Parcours :  8

Scénario

Pour étudier le thème du « héros » chez Tite-Live, nous travaillerons en quatre temps :

1. Découverte du personnage de Tite-Live et de son oeuvre, de la notion d’historien de l’Antiquité : à partir de la grille de questions suivantes, les élèves effectueront un travail de recherche et de synthèse par groupes de deux , dans un délai d’une semaine :

  • Quand a-t-il vécu ? Où ? Dans quel milieu ?

    Né en 64 ou 59 avant J.C. et mort en 17 après J.C. à Padoue (plaine du Pô), dans un milieu bourgeois aisé.

  • Quelles études ? Quelle carrière a-t-il menée ?

    Il étudia les lettres, la rhétorique et le dialogue philosophique puis s'établit à Rome pour consacrer sa vie aux lettres.Il se refusa à suivre une carrière politique, peut-être en raison de la période troublée que Rome traversait alors.

  • Quel type d’homme fut-il ?

    Conservateur, il fut un admirateur du temps passé; indépendant, honnête et patriote,il avait les faveurs d'Auguste: il fut reçu dans la famille impériale.
    Historien latin le plus fécond, Tite-Live témoin de la décadence de la République et de la formation de l'Empire, contribua à redonner à ses contemporains le sentiment de la grandeur de Rome.

  • Pour qui travailla-t-il ?

    Il travailla surtout pour l'Empereur Auguste.

  • Quelle oeuvre a-t-il écrite ? Qu’en reste-t-il ?

    Durant sa jeunesse, il composa un grand nombre d'ouvrages philosophiques et de dialogues qui ont tous disparus.
    A l'âge mûr, il se consacra à la rédaction de Son Histoire dont le titre semble avoir été Ab Urbe Condita : cette oeuvre immense paraît avoir été commencée entre 29 et 25 avant J.C.
    Il racontait l'histoire de Rome des origines à l'an 9 avant J.C. en 142 livres, divisés plus tard en décades (série de 10 livres).
    Il n'en reste malheureusement que 35 livres : sont conservés les livres I à X (la fondation de Rome jusqu'à la guerre contre Pyrrhus) et les livres XXI à XXIV (de la deuxième guerre punique jusqu'à 167 avant J.C.).

  • Quel but poursuivait-il en écrivant son oeuvre ?

    Il l'explique dans sa préface "faire une oeuvre apologétique" : élever un monument à la grandeur de Rome et se consoler des maux présents par le spectacle des vertus passées.
    Il veut faire :

    • une oeuvre morale : donner des exemples de tous les genres de vie, des modèles à imiter et à éviter.
    • une oeuvre littéraire et oratoire
    • une oeuvre nationale

  • Quel type d’historien fut-il ?

    Historien de l'Antiquité, Tite-Live croit que ce sont les hommes qui font l'histoire; il analyse leurs sentiments, leurs réactions.
    Tite-Live veut dire sincèrement ce qu'il croit vrai et juge très souvent avec beaucoup de bon sens. Il opère une adroite combinaison de témoignages, mais on ne peut parler d'impartialité car il fut parfois aveuglé par son patriotisme, ni d'objectivité car il n'a pas de méthode critique précise.
    Il reste notre principale source d'information pour la connaissance de l'histoire romaine.

  • Quelles sources a-t-il utilisées pour écrire son oeuvre ? quelles difficultés a-t-il rencontrées ?

    Il n'a pour ainsi dire pas eu recours à des documents originaux : toute sa documentation est de seconde main.
    Pour écrire l'histoire de quelques 700 années, Tite-Live dut évidemment recourir à des sources de natures différentes selon les époques.

