[2,96] LIVRE II. XCVI. Préface. Parmi les historiens, un petit nombre seulement s'acquitte pleinement de l'obligation de rapporter fidèlement les faits décrits. En effet, les buts des hommes divergent, la plupart proviennent de mauvaises sources et peuvent immédiatement être reconnus par la construction d'un récit, puisqu’une amitié ou une hostilité injustifiée, qui se déverse dans le cœur des hommes comme un trop-plein de bile, l'amène à changer de cap, abandonnant le chemin de la vérité et s’orientant à droite ou à gauche. Car beaucoup de gens, cherchant à gagner la faveur des hommes, cachant derrière un vernis trompeur d'amitié dans le but d’obtenir de l'honneur ou toute autre sorte de récompense, ont dit ce qui plaisait à l’homme, attribuant des actes méritoires à des êtres indignes, louant ceux qui ne le méritaient pas, et bénissant ceux qui ne devraient pas l’être. D'autres, en revanche, après avoir été remués par la haine, sont impitoyables dans leurs abus, cherchant toutes les occasions de diffamer et de persécuter violemment par leur langue ceux qu'ils n’ont pu persécuter de leurs mains. Et bien sûr, il en existe certains qui éclairent les ténèbres (Isaïe, 5, 20) et prétendent que la nuit c'est le jour. N’y a-t-il jamais eu une pénurie de gens qui eurent peur de révéler les actes impies des princes parce qu'ils craignirent la perte de leurs biens ou des tourments physiques, bien qu’il soit plus pardonnable de garder une vérité silencieuse par lâcheté et selon les exigences du moment que de façonner un mensonge dans l'espoir d’un profit futile. En décrivant les actions des hommes, donc, tout comme en sculptant la plus complexe des gravures, un regard honnête et critique est toujours nécessaire, et faveur, inimitié, et crainte ne devraient permettre de s'écarter de la voie de la vérité. Cela nécessite une grande habileté, ou plutôt une expérience consommée d’orienter la barre des discours en toute sécurité entre les obstacles de ces récifs ; j’implore la miséricorde de Dieu d'autant plus intensément que, après avoir mené le navire de ce récit bien au fond avec une audace plus imprévue que téméraire, grâce à l'aide divine et à l'envoi de vents favorables, je puis mériter de l’amener au rivage de sa fin prévue. Autrement, la difficulté créée par les conflits qui deviennent de plus en plus graves et les mœurs corrompues des princes peuvent facilement m’entraîner à devenir troublé par la peur. C'est une source de grande consolation pour tous ceux qui luttent pour la vérité que, même si parfois, elle engendre l'hostilité des gens sans scrupules, la vérité, elle, reste néanmoins inébranlable et sans reproche, tout comme la lumière est détestable pour des yeux malades, c'est la faute de la maladie qui les afflige et non pas celle de la lumière. De même, celui qui regarde dans un miroir son visage donné à la naissance, s’imputera à soi-même et non au miroir toute déformation ou distorsion. C’est pourquoi, je dédie l’ouvrage suivant, tout comme je l'ai fait pour le précédent, à votre charité, o vénérables maîtres et frères, désireux de conférer aux hommes de ce temps un témoignage de mon estime et de donner à la postérité l'avantage d’une connaissance de ces événements. Quant à moi, j'espère que je ne manquerai pas de quelque récompense venant de l'intercession de grands hommes qui liront ce livre et qu’ils ne refuseront pas ma demande de m'assister par leurs prières. [2,97] XCVII (I). L’évêque Conrad. Quand il eut arrangé ses affaires en Bavière, Henri le Lion se distingua par une double ducalité, retourna en Saxe et, après avoir convoqué le clergé de Lübeck, il leur donna comme évêque le seigneur Conrad, abbé de Riddagshausen, frère de sang du seigneur évêque Gérold. Bien que ce choix ait été contraire à la volonté de l'archevêque Hartwig et de presque tout le clergé de Lübeck, la volonté du duc, dangereuse à contester, prévalut. L’évêque Conrad, qui fut consacré par l'archevêque Hartwig dans la ville de Stade, se distinguait par sa connaissance des lettres, l'éloquence, l'affabilité et la générosité, en plus de nombreux autres dons qu’une personne de ce niveau a naturellement. Mais une certaine folle témérité, comme je vais l'appeler, entacha le beau tempérament extérieur de l'homme, une inconstance de l'esprit et une volonté de paroles toujours à côté de la question, le conduisant à se contredire, à ne rien faire à bon escient, brisant ses promesses, aimant les étrangers, critiquant les siens. Tout d'abord il maltraita avec une grande rudesse le clergé qu'il trouva dans l'église modeste, des premiers qui se trouvaient dans l'église de Lübeck