Pourquoi nous pouvons perdre la guerre contre l'intégrisme. Pour comprendre l'islamisme, on ne lui applique qu'une grille de lecture théologique. Ce retour au Moyen Age accepté par notre société laïque - et avec quelle indulgence - s'explique en premier lieu par le racisme. [Jean-François Kahn] Demain, sans doute, la riposte. Le but: renverser l'effroyable régime des talibans, capturer Ben Laden, éradiquer ses réseaux, se débarrasser de ses sicaires. Nul ne doute que l'Amérique a les moyens et les capacités d'atteindre ses objectifs. Nul, au demeurant, ne s'en lamentera. Surtout pas nous. Le problème, c'est après. Non point la bataille ponctuelle, immédiate, sur laquelle on se polarise démesurément. Mais la vraie guerre. Celle que l'intégrisme a déclarée aux valeurs qui fondent notre système démocratique et dont il n est pas sûr que nous la gagnerons, celle-là, en plaçant de force à la tête de l'Afghanistan un ancien roi de 88 ans qui vit en Europe depuis plus d'un quart de siècle; en achetant au prix fort l'hypocrite complaisance des théocrates d'Arabie Saoudite; en réservant, dans la grande alliance contre les spadassins de l'obscurantisme, des strapontins rembourrés aux émirs féodaux du Golfe; en en appelant à ces régimes arabes, dits « modérés », qui sont trop souvent des dictatures militaro-mandarinales: bref, en intégrant, une fois de plus, à peu près tout le monde à la croisade des démocraties, sauf, précisément, les démocrates. Car il y a eu, hélas, un précédent catastrophique: cette guerre du Golfe qui, en 199 1, fut évidemment gagnée, mais sans que les idées démocratiques en tirent le moindre avantage. Et qui vit, au contraire, triompher au sein du monde arabo-musulman le discours délirant de l'adversaire, pourtant battu à plates coutures. Faut-il, en effet, se dissimuler cette évidence: les intégristes de tous poils ont d'ores et déjà emporté la première manche de la guerre qu'ils mènent contre ce que nous appelons les idées de progrès. Un seul constat donne la mesure de cette « étrange » défaite: il y a, aujourd'hui, dans la majorité des pays du globe - ceux surtout qui rassemblent la plus grande partie de la population de la planète - plus de fanatiques prêts à se sacrifier aux délires totalitaires des fous de Dieu que de héros disposés à mourir pour nos principes de liberté, d'humanité et de tolérance. Regardons cette réalité en face: en Indonésie, au Pakistan, en Egypte, mais aussi au Maroc, mais aussi en Asie centrale, en Inde, en Malaisie, en pays tamoul, au Kurdistan - et demain, qui sait, en Terre sainte, Israël compris, si la paix n'y est pas rétablie -, il y a désormais plus de sympathisants actifs des courants intégristes (et pas seulement islamistes) que de militants démocrates progressistes réellement agissants. Pourquoi et comment en est-on arrivé là? Pourquoi et comment avons-nous en grande partie enfanté nous-mêmes le monstre qui a grandi au point de frapper l'Amérique en plein coeur? Même les nazis n'y étaient pas parvenus. Cette façon raciste d'accapter 1'obscupantisme. La première source de notre erreur, c'est le racisme. Expliquons-nous. Depuis le 11 septembre se développe, par médias interposés, un débat surréaliste sur le thème: «Le Coran légitime-t-il ou condamne-t-il la violence? Admet-il ou réprouvet-il le meurtre? Quel contenu au juste donne-t-il au concept de jihad? Que dit exactement tel verset de telle sourate? Que les infidèls et les mécréants doivent etre tolérés ou impitoyablement combattus? » Or, imagine-t-on un instant le même débat portant sur une interprétation littérale de la Bible, par exemple? Lionel Jospin a fait voter une loi sur la parité; Chirac nous a engagés dans la guerre du Kosovo: que dit exactement là-dessus l'Ancien Testament? Ces initiatives sont-elles conformes à la lettre du message biblique? Est-il