[0] PHOTIUS, Bibliotheca - ARRIEN, Histoire du règne d'Alexandre (suite). [1] Le même auteur a également écrit un compte rendu de ce qui se passa après la mort d'Alexandre, en dix livres. Il décrit la sédition de l'armée, la proclamation d’Arrhidée (fils du père d’Alexandre, Philippe, par une femme thrace du nom de Philinna) à condition que l’enfant de Roxane, lorsqu'il serait né et si c’était un fils, devrait partager le trône avec lui. Arrhidée fut ensuite à nouveau proclamé sous le nom de Philippe. Une querelle éclata entre les soldats de l'infanterie et de la cavalerie. Le chef et les commandants les plus influents de ces derniers était Perdiccas, fils d'Oronte, Leonnatus, fils d’Anthes, Ptolémée, fils de Lagus, Lysimaque, fils d’Agathoclès, Ariston, fils de Pisée, Pithon, fils de Crateuas, Séleucos, fils d'Antiochus, et Eumène de Cardia. Méléagre commandait l'infanterie. Un accord fut conclu entre eux, et finalement, il fut convenu entre l'infanterie, qui avait déjà choisi un roi, et la cavalerie, qu’Antipater devrait être général des forces en Europe, que Cratère s’occuperait du royaume d’Arrhidée, que Perdiccas serait chiliarque des troupes qui avaient été sous le commandement d’Hephaestion, ce qui revenait à lui confier la garde de l'empire tout entier ; et que Méléagre serait son lieutenant. Perdiccas, sous prétexte d’une revue de l'armée, fit arrêter les meneurs de troubles, et on les mit à mort en présence d’Arrhidée, comme si ce dernier l’avait ordonné. Cela sema la terreur parmi tous les autres, et Méléagre fut assassiné peu après. [2] Après cela Perdiccas fut l'objet d’une suspicion générale et soupçonna lui-même tout le monde. Néanmoins, il nomma des gouverneurs pour différentes provinces, comme si Arrhidée en avait donné l’ordre. Ptolémée, fils de Lagus, fut nommé gouverneur d'Egypte et de Libye, et de cette partie de l'Arabie qui borde l'Egypte, avec pour adjoint Cléomène, ancien gouverneur de l'Égypte sous Alexandre. La partie de la Syrie voisine fut accordée à Laomédon; la Cilicie à Philotas; la Médie à Pithon; la Cappadoce, la Paphlagonie, et le pays de la rive de l’Euxin jusqu’à Trapezus (une colonie grecque de Sinope), à Eumène de Cardia; la Pamphylie, la Lycie, et la grande Phrygie à Antigone; la Carie à Cassandre; la Lydie à Ménandre; la Phrygie Hellespontique à Leonnatus. Cette Phrygie avait été donnée auparavant par Alexandre à un certain Galas et par la suite fut remise à Démarque. Telle fut la répartition de l'Asie. [3] En Europe, la Thrace, la Chersonèse, et les pays riverains de la Thrace, jusqu’à Salmydessus sur l’Euxin, furent attribués à Lysimaque; le pays au-delà de la Thrace, jusqu’aux Illyriens, Triballiens, et Agrianiens, la Macédoine elle-même, l'Épire jusqu’aux montagnes Cérauniennes, et l'ensemble de la Grèce, à Cratère et à Antipater. Telle fut la répartition de l'Europe. En même temps, plusieurs provinces restèrent avec leurs souverains, selon les dispositions déjà prises par Alexandre, et elles ne furent pas attribuées. [4] Entretemps, Roxane accoucha d’un fils, qui fut immédiatement proclamé roi par les soldats. Après la mort d'Alexandre, il y eut de nombreux troubles. Antipater fit la guerre aux Athéniens et aux autres Grecs commandés par Léosthène. Il fut d’abord battu et en situation difficile, mais victorieux par la suite. Leonnatus, toutefois, qui vint à son secours, tomba au combat. Lysimaque également, combattant imprudemment contre Seuthes le Thrace avec une force inférieure, fut battu, malgré le grand courage ses troupes. [5] Perdiccas fit également la guerre à Ariarathe, roi de Cappadoce, parce qu'il refusait de laisser son royaume à Eumène, à qui il avait été attribué. Après l’avoir vaincu en deux batailles et l’avoir fait prisonnier, il le fit pendre et rétablit