jusqu'aux derniers qui habitaient le pays. Il déclara que tous les biens des prêtres étaient siens, les considérant non comme ses frères mais comme ses serfs. Quand il entama une procédure contre l'un des frères, il ne respecta pas la convocation légale, ni la procédure de l'époque ou le lieu, ni le jugement du chapitre, mais selon son propre plaisir soit suspendit de ses fonctions soit chassa de l'église ceux qu'il voulut opprimer. Dès qu'il fut admonesté par le duc, il n’agit pas moins légèrement, mais s’en détourna et s'allia à l'archevêque dans l’idée que des forces associées pourraient plus facilement surmonter quiconque résisterait. A peu près à l’époque où il fut promu au plus haut rang sacerdotal, alors qu'il séjournait encore chez l'archevêque dans la forteresse de Harburg, sur les rives de l'Elbe, il y eut au mois de Février — c'est-à-dire le quatorzième jour avant les calendes de Mars — une très grande tempête, un ouragan avec des éclairs, du tonnerre et des accidents qui ici et là, mirent le feu ou renversèrent de nombreux bâtiments. En outre, ce fut un tel débordement de la mer comme on n’en n’avait pas connu depuis les premiers temps, un débordement qui impliqua l'ensemble des terres de la côte de la Frise, Hadeln, toutes les basses terres de l'Elbe et de la Weser et toutes les rivières qui se jettent dans l'océan. D’innombrables milliers d'hommes et de bêtes furent noyés. Combien de personnes riches, combien de puissants, assis la nuit se divertirent entièrement dans la luxure sans crainte du mal; mais une soudaine destruction arriva et les « culbuta au milieu de la mer ». [2,98] XCVIII (II). {Le massacre des Flamands}. Le même jour, quand les rivages de l'océan furent submergés par cette terrible catastrophe, eut lieu un grand massacre à Mecklembourg, cité des Slaves. Vratislav, plus jeune fils de Niclot, détenu dans les chaînes à Brunswick, fit des reproches via des messagers à son frère Pribislav, ainsi qu’on le rapporte, en lui disant: "Voilà, je suis détenu, enfermé dans des chaînes perpétuelles, et tu agis indifféremment. Regarde et efforce-toi d'agir courageusement et d’extorquer par les armes ce que tu ne peux obtenir par la paix. Te souviens-tu que lorsque notre père Niclot fut placé en prison à Lüneburg, il ne pouvait être racheté ni par la prière, ni par l'argent? Et pourtant, n’avons-nous pas entraîné sa libération quand d’un instinct valeureux nous avons pris les armes, incendié et démoli les forteresses?" Ayant entendu ces paroles, Pribislav rassembla secrètement une armée et vint inopinément à Mecklembourg. Henri de Scathen, préfet du château, était alors absent à ce moment et les gens du château étaient sans chef. Pribislav s’approchant des hommes qui se trouvaient dans les retranchements leur dit : "O hommes vous nous avez fait tant à moi qu’à la nation une grande violence en nous expulsant de notre territoire, vous avez envahi nos limites et vous possédez nos villes et nos bourgs qui nous appartiennent par droit de succession. Je vous fais donc une proposition, choisir la vie ou la mort. Si vous décidez de nous ouvrir la forteresse et de nous rendre la terre qui nous est due, nous vous conduirons en toute sûreté avec femmes et enfants et tous vos biens. Si quelque Slave emporte l’un de ceux qui vous appartiennent, je le restituerai en double. Si vous ne voulez pas sortir, et défendez cette ville avec ténacité, alors au contraire je vous jure que, si Dieu nous donne la faveur d’une victoire, vous serez tous passés au fil de l’épée". A ces mots les Flamands commencèrent à leur tirer des flèches et à leur faire des blessures. L’armée des Slaves était supérieure en nombre d’hommes et en armes, et ils firent irruption par un combat acharné dans la forteresse et y tuèrent jusqu'au dernier des hommes, ne laissant pas s’échapper un seul étranger ; ils emmenèrent en captivité les femmes et les enfants, puis ils incendièrent le château. Après cela ils se tournèrent vers le château d’Ilow, pour le détruire. Guncelin, garde du duc et préfet de la terre des Obodrites, averti par les éclaireurs de la venue des Slaves, était arrivé avec peu de soldats dans Ilow, afin de défendre la cité. Une fois Mecklenburg dévastée, Pribislav marcha en avant avec son armée renforcée, afin de s’occuper de la forteresse, et pour que personne par hasard ne s’en échappe. Entendant cela, Guncelin dit aux siens : « Sortons rapidement et combattons les ennemis, avant que le reste de l’armée n’arrive. Ils sont fatigués en effet par les combats et les massacres qu’ils ont livré aujourd’hui. » Ses fidèles lui répondirent : « Ce n’est pas prudent en effet