[2,0] LIVRE DEUXIÈME. [2,1] CHAPITRE PREMIER. Raisons pour lesquelles Socrate a fait deux fois les deux premiers livres de son Histoire. Rufin, qui a écrit en latin l'Histoire de l'Eglise, a commis de grandes fautes contre la Chronologie. II a cru que ce qui a été fait contre Athanase, n'a été fait que depuis la mort de l'Empereur Constantin. Il n'a jamais rien su de son exil à Trêves, ni de plusieurs autres circonstances. J'avais écrit d'abord les deux premiers livres de mon Histoire sur la foi de son témoignage, et l'avais suivi en tout sur sa parole. Mais depuis le troisième jusques au septième, j'ai tiré quelques choses de lui ; d'autres de divers auteurs ; et j'en ai appris d'autres par le rapport de quelques personnages qui vivent encore. Mais ayant lu depuis les livres d'Athanase, par lesquels il déplore ses malheurs, et se plaint d'avoir été envoyé en exil par les calomnies des partisans d'Eusèbe, j'ai cru devoir ajouter foi à ceux qui avaient vu les choses dont ils rendaient témoignage, et à ceux qui en avaient ou fait ou souffert la plus grande partie, plutôt qu'à ceux qui n'en savaient rien que par conjecture. Ayant de plus trouvé des lettres de plusieurs grands Hommes de ce temps-là, je m'en suis servi pour découvrir la vérité. Ce qui m'a obligé de dicter une seconde fois le premier et le second livre de mon Histoire, sans néanmoins retrancher les endroits où Rufin ne s'était point trompé. Il est encore à propos de remarquer, que dans la première publication de mon ouvrage, je n'avais rapporté ni la sentence par laquelle Arius avait été déposé, ni les lettres de l'Empereur; et que pour éviter une longueur ennuyeuse, je m'étais contenté d'un simple récit du fait sans insérer ces actes-là. Mais je les ai insérés dans celle-ci, en votre faveur, Théodore, saint Prêtre de Dieu, afin que vous n'ignoriez rien de ce que les Empereurs ont ordonné sur ce sujet par leurs lettres, ni de ce que les Évêques ont décidé dans les Conciles, où ils n'ont pas toujours expliqué de la même sorte la doctrine de la foi. Le premier livre est achevé selon cette seconde méthode. Il ne reste qu'à travailler au second. [2,2] CHAPITRE II. Eusèbe, Evêque de Nicomédie soutient l'opinion d' Arius. Eusèbe, Evêque de Nicomédie, et Théognis, Evêque de Nicée, crurent que le temps de la mort de l'Empereur Constantin était un temps qui leur était favorable pour détruire la doctrine de la consubstantialité du Verbe, et pour introduire l'opinion d'Arius. Ils n'espérèrent pas néanmoins venir à bout de ce dessein, si Athanase retournait à Alexandrie. Ils s'efforcèrent donc d'empêcher son retour, et employèrent pour cet effet le même Prêtre qu'ils avaient autrefois employé pour faire rappeler Arius de son exil. Je dirai comment l'affaire se passa. Ce Prêtre-là avait été dépositaire du testament de l'Empereur Constantin, et l'avait porté à Constance son fils. Ce Prince y ayant trouvé les dispositions les plus avantageuses en sa faveur, qu'il eût jamais pu souhaiter, et la donation de tout l'Empire d'Orient, rendit de grands honneurs à ce Prêtre, et lui commanda de le venir souvent visiter. Quand il eut l'entrée libre à la Cour, il se fit connaître de l'Impératrice, et contracta habitude particulière avec les Eunuques. Il inspira l'opinion d'Arius à Eusèbe premier Eunuque de l'Empereur, et ensuite aux autres Eunuques, et par leu moyen à l'Impératrice même. Cette matière ayant été agitée à la Cour, le bruit des disputes vint bientôt après aux oreilles de l'Empereur, se répandit parmi les Officiers de sa maison, et enfin parmi tout le peuple. Les Eunuques et les femmes du Palais en firent le sujet de leur Entretien. Les particuliers y prirent part, et excitèrent des combats de paroles dans leurs maisons. Les premières étincelles de ces contestations, allumèrent un feu qui s'étendit sur les Villes et sur les Provinces. A mesure que chacun s'informait de l'état de la question, il prenait parti, et tout l'Orient se vit en peu de temps ébranlé par ces disputes. Car l'Illyrie et l'Occident demeurèrent cependant en paix, et ne firent rien changer de ce qui avait été défini à Nicée. Les partisans d'Eusèbe avaient une joie incroyable de ce désordre, à la faveur duquel ils espéraient établir à Alexandrie un Evêque de leur parti. Mais cette espérance fut dissipée par le retour d'Athanase, et par la lettre du jeune Constantin, qui le rétablissait dans son siège.. En voici les termes. [2,3] CHAPITRE III. Lettre du jeune Constantin. Constantin César au peuple de l'Eglise Catholique d'Alexandrie. Je crois que vous n'ignorez pas qu'Athanase, l'Interprète fidèle de la Loi de Dieu, n'a été relégué pour un temps dans les Gaules, qu'afin qu'il fût garanti de la fureur de ses ennemis ; et qu'étant demeuré cependant dans la Ville qui lui avait été marquée, il n'y a manqué de rien, bien que sa vertu, soutenue par la grâce de Dieu, lui fasse mépriser les nécessités et les misères de la vie présente. Mais puisque la mort de Constantin mon Seigneur et mon Père d'heureuse mémoire, a prévenu le dessein qu'il avait de le rétablir sur le Siège de son Eglise, je me tiens obligé de l'exécuter. Vous apprendrez de sa bouche, lorsqu'il sera de retour parmi vous, combien je lui ai rendu d'honneur. Il ne faut pas s'étonner que j'aie fait quelque chose en sa faveur, puisque j'y ai été porté par le mérite d'un si grand personnage, et par le désir que je sais que vous avez de le revoir. Que la Divine Providence vous conserve, mes très chers frères. Athanase retourna avec cette lettre à Alexandrie, où il fut reçu avec joie par tout le peuple. Ceux néanmoins qui soutenaient le parti d'Arius, ne laissèrent pas de conspirer contre lui, et d'exciter des séditions, d'où les partisans d'Eusèbe prirent occasion d'accuser Athanase devant l'Empereur, de s'être emparé du Siège de l'Eglise d'Alexandrie, sans la permission d'aucun Concile, et d'aigrir si fort l'esprit de ce Prince, qu'il le chassa de cette Ville. Je dirai bientôt de quelle manière cela arriva. [2,4] CHAPITRE IV. Acace succède à Eusèbe dans le gouvernement de l'Eglise de Césarée. Eusèbe surnommé Pamphile étant mort en ce temps-là, Acace son disciple, qui a composée plusieurs ouvrages, et entre autres la Vie de son Maître, lui succéda. [2,5] CHAPITRE V. Mort du jeune Constantin. Peu de temps après le jeune Constantin ayant voulu entreprendre sur les états de Constant son frère, et en étant venu aux mains avec ses troupes, fut tué dans un combat, sous le Consulat d'Acyndine.et de Procule. [2,6] CHAPITRE VI. Tumulte à Constantinople pour l'élection d'un Évêque. Outre les tumultes dont nous avons vu la Ville de Constantinople troublée, il y arriva encore un autre, dont je dirai le sujet. Alexandre mourut après avoir gouverné vingt-trois ans l'Eglise de cette Ville, et en avoir vécu quatre-vingt dix-huit, sans avoir nommé de successeur. Il avait néanmoins conseillé à ceux qui avaient droit d'élire, d'en choisir un des deux qu'il avait proposés, et leur avait dit que s'ils voulaient avoir un Évêque recommandable par la sainteté de ses mœurs, et capable d'enseigner, ils prissent Paul, qu'il avait ordonné Prêtre depuis peu de temps, et qui tout jeune qu'il était, ne laissait pas d'avoir la prudence des vieillards. Que s'ils se contentaient d'un Évêque qui eût un extérieur fort grave et fort vénérable, qu'ils s'arrêtassent à Macédonius ancien Diacre, qui avait vieilli dans les fonctions de cet ordre. L'Eglise fut extrêmement troublée par les contestations qui s'émurent, lorsqu'il fut question de choisir. Le peuple était divisé en deux partis, dont l'un favorisait l'opinion d'Arius, et l'autre était fort attaché aux décisions du Concile de Nicée. Ceux-ci eurent toujours l'avantage durant la vie d'Alexandre, les autres n'étant pas bien d'accord entre eux touchant leur doctrine. mais depuis sa mort, le combat fut plus égal. Les défenseurs de la foi du Concile de Nicée, élurent Paul, qui fut sacré dans l'Eglise d'Irène qui est proche de celle de sainte Sophie, et confirmèrent par leur suffrage le jugement d'Alexandre. Les autres continuèrent à favoriser Macédonius. [2,7] CHAPITRE VII. Constance chasse Paul hors du Siège de l'Eglise de Constantinople, et y met Eusèbe, Evêque de Nicomédie. L'Empereur étant venu bientôt après à Constantinople, fut extrêmement fâché dé cette élection, et de ce sacre, et ayant fait une assemblée d'Evêques Ariens, il chassa Paul du Siège de cette Eglise, et y transféra Eusèbe, Evêque de Nicomédie. Après quoi il s'en retourna à Antioche. [2,8] CHAPITRE VIII. Eusèbe tient un Concile à Antioche, où il propose une nouvelle formule de foi. Eusèbe ne pouvait demeurer en repos, et remuait, comme porte le proverbe, toute sorte de pierre, pour venir à bout de ses desseins. Il assembla donc un Concile à Antioche, Ville de Syrie sous prétexte d'y dresser une Eglise que Constantin père des Empereurs avait commencée, et que Constance son fils