Eumène. Cratère, par l'aide qu'il fournit à Antipater contre les Grecs, contribua largement à leur défaite, après quoi ils obéirent sans hésitation à Cratère et à Antipater. Voilà le contenu des cinq premiers livres. [6] Le sixième livre raconte comment Démosthène et Hypéride, Aristonicus de Marathon et Himérée, frère de Démétrios de Phalère, s’enfuirent à Egine, et, pendant ce séjour, furent condamnés à mort par les Athéniens sur la motion de Démade, et comment Antipater procéda à la sentence. [7] Comment Archias le Thurien, qui les mit à mort, mourut dans l'extrême pauvreté et la honte. Comment Démade fut envoyé peu après en Macédoine, où il fut mis à mort par Cassandre, après que son fils eut été assassiné dans ses bras. Cassandre prit prétexte que Démade avait insulté son père, Antipater, dans une lettre écrite à Perdiccas, lui demandant de secourir les Grecs, qui étaient seulement retenus ensemble par un vieux fil pourri, comme il avait injurieusement appelé Antipater. Dinarque de Corinthe fut l'accusateur de Démade, qui paya le juste prix de sa vénalité, sa trahison, et sa traîtrise. [8] L'auteur raconte comment Harpale, qui, pendant la durée de vie d'Alexandre vola l'argent lui appartenant, s’enfuit à Athènes, et fut tué par Thibron le Lacédémonien. Thibron prit tout l'argent restant, et partit pour Cydonia en Crète, d’où il traversa vers Cyrène avec un corps de 6.000 hommes, à la demande de certains exilés de Cyrène et Barca. Après de nombreux engagements et intrigues réciproques, parfois heureux parfois infructueux, il fut finalement capturé au cours de sa fuite par des pilotes libyens, et conduit à Teuchira devant Epicyde l’Olynthien, qui avait la charge de cette ville par Ophellas, un Macédonien que Ptolémée, fils de Lagus, avait envoyé pour aider les Cyrénéens. Les habitants, avec la permission d’Ophellas, torturèrent d’abord Thibron puis l’envoyèrent au port de Cyrène pour le faire pendre. Mais comme les Cyrénéens persistaient dans leur révolte, Ptolémée en personne se rendit sur place, et après avoir rétabli l'ordre, rentra chez lui par la mer. [9] Perdiccas, intriguant contre Antigone, le cita à comparaître, mais Antigone, conscient du complot, refusa. Cela créa une hostilité entre eux. Dans le même temps Iollas et Archias vinrent chez Perdiccas de Macédoine, accompagnés de Nicée, fille d'Antipater, avec une proposition de mariage. Olympias, mère d'Alexandre le Grand, lui envoya également sa fille Cléopâtre, lui offrant sa main. Eumène de Cardia lui suggérait Cléopâtre, mais son frère Alcétas le persuada d'accepter Nicée. [10] Peu de temps après Cynane fut mise à mort par Perdiccas et son frère Alcétas. Cette Cynane était la fille de Philippe, père d'Alexandre, sa mère étant Eurydice, épouse d’Amyntas, qu’Alexandre avait mis à mort juste avant de partir pour l'Asie. Cet Amyntas était le fils de Perdiccas, frère de Philippe, de sorte qu'il était le cousin d'Alexandre. Cynane emmena sa fille Adea (ci-après appelée Eurydice) en Asie et offrit sa main à Arrhidée. Le mariage eut lieu ensuite, avec l'approbation de Perdiccas, pour apaiser l'indignation croissante de la soldatesque, suscitée par la mort de Cynane. Antigone, entretemps, se réfugia chez Antipater et Cratère en Macédoine, les informa des intrigues de Perdiccas à son égard, déclarant qu’il les dirigeait contre tous de la même façon. Il décrivit également la mort de Cynane en termes si exagérés qu'il les persuada de faire la guerre à Perdiccas. Arrhidaios, qui conservait le corps d'Alexandre, contrairement à la volonté de Perdiccas, l’emmena de Babylone à Damas chez Ptolémée, fils de Lagus, en Egypte, et bien que son voyage fut souvent contrarié par Polémon, ami de Perdiccas, il réussit néanmoins à mener à bien son intention. [11] Pendant ce temps, à Sardes, Eumène