Langue |
Latin |
Auteur |
Augustin (Saint) |
Références |
Sermons, LXXXI, 9 |
Sujet |
Augustin à propos de la ruine de Rome [par les Goths, vers 410 de notre ère] |
Descripteurs |
Augustin; chute; ruine; Rome; Troie; dieux; Pénates; Énée; ciel; terre; Junon; |
Hypertexte |
http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/intro.htm#augustin |
Extrait Latin |
coelum et terra transibunt: quid ergo mirum, si aliquando finis est ciuitati? et forte
non modo finis est ciuitati: tamen aliquando finis erit ciuitati. sed quare inter
sacrificia Christianorum perit Roma? quare inter sacrificia paganorum arsit mater
eius Troia? dii, in quibus spem suam Romani posuerunt, omnino Romani dii, in
quibus spem pagani Romani posuerunt, ad Romam condendam de Troia incensa
migrauerunt. dii Romani ipsi fuerunt primo dii Troiani. arsit Troia, tulit Aeneas deos
fugitiuos: imo tulit deos fugiens stolidos. portari enim a fugiente potuerunt: fugere
ipsi non potuerunt. et cum ipsis diis ueniens in Italiam, cum diis falsis condidit
Romam. longum est caetera persequi: breuiter tamen quod ipsorum litterae habent
commemorem. auctor ipsorum omnibus notus sic loquitur: "urbem Romam, sicut ego
accepi, condidere atque habuere initio Troiani, qui, Aenea duce profugi, sedibus
incertis uagabantur." habebant ergo deos secum, condiderunt Romam in Latio,
posuerunt ibi colendos deos, qui colebantur in Troia. inducitur a poeta ipsorum
Iuno irascens aeneae et Troianis fugientibus, et dicit, "gens inimica mihi Tyrrhenum
nauigat aequor, Ilium in Italiam portans uictosque Penates:" id est, deos uictos
portans secum in Italiam. iam quando dii in Italiam uicti portabantur, numen erat, an
omen?
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Traduction française |
Le ciel et la terre passeront ; est-il alors étonnant qu'une ville cesse d'exister ? Si
d'ailleurs elle ne cesse pas aujourd'hui, elle cessera sûrement un jour.
Mais pourquoi cette ruine de Rome pendant que les chrétiens offrent leurs sacrifices ?
Pourquoi aussi l'embrasement de Troie, sa mère, pendant que les païens offraient les
leurs ? Les dieux qui ont la confiance des Romains, les dieux qui sont réellement les
dieux Romains et en qui les païens de Rome ont placé leurs espérances, ces dieux ont
quitté les cendres de Troie pour venir fonder Rome. Ces dieux de Rome étaient
primitivement les dieux de Troie. Troie fut brûlée ; Enée en emporta ses dieux
fugitifs, ou plutôt il emporta dans sa fuite ses dieux insensibles. Il pouvait les porter,
mais eux n'auraient pu fuir. Et abordant avec eux en Italie, il établit Rome avec ces
faux dieux.Il serait trop long d'entrer dans tous ces détails; je rapporterai seulement
en peu de mots ce que disent des auteurs Romains. L'un d'eux connu de tout le
monde, s'exprime ainsi : « La ville de Rome fut fondée et occupée d'abord, comme je
l'ai appris, par des Troyens qui fuyaient sous la conduite d'Enée, et s'en allaient de
pays en pays sans pouvoir se fixer. » Ces Troyens donc avaient avec eux leurs dieux;
ils bâtirent Rome dans le Latium et y proposèrent à la vénération les mêmes dieux
qu'adorait Troie. Un poète romain introduit encore sur la scène Junon irritée contre
Enée et ses Troyens fugitifs. « Une nation que j'abhorre, dit-elle, fait voile sur la mer
de Toscane, portant en Italie Ilion et ses pénates vaincus; » c'est-à-dire ses dieux
vaincus. Or quand ces dieux vaincus entraient en Italie, était-ce un triomphe ou un
présage?
Trad. : Oeuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la première fois en français, sous la direction de M. Raulx. Tome XI, Bar-Le-Duc, L. Guérin et Cie Editeurs, 1868 |
Date : |
08-09-2008 |
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