[0] Omne Datum Optimum (a. 1139). L’Évêque Innocent, Serviteur des Serviteurs de Dieu. [1] À ses fils chéris Robert, Maître de l'ordre religieux du Temple qui est placé à Jérusalem et ses successeurs et frères, tant dans le présent que dans l'avenir et perpétuellement. Toute grâce excellente et tout don parfait descendent d’en haut, du Père des lumières, chez lequel il n’y a ni changement ni ombre de variation. Avec prévoyance, enfants chéris dans le Seigneur, nous louons Dieu tout-puissant de vous et pour vous, puisque votre ordre religieux, votre institution vénérable s’est faite connaître dans le monde entier. Bien que vous soyez par essence naturelle enfants violents, s’adonnant aux plaisirs du siècle, par la grâce inspirante vous êtes devenus les auditeurs attentifs de l'Évangile, ayant abandonné l'ostentation temporelle et la propriété privée, ayant en effet abandonné le large chemin qui mène vers la mort, vous avez humblement choisi la dure voie qui mène à la vie et pour justifier de votre appartenance à la chevalerie de Dieu vous portez toujours sur votre poitrine le signe de la croix vivifiante. En accord avec ceci est le fait que vous, tels de vrais Israélites et guerriers des plus expérimentés dans la guerre sainte, vous êtes en effet embrasés par la flamme de la charité et accomplissez par vos actes les paroles de l'Évangile qui disent : " Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. ", d'où, conformément aux paroles du Grand Berger, vous n'avez pas peur de perdre vos vies pour vos frères et les défendre des attaques des païens. Aussi, depuis que vous êtes connus sous le nom de Chevaliers du Temple, vous avez été désignés par le Seigneur pour être les défenseurs de l'Église catholique et les assaillants des ennemis du Christ. Il est en effet légitime que vous puissiez exercer votre quête et votre louable dévotion dans un acte si saint de tout votre cœur et de tout votre esprit. Néanmoins, votre communauté puise son origine dans le Seigneur et, pour la rémission de vos péchés, par l'autorité de Dieu et de Saint Pierre, le prince des apôtres, nous vous chargeons, vous, aussi bien que ceux qui vous servent, de vous battre intrépidement, en invoquant le nom de Christ, contre les ennemis de la croix, pour protéger l'Église catholique et sécuriser ce qui est sous la tyrannie de païens et doit être sauvé de leur impureté. Quant aux choses que vous recevrez du butin, vous pouvez avec assurance les mettre à votre propre utilisation et nous interdisons que vous soyez contraint contre votre volonté de donner à qui que ce soit une part de celles-ci. Nous établissons que la maison ou "le Temple" dans lequel vous êtes réunis, pour l'éloge et la gloire de Dieu et la défense de ses fidèles, aussi bien que la libération de l'église de Dieu, avec tous vos biens et possessions actuels qui sont reconnus comme légitimement acquis, de même que tout ce que vous pourriez acquérir à l'avenir par les concessions d'évêques, la générosité de rois et des princes, les cadeaux des fidèles ou par tout autre juste moyen, avec l'aide de Dieu, sera sous la tutelle et la protection du Siège Apostolique pour les temps à venir. Nous établissons aussi dans ce présent décret que la vie religieuse qui a été instituée dans votre maison, inspirée par la grâce divine, sera observée inviolablement et les frères qui servent le Seigneur en son sein vivront chastement sans biens personnels et, confirmant leur profession par leur mots et leur mœurs, seront soumis et obéissants à leur maître et à tout ce leur commandera. De plus, puisque cette maison de votre institution sacrée a mérité d'être la source et l'origine de l'Ordre, on la considérera à l’avenir comme la mère et la principale de toutes les places qui y appartiennent. De plus, nous commandons qu’après votre mort, Robert, notre fils chéri dans le Seigneur, ou n'importe lequel de vos successeurs, aucun frère de cette maison ne soit investi à moins qu'il ne soit un homme militaire et religieux qui professe les us de votre Ordre et que l'homme proposé ne soit pas élu par rien de moins que tous les frères ou par la meilleure partie des plus purs d'entre eux. De plus, aucun ecclésiastique ou laïc ne peuvent empiéter ou diminuer les coutumes conjointement instituées par le maître et les frères dans le but d'observer leur devoir et la religion. Ces mêmes coutumes, qui ont été observées par vous depuis quelque temps et ont été fixée par écrit, ne peuvent être changées par personne d'autre qu'un maître, au consentement d'au moins la meilleure partie du chapitre. Aussi, nous interdisons et interdisons de toutes les façons possibles à n'importe quel ecclésiastique