Livre second I LE SAINT PEUPLE CACHÉ DU TOUT-PUISSANT CHRIST, DIEU VIVANT Il attend, le saint peuple caché des derniers jours et, à la vérité, sa retraite nous est inconnue. Ils sont là, neuf tribus et une demie (deux tribus et une demie sont restées chez nous) et Christ leur a ordonné de vivre selon la première Loi. 5 Vivons tous maintenant comme une nouvelle tradition de la Loi, qui est la Loi même, nous l'enseigne : je vous l'apprends assez clairement. Deux tribus et une demie ont été laissées chez nous : pourquoi cette demi tribu ? c'est pour qu'elle fournil les martyrs lorsqu'il apporterait la guerre à ses élus dans le monde; 10 ou encore, en vérité, pour que le choeur des saints prophètes, que les chevaux furieux massacrèrent sous leurs sabots, surgît sur cette foule et lui imposât le frein et qu'elle ne se ruât pas dans les mains de l'ennemi pour avoir la paix. Ces neuf tribus et demie furent éloignées afin que les mystères du Christ 15 tout entiers soient accomplis par elles sur toute la terre. Or, elles sont nées du crime de deux frères. Ceux sous les auspices de qui elles ont suivi le crime, n'ont-ils pas justement été dispersés tout sanglants? Les douze tribus se réuniront de nouveau pour les mystères dans les camps de Dieu 20 et les récits de la Loi alors s'accompliront en hâte; Christ tout-puissant descend vers ses élus, qui nous furent cachés si longtemps et sont devenus tant de milliers : c'est la vraie nation céleste. Là, le fils ne meurt pas avant le père et les douleurs 25 ils ne les ressentent pas dans leurs corps, ni les ulcères. Ils se retirent de bonne heure dans leurs lits de repos: accomplissant toutes les choses de la Loi, ils sont protégés. Ils reçoivent l'ordre de quitter ces pays et de venir vers le Seigneur et, comme jadis, le fleuve est à sec devant eux, 30 et avec eux aussi Dieu lui-même s'avance; il a traversé et il vient vers nous; ils viennent avec le roi céleste. Que dirais-je de leur voyage que Dieu conduira? Les monts s'abaissent devant eux et les fontaines jaillissent; la nature se réjouit de voir le peuple céleste. 35 Ceux-ci pourtant courent défendre leur mère captive. Or, le Roi impie, qui y domine, apprenant cela, se réfugie dans les régions du Nord et assemble tous ses sujets. Mais lorsque le tyran se heurte à l'armée de Dieu, la terreur du ciel prosterne ses soldats 40 et lui-même il est pris avec l'exécrable faux prophète. Par l'ordre de Dieu, ils sont livrés vifs à la géhenne: puis les grands et les chefs sont obligés de servir à leur tour. Alors les saints entreront dans le giron de leur antique mère, pour que goûtent enfin la fraîcheur ceux que le méchant 45 torturait dans les supplices... (sens obscur.) Voici la fin, l'heure où sont levés les scandales du monde. Le Seigneur commencera à juger par le feu. II LA FIN DE CE MONDE Néron ayant disparu, la trompette au ciel donne le signal, et il y ii soudain des ténèbres avec un ébranlement du ciel. Le Seigneur baisse les yeux et la terre tremble; Il crie aussi afin que tous l'entendent dans le monde : « Voici : longtemps je me suis tu et j'ai durant des siècles souffert vos actions! » Ils crient tous à la fois, se plaignant, gémissant trop tard: on hurle, on pleure, plus de délai aux méchants : que fera la mère pour son nourrisson quand elle brûlera elle-même? Dans la flamme du feu le Seigneur jugera les méchants. Or, les justes, le feu ne les touchera pas, mais plutôt il les léchera. 10 Les hommes sont là tous ensemble, mais une partie pleurera sous la sentence. La chaleur sera si grande que les pierres fondront; les vents s'assemblent en tonnerre, la colère du ciel fait rage et, partout où il fuit, le méchant est saisi par le feu; il n'y aura aucun recours, aucune arche marine. 15 Pourtant la flamme conservera la moitié des gentils, pour que, durant mille ans, ils portent les corps des saints, mais, après mille ans, ils sont livrés à la géhenne, et se consument avec le monde qu'ils chérissaient. III LA RÉSURRECTION PREMIERE Du ciel descend la cité à la première résurrection, et que dirions-nous de l'immense demeure céleste? Nous ressuscitons ceux-là qui fûmes ses dévots et, désormais, les incorruptibles vivront sans connaître la mort, et il n'y aura nulle douleur, nul gémissement. 5 Et là aussi viendront ceux qui, sous l'Antéchrist, surmontent les rudes tortures et ils vivent tout le temps el ils reçoivent des biens parce qu'ils ont supporté des maux; et ils engendrent, dans des noces, pendant mille ans. Là sont rassemblés tous les tributs de la terre 10 parce que la terre, sans fin renouvelée, les répand avec abondance. Il n'y a ni pluie, ni froidure dans cette ville d'or, ni sièges, comme aujourd'hui, ni rapines. El cette cité n'a pas besoin de la lumière des lampes; elle brille de la clarté de Dieu et jamais n'y règne la nuit. 15 Elle est large de douze mille stades et longue et haute pareillement : sa base touche la terre, mais son sommet atteint le ciel dans sa cité, devant ses portes, elle luira d'elle-même comme la lune; le méchant, enchaîné dans l'angoisse, nourrira les justes, et, durant mille années, Dieu fournit toutes choses. 