LECTURE : Sénèque l'Ancien, reproduit l"épitaphe que Tite-Live consacra à Cicéron : Sénèque l'Ancien, Suasoires, VI, 22 : ... « Vixit tres et sexaginta annos, ut, si uis afuisset, ne immatura quidem mors uideri possit. Ingenium et operibus et praemiis operum felix, ipse fortunae diu prosperae ; sed, in longo tenore felicitatis, magnis interim ictus uulneribus, exilio, ruina partium pro quibus steterat, filiae morte, exitu tam tristi atque acerbo, omnium aduersorum nihil ut uiro dignum erat tulit praeter mortem, quae uere aestimanti minus indigna uideri potuit, quod a uictore inimico nihil crudelius passus erat quam quod eiusdem fortunae compos uicto fecisset. Si quis tamen uirtutibus uitia pensarit, uir magnus ac memorabilis fuit et in cuius laudes exsequendas Cicerone laudatore opus fuerit. » Ut est natura candidissimus omnium magnorum ingeniorum aestimator T. Liuius, plenissimum Ciceroni testimonium reddidit. ... « Il vécut soixante-trois ans, si bien que, même s’il n’eût pas été tué de mort violente, sa mort aurait pu ne pas sembler prématurée. Son génie fut heureux par ses œuvres et par les récompenses qu’elles lui valurent, et lui-même fut longtemps favorisé de la fortune ; mais, au cours de cette longue prospérité, frappé quelquefois de blessures cruelles, l’exil, la ruine de son parti, la mort de sa fille, une fin si triste et si cruelle, de tous ces malheurs la mort est le seul qu’il supporta comme un homme : encore, si on l’examine sans parti-pris, pourrait-on la trouver moins révoltante, parce que son ennemi, dans son triomphe, ne lui a pas fait subir un traitement plus cruel que celui qu’il lui réservait, s’il eût été à sa place. Cependant, si l’on met en balance ses qualités et ses défauts, c’est un grand homme, digne de l’immortalité, et dont les louanges, pour être célébrées dignement, demanderaient la voix d’un Cicéron. » Comme Tite-Live est porté, par son caractère, à apprécier très franchement tous les grands esprits, il a rendu à Cicéron pleine justice.