[62,0] COLLOQUE LXII : LE PROBLÈME. CURiON, ALPHIUS. {CURION} Je voudrais bien vous adresser une question, à vous qui savez tant de choses, si cela ne vous importune pas. {ALPHIUS} Eh bien, Curion, demandez-moi ce que vous voudrez, pour ne pas être infidèle à votre nom. {CURION} En vérité, je ne m'offenserai pas d'être appelé Curie, pourvu que vous n'y ajoutiez point cet animal monosyllabe qui est également odieux à Vénus et à Mercure {curio-sus}. {ALPHIUS} Dites donc ce que vous voulez. {CURION} Je désire savoir ce que l'on entend par le pesant et le léger. {ALPHIUS} Demandez-moi par la même occasion ce que c'est que le froid et le chaud. Que ne proposez-vous ce problème aux portefaix plutôt qu'à moi, ou, si vous aimez mieux, que ne vous adressez-vous aux ânes, qui indiquent en baissant les oreilles la pesanteur de leur fardeau? {CURION} Ce n'est point la réponse d'un âne que je veux, mais celle d'un philosophe, surtout de la part d'Alphius. {ALPHIUS} Le pesant est ce qui tend naturellement en bas; le léger, ce qui tend en haut. {CURION} Pourquoi donc les antipodes, qui sont au-dessous de nous, ne tombent-ils pas dans le ciel placé au-dessous d'eux ? {ALPHIUS} Ceux-ci s'étonnent pareillement que vous ne tombiez point dans le ciel, lequel n'est point placé au-dessous, mais au-dessus de vous: car le ciel est au-dessus de tout et il enveloppe tout. Les antipodes ne sont pas plus au-dessous de vous que vous n'êtes au-dessus d'eux; ils peuvent être vis-à-vis de vous, ils ne peuvent être au-dessous. S'il en était autrement, vous vous étonneriez à plus juste titre que les rochers que porte la terre des antipodes ne tombent pas et n'enfoncent pas le ciel. {CURION} Quel est donc le centre naturel des corps pesants, et contrairement celui des corps légers? {ALPHIUS} Tous les corps pesants sont entraînés par un mouvement naturel vers la terre, les corps légers vers le ciel. Je ne parle pas du mouvement violent ou animal. {CURION} Il y a donc un mouvement que l'on nomme animal? {ALPHIUS} Oui. {CURION} Quel est-il? {ALPHIUS} Il se produit suivant les quatre positions du corps : en avant, en arrière, à droite et à gauche et en rond; au commencement et à la fin il est plus rapide, au milieu il est plus lent, car en commençant la vigueur donne de l'entrain à l'animal, et vers la fin il est excité par l'espoir d'arriver au but. {CURION} Je ne sais pas ce que font les autres animaux, mais j'ai une servante qui est lasse avant d'avoir commencé sa besogne, et qui n'en peut plus avant de l'avoir finie. Mais revenez à votre leçon. {ALPHIUS} Je disais donc que par un mouvement naturel les corps pesants tendent en bas. Plus un corps a de pesanteur, plus il est entraîné rapidement vers la terre; plus il est léger, plus il s'élève avec impétuosité vers le ciel. Le contraire a lieu dans le mouvement violent, qui, plus rapide en commençant, se ralentit peu à peu à l'inverse du mouvement naturel, témoin la flèche qu'on tire en l'air, et la pierre qui tombe d'en haut. {CURION} Je m'imaginais pourtant que les hommes vont et viennent sur le globe de la terre comme les plus petites fourmis courent sur une grosse boule; elles embrassent toute la circonférence, et pas une ne tombe. {ALPHIUS} La cause en est dans la surface de la boule, qui offre quelque inégalité; ensuite dans les pattes des fourmis, qui ont une certaine rugosité, comme presque tous les insectes; enfin dans la légèreté de ces petits corps. Si vous ne le croyez point, faites une boule de verre bien polie et unie: vous verrez que les seules fourmis qui seront au haut de la boule ne tomberont pas. {CURION} Si un dieu perçait le globe terrestre par te milieu, en y traçant une ligne perpendiculaire d'ici jusqu'aux antipodes, comme font les cosmographes, qui donnent la description de toute la terre sur des sphères de bois, et qu'ensuite on jetât une pierre dans le trou, où irait-elle? {ALPHIUS} Jusqu'au centre de la terre; 1à s'arrêtent tous les corps pesants. {CURION} Et si du côté opposé les antipodes jetaient également une pierre? {ALPHIUS} Cette pierre irait rejoindre l'autre vers le centre, où toutes les deux s'arrêteraient. {CURION} Mais s'il est vrai, comme vous le dites, que le mouvement naturel s'accroît de plus en plus par la vitesse si rien ne l'arrête, la pierre ou le plomb jeté dans le trou