[2,13,0] Troisièmement, il faut faire comparaître devant l'intelligence les faits qui présentent la propriété étudiée à des degrés différents, soit en comparant la croissance et la décroissance de la propriété dans le même sujet, soit en comparant la même propriété dans des sujets différents. Puisque, en effet, la forme d'une chose est en réalité la chose même, et n'en diffère que comme l'être diffère de l'apparence, l'intérieur de l'extérieur, le point de vue absolu du point de vue relatif à l'homme, il s'ensuit nécessairement que l'on ne doit rien recevoir pour la vraie forme, qui ne croisse et ne décroisse sans cesse, lorsque ce dont elle est la forme croit et détroit. Nous appelons cette table table de degrés ou de comparaison. Table de degrés ou de comparaison, pour l'étude de la chaleur. Nous parlerons d'abord des substances qui n'ont aucun degré de chaleur sensible, mais qui semblent avoir quelque chaleur virtuelle, ou du moins une disposition et une tendance à s'échauffer. Nous passerons de là aux substances qui ont une chaleur actuelle ou sensible, et nous en noterons les diverses intensités ou degrés. [2,13,1] 1° Parmi les corps solides et tangibles, il n'en est aucun qui soit chaud naturellement et originellement. Ni les pierres, ni les métaux, ni le soufre, ni les fossiles, ni le bois, ni l'eau, ni les cadavres n'ont de chaleur propre. Pour les eaux thermales, elles semblent échauffées par quelque cause accidentelle, comme seraient des flammes, des feux souterrains, semblables à ceux que vomissent l'Etna et plusieurs autres montagnes; ou bien encore quelque lutte violente, analogue à celle qui produit la chaleur dans les dissolutions du fer et de l'étain. Ainsi donc, le degré de chaleur, dans les corps inanimés, relativement au tact de l'homme, est nul; cependant ils n'ont pas tous le même degré de froid : ainsi le bois n'est pas aussi froid que le métal. Mais ce sujet appartient à la table des degrés du froid. 2° Cependant, quant à la chaleur virtuelle et à l'inflammabilité, il est un grand nombre de corps inanimés dont les propriétés sont fort remarquables, comme le soufre, la naphte, l'huile de pétrole. 3° Les corps qui ont été chauds, comme le fumier de cheval, en vertu de la chaleur animale, la chaux, la cendre même, le zinc, par l'effet du feu, conservent quelques restes de leur chaleur passée. Ainsi certaines distillations ou dissolutions s'opèrent â l'aide du fumier dans lequel on enfouit les vases ; la chaleur de la chaux reparaît, par le fait seul de l'arrosement, comme nous l'avons déjà dit. 4° Parmi les végétaux, on ne connaît aucune plante, aucun organe (pas même les sucs ou la moelle) qui ait pour nous une chaleur sensible. Cependant, comme on l'a dit plus haut, les herbes vertes s'échauffent quand on les tient enfermées ; et pour le tact intérieur, soit du palais, soit de l'estomac, pour la peau elle-même après un certain temps (dans les applications d'emplâtres, d'onguents), tandis que beaucoup de végétaux se montrent toujours froids, d'autres paraissent chauds. 5° Dans le corps des animaux, on ne trouve aucune partie, après la mort ou l'amputation, qui ait une chaleur appréciable. Le fumier lui-même, à moins d'être enfermé ou enterré, ne garde point de chaleur; bien qu'il faille lui reconnaître quelque degré de chaleur virtuelle, comme le prouve son action fécondante. Les cadavres des animaux ont aussi quelque chaleur de ce genre, latente et virtuelle; c'est pourquoi dans les cimetières, où se font tous les jours de nouvelles sépultures, la terre amasse une chaleur occulte qui consume les cadavres récemment inhumés beaucoup plus vite que ne le ferait un terrain ordinaire. On dit que les Orientaux se servent d'un certain tissu fin et doux, fait de plumes d'oiseaux, et qui a la propriété singulière de dissoudre et liquéfier le beurre qu'on y a légèrement envéloppé. 6° Tous les engrais, comme les fumiers, la craie, le sable marin, le sel, et autres semblables, ont une certaine disposition à la chaleur. 