[1,9] CHAPITRE IX. Enseignements pour éviter la pituite. Il semble qu'il sera bien à propos de répéter brièvement ce qui est nuisible aux hommes de lettres et y donner à chacune chose remède. Donc de peur que la pituite ne s'augmente par trop, il faut deux fois, par chacun jour user d'exercice étant l'estomac presque vide, non toutefois d'exercice laborieux et de peur que les esprits aigus ne se dissolvent, il faut diligemment purger les excréments de tous les conduits, il faut abattre et essuyer la crasse de la peau de tout le corps et principalement de la tête, tant par lavement que par frottement. Il faut éviter tous aliments trop froids, voire même trop humides, si l'humeur noire ne nous en empêche, voire mêmes tous ceux qui sont gras, vénéneux, glueux, oints et glutineux, ou qui facilement ont accoutumé de se convertir en pourriture. Si l'estomac ou par nature ou pour l'âge est froid, il faut du tout laisser à boire de l'eau ou bien il en faut boire moins. Il convient que la viande soit modérée, mais la potion encore plus attrempée. Que le séjour soit haut, fort éloigné du gros air et nuageux, puis tant par l'usage du feu que des odeurs chaudes il convient de chasser l'humidité. Il se faut garder du froid de la tête, même du derrière du col et des pieds, car il nuit grandement à l'esprit. L'usage modéré des épiceries aux viandes plus froides profite, principalement de la noix muscade, de la cannelle et du safran, même du gingembre assaisonné le matin à estomac à jeun et vide, ce qui profite aussi grandement aux sens et à la mémoire.