Extrait Latin |
LXXXV. Manus uero, sine quibus trunca esset actio ac debilis, uix dici potest
quot motus habeant, cum paene ipsam uerborum copiam persequantur. Nam ceterae
partes loquentem adiuuant, hae, prope est ut dicam, ipsae locuntur.
LXXXVI. An non his poscimus pollicemur, uocamus dimittimus, minamur supplicamus,
abominamur timemus, interrogamus negamus, gaudium tristitiam dubitationem
confessionem paenitentiam modum copiam numerum tempus ostendimus?
LXXXVII. non eaedem concitant inhibent {supplicant} probant admirantur
uerecundantur? non in demonstrandis locis atque personis aduerbiorum atque
pronominum optinent uicem? ut in tanta per omnis gentes nationesque linguae
diuersitate hic mihi omnium hominum communis sermo uideatur.
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Traduction française |
Quant aux mains, sans lesquelles l'action serait faible et tronquée, le nombre des mouvements
dont elles sont susceptibles est incalculable, et égale presque celui des mots; car si les autres
parties du corps aident, comme auxiliaires, à l'action de parler, les mains font plus, elles
parlent, ou peu s'en faut. Elles demandent, elles promettent, elles appellent, elles
congédient, elles menacent, elles supplient; elles expriment l'horreur, la crainte, la joie, la
tristesse, l'hésitation, l'aveu, le repentir, la mesure, l'abondance, le nombre, le temps.
N'ont-elles pas le pouvoir d'exciter, de calmer, de supplier, d'approuver, d'admirer, de
témoigner de la pudeur? Ne tiennent-elles pas lieu d'adverbes et de pronoms pour
désigner les lieux et les personnes? en sorte que, au milieu de cette prodigieuse diversité de
langues qui distinguent les peuples et les nations, elles me paraissent former une espèce de
langage commun à tous les hommes.
Trad. : Quintilien et Pline le Jeune dans : Collection des auteurs
latins publiés sous la direction de M. NISARD. Paris, Dubochet, 1842 |