ou laïc d'exiger du maître et des frères de cette maison n'importe quelle fidélité, hommage, serments ou d'autres titres, souvent employés par les laïcs. Soyez aussi conscients que, comme votre institution sainte et la chevalerie religieuse ont été établis par la providence divine, il ne vous est pas permis de la quitter pour un autre endroit sous le prétexte d'une vie plus religieuse, parce que Dieu qui est en effet immuable et éternel, n'approuve pas les cœurs inconstants, mais veut plutôt que vous accomplissiez le plan sacré, auquel vous êtes destinés, jusqu’à la toute fin de l'action due. Combien de grands hommes investis de l’habit militaire et du pouvoir temporel ont plu au Seigneur en lui laissant un mémorial éternel ? Combien et comment les grands hommes en armure de bataille, en leur temps, ont courageusement combattu en témoins de Dieu et pour la défense des lois de leurs pères, consacrant leurs mains au Seigneur dans le sang d'infidèles et après œuvrant dans le combat ont reçu la récompense de vie éternelle ? Considérez votre appel en conséquence, frères, tant chevaliers que servants et, comme l'apôtre dit, " Que chacun demeure dans la vocation dans laquelle il était quand il a été appelé." Donc nous vous refusons, une fois faits frères, une fois consacrés et reçus dans l'Ordre saint, toute possibilité de retourner à la vie séculaire après avoir fait profession de votre chevalerie et porté l'habit religieux. Et il n'est pas légal pour qui que ce soit, après avoir fait profession, de rejeter la croix du Seigneur et l'habit de votre profession, une fois pris, pas plus qu’il ne peut quitter non plus la maison pour une autre place ou même un monastère, sous le prétexte d'une vie plus ou moins religieuse, si les frères ou le maître ne l’ont pas agréé ou n’ont pas été consultés et aucun ecclésiastique ou le laïc profane ne devrait avoir la permission de l’accepter ou de le retenir. Et parce que ceux qui sont les défenseurs de l'Église devraient vivre et être soutenus par les biens de l'Église nous interdisons par tous les moyens l'extraction de dîmes contre votre volonté sur tous les biens meubles et immeubles ainsi que sur quoi que ce soit qui appartiennent à votre vénérable maison. Mais nous confirmons avec l'autorité apostolique les dîmes que vous pourriez extraire par votre zèle, avec le conseil et le consentement des évêques des mains des clercs et des laïcs et même ceux que vous obtenez avec le consentement des évêques et de leurs clercs. Et, afin que rien ne manque pour la plénitude de votre salut et le soin de vos âmes et pour que les sacrements de l'église et saints offices soient plus commodément tenus dans votre ordre saint, nous sanctionnons, par la même façon, qu’il vous soit permis de recevoir d’honnêtes prêtres et clercs, qui ont reçu l'ordination en Dieu, au mieux de votre connaissance, d’où qu’ils vous arrivent et de les garder en votre maison mère ou dans d'autre place qui lui soit subordonnée - à condition que, s'ils sont du voisinage, vous le demandiez à leurs évêques et qu’ils ne soient pas considérés hostiles à une autre profession ou ordre. Mais si les évêques venaient à ne pas être enclin à vous les concéder, en aucune façon vous n'avez le droit de les recevoir et les retenir par l'autorité de la sainte Église romaine. Si, cependant, certains d'entre eux, après avoir fait profession, semblaient être des fauteurs de troubles dans votre Ordre ou dans votre maison, ou simplement inutiles, vous, avec la meilleure partie du chapitre, êtes autorisés à les en retirer et leur donner la licence pour être transféré à un Ordre où ils pourront mener une vie pieuse, et les remplaçant par d'autres hommes plus appropriés. Ceux-ci, cependant, seront testés dans votre communauté jusqu’au terme d'une année, après quoi, si leur conduite est à la hauteur et s’ils ont été trouvés utiles pour votre service, alors finalement ils pourront faire profession de vie selon la règle et d’obéissance à leur grand Maître, afin qu’ils puissent avoir la même nourriture et habit que vous, aussi bien que leur literie, à l’exception de ce qu’ils portent comme vêtements du dessous. Mais même à eux il ne sera pas permis de participer à l'administration de vos chapitres ou de vos maisons qu'autant que vous pourriez le leur confier. Aussi, ils auront seulement autant soin de vos âmes que vous les en avez chargés. De plus, ils ne seront pas soumis à quelqu'un à l'extérieur de votre chapitre et ils offriront l'obéissance en tout et par tout à vous, Robert, mon fils chéri dans le Seigneur et vos successeurs, comme leurs maîtres et prélats. De plus, nous commandons que vous laissiez les