Extrait Grec |
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Traduction française |
Mais peu de jours après, pour leur ôter le découragement où cet échec les avait jetés,
il assemble toute l'armée, ét fait amener deux chevaux, l'un très vieux et très faible,
l'autre grand et robuste, et remarquable surtout par la beauté de sa queue et
par l'épaisseur des crins dont elle était garnie. Prés du cheval faible, il place un
homme grand et fort, et près du cheval vigoureux un petit homme qui n'avait aucune
apparence de force. Au signal donné, l'homme fort saisit à deux mains la queue du
cheval faible et la tire de toutes ses forces, comme pour l'arracher, pendant que
l'homme faible, prenant un à un les crins de la queue du cheval fort, les arrache tous
très facilement. Le premier, après bien des efforts inutiles qui prêtaient fort à rire aux
spectateurs, abandonne son entreprise; l'homme faible au contraire montre la queue
de son cheval qu'il avait, en un moment et sans aucune peine, dégarnie de tous ses
crins. Sertorius alors se levant : « Mes alliés, leur dit-il, vous voyez que la patience a
beaucoup plus de pouvoir que la force, et que des choses qu'on ne peut surmonter
tout a la fois cèdent aisément quand on les prend l'une après l'autre; la persévérance
est invincible, c'est par elle que le temps, attaquant les plus grandes puissances,
les détruit et les renverse : c'est un allié aussi sûr pour ceux à qui la raison fait
observer et saisir le moment favorable, qu'elle est un ennemi dangereux pour ceux
qui mettent trop de précipitation dans les affaires."
Trad. : abbé Dominique RICARD, Les Vies des Hommes illustres par Plutarque, t. III, Paris, Classiques Garnier, ???? |