LIVRE III. Du jeu de dés. Songer de jouer aux dés, c’est querelle et dispute avec quelqu’un pour de l’argent. Il est toujours bon de gagner. Les dés simplement vus en songe, c’est sédition et querelle. Mais la perte des dès annonce fin de querelle et sédition. Voir un enfant jouer aux dés ou dames, n’est pas mauvais. Pour un adulte, il est mauvais de jouer aux dés sauf si on espère quelque succession à la suite de la mort de quelqu’un, car les dés sont faits des os des morts. De l’ancien sacrilège, et mensonge. Songer que l’on vole n’est pas bon si ce n’est à celui qui voudrait tromper autrui. Plus la chose que l’on songe de dérober est riche et bien gardée, plus grave est le danger du songeur car il est vraisemblable que le songe soumet le songeur aux mêmes peines que la loi réserve aux voleurs. Commettre un sacrilège en songe est très mauvais à tous sauf aux prêtres sacrificateurs et aux devins. Mentir en songe n’est pas bon, sinon aux farceurs et railleurs qui en ont coutume. C’est un moindre mal de mentir aux étrangers plutôt qu’aux siens : car cela signifie de grandes infortunes, même si l’on songe mentir aux siens pour des choses de peu d’importance. Des cailles et coqs. Cailles sont messagers portant mauvaises nouvelles par dessus la mer. Elles sont contraires aux alliances amitiés, noces, car elles signifient noises et séditions, et mort aux malades, si elles traversent la mer. Elle sont aussi contraires aux voyageurs, car signifient embûches et trahisons, parce qu’elles sont épiées quand elles volent, et tombent souvent entre les mains des oiseleurs et chasseurs. Coqs qui se combattent, sont aussi noises et dissensions. Des fourmis. Voir des fourmis avec elles n’est pas bon, car c’est dommage et dangereux voyage. Les autres fourmis appelées diligentes et laborieuses, sont bonnes aux laboureurs : car signifient fertilité car là ou il n’y a grains, là ne se trouvent point de fourmis. Elles sont bonnes aussi à ceux qui vivent du commun, et tirent profit de plusieurs et au malade quand elles ne s’approchent pas près de son corps : car elles sont appelées laborieuses, et ne cessent de labourer, ce qui est propre à ceux qui vivent : mais quand elles se rangent près du corps du patient, c’est mort, parce que elles sont filles de terre, et froides et noires. Des poux et des longs vers. Songer avoir petite quantité de poux, et les trouver sur son corps ou sur sa robe, et les tuer est bon : car ce songe signifie que l’on sera délivré de souci et tristesse. Mais en avoir en grande quantité est grande pauvreté car en tel cas les poux abondent. Et si on les rejette tous c’est espoir d’être relevé de tous ses maux. Faire des vers par la bouche ou par le siège c’est connaître ses ennemis et conjurateurs familiers, et les vaincre. Des mouches ou taons, et des petits vers qui s’engendrent en la chair. Les petits vers, sont souci et fâcherie, et le plus souvent déplaisir qu’on aura de femme et familiers. Les taons sont mauvaises gens qui diffameront le songeur. Aux taverniers, c’est que leur vin se gâtera, et s’en aigrira, car telles grosses mouches aiment et demandent le vin aigre. De batterie et haine. Se battre avec ses familiers n’est pas bon, ni avec étrangers. Le malade en sera en danger de rêverie et perte de sens. Se battre avec grands personnages, comme princes, rois et magistrats est très mauvais. Songer haïr ou être haï, soit d’amis ou d’ennemis est mauvais : car l’on peut avoir affaire de tout le monde. De meurtre. Voir des gens immolés et tués, est bon car c’est signe que nos affaires sont accomplies, ou près de la fin. Du crocodile et du chat. Le crocodile signifie le pirate et brigand de mer, ou le meurtrier et méchant en quelque sorte, comme le crocodile. Le chat signifie l’adultère et paillard. Des échasses. Être monté sur des échasses, aux malfaiteurs c’est prison et chaînes, et liens. Aux autres, c’est maladie ou vie vagabonde chez les étrangers. De cheminer sur la mer. Cheminer sur la mer à celui qui veut voyager est bon, puis aussi