LECTURE : Franis BACON (1561 - 1626) : La loi de la nature autorise une guerre contre les ennemis du genre humain : Francis Bacon, Dialogue de la guerre sacrée : ... Vera enim causa huius rei haec est ; quod piratae communes humani generis hostes sint ; quos idcirco omnibus nationibus persequi incumbit, non tam propter metus proprios, quam respectu foederis inter homines socialis. Sicut enim quaedam sunt foedera in scriptis, et in tractatus redacta, contra hostes particulares inita : ita naturalis et tacita confoederatio inter omnes homines intercedit, contra communes societatis humanae hostes. Adeo ut, ad huiusmodi bella indicenda, non opus sit denunciatione aliqua solenni ; non exspectanda supplicatio a natione laesa ut summittantur auxilia ; sed istiusmodi formulas omnes supplet ius naturae in bello piratico. Idem censendum est de latronibus per terram, et insidiatoribus uiarum ; quales adhuc dicuntur pagi nonnulli Arabum ; et reguli quidam montani, qui secus angustas uias, et a uiatoribus frequentatas, habitant. Neque (ut prius de piratis dictum est) principibus tantum uicinis hos debellare conceditur ; uerum etiam, si quae natio sit, quantumuis longe dissita, quae merito et gloriae sibi duceret bellum istud suscipere (ueluti Romani olim bellum gesserunt pro liberanda Graecia), proculdubio hoc facere cum iustitia possint. ... ... Car la raison généralement reçue est que les pirates sont "communes humani generis hostes", les ennemis de tout le genre humain, et que toutes les nations doivent leur courir sus, non pas tant par crainte que parce qu'ils sont mis au ban du genre humain. Car de même qu'il existe certaines coalitions écrites, faites contre l'ennemi commun de certaines nations, il y a aussi une coalition tacite et une confédération générale de tous les hommes contre l'ennemi commun de toute société humaine ; de sorte qu'il n'est besoin d'aucun avis, d'aucune déclaration de guerre; il n'y a pas besoin d'attendre que la nation qui a souffert se plaigne. La loi de nature remplace toutes ces formalités. Il en est de même pour les brigands sur terre, tels qu'il en existe encore dans certains cantons d'Arabie, et tels que plusieurs petits rois de montagnes qui sont près des défilés et des grands chemins. Ce n'est pas seulement aux princes voisins qu'il est permis d'extirper ces pirates ou ces voleurs; si une nation éloignée veut entreprendre de le faire comme une oeuvre méritoire, elle en a certes le droit. C'est ainsi que les Romains entreprirent une guerre lointaine pour rendre la liberté à la Grèce. ...