[4,0] LIVRE IV. [4,1] CHAPITRE PREMIER. Division de la doctrine sur l'homme en philosophie de l'humanité et philosophie civile. Division de la philosophie de l'humanité en doctrine sur le corps humain, et doctrine sur l'âme humaine. Constitution d'une doctrine générale de la nature ou de l'état de l'homme. Division de la doctrine de l'état de l'homme en doctrine de l'homme individu, et doctrine de l'alliance de l'âme et du corps. Division de la doctrine de l'homme individu en doctrine des misères de l'homme et doctrine de ses prérogatives. Division de la doctrine de l'alliance en doctrine des indications et doctrine des impressions. Attribution de la physiognomonie et de l'interprétation des songes à la doctrine des indications. Si quelqu'un, roi plein de bonté, prenant occasion de ce que j'ai proposé jusqu'ici, ou de ce que je proposerai par la suite, s'avisait de n'attaquer ou de me blesser, outre que je dois être en sûreté sous la protection de Votre Majesté, qu'il sache qu'il déroge en cela aux usages et à ta discipline militaires. Car, moi qui ne suis qu'une sorte de trompète, je ne vais point au combat; et je ne puis tout au plus être regardé que comme un de ceux dont Homère dit : "Salut, hérauts; vous êtes les messagers et de Jupiter et des mortels" {Homère, Iliade, I, 334}. Vu que les hommes de cette espèce allaient et venaient partout, même parmi les ennemis les plus âpres et les plus acharnés, sans crainte qu'on insultât leurs personnes. Or, si cette trompète que j'embouche appelle et éveille les hommes, ce n'est point du tout pour les exciter à se déchirer réciproquement par des contradictions; mais plutôt pour les engager à faire la paix entr'eux, et à réunir leurs forces, pour attaquer la nature même des choses, conquérir ses forteresses les plus escarpées, et reculer (autant que le pourra permettre la bonté divine) les limites de l'empire de l'homme. Passons donc à cette science à laquelle nous conduit un antique oracle; je veux dire, à la science de nous-mêmes. Or, cette science, plus elle est importante pour nous, et plus elle exige de notre part d'étude et d'application. C'est pour l'homme la fin de toutes les sciences ; mais au fond, ce n'est qu'une portion de la science de la nature elle-même. Et posons pour règle générale, que toutes ces divisions, pour les bien entendre et les bien appliquer, il ne faut pas oublier qu'elles ont plutôt pour but de caractériser et de distinguer les sciences, que de les détacher les unes des autres et de les séparer : et c'est ainsi que l'on évitera dans les sciences, toute solution de continuité. Car l'esprit opposé à celui-là rend les sciences stériles, infructueuses et erronées, vu qu'une fois séparées, elles cessent d'être nourries, substantées et rectifiées par leur source et leur aliment commun. C'est ainsi que nous voyons l'orateur Cicéron, se plaignant de Socrate et de son école, dire que ce philosophe fut le premier qui sépara la philosophie d'avec la rhétorique, et que par cette séparation, il fit de la rhétorique un art vain et babillard. {Cicéron, De l'orateur, III, 19} Il n'est pas moins évident que le sentiment de Copernic sur le mouvement de rotation de la terre (sentiment aujourd'hui accrédité), ne peut, vu son accord avec les phénomènes, être réfuté par les seuls principes astronomiques; mais que cependant il peut l'être par les principes de la philosophie naturelle une fois bien établis. Enfin, nous voyons que l'art de la médecine, lorsqu'il est privé du secours de la philosophie naturelle, ne l'emporte que de bien peu sur la routine des empiriques. Cela posé, venons à la science de l'homme. Elle se divise en deux espèces. Car elle considère l'homme ou comme séparé et isolé, ou comme rassemblé et vivant en société. Nous donnons, à l'une de ces deux parties, le nom de philosophie de l'humanité; et à l'autre, celui de philosophie civile. La philosophie de l'humanité se compose de parties toutes