[8,51] EMPÉDOCLE. Empédocle, d'Agrigente, fut fils de Méton et petit-fils d'Empédocle. C'est le sentiment d'Hippobote et celui de Timée, qui, dans le quinzième livre de ses Histoires, dépeint Empédocle, aïeul du poète, comme un homme fort distingué. Hermippe approche de leur opinion, et Héraclide, dans son traité des Maladies, la confirme, en assurant que le grand-père d'Empédocle descendait de famille noble, et qu'il entretenait des chevaux pour son service. Ératosthène, dans ses Victoires olympiques, ajoute à toutes ces particularités que le père de Méton remporta le prix dans la soixante-onzième olympiade ; en quoi il s'appuie du témoignage d'Aristote. [8,52] Apollodore le grammairien, dans ses Chroniques, est de l'avis de ceux qui font Empédocle fils de Méton. Glaucus rapporte qu'il se rendit chez les Thuriens lorsque cette colonie ne venait que d'être fondée. Ce même auteur remarque plus bas que ceux qui racontent qu'il s'enfuit de sa patrie, et que, s'étant réfugié chez les Syracusains, il porta avec eux les armes contre le peuple d'Athènes, ne prennent pas garde aux époques : « Car, dit-il, ou il devait être mort en ce temps-là, ou fort avancé en âge; ce qui n'est nullement vraisemblable, puisque Aristote observe qu'Héraclite et Empédocle moururent à l'âge de soixante ans. Mais, continue Glaucus, ce qui peut avoir donné lieu à l'erreur, c'est que celui qui, dans la soixante-onzième olympiade, remporta le prix à la course du cheval portait le même nom, comme il consiste par cette époque, que rapporte Apollodore.» [8,53] Satyrus, dans ses Vies, dit qu'Empédocle était fils d'Exénète ; qu'il eut un fils appelé de ce nom ; que, dans la même olympiade, le père fut vainqueur à la course du cheval, et le fils à la lutte, ou à la course, selon le témoignage d'Héraclide dans son Abrégé. J'ai lu, dans les Commentaires de Phavorin, qu'à cette occasion Empédocle sacrifia pour les spectateurs la figure d'un bœuf, qu'il avait pétrie de miel et de farine. Ce même auteur, lui donne un frère, qu'il nomme Callicratide. Télauge, fils de Pythagore, assure, dans une lettre à Philolaüs, qu'Empédocle était issu d'Archinomus. [8,54] Au reste, on sait de lui-même qu'il naquit à Agrigente en Sicile. Voici ce qu'il dit de sa patrie dans l'exorde de ses vers sur les purifications : Chers amis, qui habitez la fameuse cité située près du fleuve Acragas, cette ville si considérable. C'en est assez sur son origine. Timée raconte dans son neuvième livre qu'il fut disciple de Pythagore ; mais qu'ayant été surpris, comme Platon, dans un larcin de papiers, il ne fut plus admis aux conversations de ce philosophe. C'est de lui qu'Empédocle parle dans ces vers : Entre celui-là était un homme qui connaissait les choses les plus sublimes, et qui possédait plus que personne les richesses de l'âme. D'autres prétendent qu'en s'énonçant ainsi, Empédocle avait égard à Parménide. [8,55] Néanthe rapporte que les pythagoriciens avaient coutume de converser ensemble jusqu'au temps de Philolaüs et d'Empédocle ; mais que, depuis que celui-ci eut divulgué leurs sentiments par ses vers, on fit une loi qu'aucun poète ne serait admis dans leurs entretiens. On raconte la même chose de Platon, qui pour un pareil cas fut exclu du commerce des pythagoriciens. Cependant Empédocle ne désigne pas lequel de ces philosophes fut celui dont il étudia les préceptes; et on ne peut guère ajouter foi à une prétendue épître de Télauge, où il est dit qu'il s'attacha à Hippase et à Brontin. Selon Théophraste, il fut l'émule de Parménide, lequel il se proposa pour modèle dans ses poésies. En effet, il parle dans ses vers de la doctrine de la nature ; [8,56] mais Hermippe soutient que ce fut Xénophane, et non Parménide, qu'Empédocle voulut égaler; qu'ayant été longtemps en liaison avec le premier, il en imita le génie poétique, et qu'ensuite