avait achevée, seize ans depuis que les fondements en avaient été jetés ; mais en effet pour ruiner et pour détruire la foi de la consubstantialité du Verbe. Quatre-vingt-dix Evêques assistèrent à ce Concile. Néanmoins Maxime, Évêque de Jérusalem ne s'y trouva pas, parce qu'il se souvenait de la manière frauduleuse, dont il avait été entraîné, et contraint de souscrire à la condamnation d'Athanase. Jules, Evêque de Rome n'y assista point non plus, et n'y envoya personne en sa place, bien que selon un ancien Canon, il n'était pas permis de rien ordonner dans l'Eglise, sans le consentement de l'Evêque de Rome. Le Concile fut donc assemblé à Antioche en présence de l'Empereur Constance, sous le Consulat de Marcellin et de Probin, cinq ans depuis la mort de Constantin, père des Empereurs. L'Eglise d'Antioche était alors gouvernée par Flaccille, qui avait succédé â Eupaphonius. Les partisans d'Eusèbe intentèrent diverses accusations contre Athanase. La première fut de s'être remis de lui-même en possession de l'Eglise d'Alexandrie, contre la disposition d'un Canon, dont on n'avait jamais entendu parler, et qu'il fallait qu'ils eussent fait eux-mêmes tout de nouveau. La seconde fut que son retour ayant excité une sédition, plusieurs étaient morts dans le tumulte, et qu'il avait battu lui-même quelques personnes, et en avait traduit d'autres en jugement. Ils n'oublièrent pas non plus de se servir de la procédure, qui avait été faite contre lui à Tyr. [2,9] CHAPITRE IX. D'Eusèbe à Emèse. Sur ces accusation calomnieuses, ils désignèrent Eusèbe surnommé Emisène, Évêque d'Alexandrie. George, Evêque de Laodicée, qui assista à ce Concile, nous apprendra qui il était. Car dans le livre qu'il a composé de sa Vie il dit qu'il tirait son origine d'une famille illustre d'Edesse, Ville de Mésopotamie, qu'il s'appliqua aux saintes lettres dès son enfance, qu'il apprit depuis les lettres humaines d'un Maître qui les enseignait à Edesse, et qu'il se fit expliquer l'Ecriture par Patrophile, Évêque de Scythopole, et par Eusèbe, Evêque de Césarée. Etant depuis allé à Antioche dans le temps qu'Eustate fut accusé par Cyr, Evêque de Bérée, de tenir les erreurs de Sabellius, déposé par les Evêques, il demeura avec Euphronios qui avait succédé à Eustate. Il en partit quelque temps après, pour éviter l'honneur du Sacerdoce, et vint à Alexandrie, où il s'adonna à l'étude de la Philosophie. Etant ensuite retourné à Antioche, il contracta très étroite amitié avec Flacille, successeur d'Euphronius; et enfin il fut élevé à la dignité d'Evêque d'Alexandrie, par Eusèbe, Evêque de Constantinople. Mais l'affection que le peuple avait pour Athanase, l'empêcha d'y aller. Il fut donc envoyé à Emèse. Mais les habitants ayant excité sédition à son sacre, et l'ayant accusé de s'adonner à l'Astrologie judiciaire, il s'enfuit à Laodicée, et demeura auprès de George, de qui nous tenons toutes les circonstances de cette Histoire. George l'ayant mené à Antioche , fit en sorte que Flaccille et Narcisse le ramenèrent à Emèse. Il fut encore accusé depuis, de tenir les erreurs de Sabellius. George parle fort au long de son ordination, et ajoute enfin que quand l'Empereur partit pour aller faire la guerre aux barbares, il le mena avec lui, et qu'étant à la suite de ce Prince, il fit des choses fort extraordinaires, et qui approchaient du prodige. Voila ce que j'avais à rapporter de ce que George a dit touchant Eusèbe d'Emèse. [2,10] CHAPITRE X. Les Évêques assemblés à Antioche, nomment Grégoire, pour être Évêque d'Alexandrie, et changent les termes de la foi du Concile de Nicée. Eusèbe n'ayant osé aller à Alexandrie, dont les Evêques assemblés à Antioche lui avaient déféré le Siège Episcopal, ils nommèrent Grégoire pour le remplir. Après cela ils altérèrent la foi. Car bien qu'ils ne reprissent rien de ce qui avait été défini à Nicée, la vérité est néanmoins, qu'ils ne tendaient par la multitude de leurs Conciles, et par la diversité des changements qu'ils apportaient au Symbole, qu'à renverser et à abolir la créance de la consubstantialité du Verbe, et à autoriser la doctrine d'Arius. Nous remarquerons dans la suite de cette Histoire le progrès de ce dessein. Voici cependant de quelle manière ils expliquèrent leur foi, dans leur lettre. Nous n'avons jamais été disciples d'Arius. Comment étant Evêques, comme nous sommes, aurions-nous voulu être sectateurs d'un Prêtre ? Nous n'avons point non plus embrassé d'autre foi, que celle qui a été proposée dés le commencement. Mais ayant examiné sa foi en qualité de Juges, nous l'avons approuvée plutôt que nous ne l'avons suivie. Vous reconnaîtrez que ceci est véritable, par ce que nous dirons ci-après. Nous avons appris dès le commencement à croire un seul Dieu qui a créé, et qui conserve toutes les choses intelligibles et sensibles, et un Fils unique de Dieu, qui est avant tous les siècles, qui est avec son Père qui l'a engendré, par qui toutes les choses visibles et invisibles ont été faites, qui est descendu ici-bas dans les derniers temps selon la volonté de son Père, a pris chair de la sainte Vierge, et qui après avoir accompli en toutes choses la volonté de son Père a souffert, est ressuscité, est monté au Ciel, et est assis à la droite de son Père ; qui viendra juger les vivants et les morts ; qui demeure Roi et Dieu durant toute l'éternité. Nous croyons un saint Esprit, et s'il est nécessaire d'ajouter encore quelque chose, nous croyons la résurrection de la chair et la vie éternelle. Ayant écrit cette lettre, ils l'envoyèrent aux Evêques de toutes les Villes ; mais s'étant arrêter encore un peu de temps à Antioche, ils y écrivirent une autre lettre, comme s'ils eussent condamné la première. Autre exposition de la foi. Nous croyons, suivant la tradition de l'Evangile et des Apôtres, un seul Dieu Père, tout puissant, Créateur de toutes choses, et, un seul Seigneur Jésus-Christ Fils unique de Dieu, par qui toutes choses ont été faites ; engendré par le Père avant tous les siècles, Dieu de Dieu, Tout du Tout, Seul du Seul, Partait du Parfait, Roi du Roi, Seigneur du Seigneur, Verbe vivant, Sagesse, Vie, véritable Lumière, Voie de la Vérité, Résurrection, Pasteur, Porte ; qui, n'est sujet à aucun changement ni à aucune conversion, qui est l'image parfaite de la Divinité, de la Substance, de la Puissance, du Conseil et de la Gloire de son Père; qui est le premier-né de toutes les créatures ; qui était avec Dieu au commencement comme il est dit dans l'Evangile, et le Verbe était Dieu, par qui toutes choies ont été faites, et en qui elles subsistent, qui dans les derniers temps est descendu du Ciel, né de la Vierge selon les Ecritures, fait homme et médiateur de Dieu et des hommes ; qui est l'Apôtre de notre foi, et le Prince de notre vie, comme il dit lui-même, "Je suis descendu non pour faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé". Qui a souffert pour nous, est ressuscité, est monté au Ciel, et est assis à la droite du Père. Et qui viendra avec gloire et avec puissance pour juger les vivants et les morts. Nous croyons au saint Esprit, qui est donné pour la consolation, la sanctification et la perfection des Fidèles, comme il a été ordonné par Jésus Christ notre Seigneur aux Apôtres, quand il leur a dit : "Allez donc et enseignez tous les peuples, en les baptisant au nom du Père, du Fils et du saint Esprit". Du Père, qui est vraiment Père ; du Fils qui est vraiment Fils ; du saint Esprit qui est vraiment saint Esprit ; de sorte que ces noms ne sont pas des noms qui n'expriment rien mais que ce sont des noms qui expriment proprement chaque personne, leur ordre et leur gloire. Et de sorte que bien qu'il y ait trois personnes, il n'y a néanmoins qu'un Dieu. Tenant cette foi en présence de Dieu et de Jésus-Christ, nous condamnons l'impiété des dogmes des hérétiques. Et si quelqu'un enseigne contre la saine doctrine de la sainte Ecriture qu'il y a, ou qu'il y a eu un temps ou un siècle, avant que le Fils fût engendré, qu'il soit Anathème. Si quelqu'un dit, que le Fils est une créature comme une autre créature, ou qu'il est un germe comme un autre germe, ou s'il parle autrement que ne parle l'Ecriture, ou qu'il enseigne autre chose que ce que nous avons appris, qu'il soit Anathème. Car nous croyons vraiment et religieusement tout ce qui nous a été enseigné dans les saintes Ecritures par les Prophètes, et par les Apôtres. Voila les expositions de foi qui furent publiées par les Evêques assemblés à Antioche, auxquelles Grégoire souscrivit comme Evêque d'Alexandrie, bien qu'il ne fût encore jamais entré dans cette Ville. Le Concile ayant dressé ces formules de foi, et ayant fait quelques canons, se sépara. Dans le même temps la paix de l'Empire fut troublée, tant en Occident par l'irruption des Français dans les Gaules, et par le dégât qu'ils firent sur les terres des Romains, qu'en Orient par les tremblements de terre, et principalement