Extrait Grec |
Οὐ χρὴ δὲ κατὰ τοὺς παραινοῦντας ἀνθρώπινα φρονεῖν ἄνθρωπον ὄντα οὐδὲ
θνητὰ τὸν θνητόν, ἀλλ' ἐφ' ὅσον ἐνδέχεται ἀθανατίζειν καὶ πάντα ποιεῖν πρὸς τὸ
ζῆν κατὰ τὸ κράτιστον τῶν ἐν αὑτῷ· εἰ γὰρ καὶ τῷ ὄγκῳ μικρόν ἐστι,
[10,1178] (1178a) (1) δυνάμει καὶ τιμιότητι πολὺ μᾶλλον πάντων ὑπερέχει. Δόξειε
δ' ἂν καὶ εἶναι ἕκαστος τοῦτο, εἴπερ τὸ κύριον καὶ ἄμεινον. Ἄτοπον οὖν γίνοιτ' ἄν,
εἰ μὴ τὸν αὑτοῦ βίον αἱροῖτο ἀλλά τινος ἄλλου. Τὸ λεχθέν τε πρότερον (5)
ἁρμόσει καὶ νῦν· τὸ γὰρ οἰκεῖον ἑκάστῳ τῇ φύσει κράτιστον καὶ ἥδιστόν ἐστιν
ἑκάστῳ· καὶ τῷ ἀνθρώπῳ δὴ ὁ κατὰ τὸν νοῦν βίος, εἴπερ τοῦτο μάλιστα
ἄνθρωπος. Οὗτος ἄρα καὶ εὐδαιμονέστατος.
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Traduction française |
Il ne faut donc pas suivre le conseil de ceux qui veulent qu'on n'ait que des
sentiments conformes à l'humanité, parce qu'on est homme, et qu'on n'aspire qu'à la
destinée d'une créature mortelle, puisqu'on est mortel ; mais nous devons nous
appliquer, autant qu'il est possible, à nous rendre dignes de l'immortalité, et faire
tous nos efforts pour conformer notre vie à ce qu'il y a en nous de plus sublime. Car,
si ce principe divin est petit par l'espace qu'il occupe,
[10,1178] (1178a) il est, par sa puissance et par sa dignité, au-dessus de tout. On est
même autorisé à croire que c'est lui qui constitue proprement chaque individu,
puisque ce qui commande est aussi d'un plus grand prix; par conséquent, il y aurait
de l'absurdité à ne le pas prendre pour guide de sa vie, et à lui préférer quelque autre
principe. Et ceci s'accorde tout-à-fait avec ce que nous avons dit précédemment; car
ce qu'il y a de propre à la nature de chaque être (avons-nous dit), est aussi ce qu'il y a
de plus agréable pour lui, et ce qu'il y a de plus précieux : or, c'est ce que doit être
pour l'homme une vie dirigée par l'intelligence ou par l'esprit, s'il est vrai que
lui-même soit essentiellement esprit ou intelligence. Une telle vie est donc, en effet, la
plus complètement heureuse.
Trad. : M. THUROT, La Morale et la Politique d'Aristote. Paris, Didier, 1824 |