Référence(s) : Recherche effectuée le : 10/01/2002 14:01:46 -------------------------------------------------------------------------- Forme(s) Références comme [8] comme [8] comme [12] comme [14] comme [20] comme [24] comme [42] comme [43] comme [47] comme [53] comme [53] comme [71] comme [86] comme [87] comme [87] comme [88] comme [97] comme [98] comme [103] comme [109] comme [110] comme [112] comme [117] comme [120] comme [121] comme [127] comme [128] comme [131] comme [139] comme [149] comme [150] comme [162] comme [162] comme [182] comme [186] comme [186] comme [206] comme [208] comme [208] comme [212] comme [212] comme [214] comme [226] comme [258] comme [264] comme [270] -------------------------------------------------------------------------- [8] Qui dira la belle ligne ovale de son visage, son front bas et poli comme l'ivoire, son nez droit, sa bouche ronde et petite, son menton bombé, ses joues aux pommettes aplaties, ses yeux aux coins allongés qui brillaient comme deux astres jumeaux entre deux étroites paupières, sous un sourcil délicatement effilé à ses pointes? -------------------------------------------------------------------------- [8] Qui dira la belle ligne ovale de son visage, son front bas et poli comme l'ivoire, son nez droit, sa bouche ronde et petite, son menton bombé, ses joues aux pommettes aplaties, ses yeux aux coins allongés qui brillaient comme deux astres jumeaux entre deux étroites paupières, sous un sourcil délicatement effilé à ses pointes? -------------------------------------------------------------------------- [12] Ses bras étaient ronds et purs comme ceux d'Hébé, la déesse aux bras de neige ; la coupe dans laquelle Hébé sert l'ambroisie aux dieux avait servi de moule pour sa gorge, et les mains si vantées de l'Aurore ressemblaient, à côté des siennes, aux mains de quelque esclave employée à des travaux pénibles. -------------------------------------------------------------------------- [14] Il fallait tous les matins déblayer la porte pour l'ouvrir, comme l'on fait aux régions de la Scythie, quand la neige tombée la nuit a obstrué le seuil des maisons. -------------------------------------------------------------------------- [20] Plangon ne sortait plus que pour aller au bain, en litière fermée, soigneusement voilée, comme une honnête femme; Plangon n'allait plus souper chez les jeunes débauchés et chanter des hymnes à Bacchus, le père de Joie, en s'accompagnant sur la lyre. -------------------------------------------------------------------------- [24] Plangon, la belle Plangon, notre amour, notre idole, la reine des orgies; Plangon qui danse si bien au son des crotales, et qui tord ses flancs lascifs avec tant de grâce et de volupté sous le feu des lampes de fête; Plangon, au sourire étincelant, à la repartie brusque et mordante; l'oeil, la fleur, la perle des bonnes filles; Plangon de Milet, Plangon se range, n'a plus que trois amants à la fois, reste chez elle et devient vertueuse comme une femme laide! -------------------------------------------------------------------------- [42] Aimables représentants de l'élégance et de l'atticisme d'Athènes, jeunes victorieux, charmants triomphateurs, je vous le jure, jamais vous n'avez été aimés de Plangon, et je vous certifie en outre que son amant n'est pas un athlète, un nain bossu, un philosophe ou un nègre, comme veut l'insinuer Axiochus. -------------------------------------------------------------------------- [43] Je comprends qu'il est douloureux de voir la plus belle fille d'Athènes vivre dans la retraite comme une vierge qui se prépare à l'initiation des mystères d'Éleusis, et qu'il est ennuyeux pour vous de ne plus aller dans cette maison, où vous passiez le temps d'une manière si agréable en jouant aux dés, aux osselets, en pariant l'un contre l'autre vos singes, vos maîtresses et vos maisons de campagne, vos grammairiens et vos poètes. -------------------------------------------------------------------------- [47] Si elle pouvait vous reprendre les sourires, les bons mots, les oeillades, les baisers qu'elle vous a prodigués, l'insouciante hétaïre, elle le ferait; l'éclat de ses yeux, la blancheur de ses épaules, la rondeur de ses bras, ce sujet ordinaire de vos conversations, que ne donnerait-elle pas pour en effacer le souvenir de votre mémoire! comme ardemment elle a désiré vous être inconnue! qu'elle a envié le sort de ces pauvres filles obscures qui fleurissent