utile aux ventres ridés, si tu vas en plein jour aux bains de Stephanus. [14,61] LXI. - LA LANTERNE DE CORNE. La lumière qui brille en sûreté dans mon sein diaphane sert de guide par ses rayons dorés. [14,62] LXII - LA LANTERNE DE VESSIE. Pour n'être point de corne, en suis-je plus obscure ? et les passants soupçonnent-ils que je ne suis qu'une vessie ? [14,63] LXIII. - LA FLÛTE DE ROSEAUX. Je ne suis, il est vrai, qu'un mélange de cire et de roseaux : pourquoi en rire ? La première flûte était faite comme moi. [14,64] LXIV. - LES FLÛTES. Au milieu de l'ivresse des festins, la joueuse fait résonner de ses lèvres avinées tantôt deux flûtes à la fois, et tantôt une seule. [14,65] LXV. - LES SANDALES. Si tu veux chausser tes sandales, et que ton esclave soit absent, ton pied se servira lui-même. [14,66] LXVI. - LE CORSET. Il faudrait à ta gorge la peau entière d'un taureau : elle ne saurait tenir sous ce corset. [14,67] LXVII. - L'ÉMOUCHOIR DE PLUMES DE PAON. Ces plumes, qui garantissent tes mets des mouches importunes, étaient naguère la magnifique queue du plus beau des oiseaux. [14,68] LXVIII. - LE BISCUIT DE RHODES. Quand tu auras à punir ton esclave, ne lui brise pas les dents à coups de poing : donne-lui à manger du biscuit que t'envoie la célèbre Rhodes. [14,69] LXIX. - UN PRIAPE DE PÂTE. Si tu veux te rassasier, tu peux manger ce Priape : lui rongeasses-tu même les testicules, tu n'en resteras pas moins pur. [14,70] LXX. - LE PORC. Il te fera passer de bonnes Saturnales, ce porc nourri de gland parmi les sangliers écumants. [14,71] LXXI. - L'ÉMOUCHOIR DE QUEUE DE BOEUF. Si tes vêtements sont salis par la poussière, sers-toi de cette queue pour les battre légèrement. [14,72] LXXII. - LE SAUCISSON. Ce saucisson que je t'ai envoyé au milieu de l'hiver m'avait été envoyé, à moi, avant les Saturnales. [14,73] LXXIII. - LE PERROQUET. J'apprendrai de vous d'autres mots ; je n'ai appris que de moi-même à dire : César, salut ! [14,74] LXXIV. - LE CORBEAU. Corbeau adulateur, pourquoi passes-tu pour suceur ? Jamais mentule n'entra dans ton bec. [14,75] LXXV. - LE ROSSIGNOL. Philomèle pleure l'attentat de l'incestueux Térée ; et la parole, qu'elle perdit jeune fille, elle la retrouve oiseau. [14,76] LXXVI. - LA PIE. Pie babillarde, je te salue, mon maître, d'une voix très distincte : situ ne me voyais, tu ne me prendrais pas pour un oiseau. [14,77] LXXVII. - LA CAGE D'IVOIRE. Si tu as un oiseau pareil à celui que pleurait Lesbie, l'amante de Catulle, tu peux le loger dans cette cage. [14,78] LXXVIII. - LE DROGUIER. Reçois, en présent ce dépôt de la science médicale, ce droguier d'ivoire, qu'envierait Pactius. [14,79] LXXIX. LES ÉTRIVIÈRES. Jouez en toute liberté ; mais bornez-vous à jouer, esclaves libertins. Ces étrivières vont rester sous clef pendant cinq jours. [14,80] LXXX. - LES FÉRULES. Aussi maudites des enfants qu'appréciées des maîtres, nous sommes, grâce à Prométhée, devenues un bois fameux. [14,81] LXXXI. - LA BESACE. Cette besace demande à ne pas porter le dîner d'un philosophe mendiant, et à ne pas servir d'oreiller à un cynique qui n'a pour vêtement que sa barbe. [14,82] LXXXII. - LES BALAIS. Le