30 IV LE JOUR DU JUGEMENT. Sur le jour du jugement, pour les incrédules, j'ajoute. Le feu de Dieu a été lancé une deuxième fois; la terre, dans la fin dernière, pousse un gémissement; sur la terre, les nations, comme en ce jour, seront toutes incrédules, et cependant le feu évite le camp des saints. 5 La nature entière n'est plus qu'une flamme; la terre brûle dans ses profondeurs et les montagnes se liquéfient; de la mer rien ne reste : elle est vaincue par le feu puissant. Ce ciel périt, avec ces astres, et cette terre est transformée. Et une autre nouveauté éternelle se compose pour le ciel, pour la terre. 10 Puis, ceux qui le méritent, sont envoyés dans la seconde mort, mais les justes sont logés dans de secrets habitacles V AUX CATÉCHUMÈNES Croyants en Christ qui avez abandonné les idoles, tous je vous conseille, en peu de mots, pour votre salut. Si, aux premiers temps, tu vivais dans l'erreur, voué au Christ désormais abandonne toutes choses, et, puisque tu connais Dieu, sois bonne recrue, soldatéprouvé, 5 et que ta virginale pudeur vive dans l'Agneau Que l'esprit des bons reste en éveil : garde-toi de pécher, comme jadis; le baptême enlève seulement la tache originelle. Si quelque catéchumène vient à pécher, il esl frappé d'une peine; marqué d'une peine, tu pourras vivre en Christ, mais non sans dommage. 10 Avant tout : évite toujours les fautes graves. VI AUX FIDÈLES Que les fidèles, je les en prie, arrachent leurs frères à la haine : on impute aux martyrs des haines impies dans le feu du supplice; le martyr est détruit devant Dieu dont la confession est souillée de haine. et il n'est pas enseigné que le sang versé lave le péché. La Loi est donnée au méchant pour qu'il puisse se refréner.5 Mais il doit se garder du mal comme lui-même tu le dois. Tu pèches doublement contre Dieu si lu cherches chicane à ton frère. Tu ne réchapperas pas, si tu persévères dans le vieux péché. Tu as été lavé une fois; pourras iu donc être plongé de nouveau dans le baptême? VII FIDÈLES, GARDEZ-VOUS DU MAL Ils se laissent prendre comme les oiseaux et les bêtes sauvages dans les l'orèts. les ignorants qui ont reçu un esprit imprudent, et ils sont trompés par la ruse comme par un appât, et ils ne savent éviter le mal ni ne sont retenus par la loi. L'homme a reçu la loi et une doctrine de vie 5 dont il doit se souvenir s'il veut vivre en sécurité, et à la place qui lui convient, et retrancher de sa vie les oeuvres de morl. Celui qui manque au Roi se condamne gravement lui-même: lié de fer ou jeté à bas de son grade, ou privé de la vie, il perd un bien dont il aurait du jouir. 10 Instruits par l'exemple, ne veuillez pécher gravement; vous que le baptême a transmis à la vie pratiquez surtout la charité et évitez de loin l'appât de la souricière où est la mort. Il y a beaucoup de martyres où le sang n'est pas répandu : ne pas envier le bien d'autrui... (sens obscur) 15 refréner ta langue, t'humilier, ne faire volontairement la violence ni la rendre : voilà ton devoir. Ton àme a-t-elle été patiente, sache que tu es un martyr. VIII AUX PÉNITENTS Tu es devenu pénitent : nuit et jour prie, sans t'écarter pourtant trop loin de ta mère, et le Très-Haut pourra t'ètre miséricordieux. Ainsi donc, la confession de la faute ne sera pas en vain. Dans ta faute assieds-loi à terre et pleure devant tous. 5 Si tu as une profonde blessure, requiers le médecin, et, même dans tes peines, alors tu pourras adoucir ton mal. Et certes j'avouerai que moi aussi j'ai été des vôtres, el j'ai senti de môme la terreur de la ruine. Aussi, je conseille à ceux qui sont blessés de marcher prudemment; 10 qu'ils souillent leur barbe et leur chevelure avec la poussière de la terre, qu'ils se vêtent d'un sac et supplient le Roi suprême. Il le secourra afin que tune viennes à disparaître d'entre son peuple. IX CEUX QUI APOSTASIERENT Pendant la guerre et lorsque l'ennemi inonde le pays, qui peut vaincre ou se cacher, grands trophées pour lui; mais malheureux qui est pris. Il perd et sa patrie et son roi celui qui, l'ayant pu. avec honneur, n'a voulu combattre ni pour la patrie, ni pour la vie. 5 Il aurait du mourir plutôt que d'aller servir sous un roi barbare, lui qui eût pu porter tu servitude aux ennemis sans loi. Toi, si, dans le combat, tu meurs à terre, tu as vaincu; mais si lu te rends à l'ennemi, sain et sauf, tu es mort de par la loi. L'ennemi passe le fleuve, cache-toi en lieu sûr; 10 et s'il peut entrer dans le pays, même alors ne cesse pas de te garder. Assure-toi de tous cotés et les tiens aussi, tu as vaincu! Et prends garde que nul n'assaille tes biens. Le Roi sera déshonoré si quelqu'un se révèle à l'ennemi; qui ne sait pas vaincre et court se livrer, 15 ni pour lui-même, ni pour sa patrie, n'acquiert de gloire, le fou ! Il a voulu vivre et il périra avec la vie. Ensuite s'il revient pauvre ou profane du camp ennemi, pareil à la cymbale sonore ou à l'aspic sourd, il doit prier abondamment et cacher sa honte. 