Extrait Grec |
(1155a) Μετὰ δὲ ταῦτα περὶ φιλίας ἕποιτ' ἂν διελθεῖν· ἔστι γὰρ ἀρετή τις ἢ μετ'
ἀρετῆς, ἔτι δ' ἀναγκαιότατον εἰς τὸν (5) βίον. Ἄνευ γὰρ φίλων οὐδεὶς ἕλοιτ' ἂν
ζῆν, ἔχων τὰ λοιπὰ ἀγαθὰ πάντα· καὶ γὰρ πλουτοῦσι καὶ ἀρχὰς καὶ
δυναστείας κεκτημένοις δοκεῖ φίλων μάλιστ' εἶναι χρεία· τί γὰρ ὄφελος τῆς
τοιαύτης εὐετηρίας ἀφαιρεθείσης εὐεργεσίας, ἣ γίγνεται μάλιστα καὶ
ἐπαινετωτάτη πρὸς φίλους; Ἢ πῶς ἂν τηρηθείη (10) καὶ σῴζοιτ' ἄνευ φίλων;
Ὅσῳ γὰρ πλείων, τοσούτῳ ἐπισφαλεστέρα. Ἐν πενίᾳ τε καὶ ταῖς λοιπαῖς
δυστυχίαις μόνην οἴονται καταφυγὴν εἶναι τοὺς φίλους. Καὶ νέοις δὲ πρὸς τὸ
ἀναμάρτητον καὶ πρεσβυτέροις πρὸς θεραπείαν καὶ τὸ ἐλλεῖπον τῆς πράξεως
δι' ἀσθένειαν βοηθείας, τοῖς τ' ἐν ἀκμῇ (15) πρὸς τὰς καλὰς πράξεις· σύν τε δύ'
ἐρχομένω· καὶ γὰρ νοῆσαι καὶ πρᾶξαι δυνατώτεροι.
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Traduction française |
(1155a) L'AMITIÉ est une vertu, ou du moins toujours unie à la vertu. Elle est ce qu'il
y a de plus nécessaire à la vie; car il n'est personne qui consentit à vivre privé d'amis,
dût-il posséder tous les autres biens. En effet, c'est quand on possède des richesses
considérables, des dignités, et même la puissance souveraine, que l'on sent
principalement le besoin d'amis ; car à quoi servirait cette surabondance de biens et
de pouvoir, si l'on n'y joignait la bienfaisance, qui s'exerce ou se pratique
principalement à l'égard de nos amis, et qui mérite alors les plus justes louanges?
Comment entretenir même et conserver tous ces biens, puisque si l'on est privé
d'amis, plus on possède de biens, moins on peut en jouir avec sécurité? D'un autre
côté, si l'on est dans l'indigence, ou dans l'infortune de quelque espèce que ce soit, on
ne croit avoir de refuge qu'au sein de l'amitié. Jeune, elle vous garantit des fautes où
l'inexpérience peut vous faire tomber; vieux, elle vous prodigue ses soins, et vous
offre son secours pour l'accomplissement des actions ou des desseins que les
infirmités de l'âge vous rendraient impossibles : enfin, s'agit-il de méditer et
d'exécuter les actions d'éclat qui n'appartiennent qu'à la force et à la vigueur de l'âge
mûr, deux hommes qui marchent unis (comme dit Homère), en sont plus capables.
Trad. : M. THUROT, La Morale et la Politique d'Aristote. Paris, Didier, 1824
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