[1,9] CHAPITRE IX. Des prestiges, l'étymologie, et l'Autheur d'iceux. Des saints Pères ont chassé de la Cour il y a longtemps ceux qui exercent des prestiges plus nuisibles,quj professent la magie et diverses espèces de mathématique censurée. Parce qu'ils savaient bien que tous ces artificieux rnaléfices procédaient de la mortelle familiarité des hommes avec les démons, qui leur font souvent dire la verité, en intention de tromper ceux qui les consultent. Dieu veut détourner l'ami fidèle de ce précipice par ces paroles : S'ils vous prédisent quelque chose qui arrive, ne les croyez pas. Le mot de prestiges vient du verbe latin "praestringere" éblouir, parce qu'ils éblouissent et trompent subtilement la vue. Mercure en est estimé l'auteur, qui fut le plus savant des Magiciens jusques-là qu'il rendait les objets invisibles ou les faisait paraître sous une autre forme.Tous ces prestiges appartiennent à la magie, comme à leur genre dont il y a diverses espèces. [1,10] CHAPITRE X. Des Magiciens et d'où vient ce nom. Les Magiciens ainsi nommés, à cause de la grandeur de leurs opérations, sont ceux qui par la permission divine ébranlent les éléments, ôtent la forme aux objets, prédisent souvent l'avenir, troublent l'imagination des hommes, leur envoyent des songes et par la violence de leurs charmes les font quelquefois mourir. Notre Lucain ne l'ignora pas. "Sans la vertu d'aucun mortel breuvage, L'enchantement trouble un esprit bien sage". {Lucain La Pharsale, VI, 457-458} Et, de peur que l'autorité d'un poète ne soit peu considérable, que l'on regarde Iamnès et Mambré, magiciens de Pharaon, (car l'Égypte est la mère des sorcelleries et des superstitions) qui résistèrent non seulement à Moïse, mais encore combattirent contre lui par signes et par miracles. Mais ils furent contraints aussitôt de reconnaître la vertu de Dieu dans les signes que faisait ce patriarche.