20 X LES ENFANTS L'ennemi est venu soudain, épandant la guerre comme une onde, et, avant qu'ils pussent fuir, il a saisi les tout-petits sans défense, Il ne les faut pas blâmer si on les voit aujourd'hui esclaves, et, pourtant, je ne les excuse pas; pour les fautes de leurs pères, sans doute, ils méritèrent ce châtiment; aussi Dieu les livra. 5 Cependant je les exhorte adultes à revenir dans le giron et à renaître de nouveau au ventre de leur mère. Qu'ils fuient une race terrible et toujours ensanglantée, impie et rebelle et qui vit la vie des bêtes; et, s'il faut jamais faire de nouveau la guerre, 10 celui qui pourra vaincre ou saura sûrement se garder... ........... XI LES DÉSERTEURS Il n'y a pas une seule espèce de déserteurs : l'un est perdu sans retour, l'autre s'esl relire dans l'hérésie, et pourtant l'un et l'autre méritent d'être jugés déserteurs. Voici : on combat; on obéit au Christ comme à César. Réfugie-toi auprès du Roi, si tu as péché; 5 implore-le et, couché à terre, parle-lui : il t'accordera toutes choses lui, le maître de tous nos biens. Quand tu auras regagné le camp, veille à ne plus pécher. Soldat, cesse d'errer plus longtemps à travers les repaires des bêtes. Que ta grande affaire soit désormais de renoncer au mal. 10 XII AUX SOLDATS DU CHRIST Tu t'es engagé dans la milice : le voilà tenu au frein. Commence donc maintenant ton métier : renonce à ton ancienne vie, fuis les luxures, car le travail sollicite les armes; il te faut obéir de toute ta vertu à l'ordre du Roi, si tu veux gagner les temps derniers de la délectation. 5 Attends toujours en bon soldat ces époques dont tu jouiras; ne sois pas indulgent pour toi-même, secoue toutes tes paresses; afin d'être chaque jour prêt à la tâche désormais; sois en éveil, de bon matin relis le mot d'ordre. Quand tu verras la guerre songe que les combats sont prochains : 10 c'est la gloire du Roi de voir le soldat prêt à la lutte. Le Roi assiste celui qu'il a choisi; il lutte pour votre espoir; il lui garde ses dons; il est heureux de sa victoire, il l'accueille et le proclame son serviteur. Toi, ne t'épargne pas dans tes fautes, 15 surtout sois ardent dans le combat, afin que Dieu te donne la gloire en échange de la mort. XIII LES TRANSFUGES Les âmes des damnés ont raison de se séparer elles-mêmes du Christ. Loin de ce protecteur, elles reviennent à leurs origines. La race de Chanaan, semence maudite, s'insurge et fuit dans une nation servile, sous un roi barbare; la flamme éternelle les torturera au jour fixé. 5 Le profane vagabond veut errer sans discipline, et marcher dans les gorges de la montagne, dépouillé de la loi : de tels hommes donc, que nul châtiment n'a retenus, s'ils ne veulent abandonner les idoles, doivent être rejetés. XIV LA SEMENCE D'IVRAIE La semence d'ivraie, mêlée au peuple de l'Eglise, le temps de la moisson venu, sera séparée de la récolte. L'ivraie est née que le maître du champ n'avait pas semée. Le paysan ramasse toute l'ivraie et la sépare du reste. La loi nous est un champ : à qui de nous fera le bien, 5 donne en tout le vrai repos, le Maître lui-même; mais l'ivraie est brûlée dans le feu. Si donc vous pensez que tous dans l'Eglise demeurent confondus, vous vous trompez : je proclame que vous êtes des chrétiens stériles. Le figuier sans fruit a été maudit 10 par la parole du Seigneur et aussitôt il s'est desséché. Vous ne faites pas d'oeuvres, vous ne recueillez pas de dons pour le trésor d'Eglise : est-ce ainsi, hommes vains, que vous pensez mériter Dieu ? XV AU NÉGLIGENT Tu négliges la loi qui fut si hautement proclamée, la loi favorable donl la voix céleste crie dans la trompette. Qu'un prophète seulement l'eût proclamée, dans la nuée, la parole de Dieu ainsi transmise nous suffirait certainement. Mais dans les livres aussi de nombreux prophètes, la voix de Dieu crie; 5 nul ne chasse, comme il conviendrait le mal de son coeur; tu veux voir les biens promis et tu cherches à vivre de fraude. Pourquoi donc la Loi fut-elle produite avec tant de soin ! Tu n'observes pas les ordres du Seigneur et tu te dis son fils; si tu es tel, tu as en vain confiance, 10 car le Tout-Puissant cherche des fils soumis, droits, des coeurs solides, dévoués à sa loi divine; quant aux rebelles, vous savez déjà où il les plonge. XVI QU'IL FAUT FUIR EN TOUT LES CHOSES DU SIÈCLE Si certains docteurs, parce qu'ils attendent vos cadeaux ou redoutent vos personnes, vous permettent toutes choses, moi je ne suis pas docteur, mais je suis forcé de dire le vrai. Avec le troupeau du Malin, tu cours aux spectacles de vanité, où Satan préside à la pompe des fêtes dans les clameurs. 