timidement à l'ombre de leurs mères! -------------------------------------------------------------------------- [53] L'amant de Plangon est un jeune enfant si beau qu'on le prendrait pour Hyacinthe, l'ami d'Apollon: une grâce divine accompagne tous ses mouvements, comme le son d'une lyre; ses cheveux noirs et bouclés roulent en ondes luisantes sur ses épaules lustrées et blanches comme le marbre de Paros, et pendent au long de sa charmante figure, pareils à des grappes de raisins mûrs ; une robe du plus fin lin s'arrange autour de sa taille en plis souples et légers; des bandelettes blanches, tramées de fil d'or, montent en se croisant autour de ses jambes rondes et polies, si belles, que Diane, la svelte chasseresse, les eût jalousées; le pouce de son pied, légèrement écarté des autres doigts, rappelle les pieds d'ivoire des dieux, qui n’ont jamais foulé que l'azur du ciel ou la laine floconneuse des nuages. -------------------------------------------------------------------------- [53] L'amant de Plangon est un jeune enfant si beau qu'on le prendrait pour Hyacinthe, l'ami d'Apollon: une grâce divine accompagne tous ses mouvements, comme le son d'une lyre; ses cheveux noirs et bouclés roulent en ondes luisantes sur ses épaules lustrées et blanches comme le marbre de Paros, et pendent au long de sa charmante figure, pareils à des grappes de raisins mûrs ; une robe du plus fin lin s'arrange autour de sa taille en plis souples et légers; des bandelettes blanches, tramées de fil d'or, montent en se croisant autour de ses jambes rondes et polies, si belles, que Diane, la svelte chasseresse, les eût jalousées; le pouce de son pied, légèrement écarté des autres doigts, rappelle les pieds d'ivoire des dieux, qui n’ont jamais foulé que l'azur du ciel ou la laine floconneuse des nuages. -------------------------------------------------------------------------- [71] Mais que vais-je vous dire ? vous vivez dans la solitude comme un sage qui cherche le système du monde. -------------------------------------------------------------------------- [86] Les deux géants soulevèrent l'enfant sur leurs bras velus comme si c'eût été une plume, le portèrent par des couloirs obscurs jusqu'à l'enceinte extérieure, puis ils le posèrent délicatement sur ses pieds; et quand Ctésias se retourna, il se trouva nez à nez avec une belle porte de cèdre semée de clous d'airain fort proprement taillés en pointe de diamant, et disposés de manière à former des symétries et des dessins. -------------------------------------------------------------------------- [87] L'étonnement de Ctésias avait fait place à la rage la plus violente; il se lança contre la porte comme un fou ou comme une bête fauve; mais il aurait fallu un bélier pour l'enfoncer, et sa blanche et délicate épaule, que faisait rougir un baiser de femme un peu trop ardemment appliqué, fut bien vite meurtrie par les clous à six facettes et la dureté du cèdre; force lui fut de renoncer à sa tentative. -------------------------------------------------------------------------- [87] L'étonnement de Ctésias avait fait place à la rage la plus violente; il se lança contre la porte comme un fou ou comme une bête fauve; mais il aurait fallu un bélier pour l'enfoncer, et sa blanche et délicate épaule, que faisait rougir un baiser de femme un peu trop ardemment appliqué, fut bien vite meurtrie par les clous à six facettes et la dureté du cèdre; force lui fut de renoncer à sa tentative. -------------------------------------------------------------------------- [88] La conduite de Plangon lui paraissait monstrueuse, et l'avait exaspéré au point qu'il poussait des rugissements comme une panthère blessée, et s'arrachait avec ses mains meurtries de grandes poignées de cheveux. -------------------------------------------------------------------------- [97] Depuis le jour où il l'avait connue, il était resté attaché à ses pas comme une ombre, n'avait été ni au bain, ni au gymnase, ni à la chasse, ni aux orgies nocturnes avec les jeunes gens de son âge ; ses yeux ne s'étaient pas arrêtés sur une femme, il n'avait vécu que pour son amour. -------------------------------------------------------------------------- [98] Jamais vierge pure et sans tache n'avait été adorée comme Plangon l'hétaïre. -------------------------------------------------------------------------- [103] Mais dans tout ce chaos de pensées, au bout de tous ces carrefours et de ces chemins sans