à Antioche, qui en fut ébranlée l'espace d'un an. [2,11] CHAPITRE XI. Grégoire entre à main armée dans Alexandrie. Athanase est contraint d'en sortir. Syrien mena Grégoire à Alexandrie avec cinq mille soldats, auxquels se joignirent ceux qui favorisaient la doctrine d'Arius. Je crois devoir dire en cet endroit de quelle manière Athanase évita de tomber entre les mains de ceux qui le cherchaient pour le prendre. La nuit approchait et le peuple était assemblé dans l'Eglise, parce qu'il attendait que l'on commençât l'Office, lorsque le Commandant des troupes arriva, et assiégea l'Eglise avec des gens de guerre. Athanase voyant cette violence, et appréhendant que le peuple ne souffrit quelque mal à son occasion, commanda au Diacre de l'avertir de faire sa prière, et à l'heure-même ou commença le Psaume. Ils sortirent tous par une des portes de l'Eglise, en chantant avec une merveilleuse harmonie, et les soldats étant cependant demeurés en repos, Athanase se sauva dans la foule. S'étant échappé de ce danger, il alla à Rome. Grégoire s'empara de l'Eglise. Le Peuple irrité de ce qui était arrivé, brûla celle que l'on appelait l'Eglise de Denys. Eusèbe étant ainsi venu à bout de ses desseins, envoya une ambassade à Jules Evêque de Rome, pour le prier de prendre connaissance de l'affaire d'Athanase. [2,12] CHAPITRE XII. Paul est rétabli par le peuple sur le Siège de l'Eglise de Constantinople. Macédonius est élu par les Ariens. Mais il ne sut jamais rien de ce que Jules jugea de cette affaire, parce qu'il mourut avant qu'elle eût été jugée. Après sa mort, le peuple rétablit Paul sur le Siège de l'Eglise de Constantinople. Les Ariens c'est-à-dire Théognis, Evêque de Nicée, Maris, Evêque de Calcédoine, Théodore, Evêque d'Héraclée en Thrace, Ursace, Evêque de Singidon en la Mésie supérieure, Valens, Evêque de Mursa dans la Pannonie supérieure, qui durant la vie d'Eusèbe avaient été de toutes les entreprises, par lesquelles il avait troublé la paix de l'Eglise, et qui depuis sa mort avaient usurpé l'autorité, imposèrent les mains à Macédonius dans l'Eglise de saint Paul. Mais depuis, Ursace et Valens touchés d'un sentiment de pénitence, donnèrent leur rétractation à Jules, Evêque de Rome, souscrivirent à la doctrine de la Consubstantialité du Verbe, et furent admis à la communion. Mais soutenant alors de tout leur pouvoir la perfidie d'Arius, ils excitèrent des guerres très dangereuses, comme celle qui troubla la paix de la Ville de Constantinople au sujet de Macédonius, et qui causa d'horribles désordres, et la mort de plusieurs personnes. [2,13] CHAPITRE XIII. Hermogène Maître de la milice est tué par le peuple de Constantinople. Paul en est chassé par l'Empereur Constance. Le bruit en étant venu aux oreilles de l'Empereur Constance qui était alors à Antioche, il envoya ordre à Hermogène, Maître de la milice de Thrace, d'aller à Constantinople, et d'en chasser Paul. Etant venu pour exécuter cet ordre, il excita un horrible tumulte, parce qu'à l'heure-même le peuple s'assembla, et se mit en devoir de défendre son Evêque. Hermogène ayant entrepris de le chasser à main armée, le peuple s'échauffa, comme il a accoutumé de faire en semblables occasions, courut en foule à sa maison, y mit le feu, l'en tira avec violence, le traîna par la Ville, et le tua. Ce meurtre fut commis sous le Consulat des deux Empereurs, savoir sous le troisième de Constance et le second de Constant : qui fut le temps-même auquel ce Prince ayant vaincu les Français, contracta alliance avec eux. Constance ayant appris le meurtre d'Hermogène, partit d'Antioche, et se rendit en diligence à Constantinople, d'où il chassa Paul. Il ôta aux habitants plus de quarante mille muids de blé, sur ce que Constantin son père leur en avait accordé. Car on leur en distribuait chaque année prés de quatre vingt mille muids, qui venaient d'Alexandrie. Il différa de déclarer Macédonius, Evêque de la Ville, parce qu'il était fâché non seulement de ce qu'il avait été sacré sans son consentement ; mais aussi de ce que ses différends avec Paul avaient causé la mort de plusieurs personnes, et principalement d'Hermogène. Il lui permit pourtant d'assembler le peuple dans l'Eglise, où il avait été ordonné, et s'en retourna à Antioche. [2,14] CHAPITRE XIV. Grégoire est chassé de l'Église d'Alexandrie par les Ariens, et George est mis en sa place. Les Ariens ôtèrent en ce temps-là Grégoire de dessus le Siège de l'Eglise d'Alexandrie, tant parce qu'il s'était rendu extrêmement odieux par l'embrasement de la Ville, que parce qu'il ne soutenait pas leur parti avec assez de chaleur, et mirent en sa place George natif de Cappadoce, qui passait pour un des plus habiles de leur secte. [2,15] CHAPITRE XV. Paul, et quelques-autres Évêques sont rétablis dans leurs Sièges, par l'autorité de Jules Evêque de Rome. Athanase n'arriva à Rome, qu'après beaucoup de travaux et de fatigues. Tout l'Occident était alors sous l'obéissance de Constant le plus jeune des fils de Constantin, Constantin son frère ayant été tué par les gens de guerre. Dans le même temps Paul, Evêque de Constantinople, Asclépas, Evêque de Gaze, Marcel, Evêque d'Ancyre, Ville de Galatie, et Lucius, Evêque d'Andrinople ayant été chassés de leur Eglises sur différentes accusations, ils se rendirent à la Ville impériale, où ayant expliqué chacun leur causa à Jules, Evêque de Rome, ils furent rétablis par l'autorité de ses lettres dans leur Sièges, selon le privilège de l'Eglise Romaine, et ceux qui les avaient déposés, furent blâmés par les mêmes lettres. Ces Evêques étant partis de Rome, se remirent chacun en possession de leur Siège, en vertu des lettres de Jules, et envoyèrent ces lettres aux Evêques, auxquels elles étaient adressées. Quand ils les eurent lues, ils prirent pour injure la liberté dont il usait de blâmer, et s'étant assemblés à Antioche, lui récrivirent d'un commun consentement, qu'il ne lui appartenait pas de prendre connaissance de ce qu'ils avaient chassé quelques Evêques de leur Eglise ; parce que quand il avait chassé Novat, ils n'y avaient rien trouvé à redire. Voila la réponse qu'ils firent à Jules, Evêque de Rome. Mais parce que quand Athanase rentra dans Alexandrie, ceux qui soutenaient le parti de George Arien excitèrent une sédition, ou l'on dit que plusieurs personnes furent tuées, les Ariens en rejettent toute la faute sur Athanase, comme sur le principal auteur, je suis obligé d'en dire quelque chose. Dieu, qui est Juge de la vérité, sait qui est le véritable auteur de ces désordres. Les personnes d'esprit n'ignorent pas, qu'il n'y a point de sédition où de pareils malheurs n'arrivent. C'est donc en vain que les calomniateurs d'Athanase lui attribuent ceux-ci, et principalement Sabin, Évêque de la secte des Macédoniens. S'il avait fait réflexion sur la grandeur et sur la multitude des maux que les défenseurs d'Arius ont fait souffrir à Athanase, et aux autres qui soutenaient la Consubstantialité du Verbe ; et sur les plaintes que les Conciles assemblées pour examiner la cause d'Athanase, en ont faites, ou enfin sur ce que l'Hérésiarque Macédonius a fait dans l'Eglise, il aurait gardé le silence, ou s'il avait trouvé à propos de le rompre, ce n'aurait été que pour donner des louanges à Athanase. Mais dissimulant toutes ces choses il s'efforce de le noircir par ses calomnies. Il ne parle point du tout de Macédonius, de peur d'être obligé de découvrir ses crimes. Et ce qui est plus étonnant, il ne parle point désavantageusement des Ariens, bien qu'il fût fort éloigné de leurs sentiments. Il a passé sous silence l'ordination de Macédonius, parce qu'il n'en pouvait faire mention, sans faire aussi mention de ses crimes. [2,16] CHAPITRE XVI. L'Empereur Constance envoie Paul en exil, et établit Macédonius sur le Siège de l'Eglise de Constantinople. L'Empereur Constance ayant appris à Antioche, où il demeurait alors, que Paul s'était remis en possession de son Siège, il en entra dans une grande colère, et manda à Philippe, Préfet du Prétoire, qui était le premier Officier, et la seconde personne de l'Empire, de le chasser et de mettre Macédonius en sa place. Philippe appréhendant la sédition du peuple, usa d'artifice pour surprendre Paul. Ayant donc tenu l'ordre de l'Empereur fort secret, il alla au Bain public, que l'on appelle le Bain de Zeuxippe, et envoya quérir Paul, sous prétexte d'affaires publiques. Il ne fut pas sitôt entré, que Philippe lui montra l'ordre de l'Empereur. L'Evêque se voyant condamné, sans avoir été entendu, souffrit cette injustice avec patience. Comme le Préfet se défiait de quelque entreprise du peuple qui était accouru en foule pour voir ce qui se passait, il commanda d'ouvrir une des portes du Bain, par laquelle on emmena Paul au Palais, et de là on le mit sur un vaisseau qui avait été préparé pour le conduire en exil. Le Préfet lui commanda d'aller à Thessalonique capitale de Macédoine, Ville