palmier, dont ces balais sont formés, prouve qu'ils eurent du prix : mais désormais les esclaves qui desservent les laisseront en repos. [14,83] LXXXIII. - LE GRATTOIR. Ce grattoir, fait en forme de main, préservera tes épaules des morsures importunés de la puce ou de tout autre insecte plus dégoûtant encore. [14,84] LXXXIV. - LE GARDE-MAIN. Le frottement de ta toge ou de ton manteau aurait bientôt usé tes livres, si cette planche de sapin n'était là pour leur assurer une longue durée. [14,85] LXXXV. - LIT ONDÉ EN QUEUE DE PAON. Ces lits doivent leur nom au plumage brillant dont se couvrit Argus, devenu l’oiseau de Junon. . [14,86] LXXXVI. - LA SELLE. Chasseur, couvre de cette selle les flancs du coursier rapide : en le montant à poil, on risque ordinairement dé s'écorcher le derrière. [14,87] LXXXVII - LE LIT DE TABLE. Reçois ce lit garni d'écaille et arrondi en demi-lune ; il est de huit places : viennent les amis. [14,88] LXXXVIII. - LA TABLE A COLLATION. Si tu me crois garnie de l'écaille femelle d'une tortue de terre, tu te trompes : la mienne est mâle, et vient d'une tortue de mer. [14,89] LXXXIX. - LA TABLE DE CITRONNIER.. Reçois ce précieux cadeau des forêts de l'Atlas : son pesant d'or ne vaudrait pas autant. [14,90] XC. - LA TABLE D'ÉRABLE. Je ne suis pas veinée, c'est vrai ; je ne suis pas fille des bois de la Mauritanie ; mais je me suis trouvée aux festins les plus somptueux. [14,91] XCI.- LES DENTS D'ÉLÉPHANT. Ces dents ont enlevé de lourds taureaux, et tu demandes si elles pourront soutenir des tables de citronnier lybien ? [14,92] XCII. - LA MESURE DE CINQ PIEDS. Cette règle de chêne, marquée de petits traits, et terminée en pointe aiguë, trahit assez souvent la fraude de l'entrepreneur. [14,93] XCIII. - LES VASES ANTIQUES. Ces vases ne sont point modernes, et la gloire n'en est pas à nos ciseleurs. Mentor les fit, et Mentor y but le premier. [14,94] XCIV. - LES TASSES. Ciselé par un travail hardi pour l'usage du peuple, le verre dont nous sommes formées ne craint pas l'eau bouillante. [14,95] XCV. - LA COUPE D'OR CISELÉE. Tout éclatante que je suis de l'or de la Galice, chez moi, pourtant, le travail l'emporte sur la matière : car je suis l'oeuvre de Mys. [14,96] XCVI. - LES TASSES DE VATINIUS. Reçois cette vile coupe, qui fut à l'usage du savetier Vatinius, quoique son long nez en dépassât les bords. [14,97] XCVII. - LES PLATS DE VERMEIL. Ne va pas profaner ces grands plats de vermeil, en y servant un maigre surmulet : le plus petit qu'ils recevront doit peser deux livres au moins. [14,98] XCVIII. - LA VAISSELLE D'ARETIUM. Ne dédaigne pas tant, crois-moi, ces vases d'Aretium : ce genre de vaisselle était le luxe de Porsenna. [14,99] XCIX. - LE BASSIN. Je suis barbare et viens du fond de la Bretagne ; mais Rome, aujourd'hui, aime mieux m'appeler indigène. [14,100] C. - LA CRUCHE DE PANACIE. Pour peu que tu connaisses la patrie du docte Catulle, tu a bu des vins de Rhétie renfermés dans mes flancs. [14,101] CI. - LE PLAT AUX CHAMPIGNONS. Je dois aux champignons le nom glorieux que je porte ; et pourtant, j'en ai honte, je sers à des tendrons de choux. [14,102] CII. - LES COUPES DE