offrit à Cléopâtre les dons de Perdiccas, car ce dernier avait décidé de répudier Nicée et d’épouser Cléopâtre. Lorsqu’Antigone le sut par Ménandre, gouverneur de Lydie, il informa Antipater et Cratère, plus que jamais déterminés à faire la guerre à Perdiccas. Antipater et Cratère, à partir de la Chersonèse, traversèrent l'Hellespont, après avoir envoyé des messagers pour tromper ceux qui surveillaient le passage. Ils envoyèrent également des ambassadeurs à Eumène et Néoptolème, qui soutenaient Perdiccas; Néoptolème passa chez eux, mais Eumène refusa. [12] Néoptolème, soupçonné par Eumène, la guerre éclata entre eux, et Eumène fut victorieux. Néoptolème s’enfuit avec une poignée d'hommes chez Antipater et Cratère, et il réussit à persuader ce dernier de se joindre à lui, afin que tous deux fassent la guerre à Eumène. Eumène fit de son mieux pour empêcher ses propres hommes de savoir que Cratère se battait contre lui, de peur qu’influencés par sa grande réputation, ils désertent pour lui, ou, s’ils lui restaient fidèles, se découragent. Heureux dans ses intrigues, il le fut aussi dans la bataille. Néoptolème tomba de la main même du scribe d’Eumène, après s’être révélé un courageux soldat et commandant. Cratère, qui combattit courageusement contre tous ceux qui s'opposaient à lui et se découvrit ouvertement pour être reconnu, mais il fut tué par quelques Paphlagoniens avant cela, après avoir ôté sa coiffe. Toutefois, l'infanterie put s’échapper et retourner chez Antipater, qui la rassura considérablement. [13] Perdiccas, partant pour Damas faire la guerre à Ptolémée, fils de Lagus, atteignit l'Egypte avec les rois et une puissante force. Il éleva de nombreuses accusations contre Ptolémée, qui s’innocenta publiquement, afin que ces accusations semblent infondées. Perdiccas, nonobstant l'opposition permanente de ses troupes, décida de continuer la guerre. Il fut deux fois vaincu, et, après qu’il eut traité très sévèrement des déserteurs potentiels vers Ptolémée, et se fut comporté à d'autres égards dans le camp avec plus d'arrogance qu’un général, sa propre cavalerie le tua au cours d'un engagement. [14] Après sa mort, Ptolémée traversa le Nil pour rendre visite aux rois, il leur accorda des dons et il les traita avec la plus grande amabilité et attention, eux et les autres nobles Macédoniens. En même temps, il montra ouvertement sa sympathie pour les amis de Perdiccas, et fit tout son possible pour apaiser les appréhensions de ces Macédoniens qui s’imaginaient être en danger, de sorte qu’immédiatement, et même plus tard, on le tint en grande estime. Lors d’un conseil de guerre intégral, Pithon et Arrhidée ayant été nommés commandants en chef de toutes les forces à ce moment, une cinquantaine de partisans d'Eumène et d’Alcétas furent condamnés, surtout parce que Cratère avait trouvé la mort dans la guerre civile. [15] Antigone fut convoqué de Chypre, et Antipater ordonna à tous les rois de se hâter. Avant leur arrivée, Eurydice refusa d'autoriser Pithon et Arrhidée à faire quoi que ce soit sans son autorisation. Au début, ils n'insistèrent pas, mais après ils lui dirent qu'elle n'avait pas à s’occuper des affaires publiques, et qu'eux-mêmes se chargeraient de tout jusqu'à l'arrivée d'Antigone et d’Antipater. [16] Quand ceux-ci arrivèrent, Antigone fut nommé stratège en chef. Quand l'armée exigea la solde promise pour la campagne, Antipater répondit simplement qu'il n'avait pas d'argent, mais que, pour éviter de subir leur reproche, il chercherait profondément dans le trésor et ailleurs où que l'argent puisse être caché. Ces paroles suscitèrent le mécontentement de l'armée. Lorsqu’Eurydice se joignit aux accusations contre Antipater, les gens furent indignés, et des troubles eurent lieu. Eurydice prononça alors un discours contre