[15,0] XV. Des troubles et des séditions. [15,1] Il importe aux pasteurs du peuple de bien connaître les pronostics de ces tempêtes qui peuvent s'élever dans un état, et qui sont ordinairement plus violentes quand les partis opposés qui les excitent approchent de l'égalité; à peu, prés par la même raison que les tempêtes, vers les équinoxes, sont plus violentes que dans tout autre temps. Or, avant que les troubles et les séditions éclatent dans un état, certains bruits sourds et vagues, signes du mécontentement général, les présagent; comme, dans la nature, le vague murmure d'un vent souterrain, et le sourd mugissement des flots qui commencent à se soulever, annoncent la tempête. Souvent aussi, dit le poète, en lui découvrant les secrets mécontentements, il lui annonce que la sédition approche ; souvent en lui révélant les complots qu'on trame sourdement contre lui, il lui prédit la guerre ouverte dont il est menacé (Virgile, Géorgiques, I, v. 464-465). [15,2] Des libelles et des discours licencieux contre le gouvernement, se multipliant rapidement et devenant publics, de fausses nouvelles tendant à blâmer ses opérations, se répandant de tous côtés, et crues trop aisément; tous présages de troubles et de séditions. Virgile, donnant la généalogie de la renommée, dit qu'elle était sœur des géants. "Elle est soeur de Céus et d'Encélade; la terre, dit-on, irritée et fécondée par la colère des immortels, l'enfanta la dernière" (Virgile, L'Énéide, IV, v. 178-179). Comme si ces bruits dont nous parlons me se faisaient entendre qu'après que la sédition est passée, et n'en étaient que les restes : mais la vérité est qu'ils en sont ordinairement le prélude. Quoi qu'il en soit, le poète observe judicieusement qu'il n'y a d'autre différence entre les séditions et les bruits séditieux, que celle qui se trouve entre le frère et la soeur, entre le mâle et la femelle; surtout lorsque le mécontentement général est porté au point que les plus justes et les plus sages opérations du gouvernement, et celles qui devraient le plus contenter le peuple, sont prises en mauvaise part, et malignement interprétées; ce qui montre que ce mécontentement est à son comble, comme l'observe Tacite, lorsqu'il dit : "le mécontentement public est si grand, qu'on lui reproche également et le bien et le mal qu'il fait". Mais, de ce que ces bruits dont nous parlons sont un présage de troubles, il ne s'ensuit point du tout qu'en prenant des mesures très sévères pour les faire cesser, on préviendroit ces troubles : car souvent, lorsqu'on a le courage de les mépriser, ils tombent d'eux-mêmes; et toutes les peines qu'on se donne pour les faire cesser, ne servent qu'à les rendre plus durables. [15,3] De plus, certain genre d'obéissance dont parle Tacite, doit être suspect : "ils demeuraient tous dans le devoir", dit-il, "de manière toutefois qu'ils étaient plus disposés à raisonner sur les ordres du gouvernement, qu'a les exécuter" : en effet, discuter ces ordres, se dispenser par des excuses de les exécuter, ou les éluder par des plaisanteries, ce sont autant de manières de secouer le joug autant d'essais de désobéissance; surtout lorsque ces raisonneurs qui défendent le gouvernement, parlent bas et avec timidité, tandis que leurs opposés parlent haut et avec insolence. [15,4] De plus, comme l'a judicieusement observé Machiavel, lorsqu'un prince, qui devrait être le père commun de tous ses sujets, se livre trop à l'un des deux partis, et se penche excessivement à droite ou à gauche, il en est de son gouvernement comme d'un bateau qui, étant trop chargé d'un côté, finit par chavirer; c'est une vérité qu'apprit, à ses dépens, Henri III, roi de France; car il ne se joignit d'abord à la ligue que pour abattre plus aisément les protestants; mais ensuite cette ligue même se tourna contre lui. Lorsque, dans la défense d'une cause, l'autorité royale n'est plus qu'une sorte d'accessoire, les sujets croyant avoir un lien plus sacré que celui de l'obéissance