Langue |
Grec |
Auteur |
Aristote |
Références |
La grande morale, I, XXXI, 14 |
Sujet |
A propos de la loi du talion |
Descripteurs |
loi; talion; proportionnalité; serviteur; homme libre; oeil; proportion; |
Hypertexte |
http://mercure.fltr.ucl.ac.be/Hodoi/concordances/intro.htm#Aristote |
Extrait Grec |
§ 14. Ἔστιν δὲ δίκαιον καὶ τὸ ἀντιπεπονθός, οὐ μέντοι γε ὡς οἱ Πυθαγόρειοι
ἔλεγον. Ἐκεῖνοι μὲν γὰρ ᾤοντο δίκαιον εἶναι, ἅ τις ἐποίησεν, ταῦτ´
ἀντιπαθεῖν· τὸ δὲ τοιοῦτον οὐκ ἔστιν πρὸς ἅπαντας. Οὐ γάρ ἐστι δίκαιον
οἰκέτῃ πρὸς ἐλεύθερον ταὐτόν· ὁ οἰκέτης γὰρ ἐὰν πατάξῃ τὸν ἐλεύθερον, οὐκ
ἔστιν δίκαιος ἀντιπληγῆναι, ἀλλὰ πολλάκις. Καὶ τὸ ἀντιπεπονθὸς δὲ δίκαιόν
ἐστιν ἐν τῷ ἀνάλογον. Ὡς γὰρ ὁ ἐλεύθερος ἔχει πρὸς τὸν δοῦλον τῷ βελτίων
εἶναι, οὕτως τὸ ἀντιποιῆσαι πρὸς τὸ ποιῆσαι. Ὁμοίως δὲ καὶ ἐλευθέρῳ πρὸς
ἐλεύθερον ἕξει. Οὐ γὰρ δίκαιον, εἴ τις τὸν ὀφθαλμὸν ἐξέκοψεν τινός,
ἀντεκκοπῆναι μόνον, ἀλλὰ πλείονα παθεῖν, ἀκολουθήσαντα τῇ ἀναλογίᾳ· καὶ
γὰρ ἦρξε πρότερος καὶ ἠδίκησεν, ἀδικεῖ δὲ κατ´ ἀμφότερα, ὥστε ἀνάλογον καὶ
τὰ ἀδικήματα, καὶ τὸ ἀντιπαθεῖν πλείω ὧν ἐποίησεν δίκαιον ἐστίν.
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Traduction française |
§ 14. On peut dire encore que la justice est le talion. Mais ce ne peut pas être au sens
où l'entendaient les Pythagoriciens. Selon eux, il serait juste de souffrir à son tour
tout ce qu'on aurait fait soi-même à autrui. Or, ceci n'est pas possible entre tous les
hommes sans exception. Le juste n'est pas le même du serviteur à l'homme libre que
de l'homme libre au serviteur; le serviteur qui frappe un homme libre, ne doit pas
recevoir en bonne justice autant de coups qu'il en a donné ; il doit en recevoir bien
davantage ; c'est que le talion n'est juste ainsi qu'avec la proportionnalité. Autant
l'homme libre est au-dessus de l'esclave, autant le talion doit différer de l'acte qui le
provoque. J'ajoute qu'il doit y avoir dans certains cas même différence de l'homme
libre à l'homme libre. Il n'est pas juste, si quelqu'un a crevé l' oeil d'un autre, qu'on se
contente de lui en crever un ; il faut que son châtiment soit plus grand conformément
à la règle de proportion ; car c'est lui qui a frappé le premier et qui a commis un délit.
A ces deux titres, il est coupable ; et par conséquent, la proportionnalité exige que,
comme les délits sont plus forts, le coupable aussi souffre plus de mal qu'il n'en a fait.
Trad. : M. THUROT, La morale et la politique d'Aristote. Paris, Didot, 1824 |
Date : |
15-05-2008 |
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