d’être au dehors, si nous sortons aussitôt. Les Slaves qui sont en dessous de la ville et nous y verront debout, s’ils referment les portes de la ville derrière nous, nous serons à la porte, et la ville tombera dans leurs mains ». Et cette répartie déplut aux yeux de Guncelin et de ses hommes. Appelant alors tous les Allemands qui étaient dans la forteresse, ayant eu vent que les Slaves étaient solidaires et craignant leur trahison, il leur dit: "On m'a dit que les Slaves qui sont avec nous dans les portails de cette forteresse ont juré à Pribislav de trahir aussi bien moi que la forteresse. Écoutez donc, ô hommes, compatriotes, destinés à la mort et à l’extermination. Le moment où vous remarquerez une trahison, jetez-vous contre les portes, mettez le feu aux maisons de la ville et brûlez ces traîtres avec leurs femmes et leurs enfants. Qu'ils meurent avec nous, ne laissez aucun d'entre eux survivre, qu'ils ne puissent pas se glorifier de notre destruction". En entendant ces mots, les Slaves furent terrifiés et ils n'osèrent pas exécuter le plan qu'ils avaient conçu. Alors, le soir venu, toute l'armée des Slaves arriva devant la forteresse d’Ilow, et Pribislav aborda les Slaves qui s'y trouvaient: "Vous savez tous quelles calamités et oppressions notre nation a souffertes par la violente domination du duc qu’il a exercée sur nous. Il nous a enlevé l'héritage de nos pères pour y placer des étrangers dans toute l’étendue d’icelui — Flamands, Hollandais, Saxons, Westphaliens et différents peuples. Mon père nous a vengé de ce mal jusqu’à sa mort. Mon frère, aussi, pour cette même raison est séquestré, attaché par des chaînes éternelles, et il ne reste personne sauf moi qui pense au bien de notre nation ou à ses vœux de se relever ses ruines. Encore une fois faites preuve de votre courage, donc, ô hommes, vous qui êtes les derniers de la race slave, {et} et reprenez votre esprit d'audace, livrez-moi cette forteresse et les hommes qui l’ont prise sans raison, afin que je puisse me venger sur eux comme je me suis vengé de ceux qui avaient pris Mecklembourg". Et il leur rappela leur promesse. Mais, paralysés par la peur, ils lui refusèrent l'entrée. Ensuite, les Slaves se retirèrent à une certaine distance de la forteresse parce que la nuit tombait et ils durent installer leur camp. Toutefois, lorsque les Slaves après avoir vu Guncelin, accompagné d’hommes courageux et combattifs, comprirent que la forteresse ne pouvait être prise sans effusion de sang ; ils se retirèrent du siège au lever du jour et retournèrent chez eux. Guncelin, donc, comme un tison tiré du feu, après avoir quitté Ilow et y avoir laissé un groupe de Slaves, s'approcha de Schwerin et les habitants de la forteresse furent heureux de sa venue inespérée. Ils avaient entendu la veille qu'il avait été tué, lui et tous ses hommes. [2,99] XCIX (III). L’évêque Bernon. Le cinquième jour, après la destruction de Mecklembourg le vénérable évêque Bernon alla enterrer les morts avec quelques-uns des membres du clergé de Schwerin, portant à son cou les vêtements sacerdotaux avec lesquels il est d'usage d'offrir le saint sacrifice. Sur un autel érigé au milieu des blessés, il demanda pour eux au Seigneur Dieu l'hostie du salut avec douleur et effroi. Alors qu'il s’occupait du sacrifice, les Slaves se levèrent d’une embuscade pour tuer l'évêque et ceux qui étaient avec lui. Mais un certain Reichard de Salzwedel fut rapidement envoyé par Dieu et vint avec des chevaliers. En entendant que Guncelin était assiégé dans Ilow, il était allé à son aide et sur son chemin se produisirent des événements à Mecklenburg au moment même où l'évêque et ses employés étaient sur le point de mourir. Les Slaves, terrifié par son arrivée, s'enfuirent, et l'évêque rescapé acheva le travail de piété et ensevelit les soixante-dix corps du massacre. Après cela, il s’en retourna à Schwerin. Peu de temps après Pribislav rassembla un autre groupe de Slaves et vint à Malchow et à Cuscin. S'adressant aux habitants de la ville, il dit: "Je sais, en effet, que vous êtes des hommes courageux, nobles et obéissant aux ordres du grand-duc, votre seigneur. Je voudrais donc vous aviser de ce qui est rentable. Remettez-moi la forteresse qui appartenait autrefois à mon père et devrait maintenant être mienne par une succession héréditaire, et je vous ferai conduire en toute sécurité sur les rives de l'Elbe. Si quelqu'un s’avise de porter une main violente sur l'une des choses qui vous appartiennent, je ferai une double restitution. Mais si vous jugez futile ces conditions très favorables, je serai obligé d’à nouveau de tenter ma chance