de sa naissance. Il lui permit néanmoins de visiter les Villes d'Illyrie. Mais il lui défendit expressément d'aller en Orient. Paul chassé ainsi contre son attente, et de la Ville et de l'Eglise, fut emmené en diligence. Philippe étant parti du Bain pour aller à l'Eglise, Macédonius parut à l'heure-même assis à son côté sur son char, comme s'il y eût été transporté par une machine. Le char était environné de Gardes qui avaient l'épée nue à la main. Tout le peuple était dans la crainte. Les défenseurs de la Consubstantialité du Verbe et les Sectateurs d'Arius couraient confusément à l'Eglise. Lorsque Philippe et Macédonius furent prêts d'y entrer, le peuple et les gens de guerre furent saisis tout d'un coup d'une vaine frayeur. La multitude de personnes qui s'étaient assemblées à ce spectacle était si extraordinaire, que Macédonius ne pouvant passer, les soldats commencèrent à pousser le peuple, mais le peuple étant trop serré pour pouvoir ni reculer, ni s'entrouvrir, les soldats dans la créance qu'il ne voulait point faire de passage, tirèrent leurs épées, et en frappèrent tous ceux qui se présentèrent devant eux. On dit que trois mille cent cinquante personnes furent tuées en cette occasion, tant celles qui passèrent au fil de l'épée, que celles qui furent écrasées dans la presse. Après une si glorieuse exécution, Macédonius fut mis sur la chaire de l'Eglise, par l'autorité du Préfet plutôt que par celle des Canons, comme s'il eût été fort innocent. Les Ariens se rendirent ainsi maîtres de l'Eglise par le sang, et par le meurtre. L'Empereur entreprit dans le même temps d'élever une grande Eglise, que l'on appelle aujourd'hui l'Eglise de sainte Sophie, et qui touche à celle d'Irène, que Constantin, père de Constance fit fort grande, de petite qu'elle était auparavant. Elles n'ont maintenant toutes deux qu'une enceinte et un nom. [2,17] CHAPITRE XVII. Athanase se réfugie à Rome, par la crainte des menaces de l'Empereur. Les Ariens inventèrent dans le même temps, une nouvelle calomnie contre Athanase. Il yavait longtemps que Constantin Père des Empereurs, avait accordé à la Ville d'Alexandrie une certaine quantité de blé pour nourrir les pauvres. Ils accusèrent Athanase de l'avoir vendu, et d'en avoir retenu le prix. L'Empereur ajoutant foi à cette accusation, le menaça de le faire mourir. Mais pour prévenir l'effet de cette menace, il se retira et disparut. Cependant Jules, Evêque de Rome ayant appris les pièges que les Ariens avaient dressés à Athanase, et le lieu où il s'était caché, le manda. Il avait déjà reçu la lettre d'Eusèbe, qui, comme nous l'avons dit, était mort ; et il reçut alors, tant la lettre des Evêques assemblés à Antioche, que d'autres lettres de plusieurs Evêques d'Egypte, par lesquelles ils l'assuraient que les accusations qui avaient été intentées contre Athanase, étaient des accusations calomnieuses. Jules ayant entre les mains toutes ces lettres si contraires, fit premièrement réponse aux Evêques qui s'étaient assemblés à Antioche, par laquel le il se plaignait d'abord de l'aigreur qui paraissait dans leur lettre, et ensuite de ce que contre la disposition des Canons, ils avaient manqué de l'appeler au Concile, vu que par ces Canons, il n'est pas permis de rien ordonner sans la participation. De ce qu'ils avaient secrètement altéré la foi, de ce que la procédure faite à Tyr, ressemblait à un brigandage, parce que les informations faites dans la Maréote, avaient été faites par des ennemis et par des Juges récusés, que le fait du meurtre d'Arsène, était un fait supposé. Tous ces faits et d'autres semblables sont étendus plus au long dans la lettre de Jules. Je l'aurais inférée ici avec celles auxquelles elle sert de réponse, si leur trop grande longueur ne m'en avait détourné. Sabin, écrivain de la secte des Macédoniens, dont j'ai ci-devant parlé, n'a point placé la lettre de Jules dans son recueil de Conciles, bien qu'il y ait placé la lettre des Evêques assemblés dans la Ville d'Antioche à Jules. Il a agi en ce point selon sa coutume. Car quand il trouve une lettre d'un Concile, où il n'est point parlé du terme de Consubstantiel, ou bien où il est rejeté, il ne manque pas de la transcrire ; au lieu qu'il ne transcrit point les autres. En voila assez sur ce sujet. Paul ayant bientôt après fait semblant d'aller de Thessalonique à Corinthe, fit voile en Italie. Ainsi ces deux Évêques instruisirent l'Empereur Constant de leur cause. [2,18] CHAPITRE XVIII. Trois Evêques envoyés d'Orient, pour rendre raison de la déposition d'Athanase et de Paul, font une nouvelle formule de foi. Constant Empereur d'Occident, ayant appris la persécution qu'ils avaient soufferte, en sentit beaucoup de douleur, et écrivit à Constance son frère, pour le prier d'envoyer trois Evêques qui rendirent raison de leur sentence. Il envoya Narcisse de Cilicie, Théodore de Thrace, Maris de Calcédoine, et Marc de Syrie, qui étant arrivés en Occident, refusèrent de conférer avec Athanase ; et qui ayant caché sous leurs habits la formule de foi, qui avait été dressée à Antioche, et en présentèrent une autre à l'Empereur Constant, qu'ils avaient composé eux-mêmes, et qui était conçue en ces termes : Nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant, Créateur de toutes choses, qui est le Principe et le Chef de cette grande Famille, qui est dans le Ciel et sur la terre, et en notre Seigneur Jésus-Christ son Fils unique, qui est engendré de lui avant tous les siècles, Dieu de Dieu, Lumière de Lumière, par qui toutes les choses visibles et invisibles, qui sont dans le Ciel et sur la terre ont été faites, qui est Verbe, Sagesse, Vie et vraie Lumière ; qui s'est fait homme pour nous, dans les derniers temps, qui est né de la sainte Vierge, qui a été crucifié, est mort, et a été enseveli, qui est ressuscité le troisième jour; est monté au Ciel et est assis à la droite de son Père, d'où il viendra à la fin des siècles, pour juger les vivants et les morts, et pour rendre à chacun selon ses œuvres, dont le règne n'aura point de fin, parce qu'il sera assis à la droite de son Père, non seulement en ce Siècle, mais aussi aux siècles à venir. Nous croyons aussi le saint Esprit Paraclet, que le Seigneur a promis à ses Apôtres, et qu'il leur a envoyé après son Ascension pour leur enseigner toutes choses, qui sanctifiera les âmes qui auront cru sincèrement en lui. L'Eglise Catholique regarde comme des étrangers ceux qui disent que le Fils de Dieu a été fait de ce qu'il n'était point auparavant, qu'il n'est point de Dieu, mais d'une autre substance, et qu'il y a eu un temps, auquel il n'était point. Ayant donné cette formule à l'Empereur, et à plusieurs autres, ils se retirèrent sans avoir fait aucune autre chose. Les Occidentaux et les Orientaux n'étant point encore séparés de communion, il s'éleva une nouvelle hérésie à Sirmium, Ville d'Illyrie, Photin, natif de la Galatie mineure, qui gouvernait les Eglises de ces pays-là, et qui avait été autrefois disciple de Marcel, qui avait été déposé de son Évêché, marchant sur les pas de son maître, enseigna que le Fils de Dieu n'était qu'un homme ordinaire. Nous parlerons plus au long de cette erreur dans la suite de notre Histoire. [2,19] CHAPITRE XIX. Autre exposition de foi. Les Evêques d'Orient s'étant assemblés trois ans après dans un Concile, y firent une autre formule de foi, qu'ils envoyèrent aux Évêques d'Italie par Eudoxe, Evêque dé Germanicie, par Macédonius Evêque de Mopsueste et par Martyrius. Cette formule était beaucoup plus ample que les autres. En voici les termes. Nous croyons un Dieu, Père tout-puissant, Créateur de toutes choses, qui est le Principe et le Chef de cette grande famille qui est dans le ciel et sur la terre, et notre Seigneur Jésus-Christ, son Fils unique, engendré par le Père avant tous les siècles, Dieu de Dieu, Lumière de Lumière, par qui toutes les choses visibles et invisibles ont été faites dans le Ciel et sur la terre, qui est Verbe, Sagesse, Puissance, Vie et Lumière, qui s'est fait homme pour nous dans les derniers temps, et est né de la très sainte Vierge, a été crucifié, est mort, et a été enseveli, qui est ressuscité le troisième jour, est monté au Ciel, et est assis à la droite du Père, qui viendra à la fin du siècle, pour juger les vivants et tes morts, et pour rendre à chacun selon ses œuvres, dont le règne n'aura point de fin, et durera tous les siècles parce qu'il est assis à la droite du Père non seulement durant ce siècle mais encore durant les siècles à venir. Nous croyons l'Esprit saint Paraclet, que Jésus-Christ a promis à ses Apôtres, et qu'il leur a envoyé après son Ascension pour les enseigner, et pour les instruire de toutes choses, et par qui les âmes de ceux qui croient sincèrement en lui sont sanctifiées. La sainte Eglise Catholique rejette ceux qui disent que le Fils est de ce qu'il n'était pas auparavant, ou qu'il est d'une autre substance, et