Extrait Grec |
Δοκεῖ δέ τισι καὶ τὸ ἀντιπεπονθὸς εἶναι ἁπλῶς δίκαιον, ὥσπερ οἱ Πυθαγόρειοι
ἔφασαν· ὡρίζοντο γὰρ ἁπλῶς τὸ δίκαιον τὸ ἀντιπεπονθὸς ἄλλῳ. Τὸ δ'
ἀντιπεπονθὸς οὐκ ἐφαρμόττει οὔτ' ἐπὶ τὸ νεμητικὸν δίκαιον οὔτ' ἐπὶ τὸ
διορθωτικόν - καίτοι (25) βούλονταί γε τοῦτο λέγειν καὶ τὸ Ῥαδαμάνθυος
δίκαιον· Εἴ κε πάθοι τά τ' ἔρεξε, δίκη κ' ἰθεῖα γένοιτο - πολλαχοῦ γὰρ διαφωνεῖ·
οἷον εἰ ἀρχὴν ἔχων ἐπάταξεν, οὐ δεῖ ἀντιπληγῆναι, καὶ εἰ ἄρχοντα ἐπάταξεν, οὐ
πληγῆναι (30) μόνον δεῖ ἀλλὰ καὶ κολασθῆναι. Ἔτι τὸ ἑκούσιον καὶ τὸ ἀκούσιον
διαφέρει πολύ.
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Traduction française |
Quelques personnes font consister la justice absolue dans une parfaite réciprocité
d’action : c’était la doctrine des pythagoriciens, qui définissaient la justice : "L’action
par laquelle on fait souffrir à un autre ce qu’on a souffert soi-même". Mais cette
réciprocité ne convient, ni à la justice distributive, ni à la justice commutative,
quoiqu’on prétende que telle était la maxime de Rhadamante : "Qu’il souffre ce qu’il
a fait souffrir"; voilà une sentence rigoureusement juste. Mais il y a bien des cas où
cette maxime ne saurait s’appliquer: par exemple, si un magistrat frappe un simple
citoyen, il ne faut pas qu’on le frappe à son tour; et si le citoyen frappe un magistrat,
il ne suffit pas qu’il soit frappé de la même manière, il faut encore qu’il soit puni.
Ensuite, il y a bien de la différence entre ce qui est volontaire et ce qui ne l’est pas.
Trad. : M. THUROT, La Morale et la Politique d'Aristote. Paris, Didier, 1824 |