LATINTER - version électronique

Bulletin d'informations et d'échanges pédagogiques

Publication issue de la synergie entre
le Centre CECAFOC Langues Anciennes
le Secteur Langues Anciennes de l'Enseignement libre
et les Conseillers pédagogiques

Editeur responsable: Yvan BALZAT - Chaussée de Nivelles, 18 - 5032 Mazy
Courriel : Yvan Balzat


19e Rencontres latines à Bruxelles (3 mars 2004) - Cicéron, De finibus bonorum et malorum, III, 65-66 [texte complet] :

[3,20] XX. (65) Ex hac animorum affectione testamenta commendationesque morientium natae sunt. Quodque nemo in summa solitudine uitam agere uelit ne cum infinita quidem uoluptatum abundantia, facile intellegitur nos ad coniunctionem congregationemque hominum et ad naturalem communitatem esse natos. Inpellimur autem natura, ut prodesse uelimus quam plurimis in primisque docendo rationibusque prudentiae tradendis.

(66) Itaque non facile est inuenire qui quod sciat ipse non tradat alteri; ita non solum ad discendum propensi sumus, uerum etiam ad docendum. Atque ut tauris natura datum est ut pro uitulis contra leones summa ui impetuque contendant, sic ii, qui ualent opibus atque id facere possunt, ut de Hercule et de Libero accepimus, ad seruandum genus hominum natura incitantur. Atque etiam Iouem cum Optimum et Maximum dicimus cumque eundem Salutarem, Hospitalem, Statorem, hoc intellegi uolumus, salutem hominum in eius esse tutela. Minime autem conuenit, cum ipsi inter nos uiles neglectique simus, postulare ut diis inmortalibus cari simus et ab iis diligamur. Quem ad modum igitur membris utimur prius, quam didicimus, cuius ea causa utilitatis habeamus, sic inter nos natura ad ciuilem communitatem coniuncti et consociati sumus. quod ni ita se haberet, nec iustitiae ullus esset nec bonitati locus.

TRADUCTION (Une belle infidèle) :

[3,20] XX. De cette propension générale des esprits sont venus les testaments et les dernières dispositions des mourants. N'est-il pas vrai d'ailleurs qu'il n'est pas un homme qui voulût vivre dans une complète solitude, même au milieu de tous les plaisirs imaginables, et n'est-ce pas une nouvelle preuve que nous sommes nés pour vivre réunis en société sous le lien d'une communauté naturelle? La nature nous porte encore à vouloir servir le plus possible nos semblables, surtout en les instruisant et en les initiant à la sagesse. Il serait difficile de trouver un homme qui ne voulût faire part à personne de ce qu'il sait, tant nous sommes enclins non seulement à apprendre, mais encore à instruire nos semblables.

De même que la nature porte les taureaux à combattre avec une vigueur et une impétuosité extrêmes pour défendre le troupeau contre l'attaque des lions, de même ceux qui ont reçu d'elle de plus grandes forces que les autres hommes, comme nous avons ouï dire d'Hercule et de Bacchus, sont naturellement portés à protéger le reste des hommes. Lorsque nous appelons Jupiter lui-même non seulement Très-Bon et Très Grand, mais encore Sauveur, Hospitalier, Protecteur, nous voulons faire entendre que le salut des hommes est en sa garde. Mais si nous-mêmes nous nous abandonnons lâchement, comment pouvons-nous demander aux Dieux qu'ils nous aiment et prennent soin de nous? Tout comme nous nous servons de nos membres, avant d'avoir appris pour quel usage ils nous ont été donnés, ainsi la nature, sans que nous y pensions, nous engage dans les liens de la société des hommes. Que s'il n'en était pas ainsi, il n'y aurait en ce monde ni justice ni bonté.


Environnement hypertexte : Cicéron, Des vrais biens et des vrais maux, livre III


Responsable : Alain Meurant
Dernière mise à jour : 28 septembre 2004