qu'ils doivent au souverain, dès lors le prince commence à être dépossédé de son autorité. [15,5] Quand les rebelles et les factieux parlent ou agissent ouvertement, et avec audace, leur insolence annonce qu'ils ont déja perdu tout respect pour le gouvernement ; car les mouvements des grands, dans un état, doivent être subordonnés à ceux du prince qui doit y être le premier mobile : en quoi ces hautes classes doivent être semblables aux planètes qui, dans l'hypothèse reçue (celle de Ptolomée), sont emportées, d'un mouvement très rapide, d'orient en occident, en vertu de celui de toute la sphère qu'elles sont forcées de suivre, mais qui se meuvent beaucoup plus lentement d'occident en orient, en vertu de leur mouvement propre. Ainsi, lorsque les grands, n'obéissant plus qu'à leur propre impulsion, ont un mouvement très violent, c'est un signe que toutes les orbites sont confondues, et que tout le système tend à sa destruction. Car le respect des sujets est le don que Dieu a fait aux rois ; il est la base de leur puissance, et quelquefois il les menace de les en dépouiller "je délierai la ceinture (le bandeau) des rois". [15,6] Ainsi, lorsque ces quatre piliers (appuis) de toute espèce de gouvernement, la religion, la justice, la prudence et le trésor public, sont ébranlés ou affaiblis, c'est alors qu'il faut recourir aux prières pour obtenir du beau temps. Mais, terminant ici ce que nous avions à dire sur les pronostics des séditions (sujet d'ailleurs sur lequel les observations mêmes que nous allons faire, répandront encore beaucoup de lumière), nous allons traiter, 1°) des matériaux (de l'aliment ou de la cause matérielle ) des séditions; 2°) De leurs motifs ou de leurs causes (efficientes); 3°) enfin, des remèdes et des préservatifs contre ce genre de calamité. [15,7] La cause matérielle des séditions est évidemment le premier objet qui doive fixer notre attention. En effet, n'est-il pas clair que le plus sûr moyen pour prévenir une sédition, autant que les circonstances le permettent, c'est d'en ôter d'abord la cause matérielle ; car, lorsque la matière combustible est amassée et préparée, il serait difficile de dire d'où partira l'étincelle qui mettra le feu. Or, les séditions ont deux principales causes matérielles ; savoir : une grande disette et de grands mécontentements (un grand nombre de nécessiteux et de mécontents). Car il n'est pas douteux qu'autant il y a d'hommes ruinés ou obérés dans un état, autant il y a de votants pour la guerre civile. C'est ce que Lucain n'a pas manqué d'observer, lorsqu'avant de faire le tableau de la guerre civile des Romains, il en montre les véritables causes dans l'état même où Rome se trouvait alors : "De là l'usure vorace et ces intérêts qui, en s'accumulant, donnent des ailes au temps : de là encore la foi si souvent violée, et la guerre devenue l'unique ressource pour le plus grand nombre" (Lucain, La guerre civile, I, v. 181-182). [15,8] Cette même situation du plus grand nombre, qui regarde la guerre comme son unique ressource, et qui, en conséquence, la souhaite, est un signe assuré et infaillible qu'un état est disposé aux troubles et aux séditions. Si ce grand nombre d'hommes ruinés, obérés et nécessiteux, se trouve en même temps dans les hautes classes et parmi le bas peuple, le danger n'en est que plus grand et plus imminent; car les pires révoltes sont celles qui viennent du ventre. Quant aux mécontentements, ils sont dans le corps politique, ce que les humeurs corrompues sont dans le corps humain; leur effet ordinaire étant aussi d'exciter une chaleur excessive, et d'y causer une inflammation. Mais alors le prince ou le gouvernement ne doit pas mesurer le danger sur la justice ou l'injustice des motifs qui ont ainsi aliéné les esprits; ce serait supposer au peuple beaucoup plus de raison et de justice qu'il n'en a communément; trop souvent on le voit regimber contre ce qui peut lui être utile. Encore moins doit-il juger du péril par l'importance ou