et de vous combattre. Rappelez-vous ce qui est arrivé aux habitants de Mecklembourg qui ont repoussé les conditions de la paix et m’ont provoqué pour leur destruction". Comme les chevaliers qui étaient alors la garnison de la place-forte virent qu'il n'y avait aucune chance dans la bataille, parce que l'ennemi était nombreux mais pas leurs auxiliaires, ils demandèrent un sauf-conduit au-delà des limites de la Slavie et Pribislav s’empara du fort. [2,100] C (IV). La pendaison de Vratislav. Lorsque le duc Henri le Lion entendit à quel point la situation était critique en Slavie, cela lui chagrina l’esprit, mais entretemps il envoya la fleur de ses chevaliers pour défendre Schwerin. Et il ordonna au comte Adolphe et aux anciens d’Holzatie d’aller à Ilow et de protéger la forteresse. Après cela, il réunit une grande armée, convoqua son cousin Albert, margrave de la Slavie orientale, et les hommes les plus braves de toute la Saxe à son aide pour faire payer aux Slaves le mal qu'ils avaient fait. Il appela aussi Waldemar, roi des Danois, qui, avec une force navale harcela les Slaves par terre et par mer. Le comte Adolphe rencontra le duc près de Malchow avec tous ses gens Nordalbingiens. Alors, quand le duc traversa l'Elbe et atteignit les limites du pays des Slaves, il décida que Vratislav, prince des Slaves, serait mis à mort par pendaison près du bastion de Malchow parce que son frère, Pribislav, avait annulé et rompu les promesses jurées de paix. Et le duc informa alors le comte Adolphe par messager : "Lève-toi avec les Holzatiens, les Sturmariens et avec ceux qui sont avec toi et précède le duc jusqu’à l'endroit appelé Verchen. Guncelin, préfet de la terre des Obodrites, Reinhold, comte de la Ditmarsh, et Christian, comte de Oldenburg qui est en Amerland et appartient à la terre des Frisons, feront de même : ils iront tous avec toi en avance avec le nombre d'hommes armés qui leur appartient". Puis le comte Adolphe et les autres nobles envoyés avec lui obéirent au duc et ils arrivèrent à Verchen qui est d'environ à deux milles de Demmin. Là, ils installèrent leur camp. Le duc et les autres princes restèrent à Malchow avec l'intention de suivre après quelques jours avec le reste de l'armée et les chevaux de bât portant des provisions qui seraient amplement suffisantes pour l'armée. Toute l'armée des Slaves, cependant, s'établit dans la forteresse de Demmin. Leurs princes étaient Casimir et Buggeslav, ducs des Poméraniens, et avec eux était Pribislav, auteur de la rébellion. Ils envoyèrent des messagers au comte, désireux d’obtenir de lui des conditions de paix et offrant trois mille marks. Ils envoyèrent à nouveau d'autres messagers promettant deux mille marks. Cette proposition déplut au comte Adolphe et il dit à ses hommes : « Qu’est-ce que vous en pensez, vous qui êtres des hommes avisés ? Ceux qui hier promettaient trois mille marks en offrent maintenant deux mille. Ce n'est pas le discours de quelqu’un qui parle de paix, mais de celui qui amène la guerre ». Alors, les Slaves envoyèrent des éclaireurs dans le camp pendant la nuit pour savoir comment se tenait l'armée. Les Slaves d’Oldenburg étaient avec le comte Adolph, mais ils étaient traîtres, car ils informaient l'ennemi via les éclaireurs de tout ce qui se passait dans l’armée. Marchrad, l'aîné de la terre des Holzatiens, et d'autres qui comprirent les mots cachés, dirent donc au comte Adolphe : « Nous avons appris par des rapports extrêmement fiables que nos ennemis se tiennent prêts à la bataille. Nos hommes, cependant, se comportent comme des fainéants, tant lors des veilles de nuit que dans les gardes où ils ne montrent pas la diligence requise. Incitez-les à la prudence parce que le duc a confiance en vous ». Mais le comte et les autres nobles ne firent pas attention et dirent: « Paix et sécurité, car la vaillance des Slaves est complètement usée ». L'armée ne se tenait donc pas sur ses gardes. Cependant, comme le duc tardait les provisions de l'armée diminuaient. Des serviteurs furent choisis pour aller vers l'armée du duc afin d’en rapporter. Mais voilà, quand, à l'aube, ils se mirent en route, sur la pente d'une colline, une population innombrable de troupes Slaves apparut, tant en cavaliers qu’en fantassins. En les voyant, les serviteurs revinrent sur leurs pas et avec un hurlement réveillèrent l’armée endormie. Sinon, tous auraient embrassé la mort en dormant. Puis les hommes illustres et les chevaliers, Adolphe, Reinhold, et le très petit nombre d’Holzatiens et de Ditmarshiens qui avaient été tirés de leur sommeil et s’étaient préparés plus rapidement, luttèrent avec l'ennemi au