5 Tu te persuades que tout ce qui te plaîl est permis. Fils du Très-Iïaut, mêlé aux fils du Diable, ne veux-tu pas reconnaître les vieilles choses auxquelles tu renonças? De nouveau tu t'y abandonnes : à quoi te servira l'Unique? Et si tu appelles paresse la solle impiété... 10 .................... Ne veuillez aimer le monde ni son faste. Très grave est la parole de Dieu et elle le semble chose légère. Tu gardes le commandement de l'homme et lu fuis celui de Dieu; tu comptes sur les présents qui ferment la bouche aux docteurs 15 et les font taire et les empêchent de te dire les ordres divins. Je dis la vérité comme je la dirais à des enfants, songe au Très-Haut. Celui dont tu étais le fils, proclame-toi son serviteur. Si tu veux vivre à la manière des gentils, homme de la foi, les joies du monde t'éloigneront de la grâce du Christ; 20 homme sans discipline, l'agréable In oses le croire permis, et tu cours aux choeurs du théâtre et aux chants en musique, et il ne t'importe pas que tes lils perdenl la tête dans ces folies. Tu crois jouir de la vie, mais tu erres sans prévoir. Le Très-Haut ordonne et tu fuis ses justes commandements. 25 XVII LE PORTRAIT DU CHRÉTIEN Puisque le Seigneur ordonne de manger le pain dans les gémissements, que fais-tu donc maintenant, toi qui désires vivre joyeux? tu veux annuler la sentence envoyée par le Très-Haut; mais vois : le frein de la loi a été nécessaire au premier homme. Si le Dieu tout-puissant a ordonné de vivre dans la sueur, 5 toi qui te réjouis, tu lui seras bientôt étranger. L'Ecriture nous d'il (pu- le Seigneur s'indigna contre les Juifs : les fils de Dieu restaurés par la nourriture se levèrent pour jouer. Maintenant donc, pourquoi imitons-nous ceux qui d'eux-mêmes sont partis? Ils ont péri du mal : sachons nous en garder. 10 La plupart d'entre vous s'abandonnent aux luxures. Tu transgresses la Loi quand tu fréquentes les musiciens; l'apôtre (que dis-je ?), Dieu crie par l'Apôtre : « Vos débauches vous perdent, dit-il dans la Loi ». Sois donc tel que te veut le Christ; 15 calme et joyeux en lui, mais sombre pour le monde, cours, travaille, sue, lutte avec la tristesse. L'espoir vient avec le labeur et la palme est donnée à la victoire; si tu souhaites rafraîchir ton âme, tu iras vers les martyrs. Attends, dans le passage de la mort, le repos de l'avenir. 20 XVIII AUX MATRONES DE L'EGLISE DU DIEU VIVANT Tu veux que les matrones chrétiennes soient les reines du siècle; tu te couvres d'or et d'habits de soie, ô pudique; tu rejettes au vent, loin de tes oreilles, la terreur de la Loi; tu aimes les vanités et toute la pompe du Diable; tu frises, au miroir, la chevelure en boucle sur ton front 5 et tu répands sur ta joue les onguenls menteurs, sur tes yeux puis la poudre noire au charme pervers, ou encore tu teins les cheveux pour qu'ils restent bruns en tout temps. Or, Dieu nous voit et il lit dans tous les coeurs, Au reste, pour les femmes chastes ces apprêts ne sont pas nécessaires; 10 en toute pudeur et chasteté, frappez-vous la poitrine. La loi de Dieu atteste que les femmes coquettes s'élôigent de la Loi. La femme croyante, au fond du coeur, doit plaire à son mari par une âme pure, non par le luxe du vêlement. Revêtez les habits nécessaires pour vous garder du froid 15 ou du grand soleil et contentez-vous de plaire à un mari pudique; et dans la plèbe de Dieu montre les dons de ta richesse. Cette grande dame de jadis te donne l'exemple, Tabitha, qui gisait inanimée et que les prières des veuves ressuscitèrent. Par ses libéralités, non par son luxe, elle mérita d'être ainsi relevée de la mort. 20 Vous, dignes matrones, fuyez ce décor de vanité : l'attirail des courtisanes convient aux femmes débauchées; triomphez du Malin, pudiques femmes du Christ, et montrez, en donnant, toutes vos richesses. XIX ITEM AUX MÊMES Toi qui veux demeurer chrétienne, écoule la parole du bienheureux Paul et comme il t'ordonne de prier; Esaïe aussi, le docteur et l'auteur à la voix céleste, maudit celles qui professent l'amour du monde : « Les filles de Sion, dit-il, s'étant enorgueillies, tombèrent » 5 Dieu ne permet pas le luxe