Extrait Grec |
Ὅτι δὲ καὶ προλαμβανόμενον τὸ κιτρίον πάσης τροφῆς ξηρᾶς τε καὶ ὑγρᾶς
ἀντιφάρμακόν ἐστι παντὸς δηλητηρίου εὖ οἶδα, μαθὼν παρὰ πολίτου ἐμοῦ
πιστευθέντος τὴν τῆς Αἰγύπτου ἀρχήν. Οὗτος κατεδίκασέ (84e) τινας γενέσθαι
θηρίων βορὰν κακούργους εὑρεθέντας, καὶ ἔδει αὐτοὺς ἀποσίτοις ζῴοις
παραβληθῆναι. Εἰσιοῦσι δὲ αὐτοῖς εἰς τὸ τοῖς λῃσταῖς εἰς τιμωρίαν
ἀποδεδειγμένον θέατρον κατὰ τὴν ὁδὸν κάπηλίς τις γυνὴ κατ´ ἔλεον ἔδωκεν οὗ
μετὰ χεῖρας εἶχεν ἐσθίουσα κιτρίου, καὶ λαβόντες ἔφαγον καὶ μετ´ οὐ πολὺ
παραβληθέντες πελωρίοις καὶ ἀγριωτάτοις ζῴοις ταῖς ἀσπίσι δηχθέντες οὐδὲν
ἔπαθον. Ἀπορία δὲ κατέσχε τὸν ἄρχοντα. (84f) Καὶ τὸ τελευταῖον ἀνακρίνων τὸν
αὐτοὺς φυλάττοντα στρατιώτην εἴ τι ἔφαγον ἢ ἔπιον, ὡς ἔμαθε (κατὰ τὸ αὐτὸν
ἐξ ἀκεραίου) τὸ κιτρίον δεδομένον, τῇ ἐπιούσῃ τῶν ἡμερῶν τῷ μὲν πάλιν
ἐκέλευσε δοθῆναι κιτρίου, τῷ δ´ οὔ· καὶ ὁ μὲν φαγὼν δηχθεὶς οὐδὲν ἔπαθεν, ὃ δὲ
παραυτίκα πληγεὶς ἀπέθανε. Δοκιμασθέντος οὖν διὰ πολλῶν τοῦ τοιούτου
εὑρέθη τὸ κιτρίον ἀντιφάρμακον ὂν παντὸς δηλητηρίου φαρμάκου.
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Traduction française |
J'ai appris, par un de mes concitoyens qui a eu le gouvernement de l'Egypte, que
le citron, pris avant tout aliment sec ou liquide, est l'antidote de tous les poisons. Cet
ami avait un jour condamné (84e) quelques criminels à être mordus par des animaux
venimeux, auxquels ils allaient être abandonnés, selon leur sentence, lorsqu'entrant
dans le lieu public qui leur avait été marqué, la maîtresse d'une taverne leur donna,
par pitié, du citron qu'elle avait à la main, et qu'elle mangeait ; ils le prirent, le
mangèrent, et ne reçurent aucun mal des animaux monstrueux et les plus féroces,
c'est-à-dire, des aspics, aux morsures desquels ils furent exposés. Ce Gouverneur ne
sut que penser de cet événement. (84f) Enfin, il demanda au soldat qui les gardait,
s'ils avaient bu ou mangé quelque chose avant l'exécution. Apprenant qu'on leur
avait alors donné un citron, sans aucune ruse, il ordonna que le jour suivant on
donnât un citron à l'un d'eux, et pas à l'autre. Celui qui le mangea ne reçut aucun mal
de la morsure ; mais l'autre mourut bientôt après avoir été blessé : cette épreuve
ayant été répétée par plusieurs personnes, on sut que le citron était l'antidote
de tous les breuvages délétères.
Trad. : Lefebvre de Villebrune, Banquet des savans par Athénée. Tome I, Paris, Lamy, 1789 |