Langue |
Grec |
Auteur |
Basile de Césarée |
Références |
Sur l'envie, 1 |
Sujet |
Description de l'envie |
Descripteurs |
envie; mal; envieux; maladie; bourreau domestique; rouille; fer; vipères;prospérité; bonne fortune; infortune; peine; |
Hypertexte |
http://mercure.fltr.ucl.ac.be/Hodoi/concordances/intro.htm |
Extrait Grec |
Φθόνου γὰρ πάθος οὐδὲν ὀλεθριώτερον ψυχαῖς ἀνθρώπων ἐμφύεται· ὃς,
ἐλάχιστα λυπῶν τοὺς ἔξωθεν, πρῶτον κακὸν καὶ (p. 373) οἰκεῖόν ἐστι τῷ
κεκτημένῳ. Ὥσπερ γὰρ ἰὸς σίδηρον, οὕτως ὁ φθόνος τὴν ἔχουσαν αὐτὸν ψυχὴν
ἐξαναλίσκει. Μᾶλλον δὲ ὥσπερ τὰς ἐχίδνας φασὶ τὴν κυήσασαν αὐτὰς γαστέρα
διεσθιούσας ἀπογεννᾶσθαι, οὕτω καὶ ὁ φθόνος τὴν ὠδίνουσαν αὐτὸν ψυχὴν
πέφυκε δαπανᾷν. Λύπη γάρ ἐστι τῆς τοῦ πλησίον εὐπραγίας ὁ φθόνος. Διόπερ
οὐδέποτε ἀνίαι, οὐδέποτε δυσθυμίαι τὸν βάσκανον ἐπιλείπουσιν. Εὐφόρησεν ἡ
χώρα τοῦ πλησίον; εὐθηνεῖται πᾶσι τοῖς κατὰ τὸν βίον ὁ οἶκος; θυμηδίαι τὸν
ἄνδρα οὐκ ἐπιλείπουσι; ταῦτα πάντα τροφὴ τῆς νόσου, καὶ προσθήκη τῆς
ἀλγηδόνος ἐστὶ τῷ βασκάνῳ. Ὥστε οὐδὲν διαφέρει ἀνθρώπου γυμνοῦ παρὰ
πάντων τιτρωσκομένου. Ἀνδρεῖος τίς ἐστιν; εὐεκτεῖ; ταῦτα πλήττει τὸν
βάσκανον. Ἕτερος χαριέστερος τὴν μορφήν; ἄλλη πληγὴ τῷ βασκάνῳ. Ὁ δεῖνα
τοῖς τῆς ψυχῆς προτερήμασι τῶν πολλῶν ὑπερέχει; ἐπὶ φρονήσει καὶ δυνάμει
λόγων ἀποβλέπεται καὶ ζηλοῦται; ἄλλος πλουτεῖ καὶ φιλοτιμεῖται λαμπρῶς ἐν
ἐπιδόσεσι καὶ κοινωνίᾳ τῇ πρὸς τοὺς ἐνδεεῖς, καὶ πολὺς αὐτῷ παρὰ τῶν
εὐεργετουμένων ὁ ἔπαινος; ταῦτα πάντα πληγαὶ καὶ τραύματα, μέσην αὐτοῦ
τύπτοντα τὴν καρδίαν. Καὶ τὸ χαλεπὸν τῆς νόσου, ὅτι οὐδὲ ἐξειπεῖν αὐτὴν
δύναται· ἀλλὰ κύπτει μὲν, καὶ κατηφής ἐστι, καὶ συγκέχυται, καὶ ποτνιᾶται, καὶ
ἀπόλωλεν ὑπὸ τοῦ κακοῦ. Ἐρωτώμενος δὲ τὸ πάθος, ἐρυθριᾷ δημοσιεῦσαι
τὴν συμφορὰν, ὅτι Βάσκανός εἰμι καὶ πικρὸς, καὶ ἐπιτρίβει με τὰ τοῦ φίλου καλὰ,
καὶ τοῦ ἀδελφοῦ τὴν εὐθυμίαν ὀδύρομαι, καὶ οὐ φέρω τὴν θέαν τῶν ἀλλοτρίων
καλῶν, ἀλλὰ συμφορὰν ποιοῦμαι τὴν τῶν πλησίον εὐημερίαν. Ταῦτα γὰρ ἂν
εἴποι, εἰ τὰ ἀληθῆ λέγειν βούλοιτο. Ὧν οὐδὲν ἐξειπεῖν αἱρούμενος, ἐν τῷ βάθει
κατέχει τὴν νόσον ὑποσμύχουσαν αὐτοῦ τὰ σπλάγχνα καὶ κατεσθίουσαν.
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Traduction française |
Il n'est point de passion plus pernicieuse que l'envie. Elle nuit moins à ceux qu'elle
attaque, qu’à celui qui l’éprouve et qui trouve en elle un bourreau domestique.
L’envie mine et consume ceux dont elle s'empare, comme la rouille ronge le fer. On
dit que les vipères ne sortent du ventre de leur mère qu'en le déchirant; c'est ainsi
que l'envie dévore l’âme qui lui donne entrée. L'envie est une douleur que l’on
conçoit de la prospérité d'autrui : voilà pourquoi l’envieux n'est jamais exempt de
peine et de tristesse. Le champ d'un voisin est-il fertile, sa maison regorge-t-elle de
biens, mène-t-il une vie douce et commode! tous ces avantages désolent l'envieux et
entretiennent sa maladie. Il ressemble à un corps nu sur lequel on lance des traits de
toutes parts. Un homme a-t-il du courage ou de l'embonpoint, cela blesse l'envieux.
Un autre est-il recommandable par sa bonne mine ? c'est pour lui un nouveau coup.
Un autre se distingue-t-il par les qualités de l’âme, est-il considéré et admiré pour ses
lumières et pour son éloquence ? un autre a-t-il de grandes richesses, aime-t-il à se
signaler par ses libéralités, se signale-t-il à faire part de ses biens aux pauvres, est-il
comblé de louanges par ceux qu’il comble de bienfaits? ce sont là autant de traits qui
pénètrent et qui percerait; coeur de l'envieux. Ce qu'il y a de fâcheux dans sa
maladie, c'est qu’il ne peut la déclarer : il marche les yeux baissés en terre, triste et
confus, en proie au mal intérieur qui le dévore. Si on lui demande ce qui le chagrine,
il rougit de l'avouer; il n'oserait dire : Je suis rempli d'envie et de fiel; le bonheur de
mon ami m'afflige; je m'attriste de la joie de mon frère ; je ne puis souffrir le spectacle
de la prospérité d’autrui ; la bonne fortune de mon prochain fait mon infortune.
Voilà ce qu'il dirait, s'il voulait convenir de la vérité; mais n'osant découvrir une plaie
aussi honteuse, il renferme au dedans de lui-même le mal qui déchire et ronge ses
entrailles.
Trad. : Abbé Auger, Basile le Grand, Homélies, discours et lettres choisies. Lyon, Guyot, 1827
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Date : |
01-04-2009 |
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