SORRENTE. Daigne agréer ces coupes : elles ne sont point formées d'une argile grossière ; la roue industrieuse les a façonnées à Sorrente. [14,103] CIII. - LES PASSOIRES A LA NEIGE. Dompte dans notre neige le feu de tes vins de Sétie ; quant aux vins inférieurs, des passoires de lin te suffiront. [14,104] CIV. - LE SAC A NEIGE. Le lin dont je suis fait sait clarifier la neige ; l'eau ne sort pas plus froide de ta passoire. [14,105] CV. - LES AIGUIÈRES. Que l'eau froide ne manque pas ! Tu en auras à souhait de la chaude. Mais ne sois point un buveur capricieux et difficile. [14,106] CVI. - LE POT D'ARGILE. A toi ce pot de terre rouge à l'anse recourbée : c'est dans un pot semblable que le stoïcien Fronton buvait son eau glacée. [14,107] CVII. - LES FLACONS. C'est nous que Bacchus, nous que les Satyres chérissent : c'est nous qui enivrons le tigre et l'instruisons à lécher les pieds de son maître., [14,108] CVIII. - LES COUPES DE SAGONTE. Prends ces coupes, dont le maniement ni la garde ne sauraient inquiéter ton esclave : elles sont faites avec l'argile de Sagonte. [14,109] CIX. - LES COUPES ORNÉES DE PIERRERIES. Vois combien d'émeraudes étincellent sur cette coupe d'or ! que de doigts n'a-t-elle pas dépouillés ! [14,110] CX. - LE FLACON A BOIRE. Si tu as soif de parfums, buveur sybarite ; bois dans ce brillant flacon qui porte le nom de Cosmus. [14,111] CXI. - LES COUPES DE CRISTAL. La crainte même de les casser fait que'l'on casse ces cristaux : trop d'assurance et trop de précaution sont également nuisibles. [14,112] CXII. - VERRE EN FORME DE NUAGE. Un nuage envoyé par Jupiter te verserait de l'eau dans la coupe : celui-ci te versera du vin. [14,113] CXIII. - LES VASES MURRHINS. Si tu bois un vin chaleureux, le vase murrhin convient à l'ardent Falerne, et lui donne encore un meilleur goût. [14,114] CXIV. - LA JATTE CUMÉENNE. La chaste Sybille de Cumes vous offre cette jatte de terre rouge de son pays. [14,115] CXV. - LES COUPES DE VERRE. Admire le génie de l'ouvrier du Nil : à force de vouloir ajouter à son oeuvre, que de fois il l'a perdue ! [14,116] CXVI. - LA CARAFE D'EAU A LA NEIGE. Tu ne bois d'autre vin que celui de Spolète ou des Marses : à quoi bon alors le luxe de cette eau glacée après qu'elle a bouilli ? [14,117] CXVII. - L'EAU DE NEIGE. Boire, non pas de la neige, mais de l'eau que la neige a glacée, c'est une invention de. notre soif ingénieuse. [14,118] CXVIII. - MÊME SUJET. Esclave, ne mêle point à l'eau de neige les vins enfumés de Marseille : car l'eau te coûterait plus cher que le vin. [14,119] CXIX. - LE POT DE CHAMBRE. Combien de fois, quand l'esclave. n'accourait pas assez vite au craquement des doigts de mon maître, sa couche n'a-t-elle pas été ma rivale ! [14,120] CXX. - LA LIGULE D'ARGENT. Bien que chevaliers et sénateurs m'appellent ligule, d'ineptes grammairiens m'appellent lingule. [14,121] CXXI - LE COQUETIER. Je sers pour les coquillages, mais aussi pour les oeufs apprends-moi donc pourquoi je dois mois nom aux seuls coquillages. [14,122] CXXII. - LES ANNEAUX. Nous étions bien souvent autrefois ; nous sommes bien rarement aujourd'hui un don de l'amitié : heureux qui a pour