pied de la colline, détruisant la première ligne des Slaves et frappant jusqu'à ce qu'ils soient profondément dans le marais. Juste derrière cette première ligne des Slaves vint la seconde qui submergea les Saxons comme une montagne. Durant la rencontre le comte Adolphe, le comte Reinhold et les plus braves tombèrent. Les Slaves s’emparèrent du camp saxon, et ils enlevèrent le butin. C’est alors que Guncelin, Christian, et avec eux plus de trois cents chevaliers, restèrent massés sur un côté du champ de bataille, ne sachant que faire. Car c'est une chose terrible de combattre un ennemi si nombreux une fois que tous ses camarades aient été tués ou mis en fuite. Il se trouva alors qu'un détachement de Slaves vint dans une tente où se trouvaient de nombreux écuyers et plusieurs chevaux. Les écuyers résistèrent vaillamment à l'assaut des Slaves, crièrent à leurs seigneurs qui se tenaient à proximité : « Pourquoi restez-vous là, vaillants chevaliers ? Pourquoi ne pas aider vos serviteurs ? Vous agissez sûrement de façon indigne. » Réveillés par les cris de leurs serviteurs, ils se précipitèrent sur l’ennemi, combattant avec une fureur aveugle comme s’ils libéraient leurs serviteurs. Les chevaliers se ruèrent, alors, plus courageusement dans le camp. Il est difficile de dire de combien de coups ils écopèrent et quel massacre d’hommes ils firent avant de disperser ces lignes victorieuses de Slaves et de récupérer le camp précédemment perdu. En fin de compte, « Dieu répandit un esprit de vertige » dans les Slaves, et ils tombèrent aux mains de la plupart d’excellents chevaliers. Les Saxons, qui se cachaient, entendirent et sortirent. Avec un courage renouvelé, ils se précipitèrent vaillamment sur l'ennemi et les frappèrent avec une très grande destruction. Ce champ fut couvert d’un tas de morts. Le duc vint également rapidement à l'aide de ses hommes. Quand il vit le massacre perpétré parmi ses gens, le comte Adolphe et les plus braves morts, il se laissa aller en sanglots. Mais la victoire totale et le carnage impressionnant des Slaves, perdant environ 2.500 hommes atténua sa douleur. Le duc ordonna alors que le corps du comte Adolphe fut démembré, et conservé selon l'art de l’embaumeur, afin d’être transporté et enterré dans le tombeau de ses ancêtres. Et ainsi s'accomplit la prophétie qu’il chantait la veille de sa passion, répétant très souvent le verset: « Tu sondes mon cœur, tu me visites la nuit sans rien trouver. » Les Slaves qui avaient échappé au fil de l'épée allèrent à Demmin et, après avoir mis le feu à cette puissante forteresse, ils se retirèrent dans l'intérieur du pays de Poméranie, fuyant le visage du duc. Donc, le lendemain, le duc arriva avec toute son armée à Demmin et constata l’incendie de la forteresse. Il laissa une partie de son armée abattre les murs au niveau du sol et agir comme gardiens pour les blessés qui avaient besoin de soins. Il alla lui-même avec le reste de l'armée à la rencontre du roi Waldemar. Leurs forces jointes, ils dévastèrent en long et en large la terre des Poméraniens et ils arrivèrent à un endroit qui s'appelle Stolpe. Là, Casimir et Buggeslav avaient depuis longtemps fondé une abbaye à la mémoire de leur père, Vratislav, tué puis enterré à cet endroit. Ce fut le premier des ducs de Poméranie à être converti à la foi des mains du très saint Otton, évêque de Bamberg. Il fonda l'évêché d’Usedom et admit le culte de la religion chrétienne dans le pays des Poméraniens. Ce fut donc là, que vint l'armée du duc ; « personne ne lui résistait ». Car les Slaves, allant toujours plus loin, fuyaient le visage du duc et n'osaient pas s'arrêter n'importe où de crainte de le voir apparaître. [2,101] CI (V). Les obsèques du compte Adolphe. En ces jours, il y eut au pays des Slaves un messager qui vint dire au duc : Voici, un légat du roi de Grèce va venir à Brunswick, avec un grand cortège pour vous parler. Pour lui donner audience, le duc sortit de Slavie, laissant l'armée et renonçant aux avantages d'une expédition réussie. Sinon, en raison de la récente victoire et du cours de la fortune favorable il aurait entièrement détruit toute la force des Slaves et il aurait traité la terre des Poméraniens comme celle des Obodrites. Toutes les terres des Obodrites et les régions voisines qui appartiennent au domaine des Obodrites avaient été entièrement transformées en désert par la guerre incessante, notamment par le biais de la dernière guerre, par la grâce de Dieu, à savoir, et la force qu’Il avait toujours conférée à la dextre du duc le plus pieux. S'il existait de derniers vestiges de Slaves survivants, ils étaient, en