non de Dieu, ou qu'il y a eu un temps, ou un siècle, auquel il n'était pas. La sainte Eglise Catholique prononce aussi Anathème contre ceux qui disent qu'il y a trois Dieux, ou que Jésus-Christ n'est pas Dieu avant tous les siècles, ou qu'il n'est ni le Christ ni le Fils de Dieu, ou que le même est Père, Fils, et saint Esprit, ou que le Fils n'a point été engendré, ou que le Père ne l'a point engendré librement et volontairement. Car on ne saurait dire, sans se mettre en danger de tomber dans l'erreur, que le Fils est de ce qu'il n'était point auparavant, puisque nous ne trouvons point qu'il soit ainsi parlé de lui dans l'Ecriture. Nous n'avons point appris qu'il ait été engendré d'une autre hypostase, et qui fût auparavant, mais qu'il a été vraiment engendré de Dieu seul. La parole de Dieu ne reconnaît que le Père de Jésus-Christ qui n'a point été engendré, et qui n'a point de principe. Il ne faut pas que ceux qui avancent témérairement, et sans être appuyés de l'autorité de l'Ecriture sainte qu'il y a eu un temps, auquel il n'était pas, conçoivent aucun espace de temps, qui ait été avant lui. Ils ne doivent concevoir que Dieu qui l'a engendré sans temps, parce qu'il fait lui-même les temps et les siècles. Il ne faut pas croire non plus que le Fils n'ait point de principe et qu'il n'ait point été engendré non plus que le Père. Car ce qui n'a point de principe, et ce qui n'a point été engendré, n'a proprement ni Père ni Fils. Nous savons que le Père n'a point de principe, et qu'il ne peut être compris, et qu'il a engendré d'une manière incompréhensible et ineffable; que le Fils a été engendré avant les siècles, qu'il n'est point comme le Père, qui ne peut être engendré, et qu'il a un Principe qui est son Père qui l'a engendré. Car Dieu est le Chef de Jésus-Christ. Mais bien que suivant l'Ecriture sainte, nous conférions trois choses ou trois personnes ; savoir, celle du Père, celle du Fils et celle du saint Esprit, nous ne faisons pas pourtant trois Dieux. Car nous savons qu'il n'y a qu'un Dieu parfait, qui n'a point été engendré, qui n'a point de principe, qui est invisible, et Père de son Fils unique, qui a seul l'être de lui même, et qui le donne abondamment aux autres. Cependant bien que nous disions qu'il n'y a qu'un Dieu, qui n'a point été engendré, et qui est Père de notre Seigneur Jésus-Christ, nous ne nions pas pour cela que Jésus-Christ ne soit Dieu, avant tous les siècles, comme sont les Disciples de Paul de Samosate, qui disent que depuis son Incarnation, il a été fait Dieu, d'homme qu'il était auparavant. Nous savons que bien qu'il soit sujet à Dieu son Père, il est néanmoins engendré de Dieu, il est de sa Nature Dieu véritable et parfait, il n'a point été fait Dieu, d'Homme qu'il fut auparavant, mais que de Dieu qu'il était, il s'est fait homme, pour nous, sans céder d'être toujours Dieu. Nous détestons et frappons d'Anathème ceux qui l'appellent faussement simple Verbe de Dieu, et sans hypostase, soit comme ayant son être dans un autre, ou comme une parole qui est prononcée, ou comme une parole qui est conçue, et qui prétendent qu'il n'a pas été avant les siècles Christ. Fils, Médiateur, Image de Dieu; mais qu'il n'a commencé à être Christ et Fils de Dieu, qu'au temps auquel il a pris notre chair dans le sein de la Vierge, il y a environ quatre cents ans. Car ils veulent que ce soit-là le commencement du règne de Jésus Christ, et que la fin de ce règne a, et arrive après la destruction du monde et le jugement. Tels font les sectateurs de Marcel et de Photin d'Ancyre, qui sous prétexte d'établir la Monarchie, abolissent la nature éternelle et Divine de Jésus-Christ, et la durée perpétuelle, et infinie de son règne. Quant à nous, nous savons qu'il n'est pas seulement Verbe prononcé, ou conçu de Dieu, mais qu'il est Verbe vivant, et subsistant par soi-même, parce que ce Verbe, est Dieu, Christ, et Fils de Dieu. Nous confessons que ce n'est pas par la seule préscience, qu'il a toujours été avec son Père avant tous les siècles, en lui servant à créer toutes les choses, visibles et invisibles : mais qu'il est Verbe substantiel du Père, et Dieu de Dieu. Car c'est lui à qui le Père a dit, "Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance" ; qui s'est montré aux anciens Pères, qui a donné la Loi, qui a parlé par les Prophètes, et qui ayant enfin été fait homme a manifesté son Père à tous les hommes, et règne dans tous les siècles. Il n'a obtenu aucune dignité de nouveau, mais il est parfait de toute éternité, et semblable en toutes choses à son Père. Nous chassons aussi avec raison hors de l'Eglise ceux qui disent que le Père, le Fils et le saint Esprit ne sont qu'une même personne, et qui par une extrême impiété, assujettissent le Père aux souffrances tels que sont ceux que les Romains appellent Patripassiens, et que nous appelons Sabelliens. Car nous savons que quand le Père a envoyé son Fils, il est demeuré immuable dans sa Nature Divine, et que le Fils ayant été envoyé, a pris un corps pour accomplir le mystère de l'Incarnation. Nous tenons encore pour des impies très éloignés de la vérité, ceux qui nient avec une horrible impudence, que Jésus-Christ, ait été produit librement et volontairement par son Père, et qui attribuent au Père une nécessité involontaire et violente, par laquelle il ait engendré son Fils, malgré lui, parce que ces sentiments sont contraires aux notions communes que nous avons de la Nature Divine, et au sens de l'Ecriture inspirée par l'Esprit saint. Car nous tenons pieusement et religieusement, que Dieu est libre, et qu'il a engendré librement et volontairement son Fils. Bien que nous croyons avec une crainte respectueuse ces paroles qui ont été écrites du Fils, "Le Seigneur m'a créé au commencement de ses voies pour ses ouvrages". Nous ne concevons point néanmoins, qu'il ait été fait de la manière que les autres créatures ont été faites. Car c'est une impiété tout-à fait éloignée de la créance de l'Eglise, de comparer le Créateur avec ses créatures, et de se figurer qu'il ait été produit par la voie de la génération ordinaire. L'Ecriture sainte nous enseigne, que le Fils unique de Dieu a été vraiment engendré une seule fois. Bien que nous disions que le Fils est par lui-même, et qu'il vit et subsiste comme son Père, nous ne concevons pour cela aucun espace corporel, qui les sépare. Nous croyons qu'ils sont unis sans aucun moyen, et qu'ils ne peuvent en aucune façon être séparés, parce que le Père renferme le Fils dans son sein, et que le Fils y étant comme attaché, y repose éternellement. En croyant une Trinité très sainte et très parfaite, et en disant que le Père est Dieu, et que le Fils est aussi Dieu, nous ne reconnaissons pas pour cela deux Dieux, mais un seul pour l'honneur d'une seule Divinité et d'un seul règne, de sorte pourtant que le Père commande au Fils-même, et que le Fils obéît au Père, gouverne avec le Père toutes les créatures, qui ont été faites après lui, et par lui, et communique abondamment aux Saints la grâce de l'Esprit saint par la volonté du Père. Nous avons appris de l'Ecriture sainte, que c'est en cela que consiste l'Empire et la puissance du Fils. Ce n'est pas par vanité que nous avons fait cette exposition si longue et si étendue de notre foi, outre l'abrégé que nous avions fait dès auparavant; mais par la nécessité d'effacer les soupçons de ceux qui ignorent nos sentiments, et pour faire connaître l'impudence de la calomnie de nos ennemis à ceux qui habitent en Occident, et la pureté de notre doctrine fondée sur le témoignage de l'Ecriture. [2,20] CHAPITRE XX. Concile de Sardique. Les Évêques d'Occident ne voulurent point recevoir cette exposition, soit parce qu'ils ne savaient pas la langue Grecque, ou parce qu'ils estimaient qu'il se fallait contenter de la doctrine du Concile de Nicée, sans avoir la curiosité d'en rechercher d'autre. L'ordre que l'Empereur avait donné de rétablir Paul, et Athanase dans leurs Sièges, n'ayant point été exécuté, le peuple fut agité par les séditions continuelles, et ces deux Évêques faisant voir qu'on ne les avait déposés que pour trouver moyen de ruiner plus aisément la foi, demandèrent l'assemblée d'un Concile général où leur affaire fut examinée, et où les questions de foi fussent décidées de nouveau. On publia donc un Concile Général à Sardique, Ville d'Illyrie, par l'autorité des deux Empereurs, dont celui d'Occident l'avait demandé, et celui d'Orient y avait consenti. Il fut assemblé onze ans après la mort de Constantin, père des Empereurs, sous le Consulat de Rufin et d'Eusèbe. Trois cents Évêques d'Occident y assistèrent selon le témoignage d'Athanase, et soixante et seize d'Orient, selon le témoignage de Sabin. Ischyras qui avait été ordonné Évêque de la Maréote par ceux mêmes qui avaient déposé Athanase, était de ce nombre. Les autres s'excusèrent de s'y trouver, soit sur leur indisposition, ou sur ce qu'il