au serf, et à celui qui veut prendre femme. Celui-ci jouira de sa femme et l’autre de son seigneur à son plaisir. C’est bon aussi à celui qui a procès, car la mer représente le juge qui traite bien les uns et mal les autres, et la femme à cause de l’humidité, et le seigneur à cause de la puissance. Au jeune homme, ce songe est amour de femme de plaisir, et à la femme c’est vie dissolue de son corps, car la mer est semblable à la putain, parce qu’elle a belle apparence et attraits mais enfin elle en traite plusieurs bien mal. Ce songe est bon à tous ceux qui vivent, et font profit sur le peuple, et qui administrent la chose publique : car ils auront grand honneur et profit. Car la mer est semblable à un peuple, à cause du désordre et de la confusion des ondes. Faire statues ou images d’homme. Former des images d’hommes, soit de terre ou autre matière, est bon aux gouverneurs d’enfants : car ils les gouverneront et instruiront avec honneur et profit. Et à ceux qui n’ont point d’enfants, car ils en auront qui leur seront bien semblables. Être attaché à la charrette, ou porté dessus. Être lié à la charrette pour labourer la terre comme un cheval ou boeuf, c’est maladie, servitude, et peine à toutes personnes, quelque riche et puissante qu’elle soit. Être sur une charrette ou litière porté, ou tiré par les hommes, c’est avoir puissance et autorité sur plusieurs, et avoir enfants de bonnes moeurs : quant aux voyages c’est sûreté avec retard. De maladie. Être malade, est bon seulement à ceux qui sont en captivité, ou en grande pauvreté : car la maladie enlaidit, et amaigrit, et diminue les corps. Aux autres c’est grande oisiveté et faute de besogne. C’est le même cas songer de visiter quelque malade inconnu; mais visiter quelqu’un de familier et connu, c’est qu’il lui adviendra ce que dessus, non au songeur car nous disons que les amis prochains, et familiers sont les fantômes et images représentatives de ces choses qui nous sont à venir. Même j’ai observé que tous les biens et maux que l’âme nous veut signifier bientôt, et plus grandement à venir elle les avertit et représente par la personne même du songeur. Mais ceux qu’elle signifie et annonce pour plus tard et de moindre apparence, elle les représente par autrui. Être vêtu de façon informe. Être mal vêtu, c’est mal à tous et signifie abondante moquerie, et raillerie, avec la mauvaise issue d’affaires. Ce songe serait seulement bon à gens railleurs et farceurs. Ecrire de la main gauche. Ecrire de la main gauche, c’est faire quelque machination secrète, tromper, décevoir et diffamer quelqu’un. Du beau père et de la belle mère. Songer de voir son beau père et sa belle mère, vifs ou morts, c’est mauvais, même usant de force ou de menace. Usant de douces paroles et bon recueil, sont vaines espérances et dissimulations, quelquefois cela signifie voyager car le père et la mère naturels représentent la maison. Le beau père et de la belle mère représentent les étrangers. De prédécesseurs ou successeurs. Les prédécesseurs, comme aïeux et autres ancêtres, signifient souci qui se convertira en bien ou mal, selon la grâce et circonstance où nous les songerons. Les successeurs, s’ils sont enfants c’est fâcherie et peine, s’ils sont plus grands, c’est support. De la souris et de la belette. La souris signifie le serviteur : c’est bon d’en voir plusieurs se jouant et s’ébattant. Mais la belette signifie la femme maléfique et mauvaise, ou procès, ou mort, et gain selon ce qu’elle fait, et va ou vient. De la fange. La fange signifie maladie ou déshonneur. Du bassin. Le bassin signifie la bonne chambrière. Boire ou manger dedans, c’est amour de servante. Se voir dans le bassin comme dedans un miroir, c’est avoir enfants de la servante. De l’image ou simulacre. La statue ou image signifie les enfants, et le vouloir et affection de la personne qui songe l’image de matière solide, et non pourrissante, est meilleure que la peinture ou que celle de terre, de cire, et autre. Ce qui adviendra à l’image, adviendra pareillement