comme Alexandre, fils de Philippe, ou Ptolémée, ou Mithridate ou tel autre qui n'a régné que parce qu'il a reçu le trône de son père; moi, je veux commencer par être brigand. Je n'aurai d'abord qu'une trentaine de compagnons et de conjurés, d'une fidélité et d'un dévoue- ment à toute épreuve; puis insensiblement trois cents hommes se joindront à nous, les uns après les autres, ensuite mille et bientôt après dix mille; enfin l'ensemble de mes troupes se montera à cinquante mille hommes de grosse infanterie et à environ cinq mille cavaliers. 29. C'est moi qu'ils ont choisi pour chef; leurs suffrages unanimes m'ont désigné comme le plus propre à com- mander et à diriger les affaires. Ce choix me met déjà au- dessus des autres rois, puisque c'est à mon mérite que je dois le commandement de l'armée, au lieu d'avoir hérité d'un trône péniblement acquis par un autre. Un héritage de cette sorte ressemble assez au trésor d'Adei- mantos, et le plaisir qu'on en tire n'est pas comparable à celui d'être soi-même l'artisan de sa puissance. LYKINOS Grands dieux ! Samippos, ce n'est pas une bagatelle que tu demandes là, et, parmi tous les biens, il n'y en a pas qui vaille celui d'être jugé par cinquante mille hommes comme le plus digne de commander une si grande armée. Nous ne savions pas que Mantinée nour- rissait un roi et un général si merveilleux. Règne donc, conduis tes soldats, range ta cavalerie et ton infanterie en bataille. Je suis curieux de savoir vers quel pays vous allez marcher en si grand nombre au sortir de l'Achaïe et quels sont les malheureux que vous allez envahir. SAMIPPOS 30. Écoute, Lykinos, ou plutôt, s'il te plaît, viens avec nous. Je te nommerai commandant de mes cinq mille cavaliers. LYKINOS Je te sais gré, roi, de l'honneur que tu me fais, et je me courbe devant toi à la manière des Perses, et je t'adore, les mains ramenées derrière le dos, et je révère ta tiare droite et ton diadème. Mais donne le commandement de tes chevaux à un de ces solides gaillards qui t'accompa- gnent. Car je suis un détestable écuyer et je n'ai même jamais enfourché un cheval jusqu'à présent. Aussi je craindrais, dès le moment où la cavalerie se met en branle au signal de la trompette, de tomber à bas de ma monture et d'être foulé dans la cohue sous tant de sabots ou de voir mon cheval fougueux prendre le mors aux dents et m'em- porter au milieu des ennemis. Autrement, il faudra m'attacher à la selle, si l'on veut que je reste sur ma mon- ture et que je garde la bride en main. ADEIMANTOS 31. Eh bien, ce sera moi, Samippos, qui commanderai ta cavalerie. Lykinos n'a qu'à prendre l'aile droite. Il est juste que tu me donnes le poste le plus important, toi qui as reçu de moi tant de médimnes d'or monnayé. SAMIPPOS Alors, Adeimantos, demandons aux cavaliers eux- mêmes s'ils veulent t'agréer pour chef. Cavaliers, que ceux qui sont d'avis de mettre Adeimantos à votre tête lèvent la main. ADEIMANTOS Tous l'ont levée, tu le vois, Samippos. SAMIPPOS Commande donc la cavalerie et que Lykinos prenne l'aile droite. Timolaos, ici présent, se rangera à l'aile gauche et moi, au centre, selon l'usage des rois de Perse quand ils commandent en personne. 32. Maintenant prions Zeus, protecteur des rois, et marchons sur Corinthe par la montagne. Une fois que nous aurons soumis toute la Grèce, car personne ne prendra les armes contre nous — nous sommes en trop grand nombre, et nous voilà vain- queurs sans avoir combattu —, alors nous monterons sur nos trières, nous embarquerons les chevaux sur des vais- seaux de charge à Kenkhrées 241 où nous trouverons pré-