http://www.mons.be/patrimoine-mondial/ducasse-de-mons/doudou/ducasse-rituelle/combat-dit-lumecon/personnages/saint-georges/la-legende-doree/la-legende-doree [0] Jacques de Voragine, La légende dorée, Histoire de saint Georges. [1] Georges était originaire de Cappadoce et servait avec le grade de tribun dans l'armée romaine. Un jour il arriva dans une ville de Lybie nommée Silène. Près de cette ville, il y avait un étang aussi grand qu'une mer, dans lequel un dragon pestilentiel se tenait caché. Souvent il avait mis en fuite le peuple venu en armes pour le combattre et, quand il s'approchait des murs de la ville, il empoisonnait tous ceux qui venaient à portée de son souffle. Afin d'apaiser sa fureur, les habitants furent contraints de lui donner chaque jour deux brebis, autrement, il s'avançait jusqu'aux murs de la ville et empoisonnait l'air. Il causait ainsi la mort de beaucoup de personnes. Comme les brebis viendraient bientôt à manquer et qu'il n'était plus possible de s'en procurer la quantité nécessaire, les citoyens, après avoir tenu conseil, décidèrent de livrer au monstre une brebis et un être humain. Alors que le sort désignait les fils et les filles de tous les habitants et n'épargnait personne, et que déjà presque tous les fils et toutes les filles avaient été dévorés, un jour la fille unique du roi ne put échapper à son destin et elle fut adjugée au dragon. Le roi en fut affligé au-delà de toute mesure et dit: "Prenez l'or, l'argent et la moitié de mon royaume, mais laissez-moi ma fille pour lui éviter une fin aussi cruelle." Le peuple en fureur lui répondit: "Ô roi, c'est toi-même qui as promulgué cet édit et maintenant que tous nos enfants sont morts, tu veux sauver ta fille? Si tu n'observes pas scrupuleusement envers ta fille le traitement que tu as infligé aux autres, nous te brûlerons, toi et ton palais" Quand le roi entendit cela, il commença à pleurer sa fille en disant: "Que je suis malheureux, ô ma très douce fille, que ferai-je pour toi? Ou que dirai-je? Puisque je ne verrai pas tes noces?" Et tourné vers le peuple, il dit: "Je vous prie de m'accorder un délai de huit jours pour pleurer ma fille." Le peuple accéda à son désir. Au bout de huit jours, le peuple furieux revint vers lui en disant: "Pourquoi extermines-tu ton peuple à cause de ta fille? Voilà que nous allons tous périr par le souffle du dragon." Le roi voyant alors qu'il ne pourrait pas sauver sa fille, la revêtit d'habits royaux, l'embrassa et lui dit en larmes: "Que je suis malheureux, ô ma très douce fille, je croyais élever tes fils dans le giron royal, et maintenant tu pars pour être dévorée par le dragon. Ah, que je suis malheureux, ma très douce fille, j'espérais inviter les princes à tes noces, décorer le palais de perles, entendre les tambourins et toutes sortes d'instruments, et maintenant tu pars pour être dévorée par le dragon." Il la couvrit de baisers puis la laissa aller en lui disant: "Que ne suis-je mort avant toi, ma fille, au lieu de te perdre ainsi." Alors, elle tomba aux pieds de son père et lui demanda sa bénédiction. Lorsque son père, les yeux inondés de larmes l'eut bénie, elle alla vers le lac. Saint Georges vint à passer par là par hasard et la vit tout en pleurs. Il lui demanda ce qu'elle avait. Et elle répondit: "Bon jeune homme, remonte vite sur ton cheval et fuis pour ne pas mourir avec moi de la même mort." Georges répliqua: "Ne crains rien, jeune fille, mais dis-moi ce que tu attends ici pendant que tout le peuple assemblé regarde?" Elle répliqua: "Comme je vois, bon jeune homme, tu as le coeur noble, mais pourquoi désires-tu mourir avec moi? Enfuis-toi au plus vite." Georges dit: "Je ne partirai pas d'ici tant que tu ne m'auras pas confié ton tourment." Lorsqu'elle lui eut raconté toute l'histoire, Georges ajouta: "Jeune fille, ne crains rien car au nom du Christ je te viendrai en aide." Elle reprit: "Bon chevalier, hâte-toi donc de te sauver toi-même pour ne pas périr avec moi. Il suffit en effet que je sois seule à mourir. Car tu ne pourras pas me délivrer et tu succomberas avec moi." Tandis qu'ils s'échangeaient ces mots, le dragon vint à la surface et éleva la tête au-dessus du lac. Toute tremblante, la jeune fille s'écria alors: "Fuis, mon bon seigneur, fuis vite." Alors Georges enfourcha son cheval, fit le signe de la croix et chargea hardiment le dragon qui arrivait sur lui. Brandissant sa lance avec force et se recommandant à Dieu, il blessa gravement le monstre et le terrassa. Après il s'adressa à la pucelle: "Lance, sans crainte, ta ceinture autour du cou du dragon, jeune fille." Quand elle l'eut fait, le dragon la suivit comme un chien très familier. Quand elle l'eut conduit dans la ville, les habitants, à cette vue, commencèrent à s'enfuir par monts et par vaux en criant: "Malheur à nous, car nous allons tous périr !" Alors saint Georges leur fit signe et s'écria: "Ne craignez rien, car le Seigneur m'a envoyé vers vous afin de vous délivrer des crimes du dragon. Croyez seulement au Christ, que chacun de vous se fasse baptiser et je tuerai ce dragon." Alors le roi et tout le peuple furent baptisés, saint Georges dégaina son épée, tua le dragon et ordonna de l'emporter hors de la ville. Alors quatre paires de boeufs conduisirent le monstre dans un grand champ. Ce jour-là, vingt mille hommes, sans compter les femmes et les enfants, reçurent le baptême. En l'honneur de la sainte Vierge et de saint Georges, le roi fit construire une église d'une étendue considérable. De l'autel de cette église jaillit une source de vie dont une gorgée guérit tous les malades. Le roi offrit à saint Georges une immense somme d'argent qu'il refusa de recevoir et qu'il recommanda de distribuer aux pauvres. Alors Georges instruisit brièvement le roi de quatre préceptes: d'avoir soin des églises de Dieu, d'honorer les prêtres, de suivre attentivement l'office divin et de toujours penser aux pauvres. Puis, après avoir embrassé le roi, il quitta la région."