    1. pour les événements les plus récents, il disposait de témoignages oraux, de Chroniques et de Mémoires (l'oeuvre d'Asinius Pollion, la Correspondance de Cicéron...)et d'ouvrages composés par des témoins oculaires.
    2. pour les siècles antérieurs, les documents se faisaient de plus en plus pauvres : l'histoire n'avait commencé d'être écrite à Rome qu'à la fin du IIIème s. avant J.C. avec l'oeuvre de Fabius Pictor. IL recourut aussi à des historiens grecs, comme Polybe. Pour remonter plus haut, il dut recourir à des traditions orales, voire à des poèmes populaires; mais pour les débuts de la vile , il ne disposait que d'un tissu de légendes.
      De plus, l'incendie de Rome par les Gaulois en 390 avant J.C. détruisit tous les documents antérieurs.

  • Quel est l’intérêt de son oeuvre ?

    Tite-Live, l'historien latin le plus fécond, a résumé en une synthèse puissante l'oeuvre des historiens romains qui l'avaient précédé et dont le travail est difficilement saisissable, puisque l'on ne possède plus que des fragments de leurs écrits.
    Bref,cet écrivain remarquable qui a le sens de la vérité et de la juste mesure, nous laisse des documents et témoignages intéressants:

    • une série de légendes primitives
    • une excellente peinture du caractère romain ( mélange de raison et de superstition ).
    • une foule de renseignements sur Rome qui seraient perdus sans lui.

  • Quel est son style ?

    • phrase ample et périodique;
      emploi fréquent de la dissymétrie, de la comparaison et de la métaphore.
    • narrations bien conduites et vivantes;
      discours (400) conventionnels,habiles et vivants : ils représentent une partie importante de l'oeuvre et ont une valeur historique incontestable.

2. Etude générale de la notion de « héros » : définition (s) et caractéristiques :

  • la geste du héros :

    • naissance: Romulus vint au monde dans un milieu privilégié : fils d'une princesse et d'un dieu; petit-fils d'un roi; mais il se retrouva de suite orphelin car sa mère est assassinée et son père, un dieu. Il est abandonné à son sort dans un panier dérivant sur le Tibre, mais est sauvé providentiellement d'abord par une louve, ensuite par un berger du roi, Faustulus.
    • enfance: Eduqué près des étables par Larentia, femme de Faustulus, il grandit dans l'anonymat. A l'âge adulte, il se trouve être le chef d'une bande de jeunes, décidés à épurer la région des brigands et des voleurs.Il partage son temps en occupations sérieuses et en loisirs (chasse...).
    • actions: plusieurs actions d"éclat lui permettent de devenir un héros :
      Il délivre son grand-père Numitor, jeté en prison par son frère Amulius, renverse ce dernier et remet Numitor sur le trône.
      avec son frère, il décide de fonder une nouvelle ville.
      A cause d'une dispute, il tue son frère Rémus pour rester seul maître de la nouvelle ville.
    • mort/ apothéose:sa mort mystérieuse lui donne accès à l'immortalité : il disparaît aux yeux de l'assemblée un jour où il passait son armée en revue; ensuite, il accède au monde des dieux.

  • les caractères héroïques :

    1. psychologie:chez Tite-Live, les héros servent d'exemples : Romulus présente une forte personnalité : dès le début, il apparaît comme un chef, un meneur, rempli d'initiatives, dynamique et juste, ambitieux, robuste et courageux.
    2. noblesse:le héros est noble par sa naissance royale, mais aussi par son caractère, sa grandeur d'âme et ses actes.
    3. public:il existe toujours un lien affectif entre le héros et son public; ici, lors de son apothéose, Romulus laisse la jeunesse aggligée, comme orpheline.
    4. expansion vitale:Romulus est énergique et déterminé, endurant et courageux, habile et intelligent.
    5. action créatrice:Même si la création de la ville de Rome est dûe au "destin", c'est Romulus qui l'a entreprise et réalisée sur le plan humain.
    6. valorisation:Romulus s'est valorisé par plusieurs actions d'éclat :libération de son grand-père, mort de son frère, enlèvement des Sabines, plusieurs victoires guerrières...
    7. faillibilité:Par le meurtre de son frère, il a fait couler du sang sur la ville de Rome dès le début; par contre, il fut peut-être lui-même victime d'un complot des sénateurs.
    8. solitude:Tite-Live évoque peu de moments au cours desquels Romulus aurait souffert de solitude; il l'effleure peut-être à des moments de prise de décisions.
    9. produit du temps et de l’endroit:Romulus est un héros purement romain, un exemple à suivre : un mélange de superstition et de raison.