ordinations des clercs, que vous pourriez vouloir être élevés dans les ordres, à un évêque Catholique, si en effet il est Catholique et a la grâce du siège apostolique, qui, sans aucun doute soutenu par notre autorité, accorde ce qui est requis. Nous interdisons aussi à ces clercs de prêcher pour de l'argent ou du profit ainsi qu’à vous de les envoyer pour prêcher dans le même but, à moins qu’il n'arrive que le grand maître du Temple ne prennent à ce moment là une disposition pour ceci, pour des raisons spécifiques. Et quiconque de ceux-ci est accepté en votre compagnie, promettra d’observer la permanence de résidence, de changer ses habitudes et se battre pour le Seigneur chaque jour de sa vie, sous l'obéissance au grand maître du Temple, ayant prêté une assurance écrite de cela sur l'autel. Bien que réservant aussi aux évêques les droits épiscopaux, en ce qui concerne les dîmes, aussi bien que les services religieux et les enterrements, nous accordons de même la permission de construire des lieux de culte dans des emplacements donnés au Saint Temple, où votre communauté réside, et dans lesquels des services religieux seraient certainement tenus et où, si n'importe lequel d’entre vous ou de votre communauté devait mourir, pourrait être enterré. Car il est inconvenant et constitue un réel danger pour les âmes que les frères de l'ordre se mélangent avec les multitudes d'hommes et les foules de femmes, sous le prétexte d'aller à l'église. De plus, nous décrétons par l'autorité apostolique qu’en n'importe quel place où il vous arriverait d’aller, vous ne devriez recevoir les sacrements de confession, d’extrême-onction ou tout autres que de prêtres honnêtes et Catholiques, de peur que quelque chose ne manque dans le partage des bienfaits spirituels. Parce qu'en effet nous sommes tous un dans le Christ et qu’il n'y ait aucune distinction de faite devant Dieu, tant dans la rémission des péchés que dans d'autres bienfaits, et nous souhaitons que tant vos communautés que vos serviteurs soient les récipiendaires de la bénédiction apostolique que l'on vous a accordée. Pour ces raisons, il n’est permis à personne de déranger inconsidérément la place susmentionnée ou de prendre ses biens ou retenir les possessions qui lui ont été accordées, aussi bien que de les diminuer ou les user par n'importe quels mauvais traitements, mais ils devraient être gardés intacts et être utilisé pour le bien de votre ordre et la fidélité en Dieu, de toutes les façons possibles. En conséquence de quoi, si qui que ce soit, ayant la connaissance de notre décret, essayait témérairement d’agir à son encontre et, bien qu’en ayant été mis en garde pour la deuxième et troisième fois ne corrigeait pas convenablement sa faute, il perdrait la dignité de son pouvoir et son honneur. Il se trouvera accusé d’injustice commise devant la le tribunal divin et sera indigne du très saint corps et du sang de notre Dieu, Seigneur et Sauveur Jésus Christ et sera également soumis à une vengeance sévère au jugement final. Ceux-là, cependant, qui entretiendront ces préceptes obtiendront la bénédiction et la grâce de Dieu tout-puissant et ses apôtres bénis Pierre et Paul. Amen. Rota. - Ego Innocentius catholice ecclesie episcopus ss. + Ego Egidius Tusculanis episcopus ss. + Ego Gregorius presbiter cardinalis tituli Apostolorum ss. + Ego Petrus presbiter cardinalis tituli Susanne ss. + Ego Conradus Sab(inensis) episcopus ss. + Ego Theodewinus sancto Rufine episcopus ss. + Ego Pettrus presbiter cardinalis tituli sancti Marcelli ss. + Ego Albericus Hostiensis episcopus ss. + Ego Comes presbiter cardinalis tituli Eudoxie ss. + Ego Matheus presbiter cardinalis tituli Eudoxie ss. + Ego Gerardus presbiter cardinalis tituli sancte cruces in Iherusalem ss. + Ego Anselmus presbiter cardinalis tituli sancti Laurentii in Lucina ss. + Ego Lutifridus presbiter cardinalis Vestine ss. + Ego Luchas presbiter cardinalis tituli sanctorum Iohannis et Pauli ss. + Ego Grisogonus presbiter cardinalis sancte Praxedis ss. + Ego Martinus presbiter cardinalis tituli sancte Sable ss. + Ego Gregorius presbiter cardinalis tituli sancte Balbine ss. + Ego Gregorius diaconus cardinalis sanctorum Sergii et Bachi ss. + Ego Adenulfus diaconus cardinalis sancte Marie in Cosmidia ss. + Ego Guido diaconus cardinalis sanctorum Cosme et Damiani ss. + Ego Vass(alus) diaconus cardinalis sancti Eustachii juxta Templum Agrippe ss. Donné à Latran, par la main d'Imeric, diacre cardinal et chancelier de l'Église Romaine, le 4ème jour avant les calendes d’avril seconde indiction, l'année d'incarnation du Seigneur 1139, dixième année du pontificat de notre Seigneur le Pape, Innocent II.