7° Tout corps en état de putréfaction recèle quelques faibles rudiments de chaleur, mais non pas au point de déterminer une sensation ; car les substances mêmes, qui, dans l'état de putréfaction se dissolvent en animalcules, comme la chair, le fromage, ne manifestent au toucher aucune chaleur; il en est de même du bois pourri, qui se couvre de lueurs pendant la nuit. La chaleur dans les corps pourris se manifeste quelquefois par des odeurs âcres et fétides. 8° Le premier degré de chaleur, sensible au tact, parait être celui de la chaleur animale, qui se décompose en une multitude de degrés formant une très vaste échelle. Le degré infime, comme dans les insectes, est à peine sensible ; le plus élevé atteint à peine à la chaleur des rayons solaires dans les pays et aux temps les plus chauds; il n'est jamais assez fort pour que la main ne puisse le supporter. Cependant on rapporte de Constance, et de quelques autres, d'une constitution et d'un tempérament secs à l'extrême, que saisis de fièvres très violentes, leurs corps s'échauffaient à tel point qu'ils semblaient brûler ceux dont la main les touchait. 9° La chaleur animale s'accroît par le mouvement et l'exercice, le vin et la bonne chère, les plaisirs de l'amour, les fièvres chaudes, la douleur. 10° Les animaux, dans les accès de fièvre intermittente, sont d'abord saisis de frissons, mais peu après ils entrent en sueur, c'est ce qui arrive encore au début des fièvres chaudes et des pestilentielles. [2,13,11] 11° Il faut faire de nouvelles observations sur la chaleur comparée dans les divers ordres du règne animal, comme poissons, quadrupèdes, serpents, oiseaux; et encore dans les diverses espèces de chaque ordre, comme le lion, le milan, l'homme. Suivant l'opinion commune, les poissons ont fort peu de chaleur interne, les oiseaux en ont au contraire à un très haut degré, particulièrement les colombes, les éperviers, les autruches. 12° Il faut faire de nouvelles observations sur la chaleur comparée dans les diverses parties et les organes différents d'un même animal. Le lait, le sang, le sperme, les oeufs, sont tièdes seulement et d'une température inférieure à celle de la peau, quand l'animal est en mouvement ou en secousse. On n'a pas encore recherché quel est le degré de chaleur du cerveau, de l'estomac, du coeur et des autres parties internes. 13° Tous les animaux, pendant l'hiver et le mauvais temps, se refroidissent à l'extérieur; mais on croit que leur chaleur interne s'augmente d'autant. 14° La chaleur des rayons célestes, même dans la saison la plus chaude et en plein midi, n'est pas assez élevée pour enflammer et brûler le bois le plus sec; la paille, le vieux linge qui prend feu si facilement, à moins qu'on n'ait recours aux miroirs brûlants; mais cette chaleur fait sortir des vapeurs des corps humides. 15° Si l'on en croit les astronomes, les étoiles sont inégalement chaudes. Parmi les planètes, après le Soleil, la plus chaude, suivant eux, est celle de Mars, ensuite Jupiter, puis Vénus; d'autres sont froides, la Lune d'abord, et au dernier degré, Saturne. Parmi les étoiles fixes, la plus chaude est Sirius ensuite le Coeur de Lion ou Régulus, puis la Canicule, etc. 16° Le Soleil échauffe d'autant plus qu'il s'élève davantage, en approchant du zénith. Sans doute il en est de même pour les autres planètes, en proportion de leur chaleur; ainsi Jupiter doit nous envoyer des rayons plus chauds quand il est placé au signe du Cancer ou du Lion, que lorsqu'il parcourt ceux du Capricorne ou du Verseau. 17° On doit croire que le Soleil et les autres planètes nous échauffent davantage étant à leur périgée, point où ils sont le plus approchés de la Terre, qu'à leur apogée. Dans la région où le Soleil est tout ensemble au périgée et au zénith, il envoie des rayons plus chauds que lorsqu'il est au périgée, mais encore loin du zénith. Ainsi donc, pour comparer les degrés de chaleur des planètes, il faut tenir compte de leur élévation, du plus ou moins d'obliquité de leurs rayons, suivant la diversité des lieux. 