[7,0] VII. De la conformité des corps qui sont doués de sentiment et de ceux qui en sont privés. [7,1] Les propriétés des corps qui sont doués de sentiment et celles des corps qui en sont privés ont un grand rapport; elles ne diffèrent qu'en ce que, dans les corps doués de sensibilité, on trouve la respiration. En effet, la pupille de l'oeil ressemble à un miroir ou à de l'eau; elle jouit également de la propriété de recevoir ou de renvoyer les images de la lumière et des choses visibles. L'organe dé l'ouie est comme un obstacle placé au milieu d'une caverne pour renvoyer la voix et le son. Les attractions des corps inanimés, puis leur éloignement et leurs répulsions (je parle de celles qui sont l'effet de leur propriété) sont tout-à-fait conformes à l'odorat et à la perception agréable ou désagréable des odeurs dans les animaux. Quant au toucher et au goût, ils rendent, en messagers et en interprètes, d'un côté toute violence que peuvent ressentir les corps inanimés, et de l'autre une impression agréable et délicieuse, enfin toutes les formes de ces mêmes sensations. Dans les corps privés de sentiments, les compressions, les extensions, les érosions, les séparations, et autres accidents semblables, ne s'aperçoivent pas dans leur marche et ne deviennent évidents que quand l'effet est produit; dans les animaux, au contraire, ils se passent avec le sentiment de la douleur, selon les divers genres ou degrés de violence, à cause de la pénétration générale de la respiration. C'est d'après ce principe que l'on connaît si quelque animal possède d'autres sens que ceux que nous avons comptés. Et quels peuvent être le nombre et l'espèce de sens dans tous les genres d'animaux? car c'est des propriétés de la matière convenablement reconnue que sera déduit le nombre des sens, si toutefois les organes le permettent, et la respiration se rencontre.