aux enfants, et affaires de celui qui songe. De la sage femme. La femme sage vue par songe, c’est révélation de secrets et dommage, c’est mort aux malades : car elle tire toujours ce qui est contenu de ce qui contient, et le remet a la terre. À ceux qui sont détenus par force, c’est liberté. Des épines ou aguillons. Les épines ou aguillons, sont douleurs, empêchements, souci et tristesse. A plusieurs ont signifié amours, et aussi injures de méchantes personnes. De la chaîne. La chaîne c’est la femme, détention, affaires mal à gré, et empêchements. De consolation. Songer avoir consolation de quelqu’un, au riche est bonheur; c’est infortune et injure, au pauvre; à l’affligé, c’est aide et réconfort. De la blessure. Songer être blessé à l’estomac, ou au coeur, pour les jeunes gens, c’est amour; pour les vieillards, c’est douleur et tristesse. En la paume de la main dextre, c’est dette et deuil. Mais la nouvelle peau reprise en la plaie, qu’on appelle cicatrice, c’est fin et issue des maux. De la dette et du créditeur et du locateur. La dette et le créditeur représentent la vie. Par quoi aux malades, le créditeur pressant et contraignant, c’est grand danger, et recevant c’est mort : car nous devons la vie à la nature, notre mère universelle, laquelle nous devons lui rendre et payer. Créditeur mourant, c’est fin de tristesse. L’hôte et locateur qui donne maison à louage, signifie comme le créditeur : quelquefois le créditeur représente la fille qui demande son douaire pour se marier. D’être fol ou ivre. Songer être fol est bon à cil qui veut se mettre en quelque affaire : car les fols et furieux sont tout ce qui ait en fantaisie. C’est bon aussi aux prévôts et échevins qui veulent avoir autorité sur le peuple : car ils auront plus grand bruit et honneur. Aussi c’est bon à ceux qui veulent gouverner et endoctriner enfants : car les enfants suivent volontiers les fols. Aussi est bon aux pauvres : car ils auront du bien, car les fols prennent de tous côtes et à toutes mains. Au malade c’est santé, car folie fait aller et venir, et non pas dormir et reposer : mais songer être ivre, est très mauvais à tous, car signifie imprudence grande, seulement est bon à ceux qui sont en crainte : car les ivrognes ne craignent et ne doutent de rien. Des lettres missives. Voir des lettres et ce qui serait écrit dedans, c’est que l’on aura la disposition des choses selon le contenu. Mais le voir simplement sans ce qui serait écrit dedans, c’est bonne nouvelle : car en toutes lettres il y a Salut, Bonjour, Dieu garde, et Adieu. Des plantes et arbres sortant du corps. Songer que quelque plante sort de notre corps, c’est mort ou incisure à celui qui serait signifié par la partie, dont sort ladite plante. De la lèpre et grattelle. Lèpre et grattelle, sont signes de richesse et honneur aux pauvres. Aux riches et puissants, sont offices et dignités, c’est aussi révélation de secrets. Mais voir autrui lépreux et galeux, c’est fâcherie et souci : car toutes choses laides et de mauvais regard, attristent ceux qui les regardent. Jeter des pierres ou être lapidé. Jeter des pierres à quelqu’un, c’est assaillir quelqu’un de paroles et injures : mais être lapidé de pierre : c’est ouïr et souffrir injures, car les pierres représentent les paroles injurieuses. Souvent c’est voyage et fuite : car il faut que celui qui est assailli de pierres, fuie. Quand plusieurs jettent les pierres, ce songe est bon à celui qui espère argent, profit et utilité de plusieurs. Des cigales. Cigales ou grillons signifient musiciens; à ceux qui sont en nécessité, ce songe signifie absence d’amis et de support, mais seulement paroles et propos de ses affaires. A ceux qui sont en crainte, ce sont menaces sans effet; aux malades, c’est soif et mort. Souffrir comme un autre. Être en peine et souffrance comme un autre c’est être complice et participant de son méfait et de la peine, car les maladies et imperfections du corps, se rapportent aux passion et affections de l’âme. Du fumier. Voir du fumier est bon