légitime d'affamer les nouveau-nés irakiens sous prétexte que Dieu, du temps de Moïse, a frappé les premiers-nés d'Egypte? La noyade des armées de Pharaon dans la mer Rouge justifie-t-elle l'épuration ethnique? Faut-il prendre au pied de la lettre la parabole de Marie-Madeleine dans le Nouveau Testament? Convenons-en: si n'importe qui, aujourd'hui, se faisait l'écho d'un tel raisonnement, il serait impitoyablement renvoyé à l'enfer de son obscurantisme crasse. Or, ce discours de soumission totale à une pseudo-vérité absolue qui serait contenue dans un livre unique et saint, inspiré directement par Dieu, est considéré comme inconcevable et inadmissible venant d'un chrétien qui fait référence à la Bible, mais tout à fait acceptable venant d'un musulman qui fait référence au Coran. Autrement dit, ce que notre intelligence nous dicte, leur bêtise le leur permet. Notre modernité doit s'incliner devant leur Moyen Age. Une telle attitude implique un total mépris de l'autre. Elle signifie: ce qui vaut pour moi, qui suis civilisé, ne vaut pas pour eux, parce qu'ils sont «cons» et «en retard ». Définition même du racisme! Paternalisme insupportable. Or, cette disqualification du peuple musulman, décrétée par nous, qui nous prenons sans doute pour des parangons de progressisme, inapte au rationalisme, à 1'esprit critique, à la modernité laïque, imprègne totalement notre façon de concevoir nos rapports à lui, notre diaogue avec lui. La preuve: jamais un journal comme "Le Monde" ne publierait la tribune d'un intégriste, catholique ou protestant, préconisant la recléricalisation de l'Etat, la fusion du spirituel et du temporel, le retour à la quintessence de la parole biblique. En revanche, il publie tout à fait normalement (et qui sait si "Marianne" n'en aurait pas publié aussi!) des textes de M. Rafiq Ramadan, islamiste dit « modéré », de la mouvance Frères musulmans, qualifié simplement de « professeur de philosophie » et qui défend très exactement ces idées-là. L'imam de la future grande mosquée de la rue de Tanger, à Paris, Larbi Kechat, est présenté comme un « moderniste » plutôt « ouvert », alors que, proche lui aussi des Frères musulmans, il défend des idées qui, dans la bouche d'un évêque, seraient estimées insupportablement rétrogrades. Ce qui signifie quoi, sinon que, en vertu d'une scandaleuse condescendance élitiste (serions-nous des êtres supérieurs?), nous considérons que, compte tenu de leur arriération congénitale, ce qui est obscurantiste «chez nous» est moderniste «chez eux »; qu'il faut laisser ces «grands enfants» brandir le Coran comme preuve ultime alors que, lorsque Mme Christine Boutin s'y risque avec la Bible, elle est l'objet d'impitoyables saillies dans les médias. Racisme, encore, dont Berlusconi, d'une certaine manière, s'est fait l'écho. Ce qu'on appelle le choc des civilisations. Car le concept de « choc des civilisations », à nos yeux inacceptable, signifie en réalité, que la nôtre est supérieure, parce que grâce à Bacon, à Erasme, à Spinoza, à Voltaire, à Condorcet (que nos intégristes, à nous, excommunièrent), grâce au sacrifice de Giordano Bruno ou de Michel Servet (que nos intégristes, à nous, martyrisèrent), nous avons su nous dégager de la dictature totalitaire du Livre saint, ce tabernacle d'une vérité révélée qui est toujours pourvoyeur de crimes de masse. Alors que les pauvres musulmans, eux, dont pas eu et ne peuvent pas avoir cette chance. Nous avons fondé notre combat émancipateur sur le refus horrifié du crime de «blaspheme» qui coûta la vie, par exemple, au chevalier de La Barre, accusé d'avoir maltraité un crucifix. Mais, quand il s'agit de musulmans, nous devons accepter que le blasphème vaille fatwa de mise à mort, ce qui signifie qu'«ils ne nous valent pas ». Racisme, toujours. Racisme, enfin, quand l'intégrisme