    Ce travail réalisé sur les caractéristiques héroîques de Romulus pourrait être mené pour d'autres héros ou héroînes (les Sabines, Clélie, Mucius Scaevola, Horatius Coclès...)

  • Autour du héros:

    1. univers féminin: les femmes interviennent souvent dans les récits pour leurs actes de bravoure et leur fidélité.
    2. compagnonnage: jusqu'à sa mort, Rémus, le frère jumeau de Romulus fut le compagnon inséparable de ce dernier, mais pas l'homme dont le prestige fut égal à celui de Romulus.
    3. héros et anti-héros: l'univers héroïque ne serait pas complet sans la présence d'une incarnation du mal: Amulius incarne le mal en face de son frère Numitor.

  • Les classifications :

    Romulus est-il un héros épique, tragique, dramatique, solaire ou lunaire ?
    Il apparaît plus comme un héros épique :être exceptionnel, proche des dieux et comme un héros solaire: personnage pétri de force et de courage ( ses travaux servent une noble cause, son moteur est le devoir et son souci, la justice ).

3. Exploitation du thème

  • dans les textes latins choisis parmi des récits de héros , hommes et femmes:

    • T.L.,H.R., I , 4 ; 6 ;7 ;16 : Romulus ;
    • I, 13 : les Sabines ;
    • I, 24 - 25:les Horaces et les Curiaces;
    • II, 10 : Horatius Cocles ;
    • II, 13 : Clélie.

    Certains textes latins sont entrecoupés de traductions françaises pour visualiser l’ensemble du récit:

    T.L., H.R., I, 13 : Intervention héroïque des Sabines : entre 747 et 711 ACN

    Sous le règne de Romulus

    Tum Sabinae mulieres, quarum ex iniuria bellum ortum erat, crinibus passis scissaque

    veste,victo malis muliebri pavore, ausae se inter tela volantia inferre, ex transverso impetus

    facto dirimere infestas acies, dirimere iras, hinc patres, hinc viros orantes ne se sanguine

    nefando soceri generique respergerent, ne parricidio macularent partus suos, nepotum illi, hi

    liberum progeniem : " Si adfinitatis inter vos, si conubii piget, in nos vertite iras : nos causa

    belli, nos volnerum ac caedium viris ac parentibus sumus ; melius peribimus quam sine alteris

    vestrum viduae aut orbae vivemus. ".Movet res cum multitudinem tum duces ; silentium et

    repentina fit quies ; inde ad foedus faciendum duces procedunt.

    Non contents de faire la paix, ils réunissent en un seul les deux états, mettent la royauté en commun, transportent le siège du pouvoir à Rome, qui se trouve ainsi doublée. Pour accorder toutefois quelque chose aux Sabins, le peuple prit le nom de Quirites, dérivé de la ville de Cures….A une guerre si malheureuse succéda soudain une heureuse paix qui rendit les Sabines plus chères à leurs maris, à leurs pères et surtout à Romulus lui-même.

     

    T.L., H.R., I , 24 : Combat des Horaces et des Curiaces :entre 666 et 635 ACN

    Sous le règne de Tullius Hostilius

    Forte in duobus tum exercitibus erant trigemini fratres, nec aetate nec viribus dispares.

    Horatios Curiatiosque fuisse satis constat, nec ferme res antiqua alia est nobilior.

    Pourtant dans un fait si célèbre, il reste un doute sur les noms. De quelle nation étaient les Horaces ? De laquelle étaient les Curiaces ? De bons historiens sollicitent en l’un et l’autre sens. Je vois, toutefois, que la majorité donne aux Romains le nom d’Horaces, et j’incline à suivre cet avis. Les rois proposent aux frères de tirer l’épée pour leur patrie respective ; la suprématie demeurera du côté des vainqueurs. Ils acquiescent. On prend rendez-vous.Au préalable, un traité signé entre Rome et Albe stipule que la nation dont les champions seront vainqueurs en ce combat exercera sur l’autre une autorité incontestée.