semblables à celles dont l'homme lui-même est composé ; savoir : des sciences qui se rapportent au corps, et de celles qui se rapportent à l'âme. Mais avant de suivre les distributions particulières, constituons une science générale de la nature et de l'état de l'homme : c'est une partie qui mérite bien d'être dégagée des autres parties de cette science, et de former un corps de science à part. Elle se compose de ces choses qui sont communes au corps et à l'âme. De plus, cette science de la nature et de l'état de l'homme peut se diviser en deux parties, en attribuant à l'une la nature indivisible de l'homme, à l'autre le lien même de l'âme et du corps. Nous appelons la première, doctrine de l'homme individuel; et la seconde, doctrine de l'alliance. Or, il est clair que tontes ces considérations étant communes au corps et à l'âme, et réciproques, elles ne doivent pas être assignées à cette première division en sciences relatives au corps et sciences relatives à l'âme. La doctrine de l'homme individu se compose principalement de deux choses; savoir : la contemplation des misères du genre humain, et celle de ses prérogatives ou de sa supériorité. Or, quant à cette partie qui consiste à déplorer les calamités humaines, c'est un sujet qu'ont traité, avec autant d'élégance que de fécondité, un grand nombre d'écrivains, tant philosophes que théologiens, genre d'ouvrage tout-à-la-fois agréable et salutaire. Mais celle qui traite des prérogatives, nous a paru mériter d'étre rangée parmi les choses à suppléer. C'est sans doute avec sou élégance ordinaire que Pindare, faisant l'éloge d'Hiéron, dit "qu'il cueillait les sommités de toutes les vertus" {Pindare, Les Olympiques, I, 14}. Quant à moi, je pense que ce ne sera pas peu faire pour la gloire du genre humain, et pour nourrir la grandeur d'âme, que de rassembler dans un livre ce que les scholastiques appellent les ultimités, et ce que Pindare nomme les sommités de la nature humaine, en les tirant surtout du dépôt de l'histoire : je veux dire, en marquant le dernier degré, le plus haut point où ait jamais pu s'élever par elle-même la nature humaine, dans chacune des facultés du corps et de l'âme. Quelle prodigieuse facilité n'attribue-t-on pas à Jules César, lorsqu'on nous dit qu'il dictait à cinq secrétaires à la fois ? De plus, ces exercices des anciens rhéteurs, comme Protagoras, Gorgias, et même de certains philosophes, tels que Callisthène, Posidonius, Carnéade, exercices qui les mettaient en état de parler sur-le-champ avec autant d'élégance que de fécondité, sur quelque sujet que ce fût, en défendant le pour et le contre, ne donnent-ils pas la plus haute idée des forces de l'esprit humain? Un autre genre de perfection, moins utile sans doute, mais plus imposant, et qui exige peut-être encore plus de talent, c'est ce que Cicéron rapporte d'Archias, son maître, "qu'il était en état de composer sur-le-champ un grand nombre de vers excellents sur les affaires du moment" (Cicéron, Plaidoyer pour Archias, ch. VIII}. Que Cyrus ou Scipion aient pu retenir les noms de tant de milliers d'hommes, n'est-ce pas une preuve bien éclatante de ce que peut la mémoire humaine ? Mais les vertus morales ne se sont pas moins signalées que les facultés intellectuelles. Quel prodige de fermeté nous offre cette histoire si connue d'Anaxarque, qui, étant appliqué à la torture, coupa sa langue avec ses dents, cette langue qu'on voulait forcer à parler, et la cracha au visage du tyran {Valère Maxime, Des faits et des paroles mémorables, III, 3.1}. Un autre exemple qui ne le cède pas à celui-là pour la fermeté, mais qui le cède beaucoup pour la noblesse, c'est celui d'un certain bourguignon de notre temps, assassin du prince d'Orange: cet homme, tandis qu'on le fouettait avec des verges de fer, et qu'on le déchirait avec des tenailles ardentes, ne poussa pas le moindre gémissement. Il fit plus : un fragment de je ne sais quoi, étant tombé