[19,0] LIVRE XIX (fragments). [19,1] Toutes les villes en deçà du Bétie virent leurs murs détruits par l'ordre de ce général. Ces villes étaient nombreuses et pleines d'une population guerrière. I. Les Celtibériens ont une manoeuvre qui leur est particulière. Lorsqu'ils voient leur infanterie pressée, les cavaliers descendent de leurs montures et laissent les chevaux rangés en ligne. A l'extrémité des rênes ils attachent de petits bâtons qu'ils fixent dans la terre, et dressent ainsi leurs chevaux à demeurer tranquilles, jusqu'à ce qu'ils viennent leur enlever cette attache. II. Les Celtibériens l'emportent de beaucoup sur tous les autres peuples dans l'art de fabriquer les épées. Elles ont une pointe fort solide, et frappent également bien d'estoc et de taille. Les Romains, à partir de leurs guerres contre Annibal, abandonnèrent les épées jusqu'alors en usage chez eux, pour prendre celles des Espagnols. Ils purent bien en imiter la forme et la fabrication ; mais l'excellence du fer et je ne sais quel fini dans la trempe, voilà ce qui leur a toujours manqué. Rome tout entière, comme suspendue à l'approche de ces grands événements, voyait avec terreur les Espagnols lui résister en face. Bientôt Nabis, à qui pesaient ces rudes conditions, ne persévéra pas dans ses promesses.