lui, au cours duquel elle fut assistée par le scribe Asclépiodore et soutenue par Attale. Antipater sauva sa vie de justesse : il fit une demande pressante à Antigone et à Séleucos de s’adresser au peuple en son nom et ils faillirent presque perdre la leur. Antipater, ayant ainsi échappé à la mort, se retira dans sa propre armée, où il convoqua les commandants de cavalerie, et après avoir difficilement résorbé les troubles, il fut de nouveau réintégré dans son commandement. [17] Il divisa alors l'Asie, en partie en confirmant la précédente répartition et en partie en la modifiant selon les circonstances nécessaires. L'Égypte, la Libye, la grande étendue de pays au-delà, et l'ensemble du territoire conquis à l'ouest, fut donné à Ptolémée; la Syrie à Laomédon le Mytilénéen; la Cilicie à Philoxène, qui l’avait auparavant. Des hautes provinces, la Mésopotamie et l’Arbelitis furent donnés à Amphimaque, frère du roi; Babylone à Séleucos. A Antigène, commandant des Argyraspides macédoniens, qui avait d'abord attaqué Perdiccas, on donna l'ensemble de la Susiane; à Peuceste la Perse, à Tlépolème la Carmanie; à Pithon la Médie jusqu’aux portes de la mer Caspienne, à Philippe la Parthie; à Strasandre le territoire d’Arie et la Drangiane; à Stasanor de Soli, la Bactriane et la Sogdiane, à Siburtius l’Arachosie; à Oxyartes, père de Roxane, le Parapamisus; à Pithon, fils d'Agénor, la part de l'Inde bordant le Parapamisus. Parmi les provinces adjacentes, celles du fleuve Indus, avec Patala, la plus grande ville de l'Inde dans ces régions, au roi Porus, et celles sur la rivière Hydaspe à l'Indien Taxilus, car il n'aurait pas été facile de les déplacer, puisqu’ils avaient été confirmés dans leur gouvernement par Alexandre, et que leur force avait considérablement augmentée. Parmi les pays au nord du Mont Taurus, la Cappadoce fut attribuée à Nicanor; la Grande Phrygie, la Lycaonie, la Pamphylie, et la Lycie, à Antigone comme avant; la Carie à Asandre; la Lydie à Clitus; la Phrygie Hellespontique à Arrhidaios. Antigène fut nommé collecteur des recettes dans le district de Suse, et on lui envoya 3.000 Macédoniens qui étaient enclin à se révolter. [18] Comme gardes du corps du roi Antipater nomma Autolycus, fils d’Agathoclès, Amyntas, fils d'Alexandre et frère de Peuceste, Ptolémée, fils de Ptolémée, et Alexandre, fils de Polysperchon. Il nomma son propre fils Cassandre chiliarque de la cavalerie, tandis qu’Antigone reçut le commandement des forces qui avaient auparavant été sous Perdiccas, de concert avec le soin et la sécurité de la personne des rois et, à sa propre demande, la tâche de terminer la guerre avec Eumène. Antipater, après avoir obtenu l'approbation générale de tout cela, rentra chez lui. Ce neuvième livre se conclut ainsi. [19] Le dixième livre raconte comment Eumène, après avoir entendu ce qui avait abattu Perdiccas, et que lui-même avait été déclaré l’ennemi des Macédoniens, fit tous les préparatifs de guerre ; comment Alcétas, frère de Perdiccas, se refugia chez lui à cause de cela ; comment Attale, qui avait été l'un des chefs de file de l'insurrection contre Antipater, rejoignit aussi les exilés avec une force de 10.000 fantassins et 800 cavaliers ; comment Attale et ses troupes attaquèrent Cnide, Caunus, et Rhodes. Le Rhodiens, avec leur amiral Demaratus, les repoussèrent complètement. [20] Comment Eumène en vint presque aux mains avec Antipater lors de son arrivée à Sardes, mais Cléopâtre, sœur d'Alexandre, pour empêcher le peuple macédonien de l’accuser d'être la cause de la guerre, persuada Eumène de quitter Sardes. Nonobstant, Antipater la vilipenda pour son amitié avec Eumène et Perdiccas. Elle se défendit plus vigoureusement que ce qu'on aurait pu attendre d’une femme, amenant des contre-témoignages contre lui, et