à la chrétienne fidèle. Veux-tu donc, à la façon des gentils, enfreindre les saints commandements ? Les hérauts de Dieu, qui crient dans la Loi, condamnent, comme impies, les femmes qui s'ornent ainsi. Vous teignez votre chevelure, vous noircissez vos yeux; 10 vous arrondissez en lune et égrenez sur votre front les mèches peintes de vos cheveux; vous colorez vos joues d'un rouge onguent et de lourdes boucles pendent à vos oreilles; vous chargez la beauté naturelle de votre cou de gemmes et d'or; vous liez d'un mauvais présage des mains dignes de Dieu. 15 Rappellerai-je votre vêlement et toute la pompe du Diable? Vous rejetez la Loi, préférant plaire au monde; vous dansez dans vos maisons; au lieu de psaumes, vous chantez les amours. Tu as beau être chaste, tu ne le purilies pas si tu suis ces modes néfastes. Aussi, vous et vos pareilles, Christ vous égale aux gentils. 20 La femme fidèle à Dieu montre ses richesses par son coeur. Chantant les hymnes qui lui plaisent, servez le Christ; brûlant de sa ferveur, au Christ offrez ce parfum. XX DANS L'EGLISE A TOUT LE PEUPLE DE DIEU Je ne suis pas un juste, mes frères, moi sorti fie l'égout, et je ne m'enorgueillis pas, mais je souffre pour vous, quand je vois que, d'un peuple si nombreux, nul n'est couronné dans le combat. Et, certes, que celui qui ne combat pas aide au moins les autres. Blâmez les vaincus et, vainqueurs, luttez contre la luxure ! 5 Ton frère lutte, sous les armes, contre le monde, et toi, appuyé sur tes richesses, tu n'attaques ni ne résistes à l'assaut? Insensé, ne comprends-tu pas qu'un seul est là qui combat pour beaucoup d'autres! L'Eglise entière est suspendue à sa victoire. Tu vois, ton frère ne mange pas et il lutte avec l'ennemi. 10 Tu souhaites vivre en paix dans le camp : lui, combat au dehors; sois miséricordieux au moins, si tu veux, avant tout, assurer ton salut. Ne songes-tu pas au Seigneur, à sa loi retentissante, qui ordonne de nourrir même nos ennemis? Veille à la nourriture quotidienne; sans cesse 15 et tous les jours de sa vie il mangea la sienne en compagnie des pauvres. Insensé, tu ne veux nourrir que qui te nourrira en retour. Veux-tu donc qu'il me donne à manger celui qui s'apprête à mourir? Ton ventre éclate et tu cries à la débauche d'autrui. Accablé de misère, ton frère dépérit à côté de toi. 20 Et, le dimanche, que feras-tu? Si un autre ne l'a appelé avant toi, fais lever le pauvre et conduis-le au repas. Dans un tel homme est l'espoir de votre relèvement? XXI A CELUI QUl VEUT LE MARTYRE Mon iils, puisque tu désires le martyre, écoute. Comme fut Abel ou comme fut ton maître, sois toi-même. Etienne aussi choisit pour sa route le droit chemin. Mais ce que tu souhaites est le lot de quelques heureux. Vaincs plutôt le méchant à force de bienfaits, vivant droitement. 5 Quand ton Roi t'aura vu, sois tranquille. Le temps lui appartient et notre conduite, bonne ou mauvaise. Vienne la guerre, les martyrs marcheront-ils dans la paix? A la vérité, beaucoup se trompent, disant : « Par notre sang, nous vainquons l'Impie »; l'Impie demeure permanent et ils ne veulent pas le vaincre. 10 L'impie en assaillant le juste périt et souffre à cause de cela. Mais l'homme fidèle à la Loi n'est pas puni au jugement. Gémis et servant Dieu avec ferveur, frappe la poitrine de tes poings. Si par tes bienfaits tu as vaincu, alors lu seras martyr. Toi donc qui désires subir le martyre pour le Verbe, 15 fais-toi, dans la paix, un vêtement de bonnes oeuvres et sois sans crainte. XXII LA GUERRE QUOTIDIENNE Tu demandes à combattre, insensé : comme si la guerre cesse jamais ! Du premier jour créé jusqu'à la fin, nous combattons. Le désir fond sur toi : c'est la guerre, lutte avec lui. La luxure te flatte : ne l'écoute pas, tu as gagné la bataille. Evite la compagnie du riche afin de ne pas errer à cause de lui; 5 retiens de médire la langue qui prie Dieu. Apaise ta colère; rends-toi pacifique à tous; garde-toi d'opprimer les plus petits que les misères accablent; dompte ton orgueil et ne nuis à personne. Vous dont le zèle est sincère, traversez le siècle par le droit sentier. 10 Dans tes richesses, rends-toi bienveillant aux tout-petits; donne sur le fruit de ton travail, vêts celui qui est nu, ainsi tu vaincras. Ne dresse à personne des embûches, serviteur de Dieu : considère ce qui causa la perte de l'ennemi envieux. Je ne suis pas docteur, moi, mais la Loi elle-même nous crie son enseignement. 