islamique est justifié par l'oppression, la misère ou l'anti- impérialisme. Car, s'agissant des peuples occidentaux non musulmans, chrétiens orthodoxes par exemple, l'idée ne viendrait à personne de relativiser le fascisme ou le nazisme en fonction du degré de misère ou d'exploitation. Mais voilà: ce que cette indulgence sous-tend, c'est qu'il est normal que, «chez nous », le combat social et libérateur se soit investi dans le progressisme républicain et, chez eux, dans le fanatisme religieux! Résultat: les mêmes qui exigent la mien quarantaine de l'Autrichien Haider préconisent, en Algérie par exemple, une entente politique avec des extrémistes fascisants à côté desquels Haider est un enfant de choeur. Comme si «ça », c'était bon pour eux, mais simplement pour eux; comme si (ce qu'on a pu lire dans un supplément du journal la Croix consacré à l'islam) les concepts de laïcité ou de séparation de l'Eglise et de l'Etat n'étaient pas applicables à «ces gens-là ». Comme si ce qui, partout ailleurs, participe de la définition du totalitarisme, devait être considéré comme naturel à ces peuples-là! Or, cette vision intrinsèquement raciste de l'autre est devenue commune à une certaine extrême droite, qui aime que les musulmans se conforment à leurs propres préjugés (il faut relire, à ce propos, le "Ibn Seoud" de Benoist Méchin), mais aussi à une certaine extrême gauche, qui a fini par intérioriser l'idée que l'intégrisme était la norme acceptable de l'anti -impérialisme des musulmans. D'où le ralliement de nombreux ex-gauchistes arabes et palestiniens à des courants islamistes; d'où aussi la tendance d'une certaine école trotskisante, en France même, à voir d'authentiques «résistants» dans les tueurs du GIA algérien et à les exonérer de leurs crimes. Perception d'autant plus absurde - et même perverse - que les financiers de l'islamisme (princes saoudiens, émirs du Golfe et Ben Laden lui-même) ne sont pas précisément des damnés de la terre; et que leurs textes « théoriques » (si l'on ose dire) font référence, non point à l'exploitation ou à l'oppression sociale, mais simplement à la nécessité d'imposer partout des régimes théocratiques. Cette propension à rejeter les musulmans dans un obscurantisme décrété respectable est non seulement odieuse tant elle induit une absence de considération, mais, en outre, elle découle d'un profond contresens. 1 Les musulmans seraient inaptes au rationalisme? Mais ce sont eux qui nous l'ont réinculqué. C'est l'école Mu'Tazilite qui, dès le IXe siècle, alors que pesait sur l'Occident un fondamentalisme religieux de plomb (on y confectionnait des cartes de géographie où figurait le paradis terrestre), a redécouvert Aristote et a posé le fondement d'une véritable pensée critique. C'est Averroès, au XlIe siècle, après qu'au Xe siècle Avicenne lui eut ouvert la voie, qui formula contre Ghazali le premier constat d'opposition entre vérité rationnelle et vérité révélée. C'est Ibn Khaldoun, au XlVe siècle, qui donna ses brevets de scientificité à l'histoire et à la sociologie; c'est El Afghani, compagnon du Prophète, qui poussa le plus loin la radicalité de la critique sociale. Et beaucoup d'autres, avec eux, soit parvinrent à peser sur les idées de leur temps, soit, comme Jean Huss en Occident, furent martyrisés pour leurs idées. C'est grâce à cet apport de cet islam rationnel et prémoderne que la chrétienté, à son tour, redécouvrit la pensée grecque. L'islam intolérant? Mais les chrétiens furent beaucoup mieux acceptés au Liban arabe que les musulmans en pays chrétien. Et c'est Saladdin, le sultan d'Egypte, qui proposa à l'empereur Frédéric II de négocier sans passion le sort de Jérusalem. C'est dans la Turquie profondément musulmane que l'idéal laïc fut, au début du siècle, défendu avec le plus d'ardeur militante. Surtout, c'est en terre