18° Le Soleil et les autres planètes envoient, dit-on, des rayons plus chauds quand ils sont le plus approchés des étoiles fixes de première grandeur. Ainsi, quand le Soleil- est dans le signe du Lion, il est plus voisin du Coeur de Lion, de la Queue du Lion, de l'Épi de la Vierge, de Sirius et de la Canicule, que lorsqu'il est dans le Cancer, où cependant il approche davantage du zénith. On doit croire aussi que les régions du ciel, qui sont parsemées du plus grand nombre d'étoiles, surtout d'étoiles de première grandeur, sont plus chaudes que les autres, bien que leur chaleur ne nous soit pas appréciable. 19° En résumé, la chaleur des corps célestes s'augmente par trois causes : l'élévation de l'astre sur l'horizon, sa proximité de la Terre, sa conjonction avec les étoiles. 20° II y a certainement fort loin de la chaleur des animaux et de celle des rayons célestes (tels que nous les recevons), à la chaleur de la flamme, méme la plus douce, à celle de tous les corps ardents, ou des liquides, et de l'air lui-même quand ils ont été soumis à l'action très-intense du feu. En effet, la flamme de l'esprit-de-vin, surtout quand elle se dégage librement et qu'on ne la concentre pas, a la propriété d'enflammer la paille, le linge ou le papier; ce que ne feraient jamais ni la chaleur animale, ni celle des rayons solaires sans l'aide des miroirs brûlants. [2,13,21] 21° Le nombre des degrés de chaleur des différentes flammes et des corps ardents est très considérable, depuis le plus bas jusqu'au. plus élevé. Mais on n'a fait sur ce sujet aucune recherche, suffisamment exacte, et nous ne pouvons que l'effleurer en passant. De toutes les flammes, la plus douce parait être celle de l'esprit-de-vin ; à moins que ce ne soit celle des feux follets ou des lueurs qui se dégagent parfois des animaux en sueur. En nous élevant dans l'échelle, nous rencontrons d'abord la flamme des végétaux poreux et légers, comme la paille, le jonc, les feuilles sèches; on classerait à peu près au même degré la flamme des poils et des plumes. Un peu plus haut est la flamme des diverses sortes de bois, surtout de ceux qui ne contiennent pas beaucoup de poix ou de résine ; observons cependant que la flamme du menu bois, comme est celui dont se composent les fagots, est plus douce que celle des troncs et des racines d'arbre. C'est ce que l'on peut expérimenter tous les jours dans les forges, où les feux de menu bois sont d'une utilité médiocre. Plus haut encore, nous devons placer la flamme de l'huile, du suif, de la cire, et en général des substances huileuses et grasses, qui n'ont pas beaucoup d'âcreté. Les flammes les plus chaudes sont colles de la poix, de la résine, et plus encore celles du soufre, du camphre, de la naphte, de l'huile de pétrole, des sels (après la décrépitation) et de leurs divers composés, comme la poudre à canon, le feu grégeois (nommé vulgairement feu sauvage), et autres semblables, qui ont une chaleur si tenace que l'eau elle-même les éteint difficilement. 22° La flamme qui se dégage de certains métaux imparfaits est considérée comme très forte et intense. Mais sur toute cette matière il faut de nouvelles études. 23° La flamme de la foudre parait l'emporter sur toutes les précédentes; la preuve en est qu'elle fond le fer le plus pur, ce que les autres flammes ne peuvent faire. 24° Les corps chauffés jusqu'au rouge ont aussi divers degrés de chaleur ; mais les observations, ici encore, ont été fort imparfaites. Dans cet ordre, la chaleur la plus faible est, croyons-nous, celle du linge brûlé, que l'on emploie communément pour allumer le feu. Nous placerons au même rang la chaleur du bois spongieux, celle des cordes desséchées dont on se sert pour mettre le feu aux canons. Au-dessus viennent les charbons ardents, de bois ou de terre, les briques chauffées au rouge et autres semblables. La chaleur la plus intense, dans cet ordre, est celle des métaux ardents, comme le fer, le cuivre et autres semblables`; mais cette matière encore doit être l'objet de nouvelles recherches. 