client un chevalier de sa façon ! [14,123] CXXIII. - LE BAGUIER. Souvent un anneau trop lourd s'échappe de ton doigt parfumé : confie-le moi, il ne se perdra pas. [14,124] CXXIV. - LA TOGE. Si Rome, dont les enfants portent la toge, est maîtresse du monde, elle le doit à celui qui ouvrit les cieux à son illustre père. [14,125] CXXV. - MÊME SUJET. Si tu sais, client matineux, interrompre sans peine ton sommeil, tu auras souvent la sportule, mais ta toge s'usera. [14,126] CXXVI. - L'ENDROMIDE. Ce présent du pauvre n'est pas à l'usage du pauvre : je renvoie, au lieu d'une cape, une endromide. [14,127] CXXVII. - LE DRAP FONCÉ DE CANUSE. La couleur de ce drap de Canuse ressemble à celle du moût trouble ; accepte avec joie ce présent : il ne vieillira pas de sitôt. [14,128] CXXVIII. - LA CASAQUE GAULOISE. La Gaule t'envoie pour vêtement une casaque de Saintonge ; ornée d'un capuchon : naguère on en affublait les singes. [14,129] CXXIX. - LE DRAP ROUX DE CANUSE. Rome préfère le drap brun, la Gaule le drap roux ; cette dernière couleur plaît aux enfants et aux soldats. [14,130] CXXX. - LA CASAQUE DE CUIR. Quelle que soit la sérénité du ciel, quand tu te mets en route, n'oublie jamais d'emporter avec toi ta casaque de cuir, utile abri contre une pluie soudaine. [14,131] CXXXI. - LES LACERNES DE COULEUR ÉCARLATE. Si tu es pour la faction verte ou pour la bleue, pourquoi te vêtir d'écarlate ? Prends garde de passer pour un transfuge. [14,132] CXXXII. - LE BONNET. Je voudrais, si je le pouvais, t'envoyer un habillement complet : je ne puis, aujourd'hui songer qu'à ta coiffure. [14,133] CXXXIII. - LES LACERNES DE LA BÉTIQUE. Ma laine n'a point pris dans les cuves d'airain une teinte menteuse. Qu'on aime la couleur de la pourpre de Tyr, bien ; moi, je ne dois la mienne qu'à la brebis qui m'a portée. [14,134] CXXXIV. - LE SOUTIEN-GORGE. Fichu, comprime le sein naissant de ma maîtresse, afin qu'elle n'en ait jamais plus que ma main n'en pourrait prendre et contenir. [14,135] CXXXV. - LES ROBES DE FESTIN. Ni le barreau ni les procès ne sont connus de nous il faut, pour nous porter, être assis sur des lits brodés. [14,136] CXXXVI. - LE SURTOUT. Dans le temps des frimas, le drap ras convient peu : mes longs poils réchaufferont votre robe [14,137] CXXXVII. - LES LACERNES BLANCHES. On nous recommande pour les spectacles de l'amphithéâtre, par-dessus une toge trop ouverte au froid. [14,138] CXXXVIII. - LE TAPIS A PELUCHE, OU NAPPE DE TABLE. Ce tapis à peluche mérite de couvrir ta table de citronnier; quant à nos tables rondes et communes, les plats peuvent v laisser leur empreinte. [14,139] CXXXIX. -- LES CAPUCHONS LIBURNIENS. Tu n'as pas su, maladroit, nous unir à des lacernes assorties : tu les as mises blanches, tu les retireras verdâtres. [14,140] CXL. - LES CHAUSSONS DE CILICIE. Ce n'est point de la laine, c'est la barbe infecte d'un bouc, qui forme leur tissu : une telle chaussure siéra bien à ton pied. [14,141] CXLI. - LA SYNTHÈSE. Pendant les cinq jours de repos accordés à la toge, tu pourras à ton gré revêtir la synthèse. [14,142] CXLII. - LE CAMAIL. Si je viens par hasard te lire un de mes ouvrages, mets ce camail