raison du manque de grain et de la désolation des champs, si affaiblis par la faim qu'ils avaient dû fuir ensemble vers les Poméraniens, et vers les Danois qui, ne montrant aucune pitié, les vendirent aux Polonais, Sorabes, et Bohémiens. Après s’être retiré de Slavie, le duc congédia l'armée et chacun rentra chez soi ; le corps du comte Adolphe fut transféré à Minden où il fut pieusement enterré. Sa veuve Mathilde, la comtesse, dirigea les affaires avec un très jeune fils. Cela bouleversa la face des choses, car, après la mort d'un bon chef, la justice et la paix des églises se virent profondément affaiblies. En effet, de son vivant, son clergé ne voyait rien de pénible ou de difficile. Sa foi, sa bonté, sa prudence, et son conseil semblaient l’avoir doté de toutes les vertus. C’était l’un des combattants de l'Éternel, mais pas le dernier, qui s'avéra être inventif dans son domaine, extirpant les superstitions de l'idolâtrie, développant un nouveau foyer de la foi, afin de le concrétiser dans le salut. Enfin, menant sa vie dans le droit chemin, il atteignit la victoire, amenant des troupes au château du Seigneur en défendant son pays, fidèle aux princes jusqu'à la mort. Quand on lui demanda de sauver sa vie en fuyant, il refusa instamment, combattant de ses bras, priant Dieu à haute voix et il combattit pour l’amour du bien, quand la mort l’emmena de bon gré. Voulant l’émuler, les hommes illustres, et les meilleurs vassaux du duc, Guncelin et Bernhard, dont l'un gérait Schwerin, et l’autre Ratzeburg firent aussi de bonnes actions dans leur domaine en combattant pour le Seigneur et en suscitant le culte de notre Dieu parmi la gent païenne et incrédule. [2,102] CII (VI). La restauration de Demmin. Pribislav, auteur de la rébellion, expulsé de l’héritage de son père, s’associa aux ducs de Poméranie, Casimir et Buggeslav, et tous commencèrent à reconstruire Demmin. Faisant souvent des sorties depuis là, Pribislav attaquait les limites de Schwerin et de Ratzeburg, et il fit en nombre autant de captifs que de bétail. Ayant pris acte de ses raids, Guncelin et Bernhard lui tendirent des embuscades et ils se révélèrent les meilleurs hommes dans les très fréquentes rencontres qui eurent lieu, jusqu'à ce que Pribislav, après avoir perdu ses meilleurs hommes et ses chevaux, ne pût plus rien entreprendre. Casimir et Buggeslav lui dirent alors: « S’il te plaît d'habiter chez nous et de profiter de notre hospitalité, veille à ne pas déplaire aux yeux des gens du duc; sinon nous devrons te reconduire en dehors de nos territoires. Car tu nous as déjà entraînés à supporter aujourd’hui une très grande infortune et à perdre d'excellents hommes et des forteresses. Non content de cela, que dirais-tu d’attirer à nouveau sur nous la colère du prince? » Et la folie de Pribislav fut contenue. La puissance des Slaves fut ainsi abaissée et personne n'osa bouger par peur du duc. Le duc était en paix avec Waldemar, roi des Danois, et ils se rencontrèrent sur l'Eider ou à Lübeck pour l'avantage de leurs deux royaumes. Le roi donna au duc de l’'argent parce qu’il avait sécurisé ses territoires des déprédations Slaves. Toutes les îles de la mer qui appartenaient au royaume des Danois devinrent inhabitées, car la piraterie avait disparu, et les navires de pillards étaient brisés. Le roi et le duc conclurent un pacte, ils diviseraient fraternellement entre eux les tributs de toutes les nations soumises sur terre ou sur mer. Le pouvoir du duc augmenta alors au-delà de tous ceux qui étaient devant lui, et il devint le prince des princes de la terre. Il courba le front des rebelles et brisa leurs forteresses ; il fit disparaître les révoltes et fit la paix dans le pays ; il fit bâtir des forteresses très robustes et se mit à posséder un patrimoine immense. Car, outre l'héritage de ses grands ancêtres, le César Lothaire et son épouse Richenza, celui des nombreux ducs de Bavière et de Saxe, les possessions de nombreux nobles lui revinrent aussi, comme par exemple celles d’Hermann de Winzenburg, Siegfried de Hambourg, Otto d’Asselburg et d'autres dont les noms m'ont échappé. Que dirai-je de la puissance la plus étendue de l'archevêque Hartwig, qui descendait de l'ancienne lignée d’Udo ? De son vivant, l’évêque obtint, en partie par droit héréditaire, en partie par bénéfices, cette noble forteresse de Stade, avec toutes ses dépendances, avec le comté sur les deux rives et le comté de Ditmarsh. Il étendit son empire en Frise et y envoya une armée, et les Frisons lui payèrent la rançon qu'il demandait. [2,103] CIII (VII). Jalousie des princes causée par la gloire du duc. Mais comme la gloire