25° Parmi les corps ardents, il en est de beaucoup plus chauds que certaines flammes. Ainsi le fer rouge est beaucoup plus chaud et brûlant que la flamme de l'esprit-de-vin. 26° Parmi les corps qui ne sont pas ardents mais seulement chauffés au feu, on en trouve aussi comme l'eau bouillante, l'air enfermé dans les fourneaux de réverbère, qui ont plus de chaleur qu'un grand nombre de flammes, et de corps ardents. 27° Le mouvement augmente la chaleur comme on le voit à l'action des soufflets et même du souffle de nos bouches ; ainsi les plus durs des métaux ne peuvent entrer en dissolution ou en liquéfaction par un feu tranquille et mort ; on doit recourir au soufflet. 28° Il serait bon de renouveler, à l'aide d'un miroir brûlant, l'expérience suivante, que je vais retracer ici de mémoire : placez le miroir à une certaine distance d'une substance combustible, il n'enflammera pas et ne brûlera pas comme s'il avait été placé, d'abord à la moitié de cette distance, et ensuite éloigné graduellement et lentement jusqu'à la distance entière. Cependant le faisceau des rayons, et leur concentration, sont les mêmes dans les deux cas; c'est donc le mouvement qui accroit l'effet de la chaleur. 29° Les incendies qui s'allument par un grand vent font plus de progrès contre le vent que dans sa direction ; le mouvement de réaction de la flamme étant plus intense quand le vent lui cède que le mouvement d'impulsion, quand le vent la pousse. 30° La flamme ne s'engendre et ne brille qu'à la condition d'une certaine concavité, où elle puisse se mouvoir et se jouer. Il n'y a d'exception que pour la flamme flatueuse de la poudre à canon; et autres de même sorte ; pour celles-là, la compression qu'elles éprouvent accroit leur intensité jusqu'à la fureur. [2,13,31] 31° L'enclume s'échauffe à un très haut degré, sous le marteau ; si l'on employait comme enclume une lame mince, point de doute que la force et la continuité des coups ne la fissent rougir, comme le fer rougit au feu. C'est une expérience à tenter. 32° Un corps ardent est-il poreux, au point que le feu se meuve librement à travers ses pores? empêchez ce mouvement par une forte compression, à l'instant même le feu s'éteindra ; c'est ce qui arrive au linge brûlant, aux mèches enflammées, au charbon ardent; quand on les comprime, quand on les met sous les pieds, aussitôt ils s'éteignent. 33° La chaleur s'augmente par la proximité d'un corps chaud, et dans la mesure de cette proximité.; il en est de même pour la lumière: un objet est d'autant plus visible qu'il est plus proche d'un foyer lumineux. 34° On augmente la chaleur en réunissant plusieurs corps chauds, à moins qu'on n'aille jusqu'à les mêler. Un grand foyer et un petit foyer dans le même lieu, augmentent la chaleur par leur concours; mais l'eau tiède versée dans l'eau chaude la refroidit. 35° Pour toute cause de chaleur, la durée de l'action en augmente l'effet. Car la chaleur qui émane continuellement d'un foyer, arrivant à la substance qui s'échauffe, et, se combinant à la chaleur déjà acquise, l'élève à une plus haute température. Un foyer n'échauffe pas une chambre en une demi-heure autant qu'il le ferait en une heure. Il n'en est pas ainsi de la lumière, qui n'éclaire pas plus au bout d'un temps considérable qu'au premier moment. 36° L'excitation produite par le froid ambiant augmente la chaleur, comme on le voit dans nos foyers, durant les gelées vives; ce phénomène a pour cause non pas tant la concentration de 'la chaleur que la violente réaction déterminée. C'est ainsi que l'air, ou qu'un bâton fortement comprimé ou fléchi, ne revient pas seulement au point où il était d'abord, mais s'emporte, par réaction, beaucoup au delà. On devrait faire cette expérience : mettre dans les flammes un bâton ou quelque autre corps semblable, et observer s'il ne brûle pas plus vite aux bords qu'au milieu du foyer. 