autour de tes oreilles. [14,143] CXLIII. - LES TUNIQUES DE PADOUE. Comme il entre plusieurs toisons dans le triple tissu des tuniques de Padoue, la scie seule peut couper ces épaisses étoffes. [14,144] CXLIV. - L'ÉPONGE. Le sort t'assigne cette éponge ; tu pourras t'en servir pour nettoyer ta table, lorsque, d'abord légère, elle se gonflera de l'eau qu'elle aura bu. [14,145] CXLV. - LE MANTEAU A LONGS POILS. Je suis d'une telle blancheur, et mes poils sont si beaux, qu'au fort même de l'été tu me porterais avec plaisir. [14,146] CXLVI. - L'OREILLER. Ceins ta tête de feuilles de nard, ton oreiller sentira bon. La plume en gardera l'odeur, quand ta tête l'aura perdue. [14,147] CXLVII. - LES COUVERTURES A LONGS POILS. Ton lit de pourpre a beau être recouvert de brillantes fourrures, à quoi bon, si ta vieille épouse est de glace ? [14,148] CXLVIII. - LES COURTES-POINTES. De peur que ta couverture ne laisse à nu la moitié de ton lit, nous venons, unies comme deux soeurs, le couvrir tout entier. [14,149] CXLIX. - LE MOUCHOIR DE COU. Je n'aime pas les grosses mamelles : donne-moi`à quelque jeune beauté, afin que mon tissu caresse son sein de neige. [14,150] CL. - LA ROBE DE CHAMBRE BRODÉE. C'est Memphis qui te fait ce présent : la navette du Nil a vaincu ici l'aiguille de Babylone. [14,151] CLI. - LA CEINTURE. Je suis maintenant assez longue ; mais si quelque doux fardeau vient t'arrondir le ventre, je, deviendrai trop courte pour toi. [14,152] CLII. - LE TAPIS CARRÉ. Le pays du docte Catulle t'enverra des courtes-pointes : quant à moi, je viens du pays d'Hélicaon. [14,153] CLIII. - LE TABLIER. Que le riche te donne une tunique : je puis, moi te couvrir par devant. Si j'étais opulent, je remplirais pour toi ce double office. [14,154] CLIV. - LES LAINES DE COULEUR D'AMÉTHYSTE. Ivre du sang du murex de Sidon, je ne vois pas pourquoi l'on m'appelle une laine sobre. [14,155] CLV. - LES LAINES BLANCHES. L'Apulie se recommande par les toisons du premier ordre, Parme par celles du second, et Altinum par celles du troisième. [14,156] CLVI. - LES LAINES DE TYR. Un berger m'offrit à la belle Lacédémonienne sa maîtresse moins noble était la pourpre dont se parait Léda, la mère de celle-ci. [14,157] CLVII. - LES LAINES DE POLLENTIA. Ce pays produit des laines et des vases dont l'aspect est également sombre et lugubre. [14,158] CLVIII. - MÊME SUJET. Cette laine est triste, il est vrai ; mais elle sied aux esclaves à tête rasée, et du second ordre, qui servent à table. [14,159] CLIX. - LA BOURRE DE LEUCONIUM. La plume, sous le poids de ton corps, te laisse-t-elle sentir de trop près la sangle, pends cette bourre tondue sur les étoffes de Leuconium. [14,160] CLX. - LA BOURRE DU CIRQUE. On appelle bourre du Cirque le jonc de nos marais : au pauvre elle tient lieu de la bourre de Leuconium. [14,161] CLXI. - LA PLUME. Tu pourras te reposer de tes fatigues sur cette plume, moelleux duvet du cygne d'Amyclée. [14,162] CLXII. - LE FOIN. Renfle ton pauvre lit de ce foin dérobé à la mule : la pâle inquiétude n'approche point d'un lit si dur. [14,163] CLXIII. - LA CLOCHETTE. Laisse là ton ballon ; la clochette des bains a sonné : tu