par hazard sur la tête d'un des assistants, ce coquin, à demi-rôti et au milieu même des tourments, se mit à rire, lui qui, un peu auparavant, au moment qu'on coupait ses cheveux, qui étaient fort beaux, n'avait pu s'empêcher de verser des larmes. Plusieurs personnages ont fait preuve aussi d'une admirable sérénité et sécurité d'âme, au moment de la mort. Telle fut celle de ce centurion dont parle Tacite. Comme le soldat qui avait ordre de le faire mourir, lui recommandait de tendre fortement le cou : "plaise à Dieu", lui répondit-il, que tu frappes aussi fortement!" {Tacite, Les Annales, XV, 67} Mais Jean, duc de Saxe, comme on lui apporta, au moment qu'il jouait aux échecs, la sentence qui le condamnait à la mort, et qui marquait l'exécution pour le lendemain, appela un des spectateurs, et lui dit en souriant : "voyez, si ce n'est pas moi qui ai le meilleur jeu, car je ne serai pas plutôt mort, que celui-ci (en montrant son adversaire) prétendra que sa partie était la meilleure". Quant à Morus, notre compatriote, et chancelier d'Angleterre, la veille du jour qu'il devait être exécuté, voyant paraître un barbier qu'on avait envoyé pour lui raser la tête, de peur que sa longue chevelure ne lui donnait un air plus propre à exciter la compassion du peuple, ce barbier lui demandant s'il ne voulait pas se faire raser : "non", lui répondit-il; "j'ai un procès avec le roi, au sujet de ma tête, et jusqu'à ce qu'il soit terminé, je ne veux pas faire de dépense pour elle". Ce même personnage, à l'instant même, de recevoir le coup mortel, et ayant déjà posé sa tête sur le fatal billot, la releva un peu, et rangeant doucement sa barbe : "celle-ci", dit-il, "n'a certainement pas offensé le roi". Mais nous n'avons pas besoin de nous étendre sur ce sujet, l'on voit assez ce que nous avons en vue; nous souhaitons qu'on rassemble, dans un ouvrage de quelques volumes, les miracles de la nature humaine, des exemples du plus haut degré de force et de faculté, soit de l'âme, soit du corps; ouvrage qui sera comme les fastes des triomphes humains ; et c'est en quoi nous approuvons fort le dessein de Valère Maxime et de Pline, mais en regrettant toutefois l'exactitude et le jugement qui leur a manqué. Quant à la doctrine de l'alliance et du lien commun de l'âme et du corps, elle peut se diviser en deux parties ; car, de même qu'entre des confédérés, il existe une communication réciproque de leurs moyens, et des offices mutuels, de même aussi cette alliance du corps et de l'âme comprend deux points, lesquels consistent à faire voir comment ces deux choses, l'âme et le corps, se découvrent réciproquement, et comment elles agissent l'une sur l'autre; savoir, par la connaissance ou l'Indication, et par l'impression : la première, où il s'agit de montrer comment on peut connaître l'âme par les dispositions du corps, et les dispositions du corps d'après les dispositions accidentelles de l'âme; cette partie a enfanté deux arts, qui tous deux ont pour objet les prédictions. L'une a été honorée des recherches d'Aristote; l'autre, de celles d'Hippocrate. Or, quoique, dans ces derniers temps, ces deux arts aient été infectés de notions superstitieuses et fantastiques, néanmoins étant bien épurés et totalement restaurés, ils ont, dans la nature, un fondement très solide, et sont d'une grande utilité dans la vie commune. Le premier est la physiognomonie, qui, par les linéaments du corps, indique les propensions de l'âme; l'autre est l'interprétation des songes naturels, qui décèlent l'état et la disposition du corps par les agitations de l'âme. J'aperçois dans la première telle partie qui est à suppléer, vu qu'Aristote a traité avec beaucoup de pénétration et de sagacité, tout ce qui regarde la conformation extérieure du corps, considéré dans l'état de repos; quant à ce qui regarde ses mouvements, c'est-à-dire les gestes, il n'en dit mot, quoique ces mouvements ne soient pas moins soumis aux