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Ammien Marcellin nous donne à savoir, au travers de la phrase extraite du livre XVI de son Histoire de Rome, que Julien, qui n'est encore que César mais qui sera empereur romain de 361 à 363 de notre ère, est soumis à l'instruction militaire tout comme le sont les soldats de l'armée romaine.
Le cursus militaire commence par l'apprentissage de la marche au pas au son de la flûte et en suivant le rythme de la danse pyrrhique.
Le service militaire est obligatoire à Rome pour tout jeune homme âgé entre 18 et 21 ans; un légionnaire peut rester jusqu'à 25 ans sous les armes. Comme il y a bien des volontaires pour le service militaire, peu de jeunes hommes romains sont retenus, en temps de paix, pour compléter les effectifs des 25 à 30 légions que compte l'armée romaine (1 légion comporte +/- 5000 hommes).
Pline le Jeune, dans une de ses lettres à Ariston (livre VIII, lettre XIV), parle de l'utilité (d'autrefois) du service militaire:
(4) Erat autem antiquitus institutum, ut a maioribus natu non auribus modo uerum etiam oculis disceremus,
quae facienda mox ipsi ac per uices quasdam tradenda minoribus haberemus.
(5) Inde adulescentuli statim castrensibus stipendiis imbuebantur ut imperare parendo, duces agere
dum sequuntur adsuescerent; ...
"Les anciennes règles voulaient que nous vissions faire, que nous entendissions dire à ceux qui nous devançaient en âge, ce que
bientôt nous-mêmes nous avions à faire et à dire, et ce que nous devions, à notre tour, transmettre à ceux qui viendraient
après nous. De là cette coutume d'engager les jeuens gens à servir dans l'armée, dès leur plus tendre jeunesse, afin qu'en obéissant
ils apprissent à commander, et qu'en suivant les autres ils se rendissent capables de marcher à leur tête; ..."
Julien ne semble guère apprécier la discipline des camps: les occupations spirituelles paraissent avoir ses faveurs ; il fait fréquemment référence au philosophe Platon en se plaignant du fardeau militaire.
Disciplina castrensis dont il est encore une fois question chez Ammien Marcellin au livre XXII, chapitre IV, par. 6: Julien vient d'être installé comme empereur (en 361), la corruption de la discipline militaire est à son comble :
Quibus tam maculosis accessere flagitia disciplinae castrensis, cum miles
cantilenas meditaretur pro iubilo molliores: et non saxum erat ut antehac armato
cubile, sed pluma et flexiles lectuli et grauiora gladiis pocula - testa enim
bibere iam pudebat - quaerebantur et aedes marmoreae, ...
"A ce tableau de corruption ajoutez la dissolution de la discipline militaire, les airs lascifs répétés au lieu de chants guerriers,
la pierre servant jadis d'oreiller au soldat échangée contre le duvet de la couche la plus molle, sa coupe à boire plus pesante
que son épée; - des vases de terre cuite pour boire il n'en voulait plus -, il lui fallait des palais de marbre; ..."
On comprend ainsi pourquoi Julien, qui est davantage tourné vers les questions religieuses, pouvait avoir en aversion la vie des camps militaires à son époque.