37° Les corps reçoivent la chaleur avec beaucoup plus de facilité les uns que les autres. Que l'on observe d'abord avec quelle facilité un faible degré de chaleur modifie et échauffe en certaine mesure même les substances qui résistent le plus à l'action du feu. Ainsi, la chaleur de-la main échauffe un peu, au bout de quelque temps, une petite balle de plomb ou de quelque autre métal. Tant la chaleur a de facilité pour se transmettre et se développer dans tous les corps, alors même qu'elle ne produit aucun changement apparent. 38° Celui de tous les corps qui reçoit et renvoie le mieux la chaleur, c'est l'air; ce que démontre parfaitement le tube thermométrique. On construit ainsi le thermomètre : prenez un tube de verre, mince, allongé, terminé par une boule assez spacieuse; renversez-le, et plongez-le, orifice en bas et boule en haut, dans un vase, pareillement en verre, rempli d'eau, de manière que le tube plongé touche par son orifice le fond du vase récipient; et que le cou du tube s'appuie au bord du récipient, pour se maintenir en situation; vous y parviendrez facilement en appliquant un peu de cire au col du vase inférieur, non pas assez pour le clore, de crainte que le défaut d'air libre n'empêche le mouvement dont nous allons parler, mouvement très subtil et délicat. Avant de plonger le tube dans le récipient, il faut en chauffer au feu la partie supérieure, qui est la boule. Le tube ainsi préparé, et placé comme nous l'avons dit, il arrivera que l'air, dilaté d'abord par l'échauffement, se contractera après un délai suffisant pour la déperdition de la chaleur acquise, et se réduira aux dimensions d'une égale quantité d'air à la température extérieure, au moment où se fait l'expérience ; conséquemment, l'eau s'élèvera dans le tube en même proportion. Vous aurez fixé sur le tube une bande de papier, graduée à votre convenance. Vous observerez ensuite que, suivant les variations de la température, l'air se contracte avec le froid, se dilate par la chaleur, ce qui vous sera démontré par l'ascension de l'eau, quand l'air se contracte, par sa dépression, quand il se dilate. L'air est tellement sensible à la chaleur et au froid, il les éprouve avec tant de promptitude et de délicatesse, qu'il l'emporte de beaucoup à cet égard sur notre tact; ainsi, un rayon de soleil, la chaleur de notre haleine; et bien plus, la température de notre main, appliquée au sommet du tube, déprime tout aussitôt l'eau fort manifestement. Cependant nous croyons que l'esprit animal aurait un sens bien plus délicat encore et du chaud et du froid, s'il n'était empêché et engourdi par la masse du corps. 39° .Après l'air, les corps les plus sensibles à l'action de la chaleur, sont ceux auxquels le froid a fait subir récemment une compression et des changements profonds, comme la neige, la glace ; il suffit en effet d'une légère tiédeur pour les dissoudre et les liquéfier. Après ceux-là, se placerait sans doute le vif-argent. Ensuite les corps gras, comme l'huile, le beurre, et autres semblables; au-dessous encore le bois; plus bas, l'eau; au dernier rang, les pierres et les métaux, qui s'échauffent difficilement, surtout à l'intérieur. Par compensation, ces dernières substances gardent très longtemps la chaleur reçue; ainsi, une brique, une pierre, un morceau de fer, chauffé au rouge, plongé ensuite dans un bassin d'eau, froide, retient pendant un quart d'heure à peu près une chaleur telle qu'on ne peut y mettre la main. 40° Plus le corps est petit, plus tôt il s'échauffe, quand on l'approche du feu, ce qui démontre qu'il existe entre la chaleur et la masse corporelle une sorte d'antagonisme. 41° La chaleur, dans ses rapports avec notre tact et nos sensations, est une chose toute relative; ainsi, l'eau tiède parait chaude à une main froide, et froide à une main chaude.