y avait eu trop peu de temps entre l'indiction et l'assemblée, et en rejetaient toute la faute sur Jules, Évêque de Rome, bien qu'il y eût eu dix-huit mois, durant lesquels Athanase avait toujours attendu à Rome. Lorsqu'ils furent tous assemblés à Sardique, ceux d'Orient refusèrent de voir ceux d'Occident, et protestèrent qu'ils ne pouvaient conférer avec eux, qu'ils n'eussent chassé Paul et Athanase. Mais Protogéne, Évêque de Sardique, et Osius, Évêque de Cordoue en Espagne, n'ayant point voulu permettre que Paul et Athanase fussent chassés de l'assemblée, les Orientaux se retirèrent à l'heure-même, et étant retournés à Philippopole, Ville de Thrace, ils y firent un Concile à part, où ils condamnèrent le terme de Consubstantiel, et insérèrent celui de Dissemblable dans leurs lettres qu'ils envoyèrent de tous côtés. Ceux qui demeurèrent à Sardique, condamnèrent ceux qui en étaient partis, déposèrent les accusateurs d'Athanase, confirmèrent la définition de foi faite au Concile de Nicée, rejetèrent le terme de Dissemblable, approuvèrent encore plus clairement qu'auparavant celui de Consubstantiel, et écrivirent sur ce sujet à toutes les Eglises. Les uns et les autres croyaient avoir bien fait. Ceux d'Orient croient dans cette opinion, parce que ceux d'Occident avaient reçu dans leur communion Paul et Athanase, bien qu'ils eussent été déposés; et ceux d'Occident y étaient aussi, parce que ceux qui avaient déposé Paul et Athanase s'étaient retirés, avant que l'on eût pris aucune connaissance de l'affaire, et ne les avaient déposés qu'en haine de ce qu'ils tenaient la foi du Concile de Nicée, que les autres avaient corrompue. Ils rétablirent Paul, Athanase et Marcel, Évêque d'Ancyre, Ville de Galatie. Ce dernier qui avait été déposé longtemps auparavant, comme nous l'avons dit dans le premier livre, fit alors de fortes sollicitations pour être rétabli, soutenant qu'il n'avait été soupçonné de tenir les erreurs de Paul de Samosate, que parce que l'on n'avait point entendu son livre. Il faut pourtant savoir qu'Eusèbe surnommé Pamphile, a composé trois livres contre lui, où rapportant ses propres paroles, il tâche de prouver qu'il tient comme Sabellius de Libye, et comme Paul de Samosate, que Jésus-Christ n'était qu'un Homme. [2,21] CHAPITRE XXI. Défense d'Eusèbe surnommé Pamphile. Puisque j'apprends que quelques-uns se sont efforcés de noircir cet Eusèbe, en l'accusant d'avoir répandu dans ses livres les erreurs d'Arius, je crois devoir dire ici quelque chose pour sa justification. Premièrement il est constant qu'il a assisté et consenti au Concile de Nicée, où il a été décidé que le Fils est Consubstantiel à son Père. De plus il écrit de cette sorte dans le troisième livre de sa Vie de Constantin. L'Empereur exhorta les Evêques à s'accorder, jusques à ce qu'il les eût tous réunis dans le même sentiment, et qu'ils fussent tous convenus de la même foi dans le Concile de Nicée. Quelle raison peut-on avoir de croire qu'il ait favorisé la doctrine d'Arius, puisqu'il assure que tous les différends furent assoupis dans le Concile, et que les Évêques se réunirent en un même avis ? Les Ariens se trompent sans doute quand ils se persuadent qu'il a été dans leur sentiment. Quelqu'un dira peut-être, qu'il semble qu'il soutient l'opinion d'Arius, parce que dans ses livres, il se sert souvent de cette façon de parler, par Jésus-Christ. Mais il est aisé de lui répondre que les Ecrivains de l'Eglise se servent souvent de cette façon de parler, et d'autres semblables, qui marquent l'économie du Mystère de l'Incarnation, et que l'Apôtre saint Paul s'en est servi avant eux, sans avoir jamais été soupçonné pour cela, de tenir aucune mauvaise doctrine. Au reste Arius ayant osé dire que le Fils de Dieu, n'est qu'une Créature semblable aux autres, considérez, je vous prie, quel a été le sentiment d'Eusèbe sur ce point. Voici de quelle façon il parle dans le premier livre contre Marcel. Il n'y a qu'un seul Fils de Dieu, et il n'y en a point d'autre. C'est pourquoi ceux qui ne font point de difficulté de l'appeler Créature tirée du néant comme les autres créatures, méritent d'être blâmés. Car comment serait-il Fils de Dieu, s'il était de même nature que les créatures, et né du néant comme elles? L'Ecriture sainte ne parle pas de lui de la sorte. Il ajoute un peu après ce qui suit. Quiconque assure que le Fils de Dieu a été fait de rien, et qu'il est une Créature qui a été produite de ce qui n'était point auparavant, ne prend pas garde que c'est nier qu'il soit Fils de Dieu, et ne lui en laisser que le nom. Car celui qui a été fait de rien, ne peut être Fils de Dieu non plus que les autres choses qui ont été faites. Mais le véritable Fils de Dieu, qui a été engendré de lui comme de son Père, est appelé avec raison son Fils unique et bien-aimé, et par cette même raison, il est Dieu, le Fils de Dieu devant être semblable à son Père. Un Empereur bâtit une Ville, mais il ne l'engendre point. Il engendre son fils, mais il ne le bâtit point. L'artisan est l'ouvrier, et non le Père de son ouvrage. Mais il est le Père, et non pas l'ouvrier de son Fils. Ainsi Dieu est appelé Père de son Fils et Créateur du monde. Que si nous trouvons ces paroles dans l'Ecriture, "Le Seigneur m'a possédé au commencement de ses voies". Nous en devons rechercher le sens que j'expliquerai incontinent, et ne pas renverser pour un seul passage, comme fait Marcel, un des plus importants dogmes de l'Eglise. Expliquant dans le troisième livre du même ouvrage, de quelle manière l'on doit entendre le terme de Créature: Il parle de cette sorte. Ces paroles de l'Ecriture "Il m'a possédé au commencement de ses voies", doivent être entendues au même sens que celles qui sont auparavant. Car il ne faut pas entendre ce qu'il dit: qu'il a été créé, comme s'il disait qu'il est parvenu du néant à l'être, et qu'il a été fait de rien comme les autres créatures, ainsi que quelques-uns l'ont cru faussement. Mais il parle de la sorte, pour montrer qu'il est et qu'il subsiste avant la création du monde, et qu'il a été établi par son Père le Prince et le Gouverneur du monde, de sorte que le verbe, il m'a créé, a été mis en la place de celui, il m'a établi. L'Apôtre saint Pierre appelle créatures, les Princes et les Gouverneurs qui commandent aux hommes, quand il dit : Soyez soumis pour l'amour de Dieu à toute créature humaine, qui a du pouvoir sur vous, soit au Roi comme au Souverain; soit aux Gouverneurs comme à ceux qui sont envoyés de sa part. Le Prophète n'a pas pris non plus le verbe de créer, pour faire ce qui n'était point auparavant, quand il a dit : Préparez-vous, Israël, à invoquer votre Dieu, parce que voici celui qui affermit le tonnerre, qui crée l'esprit, et qui annonce aux hommes son Christ. Car Dieu n'a pas créé l'Esprit saint, lorsque par son moyen il a annoncé son Fils à tous les hommes. Car il n'y a rien de nouveau sous le Soleil. L'Esprit subsistait donc auparavant, bien qu'il n'ait été envoyé que lorsque les Apôtres étant tous ensemble dans un même lieu, on entendit tout d'un coup un grand bruit comme d'un vent violent et impétueux qui venait du Ciel, et qu'aussitôt ils furent tous remplis du saint Esprit. Et ainsi ils prêchèrent Jésus-Christ selon cette Prophétie qui dit : Voici celui qui affermit le tonnerre, qui crée l'esprit, et qui annonce le Christ aux hommes. Le terme de crée, y est mis pour celui d'envoie, ou de dispose, ou d'établit. Le tonnerre signifie de la même sorte la prédication de l'Evangile. Quand David disait à Dieu: Créez un cœur pur en moi. Il ne le disait pas pour marquer qu'il n'en avait point; mais pour obtenir que celui qu'il avait, fût purifié. C'est dans le même sens qu'il est écrit, afin qu'il créât, c'est-à-dire qu'il joignît deux hommes en un. Voici encore un autre passage, qui doit être entendu de la même sorte : Revêtez-vous de l'homme nouveau, qui est créé selon Dieu. Ceux qui lisent avec soin l'Ecriture, en peuvent trouver plusieurs autres, auxquels il faut donner la même explication. Il n'y a donc pas lieu de s'étonner si dans ce partage, Le Seigneur m'a créé au commencement de ses voies, le mot de créé a été mis pour celui d'ordonné ou d'établi. J'ai rapporté ces paroles tirées du livre qu'Eusèbe a écrit contre Marcel, pour confondre ceux qui s'efforcent en vain de le noircir. Car ils ne sauraient prouver qu'il attribue au Fils le Principe de la Nature Divine, bien qu'il se serve souvent dans ses ouvrages du terme de dispensation, vu surtout qu'il a été grand Admirateur et grand Imitateur d'Origène, dans les œuvres duquel il est souvent enseigné que le Fils est engendré par le Père, comme ceux qui sont assez habiles, pour pénétrer la profondeur de sa doctrine, le pourront reconnaître. Voila ce que j'avais à dire contre ceux qui tâchent de flétrir la réputation d'Eusèbe. [2,22] CHAPITRE XXII. L'Empereur d'Occident prie l'Empereur d'Orient de rétablir Paul