issue, s'élevait, comme une morne et pâle statue, cette idée: il faut que Plangon me rende son amour ou que je me tue. -------------------------------------------------------------------------- [109] Un mot avait détruit cette joie; le charme était rompu, cela devenait un amour comme tous les autres, un amour vulgaire et banal; ces charmants propos, ces divines et pudiques caresses qu'elle croyait inventées pour elle, tout cela avait déjà servi pour une autre, ce n'était qu'un écho sans doute affaibli d'autres discours de même sorte, un manège convenu, un rôle de perroquet appris par coeur. -------------------------------------------------------------------------- [110] Plangon était tombée du haut de la seule illusion qu'elle eût jamais eue, et comme une statue que l'on pousse du haut d'une colonne, elle s'était brisée dans sa chute. -------------------------------------------------------------------------- [112] Toutes les nuits Ctésias allait pleurer sur le seuil de Plangon, comme un chien fidèle qui a commis quelque faute et que le maître a chassé du logis et qui voudrait y rentrer; il baisait cette dalle où Plangon avait posé son pied charmant. -------------------------------------------------------------------------- [117] Plangon, qui ne l'avait pas entendu entrer, fit un geste de brusque surprise en le voyant, et se leva à demi comme pour sortir; mais, ses forces la trahissant, elle se recoucha, ferma les yeux et ne donna plus signe d'existence. -------------------------------------------------------------------------- [120] Plangon le laissait faire, comme si elle n'eût pas daigné s'apercevoir de sa présence. -------------------------------------------------------------------------- [121] Plangon ! ma chère, ma belle Plangon ! si vous ne voulez pas que je meure, rendez-moi vos bonnes grâces, aimez-moi comme autrefois. -------------------------------------------------------------------------- [127] Ayant dit ces mots, elle se laissa glisser sur ses pieds, traversa la chambre et disparut derrière un rideau comme une blanche vision. -------------------------------------------------------------------------- [128] La chaîne de Bacchide la Samienne n'était pas, comme l'on pourrait se l'imaginer, un simple collier faisant deux ou trois fois le tour du cou, et précieux par l'élégance et la perfection du travail ; c'était une véritable chaîne, aussi grosse que celle dont on attache les prisonniers condamnés au travail des mines, de plusieurs coudées de long et de l'or le plus pur. -------------------------------------------------------------------------- [131] Prévoyante fourmi, Bacchide, à travers sa folle vie de courtisane, tout en chantant comme les rauques cigales, pense que l'hiver doit venir et se ramasse des grains d'or pour la mauvaise saison. -------------------------------------------------------------------------- [139] Toutes ses tentatives pour la rejoindre et lui parler avaient été inutiles, et il ne pouvait s'empêcher d'errer comme une ombre autour de la maison, malgré les quolibets dont les esclaves l'accablaient et les amphores d'eau sale qu'ils lui versaient sur la tête en manière de dérision. -------------------------------------------------------------------------- [149] Les silhouettes vaporeuses de quelques îles se dessinaient dans le lointain et fuyaient bien vite derrière le navire; le vent se leva, l'on haussa la voile, qui palpita incertaine quelques instants et finit par se gonfler et s'arrondir comme un sein plein de lait; les rameurs haletants se mirent à l'ombre sous leurs bancs, et il ne resta sur le pont que deux matelots, le pilote et Ctésias, qui était assis au pied du mât, tenant sous son bras une petite cassette où il y avait trois bourses d'or et deux poignards affilés tout de neuf, sa seule ressource et son dernier recours s'il ne réussissait pas dans sa tentative désespérée. -------------------------------------------------------------------------- [150] Voici ce que l'enfant voulait faire: il voulait aller se jeter aux pieds de Bacchide, baigner de larmes ses belles mains, et la supplier, par tous les dieux du ciel et de l'enfer, par l'amour qu'elle avait pour lui, par pitié pour sa vieille mère que sa mort pousserait au tombeau, par tout ce que l'éloquence de la passion pourrait évoquer de touchant et de persuasif, de lui donner la chaîne d'or que Plangon demandait comme une condition fatale de sa réconciliation avec