"Il a été décrété par le très bienheureux père et seigneur Odilon, du consentement et à la prière de tous les frères de Cluny, que de même que, dans toutes les églises de l'univers, on célèbre le premier novembre la fête de tous les saints, ainsi on célébrera, dans notre congrégation, la solennelle commémoration de tous les fidèles défunts qui ont vécu sur la terre depuis la création du monde, de la manière suivante : le premier novembre, après le chapitre, le doyen et les celleriers feront des distributions de pain et de vin, comme au jeudi saint, à tous les pauvres qui se présenteront. Tout ce qui restera du dîner des frères sera intégralement recueilli par le Père aumônier, sauf cependant le pain et le vin qu'il réservera pour le repas du soir. Le soir de la Toussaint, après les vêpres de cette fête, on sonnera toutes les cloches et on récitera l'office des morts. Le lendemain, après Matines, la messe sera célébrée pour les défunts comme aux jours de solennité, au son de toutes les cloches, et deux frères chanteront le trait. Tous les frères offriront en particulier ou célébreront en public la messe pour le repos de tous les fidèles défunts, et l'on donnera un repas à douze pauvres. Nous voulons, demandons et ordonnons que le présent décret soit observé à perpétuité, qu'il soit observé dans ce monastère (de Cluny) aussi bien que dans tous les autres monastères qui. en dépendent, jours témoignée aux frères. En outre, après avoir décidé que l'on ferait une fois par an la commémoraison de tous les chrétiens, nous jugeons convenable que l'on ajoute quelque chose de plus pour le repos des âmes de nos frères qui ont vécu sous la règle de Saint-Benoît, et en outre que l'on fasse une mention spéciale de notre bien-aimé empereur Henri, car c'est une dette de reconnaissance qu'il nous a fait contracter par ses bienfaits. Ainsi, à la Vigile des morts, après le psaume "Ad Dominum cum tribularer", que l'on récite après les leçons, on récitera le psaume : "Domine, quid multiplicati sunt"; aux Matines, après "De profundis, usquequo Domine". A Vêpres, après le psaume : "Lauda anima mea Doominum, Nisi quia Dominus"; après "Domine, refugium, Dominus regit me". A la Litanie, Iudica me, Deus, et discerne". Que l'on fasse donc, d'après les dispositions précédentes, la commémoraison des morts, tant dans ce monastère que dans tous les lieux qui en dépendent. ..."