il fréquenta les pythagoriciens. Alcidamas, dans sa Physique, rapporte que Zénon et Empédocle prirent dans le même temps les instructions de Parménide ; mais qu'après s'être séparés, Zénon continua ses études de philosophie en particulier, et qu'Empédocle se mit sous la discipline d'Anaxagore et de Pythagore, ayant imité l'un dans ses recherches sur la nature, et l'autre dans la gravité de ses mœurs et de son extérieur. [8,57] Aristote, dans son ouvrage intitulé le Sophiste, attribue à Empédocle l'invention de la rhétorique, et donne celle de la dialectique à Zénon. Dans son livre des Poètes, il dit qu'Empédocle ressemblait beaucoup à Homère, qu'il avait l'élocution forte, et qu'il était riche en métaphores et en d'autres figures poétiques. Il composa entre autres un poème sur la descente de Xerxès en Grèce, et un hymne à Apollon ; pièces que sa sœur ou sa fille, assure Jérôme, mit au feu, l'hymne sans y penser, mais les Persiques à dessein, sous prétexte que c'était un ouvrage imparfait. [8,58] Le même auteur veut qu'Empédocle ait aussi écrit des tragédies et des ouvrages de politique ; mais Héraclide, fils de Sérapion, prétend que les tragédies qu'on lui suppose sont d'un autre. Jérôme atteste qu'il lui en est tombé quarante-trois entre les mains, et Néanthe certifie avoir lu des tragédies faites par Empédocle dans le temps de sa jeunesse. Satyrus, dans ses Vies, le qualifie médecin et excellent orateur. La preuve qu'il en allègue est qu'il eut pour disciple Gorgias de Léonte, fameux en ce genre de science, et qui a laissé des règles sur l'art de bien dire. Apollodore, dans ses Chroniques, remarque que Gorgias vécut jusqu'à l'âge de cent neuf ans, [8,59] et Satyrus raconte qu'il disait avoir connu Empédocle exerçant la magie. Lui-même en convient dans ses poésies, lorsqu'entre autres choses il dit : Vous connaîtrez les remèdes qu'il y a pour les maux et pour soulager la vieillesse ; vous serez le seul à qui je donnerai ces lumières. Vous réprimerez la fureur des vents infatigables qui s'élèvent sur la terre, et dont l'haleine dessèche les champs labourés ; ou bien, si vous voulez, vous pourrez exciter les ouragans, vous ferez naître la sécheresse dans les temps pluvieux, vous ferez tomber dans les saisons les plus arides ces torrents d'eau qui déracinent les arbres et gâtent les moissons; vous pourrez même évoquer les morts. [8,60] Timée, dans le dix-huitième livre de ses Histoires, dit aussi qu'Empédocle se fit admirer à plusieurs égards: qu'un jour surtout les vents périodiques, qu'on nomme étésiens, s'étant élevés avec tant de violence qu'ils gâtaient tous les fruits, il ordonna qu'on écorchât des ânes, que de leur peau on fit des outres, qu'ensuite on les plaçât au haut des collines et sur les sommets des montagnes pour rompre le vent, lequel cessa en effet ; ce qui le fit surnommer Maître des vents. Héraclide, dans son livre des Maladies, assure qu'Empédocle dicta à Pausanias ce qu'il a écrit touchant une femme que l'on tenait pour morte. Selon Aristippe et Satyrus, il avait pour Pausanias une amitié si particulière, qu'il lui dédia son ouvrage sur la nature, en employant ces termes : Écoute-moi, Pausanias, fils du sage Anchite. Il lui fit encore l'épigramme suivante : [8,61] Cela est la patrie du célèbre disciple d'Esculape ; de Pausanias, surnommé fils d'Anchite; de celui qui a sauvé du pouvoir de Proserpine plusieurs malades attaqués de langueurs mortelles. Héraclide définit cet empêchement de la respiration, un état dans lequel le corps peut se conserver trente jours sans respiration et sans battement de pouls. De là vient qu'il appelle Empédocle médecin et devin; ce qu'il infère encore de ces vers : [8,62] Je vous salue, chers amis, qui habitez la fameuse et grande cité près des rives dorées du fleuve Acragas ! Vous ne vous attachez qu'à des choses utiles, et