Extrait Grec |
« Τὴν γοργόνα τὸ ζῷον καλοῦσιν οἱ ἐν Λιβύῃ Νομάδες, ὅπου καὶ γίνεται,
κατώβλεπον. Ἐστὶν δέ, ὡς μὲν οἱ πλεῖστοι λέγουσιν ἐκ τῆς δορᾶς σημειούμενοι,
προβάτῳ ἀγρίῳ ὅμοιον, ὡς δ´ ἔνιοί φασι, μόσχῳ. Ἔχειν δὲ λέγουσιν αὐτὸ
τοιαύτην ἀναπνοὴν ὥστε πάντα τὸν ἐντυχόντα τῷ ζῴῳ διαφθείρειν. (221c)
Φέρειν δὲ χαίτην ἀπὸ τοῦ μετώπου καθειμένην ἐπὶ τοὺς ὀφθαλμούς, ἣν ὁπόταν
μόγις διασεισαμένη διὰ τὴν βαρύτητα ἐμβλέψῃ, κτείνει τὸν ὑπ´ αὐτῆς
θεωρηθέντα οὐ τῷ πνεύματι, ἀλλὰ τῇ γιγνομένῃ ἀπὸ τῶν ὀμμάτων φύσεως
φορᾷ καὶ νεκρὸν ποιεῖ. Ἐγνώσθη δὲ οὕτως. Τῶν μετὰ Μαρίου τινὲς ἐπὶ Ἰογόρθαν
στρατευσαμένων ἰδόντες τὴν γοργόνα δόξαντές τε διὰ τὸ κάτω νενευκέναι
βραδέως τε κινεῖσθαι ἄγριον εἶναι πρόβατον ὥρμησαν ἐπ´ αὐτὸ ὡς
κατεργασόμενοι οἷς εἶχον ξίφεσι. (221d) Τὸ δὲ πτοηθὲν διασεισάμενόν τε
τὴν τοῖς ὄμμασιν ἐπικειμένην χαίτην παραχρῆμα ἐποίησε τοὺς ὁρμήσαντας ἐπ´
αὐτὸ νεκρούς. Πάλιν δὲ καὶ πάλιν τὸ αὐτὸ ποιησάντων ἑτέρων νεκρῶν τε
γενηθέντων, ἀεὶ τῶν προσφερομένων ἀπολλυμένων, ἱστορήσαντές τινες παρὰ
τῶν ἐπιχωρίων τὴν τοῦ ζῴου φύσιν, μακρόθεν ἐνεδρεύσαντες αὐτὸ ἱππῆς τινες
Νομάδες Μαρίου κελεύσαντος κατηκόντισαν ἧκόν τε φέροντες πρὸς τὸν
στρατηγὸν τὸ θηρίον. »
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Traduction française |
« Les Numides de la Lybie appellent Gorgone certain animal qui a toujours les yeux
fixés en bas. Selon la plupart de ceux qui en parlent, on dirait à sa peau que ce n'est
qu'une brebis sauvage : d'autres le comparent à un veau. On dit que cet animal a une
haleine capable de tuer tout ce qui se trouve à sa rencontre. (221c) Il a une crinière
qui lui tombe du front sur les yeux, et qu'il ne sépare qu'avec peine, en la secouant, à
cause de sa pesanteur ; mais lorsqu'il regarde, après, l'avoir ainsi séparée, il tue celui
sur lequel il fixe les yeux par dessous : ce n'est point par son haleine, comme on le
dit, mais par le seul regard qu'il lance. C'est ainsi qu'il fait mourir. »
« Voici comment cet animal fut connu. Quelques-uns des soldats de Marius, qui
faisait la guerre à Jugurtha, aperçurent cette Gorgone ; s'imaginant que c'était
une brebis suivante parce qu’elle avait toujours le regard fixé en bas, et qu'elle allait
lentement, ils coururent dessus pour la tuer avec leurs épées; (221d) mais l'animal
surpris, secouant aussitôt la crinière qui lui pendait sur les yeux, se fit jour, les
regarda, et tua ainsi ceux qui allaient se jeter sur lui. D'autres ayant réitéré cette
attaque plusieurs fois, périrent de même, de sorte que personne n'en revenait. »
« Quelques-uns ayant appris des habitants de ces lieux quelle était la nature de cet
animal, des cavaliers numides allèrent, par ordre de Marius, lui tendre de loin des
embûches, le percèrent de traits, et l'apportèrent au Général. Or, la peau de cet
animal et l'histoire de la conquête de Marius prouvent qu'il était réellement tel. »
Trad. : Lefebvre de Villebrune, Banquet des savans par Athénée. Paris, Lamy, 1789 |