à ceux qui vivent sur le menu peuple, et qui en tirent profit, et à ceux qui sont d’état vil. C’est bon aussi à ceux qui ont charge de négoces publics. C’est bon au pauvre de dormir sur le fumier car il amassera beaucoup d’argent. Au riche, c’est état, office et honneur public car le commun apporte toujours et jette les superfluités sur le fumier. Être souillé de fumier par quelque familier, c’est inimitié avec lui et injure, mais par quelque inconnu, c’est grand dommage à venir. Des prières et requêtes. Prières et requêtes d’aumônes à tous mendiants, pauvres et misérables, c’est souci et fâcherie à tous ceux qui les songent, car nul ne requiert autrui sans être affligé, et nul affligé n’a raison et considération. Et s’il reçoivent argent pour aumône, c’est signe de grand péril et dommage. Et souvent c’est mort au songeur, ou à quelque sien amy. Pauvres et mendiants entrant en la maison, et emportant quelque chose, soit qu’ils le volent ou qu’on le leur donne, signifie grande adversité. De la clef. La clé vue par songe, à celui qui se voudrait marier, c’est signifiance de bonne chambrière. Elle est bonne à ceux qui veulent procurer et dispenser les affaires d’autrui. Du cuisinier. Voir le cuisinier en la maison, c’est bon à ceux qui se veulent marier car les noces ne sont pas sans cuisinier; c’est bon aussi aux pauvres, car ils auront du bien et puissance de tenir bonne et longue table; aux malades, c’est inflammation et chaleur, et larmes; c’est aussi révélation de secrets car l’appareil du cuisinier se fait et se présente devant plusieurs. Du jeu des échecs. Songer de jouer aux échecs, c’est gain par mensonge et déception. Voir autrui jouer c’est qu’il sera en perte par tromperie. De l’hôtelier. L’hôtelier qui tient hôtellerie publique, c’est mort au malade car il signifie la mort à cause qu’il reçoit toutes gens; aux autres c’est trouble et tristesse, grand danger et voyages. L’hôtellerie signifie comme l’hôtelier. Être gardé et détenu. Être gardé et détenu par quelqu’un, c’est empêchement d’affaires, et longueur de maladie au malade; toutefois à ceux qui sont bien bas et près de la fin c’est retour de santé car la garde et conservation représente la vie qui sera prolongée. Mais délivrance, c’est le contraire et mort. Entrer en prison et captivité de liens, soit de gré soit de force, c’est grande maladie, ou forte fâcherie. Les sergents et bourreaux, sont captivité, tristesse et révélation de secrets au malfaiteur. Des veilles, joies, et banquets qui se font de nuit. Veilles et festivités, nocturnes sont bonnes à ceux qui se veulent marier, et faire noces, et à ceux qui recherchent compagnie et alliances. Et aux pauvres, c’est signe de bien; aux tristes et craintifs, c’est fin de tristesse et crainte car volontiers ne veillent pas toute la nuit en danse et bonne chère sinon ceux qui sont joyeux. Aux paillards et paillardes, c’est révélation de leurs affaires, aux riches, c’est trouble et divulgation. Des lieux d’assemblée. Lieux de palais, de marché, théâtre, carrefours et grandes places en villes et faubourgs et Eglises, ce sont troubles, à cause de la multitude de gens qui s’assemblent en ces lieux et places. Marché rempli de biens et de gens est bon à ceux qui trafiquent; mais désert, c’est le contraire. Des statues. Statues d’airain bien gardées, vues bouger par songes, c’est richesse et revenu; toutefois trop grandes, ce sont grandes terreurs et des périls parce qu’on ne les pourrait voir sans frayeur. Les statues aussi représentent magistrats et gouverneurs de ville, dont ce quelles feront ou diront adviendra auxdites personnes. De la Taupe. La Taupe signifie l’homme aveuglé par inconvénient, et labeur en vain, et que celui qui veut être secret sera décelé par soi même. Des oiseaux de nuit. Chouette chat-huant, butor, chauve-souris et tout autre oiseau de nuit, c’est contraire à toute entreprise et avancement d’affaires, mais enlève les craintes et terreurs. La seule chauve-souris est bonne aux femmes enceintes car elle ne fait point