la réalité des griefs tendant à soulever la multitude : car, lorsque la crainte est beaucoup plus grande que le mal, les mécontentements publics n'en sont que plus dangereux, attendu que la douteur a une mesure, au lieu que la crainte n'en a point; sans compter que, dans les cas où l'oppression est portée à son comble, cette oppression même qui a lassé la patience du peuple, lui ôte le courage et le pouvoir de résister. Mais il n'en est pas de même lorsqu'il n'a que des craintes. Le prince ou le gouvernement ne doit pas non plus se trop rassurer par cette seule considération, que ces mécontentements qui se manifestent alors, ont eu lieu fréquemment, ou subsistent depuis longtemps, sans qu'il en ait encore résulté d'inconvénient notable. Car, quoique tout nuage n'excite pas une tempête, cependant s'il en passe beaucoup, à la fin il en viendra un qui crevera, et qui donnera du vent; et si tous ces petits nuages, qu'on méprise, viennent à se réunir, la tempête, pour avoir été un peu retardée, n'en sera que plus affreuse c'est ce que dit un proverbe espagnol : "lorsqu'on est au bout de la corde, la plus petite force suffit pour la rompre". [15,9] Les motifs ou les causes les plus ordinaires des séditions, sont les grandes et soudaines innovations par rapport à la religion, aux loix, aux coutumes antiques, etc. les infractions de privilèges et d'immunités, l'oppression générale, l'avancement des hommes sans mérite, l'instigation des puissances étrangères, l'arrivée d'une multitude d'étrangers, ou une prédilection trop marquée pour quelques-uns d'entre eux, les grandes chertés, des armées licenciées tout à coup et sans précaution, des factions poussées à bout; en un mot, tout ce qui peut irriter le peuple et coaliser un grand nombre de mécontents, en leur donnant un intérêt commun. [15,10] Quant aux remèdes et aux préservatifs contre les séditions, il en est de généraux, que nous allons indiquer en masse, et sans nous astreindre aux lois de la méthode. Mais, pour opérer une cure complète et radicale, il faut appliquer à chaque espèce de maladie de ce genre, le remède qui lui est propre, et par conséquent faire beaucoup plus de fond sur la prudence personnelle de ceux qui gouvernent, que sur des préceptes et des règles fixes. [15,11] Le premier de tous ces remèdes, ou préservatifs, c'est d'ôter ou de diminuer, autant qu il est possible, cette cause matérielle de sédition dont nous parlions plus haut, je veux dire la pauvreté, la disette qui se fait sentir dans un état. Or, les moyens qui peuvent mener à ce but sont de dégager toutes les routes du commerce, de lui en ouvrir de nouvelles, et d'en bien régler la balance; d'encourager les manufactures et l'industrie nationale ; de bannir l'oisiveté; de mettre un frein au luxe et aux dépenses ruineuses, par des lois somptuaires; encourager aussi, par des récompenses et des lois impartiales, tout ce qui tend à la perfection de l'agriculture; régler le prix des denrées et de toutes les choses commerçables ; modérer les taxes et les impositions, etc. Généralement parlant, il faut prendre garde aussi que la population, surtout quand les guerres ne la diminuent point, n'excède la quantité d'hommes que le royaume peut nourrir (par le produit de son agriculture, de son industrie et de son commerce). Mais pour pouvoir déterminer avec justesse la quantité de cette population, il ne suffit pas d'avoir égard au nombre absolu des têtes; car un petit nombre d'hommes, qui dépensent beaucoup et qui travaillent très peu, ruineraient plus promptement un état que ne le feraient un grand nombre d'hommes très laborieux et très économes. Aussi, lorsque le nombre des nobles et autres personnes de distinction est en trop grande proportion avec les classes inférieures du peuple, ils appauvrissent et épuisent l'état. Il en est de méme d'un clergé très nombreux qui, après tout, ne met rien à la masse; ainsi que les gens de lettres, et en général les gens d'étude, dont le nombre ne doit pas