d'Islam, en particulier en Algérie, que des musulmans, des dizaines de milliers de musulmans, ont payé de leur vie leur résistance laïque et républicaine au totalitarisme intégriste. Comment nous avons livré l'Iran aux intégristes. Oui, il y a des millions et des millions de musulmans qui luttent contre l'islamisme au nom des mêmes valeurs que nous, parce que ce sont des valeurs universelles, qu'elles ne sont pas nôtres et qu'elles leur appartiennent, à eux aussi. Mais, ceux-là, nous les avons abandonnés, trahis, parfois assassinés. Un exemple: l'Iran. Il existait dans ce pays, après guerre, deux courants importants, l'un progressiste représenté par le parti Toudeh, l'autre nationaliste démocrate incarné par le Dr Mossadegh. Or, la réputation marxiste du premier inquiétait l'Occident, tandis que l'Amérique et la Grande-Bretagne ne pardonnaient pas au second d'avoir voulu restituer à la nation persane ses ressources pétrolières. La CIA organisa donc, en cheville avec les éléments les plus réactionnaires de l'armée, un putsch qui permit de restaurer la dictature autocratique du shah. Après quoi, ce dernier, avec notre aval, eut les mains libres pour exterminer les progressistes, écraser les nationalistes démocrates, et mener une politique prétendue « moderniste», qui enrichit les plus riches, paupérisa les plus pauvres, au point que le centre de Téhéran finit par ressembler à une sorte de Beverly Hills entouré d'un océan de bidonvilles effroyables. Qu'en résulta-t-il? Que la seule opposition qui put s'exprimer fut celle qui trouva refuge dans les mosquées. Les progressistes et les démocrates bourgeois étant éliminés, elle fut tout naturellement encadrée par les mollahs. L'Occident n'y vit que du feu, fasciné qu'il était par la folie mégalomaniaque de celui qui se prétendait descendant de Cyrus le Grand. On connaît la suite et comment l'ultra- gauche - "les moudjahidin du peuple" servit de marchepied aux islamistes avant, bien sûr, que ceux-ci l'éliminent. A l'époque, la politique américaine pouvait se résumer à cet axiome: tout ennemi de mon ennemi (l'Union soviétique et le communisme) est mon ami, fût-il aussi, ou encore plus, totalitaire que lui. C'est au nom de ce même théorème, déjà, que certains libéraux dans les années 30 préconisaient une alliance tactique avec l'Allemagne nazie. De l'holocauste indonésien à la bévue afghane. Ainsi, en Indonésie, quand, en 1965, à la suite d'une provocation d'extrême gauche, les islamistes, appuyés par l'arméé du général Suharto, entreprirent d'exterminer les communistes, les progressistes, les nationalistes démocrates fidèles à Sukarno, les Chinois et quelques chrétiens (500 000 morts), se contenta-t-on de fermer pudiquement les yeux. Ça allait, paraît-il, dans le bon sens! Ensuite, les Etats-Unis ne ménagèrent pas leur appui au criminel en chef Suharto. L:ambassadeur de France à Jakarta envoya même à l'hebdomadaire l'Express, qui avait consacré un reportage à ces horreurs, une lettre dans laquelle il expliquait que l'évocation de cet holocauste risquait de nuire aux relations entre les deux pays. Aujourd'hui, en Indonésie, des commandos intégristes font la tournée des grands hôtels pour y chasser le touriste américain. On sait que la même stratégie amena la CIA, pour faire pièce à l'Union soviétique, à entraîner et à armer les troupes les plus fanatisées de l'islamisme afghan, et même à recruter Ben Laden. Mais, ce que l'on oublie, c'est que ce soutien sans discernement à la fraction la plus totalitaire de l'opposition afghane fut, en France même, tout à fait justifié au nom du combat anticommuniste (on ne sache pas, par exemple, qu'André Glucksmann, à l'époque, en ait été perturbé). Et, lorsque Bernard Kouchner, de retour d'Afghanistan, lança, dans l'Evénernent du Jeudi, un cri d'alarme pour expliquer qu'on était en