    T.L.,H.R., I, 25 : Combat des Horaces et des Curiaces (suite)

    Foedere icto trigemini, sicut convenerat, arma capiunt. Cum sui utrosque adhortarentur,deos

    patrios, patriam ac parentes, quidquid civium domi, quidquid in exercitu sit, illorum tunc

    arma, illorum intueri manus, feroces et suo ingenio et pleni adhortantium vocibus in medium

    inter duas acies procedunt.

    Assises chacune devant son camp, les deux armées étaient à ce moment hors de danger, mais non d’inquiétude : la suprématie était en jeu et reposait sur le courage et la chance de quelques hommes. Aussi tous sur le qui-vive et en suspens portent une ardente attention à ce spectacle si angoissant. On donne le signal, et, comme deux bataillons, les six jeunes gens vont à l’offensive, concentrant en eux le courage de deux grandes armées.Les uns et les autres oublient leur propre danger pour ne penser qu’à leur nation, à sa puissance ou à son asservissement et à la destinée de leur patrie, qui sera ce qu’eux seuls l’auront faite.

    Dès le premier choc, le cliquetis des armes, l’éclair des épées firent passer un grand frisson dans l’assistance saisie ; l’espoir ne penchait d’aucun côté ; tous en perdaient la voix et le souffle.Mais, quand la mêlée fut engagée,quand ce ne furent plus seulement des corps en mouvement, des épées et des boucliers brandis sans résultat qui s’offrirent à la vue, mais bien des blessures et du sang, les trois Albains étaient blessés, tandis que deux Romains s’abattaient mourants l’un sur l’autre.Leur chute fit pousser des cris de joie à l’armée albaine ; les légions romaines, dès lors sans espoir, mais non sans inquiétude, tremblaient pour leur unique champion que cernaient les trois Curiaces. Par bonheur, il était indemne, trop faible, à lui seul, il est vrai , pour tous ses adversaires réunis, mais redoutable pour chacun pris à part.Afin de les combattre séparément, il prit la fuite, en se disant que chaque blessé le poursuivrait dans la mesure de ses forces. Il était déjà, dans sa fuite, à une certaine distance du champ de bataille, quand il tourne la tête et voit ses poursuivants très espacés.Le premier n’était pas loin…

    In eum magno impetu rediit ; et, dum Albanus exercitus inclamat Curiatiis ut opem ferant

    fratri, iam Horatius caeso hoste victor secundam pugnam petebat.Tunc clamore qualis ex

    insperato faventium solet Romani adiuvant militem suum ; et ille defungi proelio festinat.

    Prius itaque quam alter consequi posset, et alterum Curiatium conficit. Iamque aequato Marte

    singuli supererant, sed nec spe nec viribus pares : alterum intactum ferro corpus et geminata

    victoria ferocem in certmen tertium dabat ; alter fessum volnere, fessum cursu trahens corpus

    victusque fratrum ante se strage victori obicitur hosti.Nec illud proelium fuit. Romanus

    exsultans "  Duos, inquit, fratrum manibus dedi ; tertium causae belli huius, ut Romanus

    Albano imperet, dabo. "Male sustinenti arma gladium superne iugulo defigit, iacentem

    spoliat.Romani ovantes ac gratulantes Horatium accipiunt, eo maiore cum gaudio, quo prope

    metum res fuerat.

    Puis les deux partis se mettent à ensevelir leurs morts, mais avec des sentiments bien différents : les uns avaient la suprématie, les autres tombaient au pouvoir d’autrui.