non plus excéder de beaucoup celui que les émoluments des professions actives qui exigent des connaissances, peuvent entretenir. [15,12] Voici une autre observation qu'on ne doit pas perdre de vue : une nation ne peut s'accroître, par rapport aux richesses, qu'aux dépens des autres, attendu que ce qu'elle gagne, il faut bien que quelqu'un le perde. Or, il est trois sortes de choses qu'une nation peut vendre à une autre; savoir : la matière première (ou le produit brut), le produit manufacturé, et la voiture (le fret ou le nolage). Ainsi, lorsque ces trois roues principales tournent avec aisance, les richesses affluent dans le pays. Quelquefois, suivant l'expression du poète, la façon, et en général le travail a plus de prix que la matière, je veux dire que le prix de la main-d'oeuvre ou de la voiture, excède souvent celui de la matière première, et enrichit plus promptement un état : c'est ce dont nous voyons un exemple frappant dans les habitants des Pays-Bas, dont les mines les plus riches sont au dessus de la surface de la terre, et qui, par leur industrie, l'emportent sur toutes les autres nations. [15,13] Le gouvernement doit surtout prendre des mesures pour empêcher que tout l'argent comptant du pays ne s'accumule dans un petit nombre de mains, autrement un état pourrait mourir de faim au sein de l'abondance ; l'argent, ainsi que le fumier, ne fructifiant qu'autant qu'on a soin de le répandre ; but auquel on parviendra, en étouffant, ou du moins en réprimant ces trois monstres dévorants, l'usure, le monopole et la manie de convertir en pâturages les champs à grain, etc. [15,14] Quant aux moyens de calmer les esprits, et d'appaiser le mécontentement général, ou du moins d'en prévenir les plus dangereuses conséquences, nous observerons d'abord que chaque état est composé de deux principales classes, savoir : la noblesse et les roturiers qui forment le plus grand nombre: Quand un seul de ces deux ordres est mécontent, le danger n'est pas fort grand, les mouvements du peuple étant toujours lents et de très courte durée, lorsqu'il n'est pas poussé et dirigé par les grands; et les grands ne peuvent presque rien en ce genre, si la multitude n'est disposée à se soulever d'elle-même. Mais, lorsque les grands n'attendent que le moment de l'insurrection spontanée du bas peuple, pour se déclarer eux-mêmes, c'est alors que le danger est vraiment imminent. Jupiter, dit la fable, ayant appris que les dieux avaient formé le projet de le lier, se détermina, d'après le conseil de Pallas, à appeller à son secours Briarée aux cents bras; allégorie dont le vrai but, comme on n'en peut douter, est de montrer aux rois combien il leur importe de ménager le peuple, et de n'épargner aucun soin pour gagner son affection. [15,15] Laisser à un peuple la liberté de se plaindre, et d'exhaler sa mauvaise humeur (pourvu toutefois que ces plaintes ne soient pas poussées jusqu'à l'insolence et à la menace), est encore un ménagement salutaire ; car, si vous répercutez les humeurs vicieuses, et déterminez le sang de la blessure à couler au dedans, vous y occasionnerez des ulcères malins, et de mortels apostumes. [15,16] Il est encore un autre moyen pour ramener les esprits lorsqu'ils sont aliénés, et pour assoupir les mécontentements, c'est de faire jouer à Prométhée le rôle d'Epiméthée, car il n'est point de remède plus efficace. Dès qu'Epiméthée, dit la fable, vit que tous les maux étaient sortis de la boite de Pandore, il laissa tomber le couvercle, et par ce moyen, l'espérance resta au fond de cette boite. En effet, amuser les hommes en les berçant d'espérances, et les mener avec dextérité d'une espérance à l'autre, est le plus sûr antidote contre le poison du mécontentement ; et le caractère distinctif d'un gouvernement prudent et sage est cette adresse même à endormir les sujets, en les nourrissant d'espérances, lorsqu'il lui est impossible de leur procurer une satisfaction plus réelle; et de savoir gouverner les esprits de