et Athanase dans leurs Sièges, et lui déclare la guerre, au cas qu'il continue à refuser de les rétablir. Les Évêques qui étaient demeurés à Sardique, et ceux qui s'étaient retirés à Philippopole, y ayant célébré séparément deux Conciles, et ayant ordonné dans chacun ce qu'ils avaient trouvé à propos, s'en retournèrent en leurs Eglises. L'Orient se sépara alors de l'Occident. Le mont de Suques qui sépare l'Illyrie de la Thrace, fit aussi la séparation de la communion de l'Eglise. Jusqu'à cet endroit-là il n'y avait point de séparation de communion, bien qu'il y eût grande différence dans la créance. Au delà il n'y avait plus de communion. Telle était la confusion qui régnait alors dans l'Eglise. Constant Empereur d'Occident fit savoir à l'Empereur Constance son frère, ce qui avait été résolu dans le Concile de Sardique, et le supplia de rétablir Paul et Athanase sur leurs Sièges. Comme Constance usait de remises, Constant lui donna le choix ; ou de recevoir ces deux Evêques et de leur rendre leurs Eglises, ou de s'attendre à l'avoir pour ennemi, et à entrer avec lui en guerre. Voici les termes de cette déclaration. Athanase et Paul sont ici auprès de moi. Je suis bien informé qu'ils n'ont souffert persécution que pour la piété. Je vous les renverrai, si vous me voulez promettre de leur rendre leurs Sièges, et de punir ceux qui les ont tourmentés injustement. Que si vous refusez de le faire; sachez que j'irai les rétablir moi-même malgré vous. [2,23] CHAPITRE XXIII. Constance rappelle Athanase, et l'envoie à Alexandrie. Cette proposition donna de l'inquiétude à l'Empereur Constance ; de sorte qu'il envoya quérir à l'heure-même plusieurs Évêques, et leur demanda leur avis sur le choix que l'Empereur son frère lui avait déféré. Ils répondirent qu'il valait mieux accorder les Eglises à Athanase, que d'entreprendre une guerre civile. Ainsi Constance le rappela comme par nécessité. Cependant Constant Empereur d'Occident, envoya Paul à Constantinople avec deux Evêques et un équipage honorable, et lui donna une lettre outre celle qu'il avait du Concile, pour se remettre en possession de son Siège. Athanase appréhendant les pièges de ses calomniateurs, et doutant s'il se devait fier à la lettre de Constance en reçut une seconde, et une troisième dont je mettrai ici la traduction de Latin en Grec. Constance Vainqueur, Auguste : à Athanase Evêque. Ma douceur ni ma clémence ne sauraient permettre que vous soyez plus longtemps agité par les flots et par les tempêtes. Ma piété qui ne se lasse jamais de faire du bien, n'a pu vous laisser chasser de votre maison, privé de vos biens, errant et vagabond dans les déserts et les solitudes. Bien que j'aie longtemps différé de vous écrire, pour vous faire savoir mon intention, dans la créance que vous reviendriez de vous-même, et que vous chercheriez un peu de repos après tant de travaux et de fatigues : néanmoins puisque la crainte vous a peut-être empêché d'exécuter votre résolution, j'écris à votre gravité avec toute la douceur possible, afin qu'elle se hâte de me venir trouver, pour jouir de l'effet de ma bonté et de ses souhaits, et pour être rétablie sur son Siège. J'ai prié l'Empereur Constant mon frère de vous permettre de revenir, afin que votre rétablissement vous fût un gage assuré de notre affection. Constance Vainqueur, Auguste à Athanase Evêque. Bien que je vous aie mandé par mes lettres précédentes de revenir à la Cour pour satisfaire au désir que j'ai de vous renvoyer à votre Siège, je vous adresse encore celle-ci, pour vous exhorter à prendre promptement, sans crainte ni défiance, une voiture publique, afin de vous rendre ici, et d'y jouir de ce que vous désirez. Constance Vainqueur, Auguste à Athanase Évêque. Lorsque j'étais à Edesse ; je vous envoyai en présence de vos Prêtres un d'entre eux pour vous inviter de venir à la Cour, afin que vous puissiez ensuite retourner à Alexandrie. Mais parce qu'il y a longtemps que vous avez reçu ma lettre, sans y avoir satisfait, j'ai bien voulu vous avertir encore de venir pour être rétabli dans votre pays. Je vous ai envoyé Achétas, Diacre, pour vous informer plus amplement de mes intentions, et pour vous assurer de la facilité avec laquelle vous obtiendrez tout ce que vous pouvez désirer. Athanase ayant reçu ces lettres à Aquilée, où il s'était retiré depuis qu'il était parti de Sardique, alla à Rome, montra ces lettres à Jules, et remplit l'Eglise Romaine de joie, dans la créance qu'elle eut que l'Empereur d'Orient embrassait sa doctrine, puisqu'il rappelait Athanase. Jules écrivit en sa faveur au Clergé et au Peuple d'Alexandrie. Voici les termes de sa lettre. Jules Evêque : aux Prêtres, aux Diacres, et au Peuple d'Alexandrie, mes très chers frères : Salut en notre Seigneur. Je me réjouis avec vous, mes très chers frères, de ce que vous voyez devant vos yeux le fruit de votre foi. Car c'est ainsi que j'appelle le retour d'Athanase notre frère et notre Coévêque, que Dieu a accordé au mérite de sa vertu et à l'ardeur de vos prières. Il paraît que ces prières ont été animées par une charité extrêmement pure et vive, et qu'ayant toujours conservé l'espérance des promesses éternelles, et le souvenir des instructions que vous aviez reçues de la bouche d'Athanase notre frère, vous avez reconnu clairement que vous ne pouviez être privés pour toujours de sa présence, puisque vous l'aviez dans le cœur. C'est pourquoi je n'a pas besoin de vous faire une longue lettre. Car votre foi a prévenu tout ce que j'aurais pu vous dire, et la grâce de Dieu a accompli vos désirs. Je me réjouis donc avec vous, car il le faut dire une seconde fois, de ce que vous avez conservé vos âmes invincibles dans la foi. Je ne me réjouis pas moins avec Athanase mon frère, de ce que les afflictions qu'il a souffertes, ne lui ont pas fait oublier un moment votre charité. Je tiens, mes chers frères, que l'épreuve par où il a passé, ne lui a été ni honteuse, ni inutile, puisqu'elle a servi à reconnaître sa foi, et la vôtre. Car sans ce qui est arrivé, qui aurait jamais cru, ou que vous eussiez une si haute estime de la vertu de cet Evêque, ou une affection si tendre pour sa personne, ou qu'il eût eu lui-même une si admirable sainteté, dont il recevra la récompense ? Il a acquis par sa patience, la gloire d'un véritable Confesseur. Il a été poursuivi sur mer et sur terre, et a méprisé partout les embûches des Ariens. Il n'a point appréhendé la mort au milieu des hasards, où l'a jeté la jalousie de ses ennemis. Il a toujours mis sa confiance en la puissance de Dieu, et en la bonté de notre Seigneur Jésus-Christ, et a espéré d'échapper par leur secours d'entre les mains de ses persécuteurs, de retourner vers vous pour votre consolation, et de remporter avec vous le témoignage d'une bonne conscience, qui vous sert à tous comme de trophée. La gloire de son nom s'est étendue jusques aux extrémités de l'univers, et y a porté la réputation de la pureté de ses mœurs, de la fermeté de sa foi, de la solidité de sa confiance en Dieu, et de la confiance avec laquelle vous l'avez toujours estimé et chéri. Il retourne maintenant vers vous plus illustre que jamais. Car si le feu purifie l'or et l'argent, que pouvons-nous dire de la pureté de la vertu de ce grand homme, qui après avoir essuyé tant de disgrâces et tant de périls, est déclaré très innocent, non seulement par mon jugement, mais par celui du Concile, et est rétabli parmi vous? Recevez avec honneur et avec joie selon Dieu, Athanase votre Evêque, et les compagnons de ses souffrances. Réjouissez vous de posséder ce que vous aviez désiré, vous qui par vos saintes lettres avez donné à manger, et à boire à votre Pasteur, qui avait faim et soif de votre salut, vous qui l'avez consolé durant son exil, et défendu durant la persécution. Je vous avoue que quand je me représente la joie avec laquelle vous courez au devant de lui, pour le recevoir, j'en ai moi-même une très sensible, et je tiens à grand avantage la connaissance d'un si rare homme. Il ne me reste plus qu'à finir ma lette par cette prière. Que Dieu tout puissant et Jésus-Christ son Fils unique notre Sauveur vous fasse la grâce en récompense de la foi, dont vous avez fait voir la sincérité par les secours que vous avez rendus à votre Évêque, de vous donner à vous et à vos enfants dans le siècle à venir ces biens excellents que l'œil de l'homme n'a point vus, que l'oreille n'a point entendus, que l'esprit n'a point compris, et que Dieu a préparés à ceux qui l'aiment par Jésus-Christ notre Seigneur, par lequel gloire soit à Dieu tout-puissant dans les siècles des siècles. Je souhaite, mes très chers frères, que vous vous portiez bien. Athanase retourna en Orient sur la foi de ces lettres. L'Empereur Constance ne fut pas fâché. Mais néanmoins à la sollicitation des Ariens, il tâcha de le tromper, et pour cet effet parla en ces termes. Vous avez été rétabli sur votre Siège, en