15 Tu dis des paroles vaincs, si au même moment où tu restes oisif, tu réclames de subir le martyre pour le Christ. XXIII DE L'ARDEUR DE CONCUPISCENCE Tu désires, par là tu péris; la jalousie t'allume contre ton prochain et tu t'éteins toi-même (tu meurs) quand tu t'enflammes, pauvre égaré. Envieux, tu jalouses autrui qui s'enrichit par le mal et tu désires devenir aussi riche que lui. La Loi ne l'entend pas ainsi : tu t'appliques à cette besogne; 5 tout entier penché dessus, tu vis dans raideur du lucre. Cependant que, toi-même ton propre accusé, tu te juges et te condamnes, le regard avide de tes yeux n'est jamais rassasié. Maintenant donc centre en toi-même et songe : le désir est vain d'entasser tanl d'or durant celle vie fragile; 10 c'est pourquoi Dieu crie : « Insensé, cette nuil tu seras appelé à moi! » La dernière heure tombe : à qui tous ces talents? Tu brûles, à la fin, pour t'être fatigué après des gains iniques. Puisque à chacun Dieu fournit la nourriture de chaque jour qu'un autre entasse : toi, soucie-toi de bien vivre. 15 Et pourquoi, connaissant Dieu, poursuis-tu avanl tout ta nourriture? Je ne te dis ni te conseille de mourir. si, vivant sans fraude, lu veilles à les jouis. L'oiseau imprévoyanl meurl de faim ou se prend à la glu. Songe bien qu'il faut pourvoir en huile simplicité à la subsistance; que d'autres dépassent la mesure; loi observe-la toujours. XXIV A CEUX QUI DONNENT SUR LE BIEN MAL ACQUIS Pourquoi faire le généreux aux dépens d'autrui, méchant? Un autre pleure chaque jour de les largesses. Crois-tu que le Seigneur ne voit pas ees choses du haut des cieux? Le Très-Haut n'aime pas les dons des méchants, dit la Loi. Tu fonds sur les malheureux pour occuper une haute place. 5 Un autre donne, des présents au juge pour dépouiller son voisin; tu as prêté des sommes d'argent que l'intérêt a doublées, et tu veux faire des largesses pour te purifier sans doute du mal. Le Tout-Puissant repousse absolument de telles oeuvres. Candidat, lu donnes sur les larmes d'autrui; un autre, vêtu de noir, 10 écrasé par l'usure gémit de sa misère. Dès maintenant, d'ailleurs, quand il rencontre les voleurs, le peuple leur fait un mauvais parti : toi donc par l'argent saint et impie tu crois te purifier avec le fruit du vol; tu te trompes toi-même; tu ne trompes pas les autres, méchant. 15 XXV SUR LA PAIX TRAITRESSE Le temps marqué apporte aux nôtres la paix dans le monde et cependant la ruine menace le siècle qui sourit. Vous qui donnez des conseils au peuple, vous le poussez dans le schisme : observez donc la Loi ou sortez de la cité; vous apercevez la paille accrochée à nos yeux, 5 et dans vos yeux vous ne voulez pas voir la poutre. La paix traîtresse vient sur nous, la persécution brûle. Les blessures ne se voient pas et ainsi vous tombez sans lutter. La guerre se fait dans l'ombre sous le voile de la paix. De vous tous, un à peine a pris ses mesures. 10 O esprits nourris dans le mal et marqués pour la perdition! Vous louez cette paix traîtresse, funeste à votre salut; soldats d'un autre, non du Christ, vous vous perdez. XXVI AUX LECTEURS A certains lecteurs je recommande seulement d'étudier, de donner au monde l'exemple d'une bonne vie, de fuir la querelle et d'éviter en tout les procès, de refréner et de déposer tout orgueil. Rendez aussi aux anciens les justes hommages; 5 faites-vous, mes chers fils semblables au Christ votre maître; parmi les plantes des champs soyez des lis par vos bienfaits. Vous devenez bienheureux en obéissant aux préceptes de Dieu; vous êtes les fleurs dans le peuple, vous êtes les lampes du Christ. Gardez-vous tels que vous êtes et vous pourrez le rappeler. (?) XXVII AUX MINISTRES Diacres, pratiquez chastement le mystère du Christ, serviteurs suivez les ordres du Maître. Ne veuillez fuir le rôle du juge intègre, accomplissez votre charge en tous points, si vous êtes sages. Regardant en haut, toujours dévots au Dieu suprême, 5 exercez pour Dieu sans défaillance le saint ministère; dans foules les circonstances soyez prêts et donnez l'exemple ; inclinez vous-mêmes votre tête devant les pasteurs; ainsi vous serez approuvés du peuple du Christ. XXVIII AUX PASTEURS DE DIEU Si le pasteur a confessé sa foi, il a doublé l'épreuve. Car voici, selon l'apôtre, quels maîtres doivent être les pasteurs : que le guide soit patient, qu'il sache où lâcher les rênes; d'abord qu'il effraie et puis qu'il oigne de miel, et qu'il veille surtout à faire lui-même ce qu'il ordonne aux autres. 5 Le pasteur qui suit le siècle, retombe dans la faute, lui en face de qui on ose tout dire. La géhenne, dans l'enfer, bouillonne de rumeurs : malheur au peuple douteux qui hésite dans se. foi! avec un tel pasteur, le peuple tout entier est presque perdu. 10 Mais le pasteur dévot contient et gouverne droitement. L'essaim fidèle se réjouit sous les lions maîtres. En de tels hommes est l'espoir, en eux vit toute l'Eglise. XXIX JE PARLE AUX AINES Je suis seul, ainsi le veut le temps, à vous dire la vérité. Souvent un seul enseigne le vrai, que beaucoup combattent. Sur moi seul je veux ramener vos haines, afin que vos coeurs à tous s'apaisent et déposent tout orgueil. lîappelez-vous le dicton : La vérité soulève les haines. 