continues ? c'est vouloir ne rentrer chez toi qu'après un bain d'eau froide. [14,164] CLXIV. - LE DISQUE. Quand le disque pesant de Sparte vole étincelant dans la lice, enfants, éloignez-vous : qu'il ne soit fatal qu'une fois. [14,165] CLXV. - LA LYRE. C'est elle qui fit rendre Eurydice à son divin époux : mais il la reperdit bientôt par sa défiance et par son impatient amour. [14,166] CLXVI. - LA MÊME. Elle fut bien souvent repoussée du théâtre de Pompée, cette lyre qui se faisait suivre des forêts et qui attirait les bêtes fauves. [14,167] CLXVII. - LE PLECTRE. Pour préserver tes doigts des ampoules que produisent, les cordes sonores, que les plectres bruyants décorent ta lyre docile. [14,168] CLXVIII. - LE TROCHUS (CERCEAU). En me le donnant garni d'un anneau, tu me fais un présent utile : le cerceau sera pour les enfants, et la garniture pour moi. [14,169] CLXIX. - LE MÊME. Pourquoi cet anneau babillard se promène-t-il çà et là dans le cerceau roulant ? c'est pour avertir les passants de lui faire place. [14,170] CLXX. - STATUE DE LA VICTOIRE. Ce n'est point un hasard aveugle qui l'assigne à celui que le Rhin décora du nom de Germanique ; esclave, verse dix coups de Falerne. [14,171] CLXXI. - LE JEUNE ESCLAVE DE BRUTUS. Un si petit cachet n'est-pas sans gloire : il représente le jeune esclave qu'aimait Brutus. [14,172] CLXXII. - LE CORINTHIEN SAUROCTONE. Ne tue pas d'une flèche, malicieux enfant, ce lézard qui rampe vers toi : ce n'est qu'entre tes doigts qu'il veut mourir. [14,173] CLXXIII. - TABLEAU REPRÉSENTANT HYACINTHE. Cet enfant qui détourne ses yeux mourants du disque meurtrier, c'est Hyacinthe, sujet de remords et de pleurs pour Apollon. [14,174] CLXXIV. - L'HERMAPHRODITE DE MARBRE. Entré mâle dans cette fontaine, il en sortit mâle et femelle, semblable en un seul point à son père et par tout le reste à sa mère. [14,175] CLXXV. - TABLEAU DE DANAÉ. Pourquoi, roi de l'Olympe, payer à Danaé ce que tu reçus gratis de Léda ? [14,176] CLXXVI. - LE MASQUE GERMAIN. Le potier me donna le visage d'un Batave aux cheveux roux : si je ne suis pour toi qu'un objet de risée ; je suis la terreur des enfants. [14,177] CLXXVII. - L'HERCULE EN AIRAIN DE CORINTHE. Enfant, il écrase deux serpents sans les voir. L'hydre pouvait déjà craindre ses jeunes mains. [14,178] CLXXVIII - L'HERCULE ENTERRE CUITE. Je suis fragile ; mais, je t'en avertis, ne me dédaigne pas : Hercule n'a pas honte de porter mon nom . [14,179] CLXXIX. - LA MINERVE D'ARGENT. Dis-moi, vierge intrépide, pourquoi, avec ce casque et cette lance, tu ne portes point ton égide ? - C'est qu'elle est portée par César. [14,180] CLXXX. - LE TABLEAU D'EUROPE. Puissant maître des dieux, il valait mieux te changer en taureau, quand Io fut génisse. [14,181] CLXXXI. - LE LÉANDRE DE MARBRE. L'audacieux Léandre s'écriait au sein des eaux soulevées par la tempête : « Flots, ne me noyez qu'à mon retour ! » [14,182] CLXXXII. - LA FIGURE D'ARGILE D'UN BOSSU. Prométhée était ivre, sans doute, alors qu'il façonna ce monstre : il le pétrit, en se jouant, avec de la fange des Saturnales. [14,183] CLXXXIII. -- LA BATRACHOMYOMACHIE D’HOMÈRE. Lis le poème des Grenouilles