LECTURE : Guillaume de Nangis (mort en 1300) à propos du lis, emblème des rois de France : Guillaume de Nangis, Chronique, partie III : Louis IX (Saint Louis ; 1226-1270) : année 1230 : ... Enimuero si tam pretiosissimus thesaurus sapientiae salutaris a regno Franciae tolleretur, maneret utique liliatum signum regum Franciae mirabiliter deformatum. Nam ex quo Deus et Dominus noster Iesus Christus fide, sapientia et militia specialius quam caetera regna uoluit regnum Franciae illustrare, consueuerunt reges ipsi Franciae in suis armis et uexillis florem lilii depictum trino folio comportare, quasi dicerent toti mundo : fides, sapientia et militiae probitas abundantius quam regnis caeteris sunt regno nostro Dei prouidentia et gratia seruientes. Duo enim paria folia sapientiam et militiam significant, quae fidem trinum folium significantem, et altius in medio duorum positam, custodiunt et defendunt; nam fides gubernatur et regitur sapientia, atque militia defensatur. Quamdiu enim praedicta tria fuerint in reguo Franciae pacifice, fortiter et ordinatim sibi inuicem cohaerentia, stabit regnum; si autem de eodem separata fuerint uel auulsa, omne regnum in seipsum diuisum desolabitur atque cadet. ... ... En effet, si un trésor aussi précieux, aussi salutaire que celui de la sagesse, eût été enlevé au royaume de France, le lis, emblème des rois de France, serait étonnamment défiguré, car depuis que Dieu et notre Seigneur Jésus-Christ voulut que le royaume de France fût illustré plus particulièrement que les autres royaumes par la foi, la sapience et la chevalerie, les rois de France eurent coutume de porter sur leurs armes et leurs bannières une fleur de lis peinte à trois feuilles, comme pour dire à tout le monde que la foi, la science et l’honneur de la chevalerie, par la providence de Dieu, se trouvent davantage dans notre royaume que dans tous les autres. En effet, les deux feuilles pareilles, qui signifient la sapience et la chevalerie, gardent et défendent la troisième feuille, qui signifie la foi, et qui est placée plus haut au milieu des deux autres car la foi est gouvernée et réglée par la sapience, et défendue par la chevalerie. Tant que dans le royaume de France ces trois feuilles seront unies ensemble en paix, vigueur et bon ordre, le royaume subsistera mais si on les sépare, ou si on les arrache du royaume, le royaume divisé sera désolé et tombera. ...