Extrait Latin |
Intelligebat Cicero falsa esse, quae homines adorarent. Nam cum multa dixisset quae
ad euersionem religionum ualerent, ait tamen non esse illa uulgo disputanda, ne
susceptas publice religiones disputatio talis extinguat. Quid de eo facias, qui, cum
errare se sentiat, ultro ipse in lapides impingat, ut populus omnis offendat? ipse sibi
oculos eruat, ut omnes caeci sint? qui nec de aliis bene mereatur, quos patitur errare;
nec de se ipso, qui alienis accedit erroribus, nec utitur tandem sapientiae suae bono,
ut factis impleat, quod mente percepit, sed prudens et sciens pedem laqueo inserit, ut
simul cum caeteris, quos liberare ut prudentior debuit, et ipse capiatur?
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Traduction française |
Cicéron sentait fort bien que tous les dieux que les Romains adoraient dans leurs
temples étaient de faux dieux ; car après avoir dit plusieurs choses qui tendaient
à faire voir l'illusion de leur religion et à la détruire, il dit ensuite : «Il ne faut
cependant pas disputer sur cette matière devant le peuple, de peur que de pareilles
disputes ne ruinent totalement une religion qui deviendrait suspecte."
Que peut-on faire à un homme qui s'égare volontairement, et qui s'arrache les yeux
pour que les autres deviennent aveugles? qui ne rend service ni aux autres, qu'il
laisse dans l'erreur ni à lui-même, qui suit les erreurs des autres, qui ne se sert point
de ses lumières et ne fait pas le bien qu'il connaît, et qui s'embarrasse lui-même
même dans le filet d'où il devait retirer le peuple ?
Trad. : J.-A.-C. BUCHON, Choix de monuments primitifs de l'église chrétienne. Paris, Delagrave, 1882 |