du chantre de la Méonie, et apprends à dérider ton front à la lecture de mes bagatelles. [14,184] CLXXXIV. - UN HOMÈRE SUR PARCHEMIN. L'Iliade et le poème de cet Ulysse si fatal à l'empire de Priam sont tous deux renfermés dans les plis nombreux de ce parchemin. [14,185] CLXXXV. - LE MOUCHERON DE VIRGILE. Reçois, ô studieux ami le Moucheron de l'éloquent Virgile ne quitte pas le badinage en ces jours de plaisir, pour entonner l'Arma virumque. [14,186] CLXXXVI. - UN VIRGILE SUR PARCHEMIN. Ce petit parchemin contient l'ouvrage complet du grand Virgile, et la première page t'offre son portrait. [14,187] CLXXXVII. - LA THAÏS DE MÉNANDRE. C'est elle qui se joua d'abord de l'amour des jeunes gens ; c'est elle, et non pas Glycère, qui fut la vraie maîtresse du poète. [14,188] CLXXXVIII. - UN CICÉRON SUR PARCHEMIN. Si ce parchemin t'accompagne, songe que Cicéron te suffira pour les plus longs voyages. [14,189] CLXXXIX. - PROPERCE. Cynthie, chantée par le jeune et éloquent Properce, lui dut sa renommée ; mais Properce lui dut la sienne. [14,190] CXC. - UN TITE-LIVE SUR PARCHEMIN. Dans ces petits vélins est contenu le grand Tite-Live, que ma bibliothèque ne peut contenir tout entier. [14,191] CXCI. - SALLUSTE. Ce Crispus, à en croire les savants, sera le premier des historiens de Rome. [14,192] CXCII - LES MÉTAMORPHOSES D'OVIDE SUR PARCHEMIN. Cette masse de parchemins contient quinze livres des poésies d'Ovide. [14,193] CXCIII. - TIBULLE. La folâtre Némésis consuma des feux de l'amour Tibulle, son amant, qui se plut à n'être rien dans sa propre maison [14,194] CXCIV. - LUCAIN. Certaines gens disent que je ne suis pas poète ; mais le libraire qui me vend n'est pas de cet avis. [14,195] CXCV. - CATULLE. La grande Vérone doit tout autant à son Catulle que la petite Mantoue à son Virgile. [14,196] CXCVI. - L'EAU CHAUDE ET L'EAU FROIDE. Ces vers te font connaître les divers bains d'eau chaude quant au papier lui-même, il mérite bien qu'on l'y envoie nager. [14,197] CXCVII. - LES PETITES MULES. Assis sur ces petites mules, on ne craint pas de tomber : assis par terre, on serait peut-être plus haut. [14,198] CXCVIII. - LA PETITE CHIENNE GAULOISE. Si tu voulais savoir toutes les gentillesses de cette petite chienne, une page entière ne me suffirait pas pour te les raconter. [14,199] CXCIX. - LE CHEVAL DES ASTURIES. Ce petit cheval, qui va l'amble avec tant de rapidité, nous vient des Asturies aux mines d'or. [14,200] CC. - LE CHIEN-DE CHASSE. C'est pour son maître, et non pour lui, que chasse cet ardent limier, qui va te rapporter entre ses dents, un lièvre sans le meurtrir. [14,201] CCI. - LE LUTTEUR. Celui que j'aime, ce n'est pas le vainqueur, mais celui qui sait succomber et qui combat encore. [14,202] CCII. - LE SINGE. Habile à éviter les bâtons qu'on me lance, si j'avais une queue, je serais un cercopithèque. [14,203] CCIII. - LA JEUNE FILLE DE GADÈS.. Son corps, mollement balancé, se prête à un si doux frémissement et à des poses si lascives, qu'Hippolyte lui-même, en la voyant, eût porté la main à sa mentule pour se donner du plaisir. [14,204] CCIV. - LES CYMBALES. Ces instruments d'airain qui servent à pleurer