sénateurs, ainsi que cela était naturel, lui adressant la pa- role et lui prenant la main, il attacha sur Scribonius Pro- culus un regard perçant : « Toi aussi, dit-il, tu me salues, toi qui hais tant l'empereur ? » A ces mots, les sénateurs présents entourèrent leur collègue et le mirent en pièces. [Les sénateurs décrétèrent des jeux en l'honneur de Caius, une haute tribune dans la salle même des délibé- rations, afin que personne ne pùt atteindre jusqu'à lui, et des soldats pour veiller, même au milieu d'eux, à sa sûreté; ils adoptèrent aussi une résolution en vertu de laquelle ses statues devaient avoir des gardes. Transporté de joie par cette conduite du sénat, Caius renonça à sa colère, et, avec toute l'étourderie d'un jeune homme, lui adressa quelques bonnes paroles. Pomponius, accusé de conspiration contre lui, fut absous, parce qu'il avait été trahi par un ami; quant à la maîtresse de Pomponius, n'ayant, malgré la torture, rien avoué, non-seulement il ne lui fit aucun mal, mais encore il la récompensa par de l'argent. Les éloges que lui valurent ces actes de clé- mence, éloges inspirés, les uns par la crainte, les autres par la vérité, et] les noms de héros et de dieu qui lui furent donnés troublèrent fortement sa raison. Déjà, en effet, auparavant, il souhaitait qu'on le prît pour quelque chose de plus relevé qu'un homme, et il prétendait avoir commerce avec la Lune et être couronné par la Vic- toire ; il feignait aussi d'être Jupiter, et se vantait, par