finalement, ils se séparèrent à l'amiable. [21] Eumène, après avoir attaqué de façon inattendue ceux qui ne reconnaissaient pas son autorité, recueillit un gros butin et de l'argent qu'il distribua à ses soldats. Il envoya également des messages à Alcétas et à ses amis, les priant de rassembler toutes leurs forces dans un même lieu afin de pouvoir attaquer groupés leur ennemi commun. Mais des divergences d'opinion s’élevèrent entre eux, et finalement ils refusèrent. [22] Antipater, n’osant pas encore s’engager contre Eumène, envoya Asandre contre Attale et Alcétas; l’issue de la bataille resta longtemps indécise, mais Asandre fut battu. [23] Cassandre était opposé à Antigone, mais par ordre de son père, Antipater, il abandonna cette attitude. Néanmoins, Cassandre, quand il rencontra son père en Phrygie, lui conseilla de ne pas trop s’éloigner des rois, et de surveiller Antigone, mais celui-ci, par son comportement tranquille, sa courtoisie, et de bonnes qualités, fit tout ce qu’il pouvait pour éliminer les soupçons. Antipater, apaisé, le nomma stratège des forces qui avaient traversé l'Asie avec lui --- 8.500 macédoniens d'infanterie, le même nombre de cavaliers étrangers, et la moitié des éléphants (c’est-à-dire soixante-dix) --- pour l'aider à mettre fin à la guerre contre Eumène. Ainsi Antigone commença la guerre. Antipater, avec les rois et le reste de ses forces, fit semblant de passer en Macédoine, mais l'armée se révolta de nouveau et exigea sa solde. Antipater promit qu'il les paierait une fois arrivé à Abydos, ou leur laisserait, sinon tout, du moins la plus grande partie de leur solde. Après avoir ainsi encouragé leurs espoirs, il arriva à Abydos sans problème, mais après avoir trompé les soldats, il traversa l'Hellespont de nuit, avec les rois, vers Lysimaque. Le lendemain, les soldats traversèrent également, et alors n’exigèrent rien de leur rémunération. C’est comme cela que le dixième livre se termine. [24] Arrien doit être mis au rang des meilleurs historiens. Il est très fort dans les descriptions concises, et ne rompt jamais la continuité de l'histoire par des digressions intempestives ou des parenthèses ; il est original plutôt dans la structure que dans la diction, qu’il emploie d'une manière telle qu'il serait impossible pour le récit d’être énoncé plus clairement et avec plus de perspicacité. Son style est spécifique, euphonique, et laconique, caractérisé par une combinaison de douceur et de noblesse. Ses nouveautés de langage ne sont pas seulement des innovations tirées par les cheveux, mais sont évidentes et emphatiques, les figures de style sont réelles, et pas seulement un remplacement des mots ordinaires. Le résultat est que non seulement, à cet égard, la clarté est garantie, mais aussi dans la structure, l'ordre, et la nature du récit, qui est l'essence artistique de la perspicacité. Car des périodes simples sont utilisées, même par ceux qui ne sont pas des spécialistes, et si cela est fait sans rien pour les soulager, le style devient plat et bas, ce dont, en dépit de sa clarté, il n'y a pas de traces chez notre auteur. Il fait usage de l'ellipse, non pas pour les périodes, mais pour les mots, de sorte que cette ellipse ne se remarque même pas; toute tentative de fournir ce qui est omis, semblerait indiquer une tendance à faire des ajouts sans intérêt, et ne servirait pas vraiment à combler le manque. La variété de ses figures de rhétorique est admirable ; car elles ne s’éloignent pas immédiatement tout à fait de la forme simple et de l'usage, mais sont progressivement imbriquées, dès le début, afin de ne pas saturer ni créer une confusion par un changement soudain. En un mot, quiconque le compare à d'autres historiens, trouvera que de nombreux écrivains classiques lui sont inférieurs par la composition.