manière que, dans le cas même d'un malheur inévitable, il leur reste toujours quelque espérance d'en échapper; ce qui n'est pas si difficile qu'on pourrait le penser ; les individus, ainsi que les factions, étant naturellement disposés à se flatter eux-mêmes, ou du moins à affecter, pour faire parade de leur courage, les espérances qu'ils n'ont point. [15,17] Une autre méthode pour prévenir les funestes effets du mécontentement général, méthode fort connue, mais qui n'en est pas moins sûre, c'est de n'épargner aucun moyen pour empêcher que le peuple ne se porte vers quelque personnage. distingué qui puisse lui servir de chef, en forrmer un corps régulier et diriger tous ses mouvements. J'entends par chef, un homme d'une naissance illustre, jouissant d'une grande réputation, assuré de la confiance du parti mécontent, ayant lui-même des sujets particuliers de mécontentement, et vers lequel par conséquent le peuple tourne naturellement les yeux. Lorsqu'un personnage si dangereux se trouve dans un état, il faut tout faire pour le gagner, l'engager à se rapprocher du gouvernement, et l'y attacher, non pas en passant, mais fortement, et par des avantages solides qu'il ne puisse espérer du parti opposé ; ou, si l'on n'y peut réussir, il faut lui opposer quelque autre sujet distingué dans le même parti, et qui puisse, en partageant arec lui la faveur populaire, balancer son influence. [15,18] Généralement parlant, la méthode de diviser et de morceler, pour ainsi dire, less factions et les ligues qui se forment dans un état, en commettant les chefs les uns avec les autres, ou du moins en semant, faisant naître entre eux des défiances et des jalousies; cette méthode, dis-je, n'est rien moins que méprisable ; car, si ceux qui tiennent pour le gouvernement sont divisés, et luttent les uns contre les autres, tandis que les factieux agissent de concert et sont étroitement unis, tout est perdu. [15,19] J'ai aussi observé, en parcourant l'histoire, que certains mots ingénieux et piquants, que des princes ou autres personnages éminents, ont laissé échapper, ont allumé dés séditions. César se fit un tort irréparable par cette plaisanterie : "Sylla n'était qu'un ignorant, il n'a pas su dicter"; mot qui ôta pour toujours aux Romains l'espoir qu'ils avaient de le voir tôt ou tard abdiquer la dictature. Galba se perdit par ce mot : "mon usage est de choisir des soldats, et non de les acheter"; ce qui ôta aux soldats tout espoir d'obtenir de lui le donatif (la gratification que les empereurs romains, à leur avénement, donnaient à leur armée); il en fut de même de Probus qui eut l'imprudence de dire : "si je vis encore quelques années, l'empire romain n'aura plus besoin de soldats"; paroles désespérantes pour son armée, on en peut dire autant de beaucoup d'autres. Ainsi les princes, dans des circonstances difficiles, et en parlant sur des affaires délicates, doivent bien prendre garde à ce qu'ils disent ; surtout de lâcher de ces mots extrêmement précis, qui sont comme autant de traits aigus, et qui semblent dévoiler leurs secrets sentiments : quant aux discours plus étendus, comme ils sont moins remarqués, ils ont moins d'effet et sont moins dangereux. [15,20] Enfin, les princes doivent avoir toujours auprès d'eux, à tout événement, un ou plusieurs personnages distingués par leur courage ou leurs talents militaires, et d'une fidélité éprouvée, pour étouffer les séditions dès le commencement. Sans cette ressource, une cour prend trop aisément l'épouvante, lorsque les troubles viennent à éclater; et elle se trouve dans cette sorte de danger dont Tacite donne une si juste idée en disant : "la disposition des esprits était telle que, peu d'entr'eux osant commettre le dernier attentat, un plus grand nombre le souhaitait, et tous l'auraient souffert" (Tacite, Les Histoires, I, 28). Mais il faut que ces généraux dont nous parlons, soient d'une fidélité plus assurée que ceux du parti populaire; autrement le remède serait pire que le mal.