dépassera le centre par la force du mouvement, et, le centre une fois dépassé, le mouvement redeviendra violent. {ALPHIUS} Le plomb n'arriverait jamais au centre, à moins d'être fondu; mais si la pierre dépassait le centre par la force du mouvement, elle se ralentirait bientôt et reviendrait au centre, comme la pierre qu'on lance violemment en l'air revient vers la terre. {CURION} Mais après avoir rétrogradé en vertu d'un mouvement naturel, la pierre, par un mouvement violent, franchirait de nouveau le centre, de sorte qu'elle ne se reposerait jamais. {ALPHIUS} Elle finirait par se reposer dans ces allées et venues quand elle aurait trouvé son équilibre. {CURION} Mais s'il n'y a point de vide dans la nature, ce trou devra dire rempli d'air. {ALPHIUS} Oui. {CURION} Un corps pesant sera donc suspendu dans l'air? {ALPHIUS} Pourquoi pas? comme le fer est suspendu en l'air quand l'aimant le tient en équilibre. Quoi d'étonnant qu'une seule pierre soit suspendue au milieu de l'air, lorsque la terre tout entière, chargée de tant de rochers, est suspendue de la même façon? {CURION} Mais où est le centre de la terre? {ALPHIUS} Où est le centre du cercle? {CURION} IL forme un point indivisible. Si le centre de la terre est aussi petit, celui qui percera le milieu de la terre fera disparaître le centre, et les corps pesants ne sauront où aller. {ALPHIUS} En vérité, vous tombez dans l'enfantillage. {CURION} De grâce, ne vous fâchez pas : c'est le désir d'apprendre qui me fait parler. Si on perçait le globe de la terre, non par le centre même, mais par côté, je suppose à cent stades du centre, où irait la pierre jetée? {ALPHIUS} Elle n'irait pas tout droit à travers le trou, que dis-je? elle irait tout droit, mais vers le centre : aussi, avant d'arriver au milieu, elle s'arrêterait dans la terre qui est à gauche, si le centre est à gauche. {CURION} Mais qui est-ce qui rend un corps pesant ou léger? {ALPHIUS} Que Dieu vous réponde à cela pourquoi il a fait le feu le plus léger des éléments, et en second lieu l'air; ta terre le plus lourd, et en second lieu l'eau. {CURION} Pourquoi les nuages pluvieux sont-ils donc suspendus au haut des airs? {ALPHIUS} Parce que attirés par le soleil ils participent do la nature du feu, comme la fumée qui, sous une forte chaleur, se dégage du bois humide. {CURION} Pourquoi tombent-ils donc avec tant de pesanteur que parfois ils réduisent les montagnes en plaine? {ALPHIUS} La concrétion et la densité donnent de la pesanteur; du reste, ces nuages peuvent paraître soutenus par l'air qui est au-dessous comme une mince plaque de fer est soutenue à la surface de l'eau. {CURION} Vous pensez donc que plus une chose tient de la nature du feu, plus elle est légère, et que plus elle participe de la nature de la terre, plus elle est lourde. {ALPHIUS} Vous ne vous écartez pas trop de la vérité. Orion. Cependant tout air n'est point également léger, et toute terre n'est point également lourde; on doit peut-être en dire autant de l'eau. {ALPHIUS} Naturellement, attendu que les éléments dont vous parlez ne sont pas purs, mais composés de divers éléments. C'est pourquoi il est probable que la terre la plus légère est celle qui contient le plus de feu ou d'air, et que l'eau la plus pesante est celle qui contient le plus de terre lourde, comme par exemple l'eau de mer et celle d'où on tire le sel. De même, l'air voisin de l'eau et de la terre est plus lourd ou du moins n'est pas aussi léger quo celui qui est loin de la terre. {CURION} Lequel des deux, de la pierre ou du plomb, participe le plus de la nature de la terre? {ALPHIUS} La pierre. {CURION} Et cependant le plomb est plus lourd que la pierre, proportion gardée. {ALPHIUS} La densité en est la cause, car la pierre est moins serrée, et per cela même elle contient plus d'air que le plomb. Da là vient que noue voyons une espèce de terre qui, jetée dans l'eau, ne va pas au fond, mais flotte à la surface; c'est pour la même raison que nous voyons des champs entiers surnager, soutenus qu'ils sont par les racines creuses des roseaux et autres plantes marécageuses unies entre elles. {CURION} C'est de là sans doute que vient aussi la légèreté de la pierre ponce. {ALPHIUS} Parce qu'elle est pleine de trous, et que de plus elle a été diminuée par le feu, car on la tire des pays brûlants. {CURION} D'où