Extrait Grec |
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Traduction française |
Nous, [les premiers hommes] au contraire, nous avons vécu dans le temps le plus
dur et le plus misérable, où le monde, nouvellement formé, ne nous offrait aucune
ressource contre la plus affreuse misère. (993e) Le ciel était encore couvert de vapeurs
épaisses, et les astres, sans lumière, n'étaient qu'une masse confuse de feu et d'eau
bourbeuse qu'agitaient les vents et les orages. Le cours du soleil n'avait pas une
marche fixe et régulière ; les heures de son lever et de son coucher n'étaient pas
invariables, et des révolutions périodiques ne ramenaient pas à des époques certaines
les saisons couronnées de fruits abondants. Le cours incertain des rivières dégradait
leurs rives de toutes parts ; des étangs, des lacs, de profonds marécages, des bois
stériles et des forêts sauvages couvraient partout sa surface. Elle ne produisait d'elle-
même aucun bon fruit ; nous n'avions nul instrument de labourage et nous ignorions
l'art de la rendre féconde. La faim ne nous laissait aucun relâche, et, comme nous
n'avions pu rien semer, nous ne pouvions espérer de récolte. Faut-il s'étonner que,
contre le sentiment de la nature, nous ayons fait usage de la chair des animaux (993f)
dans un temps où la mousse et l'écorce des arbres faisaient notre nourriture?
Quelques racines vertes de chiendent ou de bruyère étaient pour nous un régal, et
ceux qui avaient pu trouver du gland dansaient de joie autour d'un chêne on d'un
hêtre, au son d'une chanson rustique, et appelaient la terre leur nourrice et leur mère.
(994a) C'étaient alors leurs uniques fêtes ; tout le reste de la vie humaine n'était que
peine et que misère.
Trad. : abbé RICARD, Oeuvres morales de Plutarque. Tome IV. Paris, Lefevre, 1844 |