Lecture : Richard de Bury à propos de l'incendie dela Bibliothèque d'Alexandrie Richard de Bury, Philobibl(i)on, VII : ... Certe non sufficimus singulos libros luctu lamentaricon digno, qui in diuersis mundi partibus bellorum discrimine perierunt. Horribilem tamen stragem, quae per auxiliares milites secundo bello Alexandrino contigit in Aegypto, stilo flebili memoramus, ubi septinginta millia uoluminum ignibus conflagrarunt, quae sub regibus Ptolemaeis per multa curricula temporum sunt collecta, sicut recitat Aulus Gellius, Noctium Atticarum libro septimo, capitulo septimo decimo. Quanta proles Atlantica tunc occubuisse putabitur, orbium motus omnes, coniunctione planetarum, galaxiae naturam et generationes prognosticas cometarum ac quaecunque in caelo fiunt uel aethere, comprehendens! Quis tam infaustum holocaustum, ubi loco cruoris incaustum offertur, non exhorreat? ubi prunae candentes pergameni crepitantis sanguine uernabantur, ubi tot innocentium millia, in quorum ore non est inuentum mendacium, fiamma uorax consumpsit, ubi tot scrinia ueritatis aeternae ignis parcere nesciens in faetentem cinerem commutauit. Minoris facinoris aestimatur tam Iepue quam Agamemnonis uicttma, ubi pia filia uirgo patris gladio iugulatur. Quot labores celebris Herculis tunc periisse putabimus, qui ob astronomiae peritiam collo irreflexo caelum describitur sustulisse, cum iam secundo flammis Hercules sit iniectus. ... ... Certainement nous ne pourrons jamais nous lamenter avec une douleur tout à fait digne, sur tous les livres qui périrent par le fait de la guerre, dans les diverses parties du monde. Nous rappellerons cependant, d'après Aulu-Gelle, dans un langage plein de tristesse, l'horrible pillage exercé par des soldats auxiliaires dans la seconde guerre d'Alexandrie, où 700.000 volumes, rassemblés en Egypte par le soin des Ptolémées, devinrent la proie des flammes. Quelle race atlantique périt alors ! les mouvements des globes, les éclipses des planètes, la nature de la voie lactée, les générations avant-courrières des comètes, enfin tout ce qui existe dans le ciel et l'éther. Qui ne frémit d'horreur d'un si funeste holocauste, où l'encre est offerte à la place du sang ? Les neiges éblouissantes du parchemin craquetant sont couvertes de sang, là où sont anéantis par les flammes dévorantes tant de milliers d'innocents, de la bouche desquels il ne sortit jamais un mensonge. Le feu, qui ne sait rien épargner, réduit en une cendre infecte tous ces écrits de la vérité éternelle. Les sacrifices des filles d'Agamemnon et de Jephté, pieuses filles égorgées par le glaive paternel, semblent être des crimes moins affreux. Que de travaux exécutés par le célèbre Hercule ont dû périr, puisque alors il fut jeté dans les flammes pour la seconde fois. Hercule, qui à cause de sa science dans l'astronomie, est représenté le col courbé, soutenant le ciel. ...