engendre l'envie, et parce que rien dans les affaires des hommes n’est éternel, tous les princes de Saxe étaient jaloux de la gloire de cet homme. Car ce dernier, doté d’une fortune immense, illustre par ses victoires et sublime dans sa gloire par le double principat de Bavière et de Saxe, parut insupportable à tous en Saxe, tant princes que nobles. Mais la peur de César retenait les mains des princes, qu'ils ne mirent pas à effet les plans qu'ils avaient conçus. Cependant, après les préparatifs de César faits pour sa quatrième expédition en Italie, le moment offrit l’occasion et l'ancienne conspiration se fit jour aussitôt dans une forte ligue où tous se groupèrent contre un seul homme. Les premiers de ces conspirateurs furent Wichmann, archevêque de Magdebourg, et Hermann, évêque de Hildesheim. Après eux ces princes : Ludwig, landgrave de Thuringe; Albert, margrave de Salzwedel, et ses fils ; Otto, margrave de Camburg, et ses frères ; et Adalbert, comte palatin de Sommerschenburg. Ces nobles les aident : Otton d’Asseburg, Widukind de Dasenburg, et Christian d’Oldenburg, qui est en Amerland. Les dépassant tous en puissance, Rainald, archevêque de Cologne et chancelier de l'Empire, complota contre le duc. Bien qu’absent et occupé en Italie, il avait tout à fait l'intention d’un plan pour renverser le duc. Ensuite, les princes de Saxe orientale avec Ludwig, prince des Thuringiens, qui assiégea la forteresse du duc nommée Aldeslef, ils « dressèrent contre elle de nombreuses machines. » Christian, comte d’Amerland, rassembla également une armée de Frisons. Il occupa Brême et tous ses territoires perpétrant une grande agitation dans les régions de l'ouest. Quand, par conséquent, le duc vit que la guerre éclatait de tous côtés, il commença à fortifier ses villes et châteaux et à y stationner des garnisons de chevaliers aux endroits stratégiques. A cette époque, la veuve du comte Adolphe et son fils, qui était encore très jeune, administraient le comté comprenant Holzatie, Sturmarie, et Wagrie. En raison des flambées de tempêtes de guerres, cependant, le duc donna au garçon comme tuteur pour s'occuper de ses affaires militaires, le comte Henri, né en Thuringe, oncle du garçon, homme rendu impatient par son inaction et entièrement consacré aux armes. Aussi, après s’être informé auprès de ses fidèles partisans, le duc reprit en sa faveur Pribislav, prince des Slaves, qui, comme nous l'avons dit auparavant, avait été expulsé de la province après de nombreuses batailles. Et il rendit à Pribislav tout l'héritage de son père; à savoir la terre des Obodrites, sauf Schwerin et ses dépendances. Pribislav jura au duc et à ses amis que sa fidélité ne serait pas entamée par les tempêtes de la guerre, qu'il se tiendrait à sa disposition et qu’il regarderait les yeux de ses amis sans jamais leur laisser la moindre offense. [2,104] CIV (VIII). Le pillage de Brême. Le duc ensuite assembla une grande armée et entra en Saxe orientale pour combattre ses ennemis au cœur de leur propre pays. Ils le virent arriver avec une force importante et craignirent de le rencontrer. Et il « fit beaucoup de mal » dans le pays ennemi, le dévasta par le feu et les pillages, et il vint à travers terre, jusqu’aux murs de Magdebourg. Alors, il dirigea son armée vers les régions occidentales pour abattre l'insurrection du comte Christian, et arriva à l'improviste à Brême et la prit. Le comte Christian s’enfuit alors dans les creux des marais de la Frise, et le duc saccagea et pilla Brême. Ses citoyens fuirent dans les marais parce qu'ils avaient péché contre le duc et avaient soutenu Christian. Le duc les mit au ban jusqu'à ce que, grâce à la médiation de l'archevêque, ils achetèrent la paix pour mille marks d'argent ou plus. Quelques jours plus tard, le comte Christian mourut, et les maux générés par son complot rebelle prirent fin. Tandis que cette guerre civile faisait rage de tous bords, l’archevêque Hartwig, qui avait décidé d'éviter la confusion d’un conflit émergeant, était assis, seul et en paix à Hambourg, prévoyant la construction de monastères et d'autres intérêts pour son église. Puis l'archevêque de Cologne et d'autres princes se chargèrent par lettre de lui rappeler à l'esprit la détresse que le duc lui avait infligée ; qu’enfin le moment était venu de pouvoir, grâce aux princes, retrouver sa position honorable ; que la ville de Stade et le comté dont il avait été privé étaient à sa portée s'il soutenait la cause des princes. L’archevêque Hartwig, par conséquent, bien qu’il sut par de nombreuses expériences que le duc était toujours couronnée de succès dans ses guerres — que