d’oeufs comme tous autres oiseaux, mais des petits et porte le lait dont elle les nourrit. Si ces oiseaux sont vus en songe entrer en maison pour y habiter, c’est que la maison sera déserte, et délaissée des habitants. Celui qui va par mer ou par terre, et voit en songe un de ces oiseaux, il tombera en grande tempête, ou entre les mains des brigands. De l’horloge. L’horloge signifie actions, mouvements, opérations, machinations et surprises en choses nécessaires. Si l’horloge tombe, ou se rompt, c’est mal et grand danger, même aux malades. Toujours serait bien meilleur de compter les heures devant midi que celles d’après. Conclusion de l’Auteur sur le tiers livre. Voilà donc suffisamment comme je pense, ce qui manquait, que j’ai mis dans ce tiers livre, et qu’il ne convenait point de remettre ni d’ajouter aux deux premiers. Pour ce j’en ai aimé mieux faire un livret à part, sans rien omettre, afin de ne laisser occasion à nul d’en ajouter dans un autre ouvrage. Maintenant, on doit bien savoir qu’il n’est rien plus fâcheux et difficile que de comprendre la complexité et la diversité des songes, et d’en tirer une règle générale, attendu que souvent l’on voit dans un même songe et un même moment, de jour ou de nuit, des choses contradictoires et sans aucun point commun. Or il est impossible que les choses signifiées par un même songe soient contradictoires, car les songes prédisent les choses à venir. Mais comme en toute chose, il y a un ordre à observer. Si donc on aura vu par ce même songe des choses bonnes et mauvaises, alors il faut identifier lesquelles sont les premières, et lesquelles les dernières : car dans les affaires de ce monde, quelquefois aussi des occasions d’espérer ont eu une mauvaise issue, et au contraire, quelquefois les doutes et les craintes ont bien tourné. Parfois, au lieu des grands maux qu’on attendait, on en a eu de petits. Et pour petite espérance de bien, l’on n’a rien eu. Ainsi donc les songes mixtes et composés certes sont douteux et ne se peuvent pas entendre ni exposer facilement, ce qui est grief à plusieurs. Or j’ai écrit avec ordre, et le mieux que j’ai pu, le plus clairement possible, afin que chacune de ces significations soit facile à suivre. Et comme les maîtres d’école après qu’ils ont enseigné aux enfants la connaissance et la propriété de chacune des lettres en particulier, puis toutes ensemble, ainsi je veux donner un enseignement facile à suivre, et ajouter à ce qui a été dit dans mes livres précédents, afin qu’il soit plus facile de les entendre et apprendre. Pour ceux qui ont de l’expérience et un long usage en cette matière, le propos sera facile. Or donc au premier livre nous avons dit que la tête signifie le père de celui qui songe. Et au second que le lion signifie le Roi ou la maladie. Et au chapitre de la mort, qu’il est bon pour les pauvres de songer de mourir. Quand donc quelque homme pauvre (ayant son père riche) songe que le lion vient arracher et dévorer ou ravir sa tête, et que ledit pauvre homme en demeure mort, et sans tête, en songeant, il est vraisemblable que son père mourra, et le fera son héritier. Et par ce moyen il sortira de sa misère, et deviendra riche, attendu que ni le père ni la pauvreté ne le domineront plus : car en ce songe la tête représente le père. La perte de la tête représente la mort et la disparition du père. Le lion signifie la maladie dont le père mourra. Et la mort à ce pauvre homme représente son changement d’état, et que pauvreté sera chassée par la richesse. C’est ainsi qu’il faut conduire l’interprétation de tous les songes complexes, en faisant de chacun des chapitres et propos recueillis, comme une mixture et composition de médecine, qui se fait de plusieurs herbes et racines. Enfin, je souhaite que mes lecteurs soient débonnaires et qu’ils désirent bien vouloir lire mes livres, sans les accuser ni les blâmer, avant de les avoir lus attentivement et compris, car j’ose affirmer sous serment que ces miens livres n’induiront jamais en erreur un lecteur attentif.