train de favoriser des courants encore pires que le communisme, plusieurs spécialistes de l'islam s'insurgèrent aussitôt contre de tels propos. Y compris l'universitaire Olivier Roy qui, depuis, il est vrai, a reconnu son erreur. Egypte, l'occasion ratée du Nassérisme. Entre 1956 et 1967 cependant, l'islamisme connut une période de net recul. Pourquoi? Parce qu'un autre phénomène de masse, le nassérisme (courant national-progressiste arabe), lui faisait largement contrepoids. C'était une chance à saisir. Au lieu de quoi, parce que Nasser nationalisa la Compagnie du canal de Suez (ce qui était la moindre des choses) et soutenait (ce qui était également normal) les rebelles nationalistes du Maghreb (et non parce que son régime n'était pas précisément démocratique), on le diabolisa - on lui fit même la guerre -, jusqu'à le jeter dans les bras de l'Union soviétique. Et on lui opposa les pays arabes dits « modérés »; l'Arabie Saoudite en tête, c'est-à-dire, en réalité, des théocraties féodales qui, elles, finançaient et appuyaient les courants islamistes partout dans le monde. Ce sont d'ailleurs les fractions monarco-intégristes, soutenues par l'Arabie Saoudite, que l'on soutint lors de la guerre civile au Yémen contre les forces républicaines socialisantes appuyées par l'Egypte. (Notons que, pendant la guerre d'Algérie également, la France tenta d'opposer au FLN les éléments les plus islamistes issus du MNA ou des oulémas). De même, en Irak, où un nassérien de gauche, Kacem, était parvenu au pouvoir en renversant la monarchie, les services secrets occidentaux appuyèrent-ils un nouveau coup d'Etat militaire qui, après le massacre obligé des éléments progressistes et laïcs, prépara le terrain à l'arrivée en force du parti Baas de Saddam Hussein. On pourrait multiplier les exemples qui montrent que (dans la foulée de ce que fût la politique britannique d'avant guerre telle que Lawrence d'Arabie l'avait rêvée et anticipée) l'Occident ne cessa de parier sur l'intégrisme islamique considéré comme devant constituer le plus solide barrage aux forces de la « subversion ». Ce fut encore la stratégie d'Ariel Sharon, alors ministre de la Défense d'Israël, quand il favorisa le mouvement islamiste Hamas pour affaiblir l'OLP, tandis que l'intervention israélienne au Liban faisait basculer les populations chiites, réputées modérées, dans le camp de la radicalité. Ce qui permit l'émergence du Hezbollah! L'ennerni de mon ennemi est un ami: c'est encore en vertu de ce principe que, l'ennemi étant le Serbe, on laissa l'organisation Ben Laden mettre sur pied une brigade internationale islamiste en Bosnie; qu'on minimisa l'importance de l'infiltration des éléments wahhabites extrémistes en Tchétchénie (ce qui ne justifie nullement la férocité de la réaction russe); que Londres devint l'une des principales plaques tournantes de l'internationale intégriste. On da sans doute pas fini de payer les effroyables conséquences d'un tel aveuglement. Tandis qu'on se polarisait sur l'Afghanistan, la semaine dernière, le terrorisme intégriste frappait encore dans la capitale du Cachemire indien, Srinagar, et faisait 39 victimes. Qu'importe! Ce n'était pas NewYork. Qu'importait, tant que les victimes n'étaient que des femmes afghanes, des intellectuels Pakistanais, des démocrates algériens! Ce sont nos propres erreurs d'analyse, nos propres délires stratégiques, nos propres hypocrisies et complaisances (en dehors même des effroyables dégâts provoqués par la mondialisation néolibérale) qui ont permis aux intégristes de remporter la première manche de la guerre. Il dépendra de notre lucidité, de notre cohérence, de notre capacité, surtout, à rester fermes et intransigeants sur les principes qui fondent nos valeurs républicaines (la laïcité en particulier) que la guerre elle même ne soit pas perdue!