Projet ITINERA ELECTRONICA

Présentations d'auteurs : Augustin d'Hippone (354 - 430 ap. J. Chr.)


 

René PICHON, Histoire de la Littérature latine
Paris, Hachette, 1908, pp. 867-869

 

Augustin d'Hippone (Aurelius Augustinus), ou saint Augustin, né à Thagaste (actuelle Souk-Ahras, Algérie) le 13 novembre 354, mort le 28 août 430 à Hippone (actuelle Annaba), était un philosophe et théologien chrétien, évêque catholique d'Hippone, et un écrivain romain d'origine berbère de l'Antiquité tardive.

[Notice biographique tiré de : WIKIPEDIA]

LA « CITÉ DE DIEU ». Mais [la] fusion [des traditions classiques et de l'esprit chrétien] est-elle possible? le christianisme n'est-il pas responsable des malheurs, de la chute de l'Empire? A l'époque où vit saint Augustin, la question sc pose plus pressante que jamais. La prise de Rome, les violences des Goths et des Suèves font revivre l'accusation tant de fois portée contre les chrétiens : leur religion, crie-t-on de toutes parts, est cause de tout le mal. Pour répondre aux imprécations des païens, aux défaillances de certains chrétiens tièdes et timides, saint Augustin compose sa Cité de Dieu, le plus considérable, le plus neuf de ses ouvrages, celui qui montre le mieux la tendance philosophique de son génie. L'actualité n'est qu'une occasion; très vite, il agrandit le débat pour aboutir à toute une philosophie de l'histoire.

Dans les cinq premiers livres, il montre que le mal n'est pas si grand qu'on l'a dit, et qu'en tout cas, avant le christianisme, Rome a connu d'autres souffrances. Ses victoires mêmes n'ont pas été si précieuses. Elle se vante d'avoir reçu l'empire du monde comme une récompense de ses dieux; c'est le vrai Dieu qui le lui a donné, «comme un présent de nul prix», dira plus tard Bossuet. Les héros épris d'une vaine gloire ont eu cette gloire, acceperunt mercedem suam, vani vanam. Au fond la puissance n'est pas un bien, la souffrance n'est pas un mal : de là vient que les incrédules sont souvent puissants, les chrétiens souvent opprimés. Cette première partie est une reprise de toute l'histoire du monde antique, à un point de vue chrétien; c'est un gigantesque sermon sur l'ambition et sur la vanité de la grandeur humaine.

Soit : mais cette religion païenne n'est-elle pas bonne au point de vue moral? Ici saint Augustin rencontre une nouvelle conception du paganisme, celle des stoïciens et des néoplatoniciens. Il la discute dans les cinq livres suivants, où il reprend tous les arguments des apologistes contre les dieux et les démons. C'est la réfutation décisive des légendes gréco-romaines.

A son tour il expose sa propre conception : celle de deux cités, l'une divine, l'autre humaine, qui depuis Caïn et Abel coexistent et luttent ensemble, l'une animée d'un esprit d'abnégation et de sacrifice, l'autre d'un esprit de haine et d'égoïsme, ici l'amour de Dieu jusqu'au mépris de soi, « là l'amour de soi jusqu'au mépris de Dieu », amor Dei ad contemptum sui, amor sui ad contemptum Dei. Il suit ces deux cités à travers les âges. C'est d'abord leur naissance, et à ce propos l'auteur examine toutes les questions qui se posent sur la création, sur l'âme, sur le libre arbitre, faisant ainsi un résumé de la métaphysique chrétienne. Puis il retrace le développement terrestre de la cité de Dieu, parcourt toute l'histoire juive, et donne les preuves historiques de la vérité du christianisme. Enfin il se demande quelle sera la fin de ces deux cités; et, abordant les problèmes de la résurrection, du jugement final et de l'existence future, il essaie de définir le sens de la vie et la raison d'être du monde.

Il y a de tout dans ce livre colossal : une philosophie de l'histoire, une apologie du christianisme, une métaphysique, une morale, une démonstration de la Providence, tout cela appuyé sur une masse de renseignements historiques, de souvenirs d'érudition, soit profane, soit sacrée, tout cela dans un style d'une force et d'une vivacité prodigieuse, d'une éloquence tantôt mélancolique, s'il faut dépeindre les malheurs de l'humanité, tantôt enthousiaste, s'il s'agit de chanter le triomphe de la religion et d'exhorter les âmes aux belles espérances. Saint Augustin, dans ce prodigieux ouvrage, a fait plus qu'exprimer une doctrine; il a créé une conception de la vie, car le moyen âge, avec sa "chrétienté" opposée aux infidèles, n'est qu'un essai d'application pratique de la Cité de Dieu.


| Bibliotheca Classica Selecta (BCS) | Folia Electronica Classica (FEC) | Lupa Capitolina Electronica (LCE) | Responsables académiques : P.-A. Deproost - A. Meurant
Ingénierie NTIC : B. Maroutaeff - C. Ruell - J. Schumacher

Adresse de contact : J. Schumacher
Fureteurs appropriés: Internet Explorer 6.0 & sup.; Netscape 7.0 & sup.; Firefox 0.9 & sup.; ...
Dernière mise à jour : 30/06/2006