Projet HODOI ELEKTRONIKAI

Présentations d'auteurs : Tryphiodore de Panopolis (IIIe - IVe s. ap. J.-Chr. ?)


 

Jean SIRINELLI, Les enfants d'Alexandre
La littérature et la pensée grecques (334 av. J.-Ch. - 519 ap. J.-Ch.)
Paris, Fayard, 1993, pp. 434-435

 

Tryphiodore de Panopolis.

C'est à cette même veine que l'on peut rattacher Tryphiodore de Panopolis, longtemps considéré comme un disciple de Nonnos au Ve siècle, et que l'on situe plus volontiers aujourd'hui entre le milieu du Ille et le début du IVe siècle. La Prise d'Ilion, que nous avons conservée, est un poème un peu artificiel où sont racontés en moins de 700 vers les principaux événements qui marquent la chute de Troie : la construction du cheval de bois, le faux départ des Achéens, les délibérations des Troyens, l'entrée du cheval, la fête à Troie, les différents épisodes du massacre. Nous sommes loin de l'esthétique homérique. Le récit est rapide et même précipité et cette précipitation elle-même ne va pas sans monotonie. Cette poésie n'est pas exempte de beaux vers et de traits éclatants mais on dirait qu'il y manque, avec l'originalié, une sorte de caractère propre. On a le sentiment que le poète cherche à toucher son public par référence à des oeuvres, à des personnages supposés connus et que ces vers sont chargés de rappeler plutôt que de peindre. Les commentateurs y dénoncent les emprunts : ce ne sont pas eux qui sont gênants, c'est l'absence d'intention propre, l'absence de perspective d'un texte qui s'apparente plutôt à un florilège mais qui n'est pas sans talent. Il est seulement fâcheux qu'il s'agisse d'un poème épique et que, dans ce domaine, le manque de souffle soit plus préjudiciable qu'ailleurs.

On s'est interrogé sur cette relative renaissance de l'épopée. Certains ont supposé qu'elle est due à la disparition de textes anciens, notamment ceux du cycle épique, qui laissent donc un vide et appellent des oeuvres de substitution. On a évoqué aussi la concurrence de la sophistique qui traitait les mêmes sujets et pouvait par là-même exciter quelque émulation. Sans mettre en question cette explication qui conserve toute sa valeur et qui est fondée sur le témoignage de Jean Philopon (selon qui les poèmes épiques ont commencé à disparaître après Pisandre de Laranda, c'est-à-dire sous le règne d'Alexandre Sévère), il faut remarquer qu'il s'agit non pas d'oeuvres de substitution mais d'oeuvres de complément et de raccord dans les interstices des poèmes homériques dont elles supposent donc la présence.

On pourrait y voir en effet plutôt l'expression d'une inspiration de caractère assez scolaire visant à la fois à pasticher et, en même temps, à compléter un poème existant, comme si l'esprit scolairement encyclopédique de ce temps ne sentait plus le sens, la portée et l'originalité d'une oeuvre une, mais se laissait aller aux délices de la globalité, à l'esprit de collection.


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Dernière mise à jour : 29/11/2006