je vous parais un Dieu plutôt qu'un mortel, lorsque je viens, honoré convenablement de tout le monde, me rendre auprès de vous. Quand, orné de couronnes ou de guirlandes, j'approche de ces florissantes villes, les hommes et les femmes viennent en foule me rendre leurs hommages. Je suis accompagné de ce grand nombre de gens qu'attire la recherche du gain, de ceux qui s'appliquent à la divination, de ceux enfin qui souhaitent d'acquérir la science de connaître les maladies et de procurer la santé. [8,63] Empédocle appelait Agrigente une ville considérable, parce que, dit Potamilla, elle contenait huit cent mille habitants. De là ce mot d'Empédocle sur la mollesse de cette ville : Les Agrigentins jouissent des plaisirs avec autant d'ardeur que s'ils devaient mourir demain, et bâtissent des maisons comme s'ils avaient toujours à vivre. Cléomène, chantre de vers héroïques, récita à Olympie ceux qu'Empédocle fit pour l'usage des expiations, comme le rapporte Phavorin dans ses Commentaires. Aristote dit qu'Empédocle avait de généreux sentiments, et qu'il était si éloigné de tout esprit de domination, qu'au rapport de Xanthus, qui vante ses qualités, la royauté lui ayant été offerte, il la refusa par prédilection pour une condition médiocre. [8,64] Timée ajoute à ce trait le récit d'une occasion où il fit voir qu'il avait le cœur populaire. Il fut invité à un repas par un des principaux de la ville ; et comme on se mit à boire avant que de servir sur table, Empédocle, témoin du silence des autres conviés, s'impatienta, et ordonna qu'on apportât de quoi manger. Le maître du logis s'excusa sur ce qu'il attendait un officier du conseil. Il arriva enfin ; et ayant été établi roi de la fête par les soins de celui qui donnait le régal, il fit entrevoir assez clairement des dispositions à la tyrannie, on voulant que les conviés bussent, ou qu'on leur répandit le vin sur la tête. Empédocle se tut ; mais le lendemain il convoqua le conseil, fit condamner à mort cet officier, et celui qui avait fait les frais du repas. Tel fut le commencement de la part qu'il prit aux affaires publiques. [8,65] Une autre fois, le médecin Acron priait le conseil de lui assigner une place où il pût élever un monument à son père, comme ayant surpassé tous les médecins en savoir. Empédocle empêcha qu'on ne lui octroyât sa demande, tant par des raisons prises de l'égalité, que par le discours qu'il lui tint : Quelle inscription voulez-vous, lui demanda-t-il, qu'on mette sur le monument ! Sera-ce cette épitaphe : Le grand médecin Acron d'Agrigente, fils d'un père célèbre, repose ici sous le précipice de sa glorieuse pairie. D'autres traduisent ainsi le second vers, Ce grand tombeau contient une grande tête. Il y a des auteurs qui attribuent cela à Simonide. Enfin Empédocle abolit le conseil des mille, et lui substitua une magistrature de trois ans, dans laquelle il admettait non seulement les riches, mais aussi des personnes qui soutinssent les droits du peuple. [8,66] Timée, qui parle souvent de lui, dit pourtant qu'il ne paraissait pas avoir un système utile au bien de sa patrie, parce qu’il témoignait beaucoup de présomption et d'amour-propre, témoin ce qu'il dit dans ces vers : Je vous salue ! Ma personne vous paraît celle d'un dieu plutôt que d'un mortel, quand je viens vers vous ; et le reste. On raconte que lorsqu'il assista aux jeux olympiques, il attira sur lui l'attention de tout le monde; de sorte que dans les conversations on ne s'entretenait de personne autant que d'Empédocle. [8,67] Néanmoins, dans le temps qu'on rétablit la ville d Agrigente, les parents de ses ennemis s'opposèrent à son retour; ce qui l'engagea à se retirer dans le Péloponnèse, où il finit sa vie. Timon ne l'a pas épargné; au contraire, il l'invective dans ces vers : Empédocle, hérissé de termes du barreau, et en ceci supérieur