vient la grande légèreté du liège? {ALPHIUS} Je l'ai déjà dit, la cause en est dans le peu de densité. {CURION} Lequel est le plus lourd, du plomb ou de l'or? {ALPHIUS} L'or, à ce que je crois. turion. Cependant l'or semble participer davantage de la nature du feu. {ALPHIUS} Est-ce parce qu'il brille la nuit comme le feu, suivant l'expression de Pindare ? {CURION} Oui. {ALPHIUS} Mais l'or a plus de densité. {CURION} A quoi le reconnaît-on? {ALPHIUS} Les orfèvres vous répondront que ni l'argent, ni le plomb, ni de cuivre, ni aucun autre métal, n'est plus malléable que l'or. Par la même raison, les philosophes ont remarqué qu'il n'y avait rien de plus liquide que le miel et l'huile, parce que, si quelqu'un s'en imprègne, le liquide s'étend considérablement et met beaucoup de temps à sécher. {CURION} Laquelle est la plus lourde, do l'huile ou de l'eau? {ALPHIUS} Si vous parlez de l'huile de lin, je crois que cette huile est la plus lourde. {CURION} Pourquoi l'huile surnage-t-elle donc au-dessus do l'eau ? {ALPHIUS} Co n'est point la légèreté qui en est cause, mais la nature ignée de l'huile, et aussi l'aversion pour l'eau qui est commune à tous les corps gras et à la plante dite insubmersible. {CURION} Pourquoi le fer rougi à blanc ne surnage-t-il donc pas ? {ALPHIUS} Perce qu'il n'a point de chaleur naturelle, et il plonge dans l'eau d'autant plus vite que la force de la chaleur chasse le liquide qui lui fait obstacle c'est ainsi qu'un coin de fer s'enfonce plus avant que la scie. {CURION} Lequel est le plus incommode, du fer chaud ou du fer froid ? {ALPHIUS} Le fer chaud. {CURION} Il est donc plus hourd ? {ALPHIUS} Oui, s'il est plus commode de porter à la main de la paille enflammée qu'un caillou froid. {CURION} Qui est-ce qui fait qu'un bois est plus lourd uu plus léger qu'un autre ? {ALPHIUS} I.a densité et le peu de densité. {CURION} Cependant je connais quelqu'un de la maison du roi d'Angleterre qui nous a montré à table du bois de l'arbre qui produit l'aloès. Il était si dur qu'on l'aurait pris pour de la pierre et si léger au maniement qu'un aurait dit un roseau ou quelque chose de plus léger qu'un roseau sec; mis dans le vin (ce qui en faisait un contrepoison), il se précipitait au fond avec plus de rapidité que du plomb. {ALPHIUS} Co qui produit cela, ce n'est pas toujours la densité ni le peu do densité, mais une affinité particulière et secrète qui fait que certaines choses s'unissent ou s'évitent, témoin l'aimant qui attire le fer, la vigne qui fuit le chou, la flamme qui, même de loin, s'envole vers le naphte quelquefois placé dans un lieu inférieur, quoique le naphte soit naturellement lourd et la flemme légère. {CURION} Toute espèce de métal surnage dans le vif-argent; l'or seul va au fond et s'y noie, quoique le vif-argent soit une matière très-liquide. {ALPHIUS} Je ne puis vous alléguer pour réponse que l'affinité secrète de la nature, car le vif-argent est destiné à purger l'or. {CURION} Pourquoi le fleuve Aréthuse passe-t-il sous la mer de Sicile au lieu de surnager, puisque vous avez dit tout à l'heure que l'eau de mer était plus lourde que l'eau de fleuve? {ALPHIUS} Cela tient à un conflit naturel, mais caché. {CURION} Pourquoi les cygnes nagent-ils, tandis que las hommes qui entrant dans l'eau vont au fond? {ALPHIUS} Cela tient non seulement à la concavité et à la légèreté de leurs plumes, mais encore à leur siccité qui est rebelle à l'eau. C'est pour cela que l'eau ou le vin que l'on répand sur du drap ou du linge très sec se réunit en globules, tandis que sur du linge humide il s'étend instantanément. De même, si on verse une liqueur dans un verre sec ou dont les bords sont enduits de gras, et que l'on en verse un peu plus que le verre n'en contient, la liqueur forme un rond au milieu plutôt que de franchir les bords. {CURION} Pourquoi les bateaux supportent-ils une charge moindre sur les fleuves que sur la mer ? {ALPHIUS} Parce que l'eau des fleuves est plus subtile. C'est par la même raison que les oiseaux se meuvent plus aisément dans l'air épais que dans l'air trop subtil. {CURION} Pourquoi les lamproies ne vont-elles pas au fond de l'eau ? {ALPHIUS} Parce que leur peau, séchée par le soleil, devient plus légère et repousse l'humidité. {CURION} Pourquoi le fer en feuille surnage-t-il, tandis que le fer