5 Déjà, auparavant, je vous ai parlé de cette paix traîtresse si redoutable! En vous flattant, le séducteur d'Eve s'est glissé en vous. Nous, ne sachant pas, vous tombez dans ses filets, cependant que vous respirez avidement l'air du siècle. Si l'on ne paie, vous n'intercédez pour personne; 10 celui qui s'est sauvé du feu, tombe dans votre gouffre. Alors, le malheureux, dépouillé par vous, réclame assistance; les juges mêmes ont horreur de vos concussions. Mon titre est trop court et je ne puis tout dire. 15 Vous cherchez des clients et vous leur offrez vos services. Avec eux vous prenez vos repas et vous les traitez en retour, et, pour cela, vous gagnez presque l'enfer. (?) XXX COMMENT IL FAUT VISITER L'INFIRME Si un frère est infirme et s'il est pauvre, n'allez pas sans argent le visiter sur sa couche. Fais le bien, pour obéir à Dieu, secours-le de quelque monnaie. Il reprendra des forces, s'il était tombé. Réconforte l'homme pauvre qui n'a pas 5 d'argent pour payer ta peine, le créateur et l'auteur du monde te paiera. Ou si tu as la paresse d'aller trouver un pauvre épuisé, envoie-lui de l'argent pour qu'il se puisse guérir. Et pareillement, si une soeur pauvre et couchée au lit, que vos matrones lui apportent à manger. 10 Dieu lui-même crie : « Romps ton pain avec l'indigent. » Il ne faut pas visiter avec des paroles, mais avec des bienfaits. Quelle honte! un frère vaincu par la pauvreté! Il n'a cure de paroles, mais il demande boire et manger. Recherchez donc de tels infirmes, niais qui soient certainement dans la peine, 15 et, qui ne puissent se guérir eux-mêmes; et puis, donnez. Je me porte garant que Dieu vous rendra le quadruple. XXXI AUX PAUVRES SAINS D'ESPRIT En quoi consiste la saine pauvreté? Sans être riche, si tu as un métier, fais profiter ton frère de les ressources; Fais seulement eh sorte de nèlre pas réputé superbe. Je t'assure que lu vivras en plus grande sûreté que le riche. Reçois surtout dans tes oreilles renseignement de Salomon. 5 Dieu, dans les cieux, n'a pas permis que le pauvre soit un disputeur. Soumets-toi donc et rends hommage au puissant. Tu connais le proverbe : « Une parole agréable apaise le coeur, et les bons offices triomphent de la vieille rancune. » Si la langue se tait, il n'est rien de meilleur que les bons offices. 10 Mais si tu n'as pas de ressources pour assurer ta vie, travaille et cours sous les ordres d'un maître. Sans honte et sans paresse, marche, toi qui es sain; puis verse dans le trésor de l'Eglise du fruit de ton travail, à l'exemple de cette veuve que l'Oint divin exalta. 15 XXXII QU'IL NE FAUT PAS PLEURER LES ENFANTS Siins doute la mort des enfants laisse la douleur au coeur, cependant il n'est pas permis de sortir vêtu de noir ou de pleurer. La Loi dit sagement que la douleur est dans l'âme non dans la pompe, la semaine finie (au livre de Salomon). As-tu oublié Dieu et la résurrection promise? 5 Si tu as fait des martyrs, les pleureras-tu ainsi à grands cris? N'as-tu pas honte de pleurer sans retenue les enfants à la façon des gentils ? Tu déchires ton visage, tu frappes ta poitrine, tu lacères les vêtements et tu ne crains pas le Seigneur dont tu désires voir le Règne. Ne les pleurez pas, cependant, priez pour euxl 10 Vaudriez-vous moins que les gentils? Vous faites comme les foules nées de semence diabolique; vous appelez vos morts à grands cris. Pourquoi donc as-tu souhaité des enfants, homme faux? Abraham conduisit sans douleur à l'autel son fils pour l'immoler, 10 et ce prophète ne pleura pas avec douleur la mort de son fils. Il escortait, en effet, sans larmes le nourrisson du Tout-Puissant, et, dévoué à Dieu, il se hâtait de mener les funérailles. XXXIII SUR LA POMPE DES FUNÉRAILLES Si tu veux t'inquiéter de la pompe de tes funérailles et plaire encore dans la mort, tu erres, serviteur de Dieu. Et quoi! orner d'appareils funèbres un corps sans âme! O vraie vanité, désirer des honneurs à des morts! Ame prisonnière du monde et, même dans la mort, rebelle au Christ! 5 Tu connais cette femme du proverbe qui voulait que son convoi fût mené à travers le forum. Tous ceux-là lui ressemblent aussi qui vivent dans un esprit d'orgueil. Vous voulez que votre mort soit jour de fête et de bonheur, et que le peuple accourre voir la gloire dans le deuil. Ne prévois-tu pas où tu mérites d'aller après ta mort!' 10 Voilà : ils t'escortent et toi, peut-être, déjà tu brûles sous le châtiment; mort, à quoi bon celte pompe? Tu seras accusé, toi qui recherches les collèges pour ces vains avantages. Tu désires en même temps vivre en bonne santé : tu te trompes toi-même. XXXIV AUX CLERCS Il faut que, à Pâques, notre jour bienheureux, ceux-là soient satisfaits qui réclament la nourriture quotidienne. Qu'on leur donne ce qui suflit, le vin et le pain. Considérez qu'un jour viendra où l'on pourra se rappeler cela pour vous! Dans un modique repas vous manquez à donner au Christ. 