LECTURE : Jean Bodin (1529 - 1596) à propos de la réplique de Démétrius le corsaire à Alexandre le Grand, qualifié par lui de plus grand écumeur encore sur terre et sur mer : Jean Bodin, De la république, I, 1 : ...Alioqui, si erga latrones eodem iure, quo aduersus hostes, utamur, uerendum sit ne perditorum hominum multitudinem et colluuiem undique arcessere uelle uideamur, qui cum praedonibus capitali fraude sociati ad bonorum exitium conspirent. Interdum tamen ex praedone regem optimum extitisse et qui pirata omnium maximus antea fuisset, in bonum principem euasisse legimus. certe quidem multi grassatores regum appellatione digniores habiti sunt, quam eorum plerique, qui regalia sceptra tenent, qui suae diritatis ac immanitatis probabilem causam nullam habent. Id enim Alexandro Magno probrum obiecit Demetrius pirata, cum diceret se nihil praeter piraticam didicisse, nec aliud quicquam de paterna haereditate creuisse, praeter duos Myoparones,Alexandrum uero, qui piraticam in Demetrio improbaret, cum exercitu potentissimo terra marique impune latrocinari, tametsi a patre regnum Macedoniae florentissimum accepisset. quae certe oratio Alexandrum non ad ultionem acceptae contumeliae, sed ad commiserationcm adeo permouit, ut Demetrium legioni praeficeret. ... ... Mais qui voudrait user du droit commun envers les corsaires et voleurs, comme avec les droits ennemis, il ferait une périlleuse ouverture à tous vagabonds de se joindre aux brigands, et assurer leurs actions et ligues capitales sous le voile de justice. Non pas qu'il soit impossible de faire un bon Prince d'un voleur, ou d'un corsaire un bon Roi. Et tel pirate il y a, qui mérite mieux d'être appelé Roi, que plusieurs qui ont porté les sceptres et diadèmes, qui n'ont excuse véritable, ni vraisemblable, des voleries et cruautés qu'ils font souffrir aux sujets, comme disait Démétrius le corsaire au Roi Alexandre le grand, qu'il n'avait appris autre métier de son père, ni hérité pour tout bien que deux frégates. Mais quant à lui, qui blâmait la piratique, il ravageait néanmoins, et brigandait avec deux puissantes armées, par mer et par terre, encore qu'il eût de son père un grand et florissant Royaume, ce qui émut Alexandre plutôt à un remords de conscience, qu'à venger le juste reproche à lui fait par un écumeur, qu'il fit alors capitaine en chef d'une légion. ...