lui. -------------------------------------------------------------------------- [162] Vous êtes négligé dans votre toilette comme le fils d'un paysan ou comme un poète lyrique. -------------------------------------------------------------------------- [162] Vous êtes négligé dans votre toilette comme le fils d'un paysan ou comme un poète lyrique. -------------------------------------------------------------------------- [182] Sa peau est d'un brun plein de feu et de vigueur, dorée de reflets blonds comme le cou de Cérès après la moisson; sa gorge, fière et pure, soulève deux beaux plis à sa tunique de byssus. -------------------------------------------------------------------------- [186] A la vue de ses anciennes amours, Ctésias sentit en lui-même un mouvement étrange; un flot d'émotions violentes tourbillonna dans son coeur, et, faible comme il était, épuisé par les pleurs, les insomnies, le regret du passé et l'inquiétude de l'avenir, il ne put résister à cette épreuve, et tomba affaissé sur ses genoux, la tête renversée en arrière, les cheveux pendants, les yeux fermés, les bras dénoués comme si son esprit eût été visiter la demeure des mânes. -------------------------------------------------------------------------- [186] A la vue de ses anciennes amours, Ctésias sentit en lui-même un mouvement étrange; un flot d'émotions violentes tourbillonna dans son coeur, et, faible comme il était, épuisé par les pleurs, les insomnies, le regret du passé et l'inquiétude de l'avenir, il ne put résister à cette épreuve, et tomba affaissé sur ses genoux, la tête renversée en arrière, les cheveux pendants, les yeux fermés, les bras dénoués comme si son esprit eût été visiter la demeure des mânes. -------------------------------------------------------------------------- [206] Écoute, ô ma belle Bacchide ! et sois bonne pour moi comme tu l'as toujours été. -------------------------------------------------------------------------- [208] Un de ses regards vaut plus à mes yeux que l'or des rois, plus que le trône des dieux, plus que la vie ; sans elle je meurs; il me la faut, elle est nécessaire à mon existence comme le sang de mes veines, comme la moelle de mes os; je ne puis respirer d'autre air que celui qui a passé sur ses lèvres. -------------------------------------------------------------------------- [208] Un de ses regards vaut plus à mes yeux que l'or des rois, plus que le trône des dieux, plus que la vie ; sans elle je meurs; il me la faut, elle est nécessaire à mon existence comme le sang de mes veines, comme la moelle de mes os; je ne puis respirer d'autre air que celui qui a passé sur ses lèvres. -------------------------------------------------------------------------- [212] Je la possédais, je la voyais tous les jours, je m'enivrais de sa présence adorée comme d’un nectar céleste; elle m'aimait comme tu m'as aimé, Bacchide; mais ce bonheur était trop grand pour durer. -------------------------------------------------------------------------- [212] Je la possédais, je la voyais tous les jours, je m'enivrais de sa présence adorée comme d’un nectar céleste; elle m'aimait comme tu m'as aimé, Bacchide; mais ce bonheur était trop grand pour durer. -------------------------------------------------------------------------- [214] Plangon m'a chassé de chez elle; j'y suis revenu à plat ventre comme un chien, et elle m'a encore chassé. -------------------------------------------------------------------------- [226] Moi, j'ai dit : « Si je ne puis jouir de mes amours, comme autrefois, je me tuerai ». -------------------------------------------------------------------------- [258] Ctésias, dit-elle d'une voix douce comme un son de flûte, voilà une amie à vous que je vous amène. -------------------------------------------------------------------------- [264] On expliqua tout à Ctésias, qui fut ravi comme vous pensez, car il n'avait jamais cessé d'aimer Bacchide, et son souvenir l'empêchait d'être parfaitement heureux; si belles que fussent ses amours présentes, il ne pouvait s'empêcher de regretter ses amours passées, et l'idée de faire le malheur d'une femme si accomplie le rendait quelquefois triste au-delà de toute expression. -------------------------------------------------------------------------- [270] Voilà l'histoire de Plangon la Milésienne, comme on la contait dans les petits soupers d'Athènes au temps de Périclès. --------------------------------------------------------------------------