les amours de Cybèle et d'Atys, le prêtre de cette déesse les vend assez souvent quand il a faim. [14,205] CCV. - LE MIGNON. Qu'on me donne un mignon qui doive la douceur de sa peau à sa jeunesse et non à la pierre-ponce ; dès lors, auprès de lui, pas une belle qui soit capable de me plaire. [14,206] CCVI. - LA CEINTURE. Esclave, noue à ton cou ce ceste encore tout chaud des feux de Vénus. [14,207] CCVII. - LE MÊME. Reçois ce ceste tout imprégné encore du nectar de Cythère : par lui les feux de l'amour ont passé jusque dans le sein de Jupiter. [14,208] CCVIII. - LE TACHYGRAPHE. Les paroles ont beau courir, la main vole plus vite encore. La langue n'a pas achevé, que la plume a déjà fini. [14,209] CCIX. - LA COQUILLE. Polis avec une coquille de mer l'écorce qui nous vient d'Égypte, et le roseau y glissera facilement. [14,210] CCX. - LE FOU. Sa folie n'est point mensongère : l'artifice et la feinte n'y sut pour rien. Celui-là est, sage en effet, qui n'est pas plus sage qu'il ne faut. [14,211] CCXI. - LA TÊTE DE BÉLIER. Tu as coupé le cou à ce tendre bélier : est-ce là ce que méritait celui qui te fournit tant de fois tes vêtements ? [14,212] CCXII. - LE NAIN. Si tu n'aperçois que sa tête, tu croiras voir Hector : s'il est debout, tu croiras voir Astyanax. [14,213] CCXIII. - LA PARME. Souvent vaincue, et rarement victorieuse, elle n'est pour toi qu'une parme, elle serait pour un nain un bouclier. [14,214] CCXIV. - LES JEUNES COMÉDIENS. Pas un enfant dans cette troupe qui puisse jouer le rôle de Misoumène ; mais pas un qui ne puisse jouer celui de Disexapothos. [14,215] CCXV. - L'INFIBULATION. Dis-moi franchement pourquoi celle boucle aux comédiens et aux joueurs de lyre ? - Pour mettre leurs faveurs à plus haut prix. [14,216] CCXVI. - L’ÉPERVIER. Jadis chasseur d'oiseaux, il n'est plus maintenant que le valet de l'oiseleur. Il prend toujours des oiseaux ; seulement il regrette que ce ne soit plus pour son compte. [14,217] CCXVII. - LE MAÎTRE D'HÔTEL. Dis combien tu as de convives, et ce que tu veux dépenser ; n'ajoute pas un mot de plus : ton dîner est servi. [14,218] CCXVIII. - LA PIPÉE. Ce n'est pas seulement par des roseaux enduits de glu, mais encore par le chant, qu'on trompe l'oiseau, alors qu'une main silencieuse fait monter jusqu'à lui le perfide roseau. [14,219] CCXIX. - LE COEUR DE BOEUF. Pauvre avocat, puisque les vers que tu composes ne te rapportent pas un sou, reçois ce coeur, pareil au tien. [14,220] CCXX. - LE CUISINIER. L'art seul ne suffit pas au cuisinier : je ne veux pas que l'on commande à mon palais ; le cuisinier doit n'avoir d'autre goût que celui de son maître. [14,221] CCXXI. - LE GRIL ET LA BROCHE. Fais cuire dans son jus, sur lé gril recourbé, la petite griblette ; mais que le sanglier écumeux rôtisse à une longue broche. [14,222] CCXXII. - LE CONFISEUR. Cette main ingénieuse te crée des friandises sous mille formes différentes : c'est pour elle seule que travaille l'abeille économe. [14,223] CCXXIII. - LES DÉJEUNERS. Levez-vous ! déjà le pâtissier vend aux enfants leurs déjeuners : on entend résonner de toutes parts le chant du coq porte-crête dont la voix vous annonce le jour.