aux autres, créa des magistrats qui avaient besoin qu'on leur donnât des seconds. Il y a différentes opinions sur le sujet de sa mort. Héraclide, qui détaille l'histoire de la femme censée n'être plus en vie, dit qu'Empédocle l'ayant ranimée, et mérité beaucoup de gloire par ce prodige, fit un sacrifice dans le champ de Pysianacte, [8,68] auquel il invita ses amis, du nombre desquels fut Pausanias ; qu'après le repas, quelques uns se retirèrent pour se reposer, quelques autres se mirent sous les arbres d'un champ voisin, d'autres s'en allèrent où ils voulurent ; qu'Empédocle se tint dans la place qu'il avait occupée pendant le repas; que le lendemain chacun s'étant levé, il n'y eut qu'Empédocle qui ne parut point ; qu'on le chercha, et questionna les domestiques pour savoir ce qu'il était devenu; qu'un d'entre eux déclara qu'à minuit il avait entendu une voix forte qui appelait Empédocle par son nom ; que là-dessus il s'était levé, mais qu'il n'avait aperçu rien autre chose qu'une lumière céleste et la lueur de flambeaux : que ce discours causa une surprise extrême ; que Pausanias descendit de la chambre, et envoya des gens à la découverte d'Empédocle ; qu'enfin il cessa de se donner des peines inutiles, en disant qu'Empédocle avait reçu un bonheur digne de la dévotion qu'il avait fait paraître, et qu'il fallait lui immoler des victimes comme à un homme élevé au rang des dieux. [8,69] Hermippe contredit Héraclide, en ce que le sacrifice fut offert à l'occasion d'une femme d'Agrigente nommée Panthée, qu'Empédocle avait guérie, quoique abandonnée des médecins : à quoi il ajoute que le nombre de ceux qu'il avait invités se montait à près de quatre-vingts personnes. Hippobote raconte qu'à son réveil Empédocle prit le chemin du mont Etna, qu'il se précipita dans les ouvertures de cette montagne, et disparut ainsi, dans le dessein de confirmer par là le bruit de son apothéose ; mais que la chose se découvrit par une sandale, travaillée avec de l'airain, que le volcan rejeta en vomissant des flammes, et que l'on reconnut être une des siennes, telles qu'il avait coutume d'en porter. Néanmoins ce fait fut toujours démenti par Pausanias. [8,70] Diodore d'Éphèse, en parlant d'Anaximandre, dit qu'Empédocle le prenait pour modèle, qu'il l'imitait dans ses expressions ampoulées, et affectait la gravité de son habillement. On ajoute à cela que les habitants de Sélinunte, étant affligés de la peste causée par l'infection d'une rivière voisine qui exhalait de si mauvaises odeurs qu'elles produisaient des maladies et faisaient avorter les femmes, Empédocle imagina de conduire à ses propres dépens deux autres rivières dans celle-là, pour en adoucir les eaux par ce mélange ; qu'effectivement il fit cesser le fléau ; qu'ensuite il se présenta aux Sélinuntiens pendant qu'ils assistaient à un festin auprès de ce fleuve; qu'à son aspect ils se levèrent, et lui rendirent les honneurs divins; que ce fut pour les confirmer dans l'opinion qu'il était un dieu, qu'il prit la résolution de se jeter dans le feu. [8,71] Mais ce récit est contesté par Timée, qui dit formellement qu'il se retira dans le Péloponnèse, d'où il ne revint jamais; de sorte qu'on ne sait de quelle manière il finit ses jours. Dans son quatrième livre, il prend à tâche de décréditer le récit d'Héraclide, en disant que Pysianacte était de Syracuse, qu'il n'avait point de champ à Agrigente ; et qu'au reste ce bruit s'étant répandu touchant Empédocle; Pausanias, qui était riche, érigea à sa mémoire un monument, soit statue ou chapelle. « Et comment, poursuit-il, Empédocle se serait-il jeté dans les ouvertures du mont Etna, lui qui n'en fit jamais mention, quoiqu'il ne demeurât pas loin de là? [8,72] Il mourut donc dans le Péloponnèse; et on ne doit pas être surpris si on ne rencontre pas son sépulcre, puisqu'on ignore la sépulture de