observations de l'art, et soient d'un plus grand usage. En effet, les linéaments du corps indiquent bien les propensions générales de l'âme; mais les mouvements du visage et des autres parties, les gestes, en un mot, indiquent de plus les côtés accessibles les moments de facilité, et, pour tout dire, les signes de la disposition et de la volonté actuelle. Et pour employer l'expression aussi élégante que juste de Votre Majesté : "la langue frappe les oreilles, mais le geste parle aux yeux". C'est ce que n'ignorent pas certains matois et hommes rusés, dont les yeux sont, pour ainsi dire, toujours cloués sur le visage et les gestes des autres, qui savent bien se prévaloir de ces observations; car c'est en cela même que consiste la plus grande partie de leur prudence et de leur adresse; l'on ne peut disconvenir que cela même ne soit dans un autre un indice mystérieux de dissimulation, et ne nous donne un utile avertissement par rapport au choix des moments et des occasions d'aborder les personnes, ce qui n'est pas la moindre partie de l'usage du monde ; mais qu'on n'aille pas s'imaginer que ce genre d'habileté n'ait de prix que par rapport aux individus, et qu'il ne soit pas susceptible d'être ramené à des règles; car nous rions, nous pleurons, nous rougissons et fronçons le sourcil, tous à peu près de la même manière; et le plus souvent il en est de même des mouvements plus fins. Que si quelqu'un pensait ici à la chiromancie, qu'il sache que ce n'est qu'une science chimérique, et qui ne mérite pas d'être nominée dans un ouvrage tel que celui-ci. Quant à ce qui regarde l'interprétation des songes naturels, c'est un sujet que plusieurs écrivains ont traité ; mais leurs ouvrages fourmillent d'inepties. Je me contenterai d'observer qu'on n'a pas pensé à faire porter cette théorie sur la base la plus solide. Voici cette base : lorsque les effets produits par la cause intérieure, sont semblables à ceux que produirait la cause extérieure, on rêve à l'acte extérieur qui produit ou accompagne ordinairement la disposition physique produite par cette cause intérieure. Par exemple, cette oppression qu'occasionne dans l'estomac une vapeur épaisse, ressemble à l'effet d'un poids qui serait appuyé sur cette partie. Aussi ceux qui ont le cauchemar, rêvent-ils qu'un poids énorme les écrase ; à quoi se joignent une infinité de circonstances analogues à cette illusion. Ces nausées qu'excite l'agitation des flots lorsqu'on est sur mer ont quelque analogie avec celles qu'occasionnent les flatuosités logées dans les intestins. Les hypocondriaques rêvent souvent qu'ils sont sur la mer, et qu'ils sont portés çà et là. Il est une infinité d'autres exemples de ce que nous disons ici. La dernière partie de la doctrine de l'alliance, à laquelle nous avons donné le nom d'impression, n'a pas encore été réduite en art ; on s'est contenté de la toucher quelquefois en passant, et dans des traités sur d'autres sujets. Cette partie a comme la première, sa réciproque; car elle considère, ou comment et jusqu'à quel point les humeurs et le tempérament du corps modifient l'âme, et agissent sur elle : ou réciproquement, comment et jusqu'à quel point les passions et les perceptions de l'âme modifient le corps et agissent sur lui. Nous voyons que, dans la médecine, la première de ces deux parties est traitée ; mais c'est un sujet dont les religions se sont mêlées à un point surprenant ; car les médecins prescrivent des remèdes pour les maladies de l'âme : par exemple, pour la manie et la mélancolie. Ils en donnent aussi pour égayer l'âme, pour fortifier le coeur, et augmenter le courage par ce moyen, pour aiguiser l'esprit, pour fortifier la mémoire, et pour d'autres fins semblables. Mais les diètes et les choix d'aliments, tant liquides que solides, les ablutions et les autres observances relatives au corps, qu'on trouve prescrites dans la secte des Pythagoriciens, dans l'hérésie des Manichéens, et dans la