5 Si vous ne l'observez pas vous-mêmes, comment pourrez vous enseigner la justice et la Loi, une fois l'an seulement? Aussi, souvent les justes reproches s'élèvent contre vous. XXXV SUR LES BAVARDS ET LE SILENCE Parce que cela paraît une faute légère, et que nul ne l'évite et parce que, dès le ventre maternel, tu penses volontiers ainsi, les causeries se donnent carrière dans l'Eglise où tu es venu répandre tes prières et heurter à la porte pour ton péché quotidien d'orgueil. La trompette des hérauts le crie, avec le lecteur, 5 d'ouvrir tes oreilles et tu les bouches davantage. Tu fais débauche de ces lèvres qui devraient gémir. Ferme ton coeur aux mauvaises pensées ou détruis-les dans ton coeur. Mais, parce que richesses et argent donnent de l'orgueil, tout homme périt, qui a en soi trop grande confiance. 10 Les femmes aussi se réunissent à l'Eglise comme à rentrée d'un bain, et vous tenez marché dans la maison de Dieu. Dieu, de sa voix terrible, a dit : « Que ma maison soit celle de la prière. » Lorsque le prêtre du Seigneur ordonne « Haut les coeurs. » afin que, durant la prière, vous fassiez silence, 15 tu réponds clairement (?) et ne comptes pas les promesses. Celui-là prie le Très-Haut pour le peuple dévot, qu'un tel ne meure pas, mais toi, tu te jettes dans les bavardages. Tu souris ou diffames ton prochain, tu parles à l'étourdi, comme si Dieu était absent 20 qui a fait toutes choses, comme s'il ne t'entendait ni ne te voyait. XXXVI AUX IVROGNES A l'ivrogne je ne saurais enseigner la mesure : plus que la brute, à mesure que tu bois, tu t'éloignes davantage de la raison. Pauvre fou, tu exerces ta royauté chez les Cyclopes et tu dis, parmi ces torves convives : « Une fois mort, je ne boirai plus. Le mieux est de boire et d'assoupir mon coeur. » 5 Administre plutôt ce vin, dont tu veux immodérément user, au pauvre sans ressources et vous serez tous deux réconfortés. Si tu fais cela, tu éteindras ta géhenne. XXXVII AU PASTEUR Toi qui veux paître ton troupeau et qui as réuni ce que tu as pu, paissant assidûment tes brebis, tu as bien agi : mais cependant attache-toi au pauvre qui ne saurait te repaître en retour, alors ton repas sera approuvé par Dieu l'Unique. Le Tout-Puissant a ordonné de nourrir de préférence de telles gens. 5 Recherche, quand tu donnes la pâture, les infirmes et tu prêtes au Très-Haut. En eux le Seigneur a voulu éprouver votre foi. XXXVIII A CELUI QUI PRIE Si tu veux, quand tu pries, être exaucé du ciel, romps tous tes liens et sors de ta retraite paresseuse, et si, ayant par tes bienfaits compati aux douleurs des pauvres, tu pries, ne doute pas : ce que tu demandes sera donné à ta prière. Mais si, nu de bienfaits, tu pries Dieu, 5 insensé! mieux vaut, en ce cas, ne pas prier du tout. XXXIX LE NOM... (sens obscur) Citoyens futurs des eieux avec le Dieu Christ, qui tient le commandement, qui voit tout du ciel, simplicité, bonté habitent en votre corps; ne veuillez vous irriter sans cause contre votre frère dévot; car vous recevrez de lui tout ce que vous lui ferez. 5 Il a plu au Christ que les morts ressuscitent des profondeurs avec leurs corps, et ce que le feu a brûlé, pour l'éternité, quand six mille ans seront accomplis, à la fin du monde. Le ciel cependant tourne, ayant changé son mouvement; alors les impies brûlent dans le feu divin; 10 par la colère du Dieu très-haut aide la créature qui gémit. Les dignitaires cependant et ceux nés d'illustre origine cl les hommes nobles, après la défaite de i'Antéchrits, selon l'ordre du Dieu, vivront de nouveau dans le temps, mille ans, à la vérité, afin de servir les Saints et le Très Haut, 15 sous le joug servile, et ils porteront des vivres sur l'échine, et ils seront à nouveau jugés, à la fin du règne. Ceux qui comptent Dieu pour rien, la millième année accomplie, périront par le feu avec les montagnes (sens obscur.) Sur les bûchers et les tombeaux toute chair est rendue pour le jugement : 20 ils plongent dans l'enfer; ils sont livrés au châtiment pour l'éternité. On leur montre et on leur lit les oeuvres du ciel : la mémoire première leur reviendra et chacun aura ce qu'il mérite. Le salaire à perpétuité selon ses actes au tyran. Je ne puis tout embrasser dans un petit livre. 25 La curiosité du docte trouvera mon nom dans ces vers.