plusieurs autres. » Timée conclut, en reprochant à Héraclide la coutume d'avancer des paradoxes, jusqu'à parler d'un homme tombé de la lune en terre. Hippobote dit qu'Empédocle eut d'abord à Agrigente une statue couverte dressée à son honneur, mais qu'ensuite elle fut placée découverte vis-à-vis le sénat des Romains, qui la transportèrent dans cet endroit. Il est aussi représenté dans quelques tableaux, qui existent encore. Néanthe de Cyzique, qui a écrit sur les pythagoriciens, rapporte qu'après la mort de Méton, la tyrannie commença à s'établir, et qu'Empédocle persuada aux Agrigentins de calmer leurs séditions et de conserver l'égalité dans leur gouvernement. [8,73] Comme il possédait de gros biens, il dota plusieurs filles qui n'en avaient pas ; et Phavorin, dans le premier livre de ses Commentaires, dit qu'il était dans une si grande opulence qu'il portait la pourpre, un ornement d'or autour de la tête, des sandales d'airain, et une couronne delphienne. Il avait la chevelure longue, l'air imposant, se faisait suivre par des domestiques, et ne changeait jamais de manière et d'arrangement. C'est ainsi qu'il paraissait en public, et l'on remarquait dans son maintien une sorte d'apparence royale qui le rendait respectable. Enfin, un jour qu'il se transportait en chariot à Messine pour y assister à une fête solennelle, il tomba, et se cassa la cuisse, accident dont il mourut à l'âge de soixante-dix sept ans. Il a son tombeau à Mégare. [8,74] Aristote est d'un autre avis touchant son âge. Il ne lui donne que soixante ans de vie, d'autres cent neuf. Il florissait vers la quatre-vingt-quatrième olympiade. Démétrius de Trézène, dans son livre contre les Sophistes, nous apprend, en se servant des expressions d'Homère, qu'ayant pris un licou, il se pendit à un cornouiller fort haut, afin que son âme descendit de là aux enfers. Mais, dans la lettre de Télauge, dont nous avons parlé, il est dit qu'il tomba dans la mer par un effet de vieillesse, et qu'il s'y noya. Telles sont les opinions qu'on a sur sa mort. Voici des vers satiriques qui se trouvent sur son sujet dans notre recueil de vers de toutes sortes de mesures : [8,75] Empédocle, tu as purifié ton corps par le moyen des flammes dévorantes qui s'élancent continuellement au travers des ouvertures de l'Etna. Je ne dirai pas que tu t'y es plongé de propos délibéré. Qu'on ignorât ton sort, c'était là ton dessein ; mais qu'il t'en coûtât la vie n'était pas ta volonté. En voici encore d'autres : Empédocle, dit-on, mourut d'une chute de chariot, qui lui cassa la cuisse droite. S'il fut assez malavisé pour s'être jeté dans les ouvertures du mont Etna, comment se peut-il que ses os reposent dans son sépulcre à Mégare? [8,76] Au reste, Empédocle croyait qu'il y a quatre éléments, le feu, l'eau, la terre et l'air, accompagnés d'un accord qui les unit, et d'une antipathie qui les sépare. Il les nomme : le prompt Jupiter, Junon qui donne la vie, Pluton, et Nestis qui remplit de larmes les yeux des humains. Jupiter est le feu, Junon la terre, Pluton l'air, et Nestis l'eau. Il ajoute que ces éléments, sujets à de continuels changements, ne périssent jamais, et que cet ordre de l'univers est éternel. Il conclut enfin que tantôt une correspondance unit ces parties, et que tantôt une contrariété les fait agir séparément. [8,77] Il estimait que le soleil est un amas de feu, et un astre plus grand que la lune; que celle-ci ressemble à un disque pour la figure ; que le ciel est semblable à du cristal, et que l’âme revêt toutes sortes de formes de plantes et d'animaux. Il assurait qu'il se souvenait d'avoir été autrefois jeune garçon et jeune fille, plante, poisson et oiseau. On a en cinq cents vers ce qu'il a composé sur la nature et sur les expiations, et en six cents ce qu'il a écrit de la médecine. Nous avons parlé plus haut de ses tragédies.