en barre va au fond de l'eau ? {ALPHIUS} Cela tient en partie à la siccité, en partie à l'air qui se trouve entre l'eau et la feuille. {CURION} Lequel est le plus lourd, de l'eau ou du vin? {ALPHIUS} Je crois que le vin ne le cède point à l'eau. {CURION} Pourquoi donc ceux qui achètent du vin aux marchands de vin trouvent-ils de l'eau au lieu de vin au fond du tonneau ? {ALPHIUS} Parce que le vin renferme une matière grasse qui, comme l'huile, fuit l'eau. En voici la preuve : plus un vin est généreux, moins il se mêle avec l'eau, et plus il brûle lorsqu'on y met le feu. {CURION} Pourquoi, dans le lac Asphaltite, ne se baigne-t-il aucun animal vivant? {ALPHIUS} Il ne m'appartient point d'éclaircir tous les phénomènes de la nature. Elle a des mystères qu'elle veut que nous admirions, mais qu'elle ne veut pas que nous connaissions. {CURION} Pourquoi un homme maigre est-il plus lourd qu'un homme obèse, en admettant que, pour le reste, ils soient égaux? {ALPHIUS} Perce que les os sont plus denses que la chair et par conséquent plus lourds. {CURION} Pourquoi le même individu est-il plus lourd à jeun qu'après avoir mangé, bien que son corps soit plus chargé ? {ALPHIUS} Le manger et le boire développent les esprits, et ceux-ci communiquent au corps de la légèreté : de là vient que l'homme gai est plus léger que celui qui est chagrin, et que le mort est beaucoup plus lourd que le vivant. {CURION} Mais comment se fait-il que le même individu se rende, à volonté, plus lourd ou plus léger ? {ALPHIUS} Il se rend plus léger par le contentement d'esprit, plus lourd par l'abattement. C'est ainsi qu'une vessie gonflée et fermée surnage; percée, elle va au fond de l'eau. Mais quand est-ce que Curion cessera de me chanter pourquoi? {CURION} Je cesserai quand vous m'aurez résolu encore quelques questions. Le ciel est-il lourd ou léger? {ALPHIUS} Je ne sais pas s'il est léger; du moins, il ne peut être lourd, puisqu'il participe de la nature du feu. {CURION} Que signifia donc ce vieux dicton : "Si le ciel s'écroulait?" {ALPHIUS} C'est que l'antiquité ignorante a cru, sur la parole d'Homère, que le ciel était de fer. Mais Homère s'est servi de cette expression pour indiquer la couleur et non le poids, de même que nous appelons cendré ce qui a la couleur de la cendre. {CURION} Le ciel est donc coloré? {ALPHIUS} Il ne l'est pas en réalité, mais il nous semble tel à cause de l'air et de l'atmosphère, ainsi que le soleil nous parait tantôt rouge, tantôt jaune, tantôt blanc, quoiqu'il ne subisse aucune modification de ce genre. De même les couleurs de l'iris ne sont pas dans le ciel, mais dans l'air humide. {CURION} Mais, pour finir, reconnaissez-vous qu'il n'y a rien de plus élevé que le ciel, en quelque endroit qu'il couvre le globe terrestre ? {ALPHIUS} Oui. {CURION} Et qu'il n'y a rien de plus profond que le centre de la terre ? {ALPHIUS} Oui. {CURION} De tous les éléments, quel est le plus lourd? {ALPHIUS} L'or, probablement. {CURION} En cela, je suis loin de partager votre avis. {ALPHIUS} Connaîtriez-vous quelque chose de plus lourd que l'or? {CURION} Oui, et de bien plus lourd. {ALPHIUS} Instruisez-moi donc à votre tour, puisque vous savez ce que je confesse ne point savoir ? {CURION} Ce qui du sommet le plus élevé des cieux a précipité ces esprits de feu au fin fond du Tartare, que l'on place au centre de la terre, n'est-ce pas ce qu'il y a de plus lourd? {ALPHIUS} Oui, mais qu'est-ce donc ? {CURION} Le péché, qui plonge aussi au même endroit les âmes des hommes que Virgile nomme des feux de le pure lumière. {Virgile, L'Énéide, VI, 747} {ALPHIUS} Si vous voulez en venir à ce genre de philosophie, j'avoue que l'or et le plomb ont la légèreté d'une plume si on les compare au péché. {CURION} Comment se peut-il donc que ceux qui sont chargés d'un pareil fardeau s'envolent au ciel ? {ALPHIUS} Assurément, je ne le comprends pas. {CURION} Ceux qui se préparent à la course ou au saut ne se débarrassent pas seulement de tout ce qui les charge, mais encore ils se rendent plus légers par le cortentemeat d'esprit; et nous, pour la course et le saut qui nous conduiront au ciel, nous ne cherchons point à nous débarrasser de ce qui est plus pesant que toutes les pierres et que tout le plomb du monde. {ALPHIUS} Nous le ferions si nous avions un seul grain de bon sens.