Langue |
Latin |
Auteur |
Augustin |
Références |
La Cité de Dieu, I, 3 |
Sujet |
Chute de Rome : Rome, pouvait-elle être invincible avec, comme protecteurs, des dieux vaincus, des dieux périssables? |
Descripteurs |
Rome; chute; Virgile; Troie; Énée; Junon; dieux vaincus; dieux périssables; |
Hypertexte |
[à venir] |
Extrait Latin |
Nonne deos ipsos, quos uictos non dubitat dicere, sibi potius quam se illis perhibet
commendatos, cum ei dicitur: "Sacra suosque tibi commendat Troia penates"? Si
igitur Vergilius tales deos et uictos dicit et, ut uel uicti quoquo modo euaderent,
homini commendatos: quae dementia est existimare his tutoribus Romam sapienter
fuisse commissam et nisi eos amisisset non potuisse uastari? Immo uero uictos deos
tamquam praesides ac defensores colere, quid est aliud quam tenere non numina
bona, sed nomina mala?
Quanto enim sapientius creditur, non Romam ad istam cladem non fuisse uenturam,
nisi prius illi perissent, sed illos potius olim fuisse perituros, nisi eos quantum
potuisset Roma seruasset! Nam quis non, cum aduerterit, uideat quanta sit uanitate
praesumptum non posse uinci sub defensoribus uictis et ideo perisse, quia custodes
perdidit deos, cum uel sola esse potuerit causa pereundi custodes habere uoluisse
perituros? Non itaque, cum de diis uictis illa conscriberentur atque canerentur,
poetas libebat mentiri, sed cordatos homines cogebat ueritas confiteri.
|
Traduction française |
Et ces dieux, que le héros ne craint pas de dire vaincus, ne
sont-ils pas, de son aveu, plutôt confiés à sa tutelle que lui-même
à la leur, lorsqu'il entend cette parole : « Troie te confie son
culte et ses pénates. » Ainsi ces dieux, et quels dieux ! Virgile les
déclare vaincus, et pour échapper aux vainqueurs, n'importe par
quelle voie, confiés à un homme ! Et, Rome sagement commise
Quelle folie ! à de tels protecteurs? Et sans leur perte, sa perte
impossible? Quoi donc? honorer comme tuteurs et patrons ces dieux
vaincus, qu'est-ce, sinon vouer ses destinées plutôt à de néfastes
auspices qu'à des divinités bienfaisantes? Car n'est-il pas infiniment
plus sage de croire, non que Rome, en prévenant leur
perte, eût conjuré sa ruine, mais que leur perte l'eût précédée
dès longtemps, si Rome ne les eût généreusement placés sous
la protection de sa puissance ? Qui ne voit, après un instant d'examen,
combien vaine est cette présomption d'être invincible sous
des défenseurs vaincus, et d'attribuer sa perte à celle de ses dieux
protecteurs, lorsqu'il suffit pour périr d'avoir voulu des protecteurs
périssables? Oh! non ; quand ils nous parlent ainsi dans
leurs chants, des dieux vaincus, ces poètes ne sont plus de capricieux
artisans de mensonge, mais des hommes, avec un coeur
dont la vérité exprime cet aveu.
Trad. : L. MOREAU, La Cité de Dieu de Saint Augustin. Tome premier, Paris, Lecoffre, 1853 |
Date : |
13-06-2006 |
|