loi de Mahomet, excèdent toute mesure. Ces ordonnances de la loi cérémonielle, qui défendaient l'usage de la graisse et du sang, et qui distinguaient avec tant de soin les animaux mondes des immondes (du moins à titre d'aliments), étaient en grand nombre et formelles. Il y a plus : le christianisme, qui est dégagé du nuage des cérémonies, et qui jouit d'une plus grande sérénité, retient pourtant l'usage des jeûnes, des abstinences et autres observances, qui toutes ont pour but la macération et l'humiliation du corps; et ces observances-là, il ne les regarde pas comme de simples rites, mais de plus comme des pratiques utiles. Or, la racine de tous ces préceptes, outre le rite et l'exercice de l'obéissance, consiste en cela même dont nous parlons ici, en ce que l'âme est affectée comme le corps. Que si quelque esprit faible allait s'imaginer que ces observations, relatives aux impressions du corps sur l'âme, tendent à révoquer en doute l'immortalité de l'âme, ou dérogent à cet empire que l'âme doit exercer sur le corps, à un doute frivole suffira une réponse de même espèce. S'il veut des exemples, qu'il considère l'enfant dans le sein de sa mère, lequel sympathise avec celle qui le porte, par les affections qui leur sont communes, et ne laisse pas d'éclore dans son temps ; ou bien les monarques qui, tout puissants qu'ils sont, ne laissent pas de se laisser quelquefois fléchir par les efforts de leurs sujets, sans atteinte pourtant à la royale majesté. Quant à la partie réciproque, qui a pour objet l'action de l'âme et de ses affections sur le corps, elle a aussi trouvé place dans la médecine ; il n'est point de médecin un peu versé, qui ne considère et ne modifie les dispositions accidentelles de l'âme, les regardant comme un objet très digne de considération dans le traitement, et comme pouvant ou aider l'action des remèdes, ou en empêcher l'effet. Mais une autre question qui a ici sa place, et dont on ne s'est guère occupé, ou du moins pas en raison de son utilité et de sa difficulté, c'est de savoir jusqu'à quel point, abstraction faite des affections, l'imagination même de l'âme, une pensée, dis-je, très fixe, et exaltée au point de devenir une sorte de foi, peut modifier le corps de celui qui imagine; car, quoiqu'une telle pensée ait manifestement le pouvoir de nuire, il ne s'ensuit nullement qu'elle ait au même degré celui d'être utile; pas plus certainement que si, de ce qu'il est tel air pestilentiel qui peut tuer sur-le-champ, on en concluait qu'il est aussi d'autres espèces d'air qui peuvent guérir subitement un malade, et le remettre aussitôt sur pied. Cette recherche serait sans doute d'une éminente utilité ; mais, comme dit Socrate, il nous faudrait ici un plongeur de Délos, car elle est plongée bien avant. De plus, parmi ces doctrines de l'alliance ou de l'action réciproque du corps et de l'âme, il n'en est point qui fût plus nécessaire que celle qui a pour objet la détermination des sièges ou domiciles assignés aux diverses facultés de l'âme dans le corps et ses organes. Ce genre de science, il s'est trouvé assez d'écrivains qui l'ont cultivé ; mais ce qu'ils ont dit sur ce sujet, est contesté, ou manque de profondeur. Ainsi, cette recherche exigerait plus d'application et de sagacité ; car cette opinion avancée par Platon, qui place l'entendement dans le cerveau comme dans une citadelle; le courage (qu'il confond assez mal à propos avec l'irascibilité, quoiqu'il approche plus de l'enflure et de l'orgueil) dans le coeur; et la concupiscence, la sensualité, dans le foie ; cette opinion, dis-je, il ne faut ni la mépriser tout à fait, ni se hâter de l'adopter. Enfin, cette autre opinion qui place les trois facultés intellectuelles; savoir: l'imagination, la raison et la mémoire, dans les ventricules du cerveau, n'est pas non plus exempte d'erreur. Nous avons désormais expliqué la doctrine de l'homme individu, et celle de l'alliance de l'âme et du corps.