la fidélité des princes était douteuse — et bien qu'il ait souvent été trompé par des promesses de ce de ce genre, l'esprit commença à hésiter. D'une part, {en effet}, il fut poussé par un désir de retrouver sa position; d'autre part, il en fut dissuadé par l'inconstance souvent rencontrée des princes. En attendant, il maintint une apparence d'amitié et il donna des paroles de paix. Néanmoins, l'archevêque commença à renforcer ses forteresses, Fribourg et Harburg, et il y fit entrer des armes et des provisions suffisantes pour des mois et des années. [2,105] CV (IX). L’expulsion de l’évêque Conrad. A cette époque, Conrad, évêque de l'église de Lübeck, resta avec l'archevêque, et de lui dépendait l'ensemble de la politique de l'archevêché. Et il vint à l'oreille du duc que l'évêque n'envisageait pas des conditions de paix, mais de détruire le duc, et qu'il avait conseillé à l'archevêque de passer chez les princes et de rompre l'amitié entretenue avec le duc. Désireux de s'assurer de l'information, le duc convoqua l'évêque à une conférence à Artlenburg. Mais celui-ci évitant la colère du duc, entra dans la Frise, prétextant une mission pour l'archevêque. Quand enfin il revint, le duc le convoqua une deuxième fois. Accompagné, par conséquent, du seigneur archevêque et du seigneur Bernon de Mecklembourg, il rencontra le duc à Stade pour entendre sa parole. Et le duc lui adressa la parole sur les questions dont il avait été informées; c'est-à-dire, comment il avait par de mauvaises paroles rabaissé son honneur et donné de mauvais conseils contre lui. L'évêque déclara ne rien savoir de cela. Après avoir échangé de nombreux mots, le duc, désireux de renouveler l'amitié brisée et de lier l'évêque jadis aimé plus fermement à lui, commença d'une façon amicale à lui demander l'hommage qui était dû qui, on l’a démontré auparavant, avait été une donation impériale accordée dans les provinces des Slaves qu'il possédait par droit de guerre selon la règle. L'homme courageux recula devant les termes de cette proposition, disant que le revenu de son église était mince, qu'il engagerait jamais sa liberté ou se soumettrait au pouvoir de quelqu’un. Le duc, en retour déclara expressément qu'il devrait soit abandonner sa position soit agréer à ces propositions. Comme l'évêque resta ferme sur sa décision, le duc ordonna que l'entrée dans son diocèse lui soit refusée et que tous ses revenus épiscopaux lui soient retirés. Après le départ du duc, par conséquent, l'archevêque dit à l'évêque Conrad: « Je pense que ce n'est pas sans danger que vous restiez avec nous parce que les vassaux du duc sont tout autour de nous. Veillez plutôt à notre honneur et à votre sécurité. Aller voir l'archevêque de Magdebourg et les princes, afin d’échapper aux mains de vos ennemis. Après quelques jours, je vous rejoindrai et vous suivrai dans vos pérégrinations. » Il agit conformément à l'avis de l'archevêque et s’en alla chez l'archevêque de Magdebourg, restant auprès de lui environ deux ans. De là, il alla en France et participa à un concile de cisterciens et il effectua une réconciliation avec le pape Alexandre par la médiation de l'évêque de Pavie, l'un du parti d'Alexandre qui, parce qu'il avait été évincé de son siège, séjournait à Clairvaux. Ce dernier donna à l'évêque Conrad un mandat pour aller voir Alexandre en personne, si c’était possible, ou envoyer un légat. Après avoir ainsi achevé son entreprise, l’évêque Conrad revint à Magdeburg et y trouva Hartwig, archevêque de Hambourg, car il avait aussi renoncé à son poste, et ils restèrent plusieurs jours avec l'archevêque de Magdebourg. Toutefois, les chevaliers de l'archevêque Hartwig, stationnés dans les forteresses de Harburg et de Fribourg, firent de fréquentes incursions, déclenchèrent des incendies et pillèrent les possessions du duc. Ce dernier, à ce compte, envoya une force militaire, prit Fribourg dont il démolit les fortifications et les rasa ; et il ôta toutes les recettes épiscopales, ne permettant à aucun d'eux de rester. Seuls ceux qui étaient dans la forteresse de Harburg tinrent jusqu'à ce que l'archevêque revînt, parce que l'endroit était protégé par des marécages abyssaux. La tempête féroce de la rébellion, cependant, continua à faire rage dans toute la Saxe, alors que tous les princes combattaient le duc. Beaucoup de chevaliers furent faits prisonniers et mutilés, de nombreuses forteresses et maisons furent détruites et des cités incendiées. Et Goslar fut prise par les princes. Mais le duc ordonna que les routes soient surveillées afin que personne ne pût apporter du grain à Goslar, et ils furent en grand manque.