conséquence du décret du Concile, et de mon consentement. Mais parce qu'il y a plusieurs personnes dans Alexandrie, qui évitent votre communion, permettez-leur d'avoir une Eglise à part, où ils se puissent assembler. Atnanase lui répondit à l'heure-même : Il dépend de vous, Seigneur, d'ordonner, et de faire ce qu'il vous plaira; mais de mon côté, je vous demande aussi une grâce. L'Empereur lui ayant promis de la lui accorder, il demanda la même chose que l'Empereur, c'est-à-dire une Eglise dans chaque Ville, pour ceux qui évitaient la communion des Ariens. Ceux-ci ayant reconnu que la réponse d'Athanase était contraire à leurs intérêts, dirent qu'il en fallait remettre l'exécution à un autre temps, et laissèrent faire à l'Empereur ce qu'il lui plairait. Il rétablit donc Athanase, Paul, Marcel, Asclépas, Évêque de Gaze, et Lucius, Évêque d'Andrinople sur leurs Sièges. Ces deux derniers avaient été rétablis par le Concile de Sardique : savoir Asclépas, après qu'il eut justifié par des actes publics, qu'Eusèbe surnommé Pamphile avait pris connaissance de son affaire avec plusieurs autres Évêques, et l'avait remis dans là dignité ; et Lucius, parce que ses accusateurs s'étaient enfuis. L'Empereur envoya ordre aux habitants de leurs Villes de les recevoir. Il s'émut d'un grand tumulte à Ancyre, lorsque Basile en fut chassé, et que Marcel fut rétabli en sa place, et ce tumulte fournit aux ennemis l'occasion de répandre leurs calomnies. Les habitants de Gaze reçurent très volontiers Asclépias. Macédonius céda pour un peu de temps à Paul dans la Ville de Constantinople, et fit des assemblées dans une Eglise particulière. L'Empereur Constance écrivit en faveur d'Athanase aux Eveques, aux Ecclésiastiques, et aux Fidèles, afin qu'ils le reçussent agréablement. Il révoqua aussi tout ce qui avait été ordonné contre lui. Ses lettres se sont conservées, et je les transcrirai ici. Constance Vainqueur, très-Grand, Auguste : aux Evêques, et aux Prêtres de l'Eglise Catholique. Le révérendissime Évêque Athanase n'a pas été abandonné de la grâce de Dieu. Bien qu'il ait été soumis à une rude épreuve pour un peu de temps, il a obtenu de la Providence une sentence avantageuse. Il a été rétabli par la volonté de Dieu, et de mon consentement dans son pays, et dans le Siège de l'Eglise, où le Seigneur avait permis qu'il fut placé. Il est juste qu'il jouisse après cela des autres effets de ma clémence, que tout ce qui a été ordonné contre lui, et contre ceux de sa communion soit aboli; que tous les soupçons soient effacés ; que l'immunité accordée à ses Clercs, leur soit confirmée. Nous avons cru lui devoir encore faire cette grâce, que d'avertir tous les Ecclésiastiques de la sûreté que nous avons accordée tant à la personne qu'aux Évêques et Clercs de son parti. La communion que l'on entretiendra avec lui, sera une marque de la bonne doctrine. C'est pourquoi nous avons ordonné que ceux qui ayant eu la prudence de choisir le meilleur parti, se seront tenus dans sa communion, jouissent de la grâce que nous leur avons accordée selon la volonté de Dieu. Constance Vainqueur, très-Grand, Auguste : au Peuple de l'Eglise Catholique d'Alexandrie. Ayant soin de conserver continuellement parmi vous une bonne discipline, et sachant que vous êtes privés depuis longtemps de la conduite d'Athanase votre Évêque, connu de tout le monde par la sainteté de ses mœurs, j'ai cru qu'il était juste de vous le renvoyer. Lorsque vous l'aurez reçu avec la bienséance accoutumée, et que vous l'aurez établi pour offrir à Dieu vos prières, faites en sorte de conserver toujours sous la Loi de l'Eglise, la paix et la concorde, qui vous est si utile, et qui m'est si agréable. Il n'est pas juste que vous troubliez par vos divisions et par vos disputes, une aussi grande prospérité qu'est celle de notre siècle. Et je souhaite qu'un mal aussi funeste que celui-là ne se rencontre point parmi vous. Je vous exhorte à vous servir, comme je l'ai déjà dit, de cet Évêque, pour vous aider et vous conduire, dans vos prières, afin que quand l'union et l'intelligence, avec laquelle vous vivrez, sera connue de tout le monde, les Païens qui sont encore engagés dans le culte des faux Dieux, et dans l'erreur, viennent embrasser notre sainte Religion. Recevez avec joie votre Évêque, qui vous est envoyé par l'ordre de Dieu, et de mon consentement, et embrassez-le de tout votre cœur. Car vous ne sauriez rien faire, qui soit si honnête pour vous, ni si conforme à mon intention. Pour ôter aux esprits remuants et inquiets toute occasion de sédition et de tumulte, j'ai mandé aux Juges de votre pays de punir les séditieux selon la rigueur des lois. Ayez donc devant les yeux la volonté de Dieu, que je tâche autant que je puis de seconder, en prenant tout le soin qu'il m'est possible de conserver la paix parmi vous. Considérez aussi les châtiments qui sont ordonnés contre ceux qui désobéiront, observez exactement les règles saintes de la Religion : Recevez votre Évêque avec toute sorte de respect, et priez Dieu avec lui, tant pour vous-mêmes que pour la prospérité commune de tous les hommes. Constance Vainqueur, Auguste : à Nestorius, et en mêmes termes aux. Gouverneurs d'Augustannique, de Thébaïde, et de Libye. S'il s'est fait quelque chose par le passé au préjudice, ou à la honte de ceux qui ont entretenu communion avec Athanase, je désire qu'il soit aboli. J'ordonne aussi que ses Clercs jouissent des exemptions, dont ils jouissaient autrefois. Athanase étant rétabli dans son Siège, mon intention est que les Ecclésiastiques de la communion aient les mêmes immunités que les autres, et qu'il ne leur reste aucun sujet de tristesse. [2,24] CHAPITRE XXIV. Athanase est reçu à Jérusalem, et y fait recevoir la foi du Concile de Nicée. Athanase étant appuyé, et soutenu par toutes ces lettres, traversa la Syrie, et arriva en Palestine. Quand il fut à Jérusalem, il fit à Maxime, Evêque de cette Ville un récit fidèle de tout ce qui s'était passé dans le Concile de Sardique, et de la manière dont l'Empereur Constance avait consenti à ce qui y avait été ordonné, et procura l'assemblée des Evêques de la Province. Maxime ayant mandé, sans différer, quelques Évêques de Syrie et de Palestine, et ayant tenu avec eux un Concile, rendit à Athanase la communion Ecclésiastique et sa première dignité. Le Concile écrivit au peuple d'Alexandrie, et aux Evêques de Syrie et d'Egypte pour les informer de ce qui avait été résolu en faveur d'Athanase. Ce qui donna sujet aux ennemis de cet Evêque de se moquer de Maxime, de ce qu'après avoir consenti à la déposition d'Athanase, il changeait tout d'an coup de sentiment, et l'admettait à la communion. Ursace et Valens qui avaient favorisé auparavant la doctrine d'Arius, la condamnèrent, se rendirent à Rome, et ayant offert à Jules leur rétractation, approuvèrent le terme de consubstantiel, et écrivirent à Athanase pour l'assurer qu'ils vivraient à l'avenir dans sa communion. Ce fut l'heureux état de ses affaires, qui les porta à embrasser son sentiment, Athanase passant par Péluse pour aller à Alexandrie, avertissait les habitants des Villes, de s'éloigner des Ariens, et de s'unir à ceux qui faisaient profession de la doctrine de la consubstantialité du Verbe. Il fit des ordinations en quelques Eglises, dont on prit depuis occasion de former une accusation contre lui. [2,25] CHAPITRE XXV. De Magnence et de Vétranion. On vit alors l'Empire rempli de troubles, dont je reprendrai l'origine en peu de paroles. J'ai remarqué dans le livre précédent, qu'après la mort de Constantin Fondateur de Constantinople, ses trois fils succédèrent à ses Etats ; et que Dalmatius leur cousin, fils d'un autre Dalmatius, partagea avec eux l'autorité souveraine. Il fut tué peu de temps après par ses soldats, sans que Constance l'eût ni commandé, ni défendu. Nous avons rapporté la manière dont le jeune Constantin fut aussi tué, lorsqu'il voulait usurper les pays de l'obéissance de son frère. Sa mort fut suivie de la guerre contre les Perses, où l'Empereur Constance n'eut jamais aucun avantage. Les deux partis en étaient venus aux mains durant la nuit aux environs de leurs frontières. Celui des Perses parut le plus fort. L'état de l'Eglise n'était pas beaucoup plus tranquille, et son repos était extrêmement troublé par les contestations émues au sujet d'Athanase et du terme de consubstantiel. Cependant le tyran Magnence s'étant élevé en Occident, fit mourir Constant en trahison, et excita une furieuse guerre civile. Car Magnence possédait l'Italie, l'Afrique et les Gaules, et un autre tyran nommé Vétranion, avait été proclamé souverain par les soldats à Sirmium, Ville d'Illyrie. Il y eut aussi du désordre à Rome. Car Népotien, neveu de Constance, soutenu par la faction des gladiateurs, y usurpa sa souveraine puissance. Mais il fut tué par les Officiers de l'armée de Magnence, qui fit cependant un horrible dégât en Occident.