    T.L., H.R., II, 1O : Exploit d’Horatius Cocles : en l’an 5O2 ANC

    Au début de la République

    Les Etrusques supportent difficilement leur défaite et l’abolition de la royauté ; Porsenna, leur roi attaque les Romains et essaie de reprendre Rome, mais, a la surprise de trouver en face de lui de véritables héros…

    Aux approches de l’ennemi, toute la banlieue se transporte à Rome. Rome elle-même fut entourée d’avant-postes. Ses remparts d’un côté, de l’autre l’obstacle fermé par le Tibre semblaient la mettre en sûreté.Mais le pont Sublicius faillit livrer passage à l’ennemi, s’il ne s’était rencontré un héros, Horatius Coclès : c’est lui qui servit de rempart ce jour-là à la fortune de la ville de Rome. Il était chargé de la garde du pont, quand il vit l’ennemi s’emparer du Janicule par une attaque brusquée et dévaler de là au pas de charge, pendant que ses hommes, effrayés, jetaient leurs armes et s’enfuyaient.Il les arrête l’un après l’autre et leur barre le chemin, leur affirmant, au nom des dieux et des hommes, " qu’ils ont tort d’abandonner leur poste et de s’enfuir ; s’ils laissent le passage par le pont libre derrière eux, bientôt il y aura plus d’ennemis sur le Palatin et le Capitole que sur le Janicule.Aussi, il leur conseille, il leur recommande de couper le pont par le fer, par le feu, par tous les moyens possibles.Lui soutiendra le choc de l’ennemi, autant qu’une seule poitrine peut l’arrêter. "

    Le pont Sublicius est l’antique pont sur pilotis, sans un clou de fer, construit par Ancus Marcus. Le Janicule, une des sept collines de Rome,à droite du Tibre, était relié primitivement à la ville par ce pont.Elle sera annexée à la ville par Auguste.

    Vadit inde in primum aditum pontis, insignisque inter conspecta cedentium pugnae terga,

    obversis comminus ad ineundum proelium armis, ipso miraculo audaciae obstupefecit hostes.

    Il y eut cependant deux hommes que l’honneur retint près de lui, Spurius Larcius et Titus Herminius, tous deux illustres par leur naissance et leurs exploits.Il les garda un moment pour résister à la première vague d’assaut, la plus houleuse du combat. Puis, quand il ne resta du pont qu’un étroit passage et que ceux qui le coupaient les rappelèrent, il força ces hommes à se retirer, eux aussi, en lieu sûr. Promenant alors des regards terribles et menaçants sur les principaux Etrusques, tantôt il les défie individuellement, tantôt il s’en prend à tous :  " esclaves de tyrans orgueilleux, ils ne pensent plus à leur propre liberté et viennent attenter à celle d’autrui. " Ils hésitèrent un moment, se consultant l’un l’autre du regard pour engager le combat. Puis, poussés par la honte, ils s’ébranlent en masse, et, avec un cri, lancent à la fois leurs javelots sur leur unique adversaire. Les traits se plantèrent tous dans le bouclier dont il se couvrait, et lui n’en demeurait pas moins solidement campé pour barrer tout le pont.

    …Iam impetu conabantur detrudere virum, cum simul fragor rupti pontis, simul clamor

    Romanorum, alacrite perfecti operis sublatus, pavore subito impetum sustinuit. Tum Cocles :

    " Tiberine pater, inquit, te, sancte, precor, haec arma et hunc militem propitio flumine

    accipias. "Ita, sic armatus, in Tiberim desiluit multisque superincidentibus telis incolumis ad

    suos tranavit, rem ausus plus famae habituram ad posteros quam fidei. Grata erga tantam

    virtutem civitas fuit.

    Il eut une statue dans le comitium ; il reçut tout le terrain qu’il put entourer d’un sillon en un jour. Et au milieu des honneurs officiels perçaient aussi les témoignages d’affection des particuliers : ainsi, au fort de la famine, chaque citoyen, selon ses ressources, préleva de lui-même quelque chose sur ses vivres pour le lui donner.

    T.L.,H.R., II, 13 : Conduite héroïque d’une jeune fille, Clélie : en l’an 5O2 ACN

    Ergo, ita honorata virtute, feminae quoque ad publica decora excitatae ; et Cloelia virgo una

    ex obsidibus, cum castra Etruscorum forte haud procul ripa Tiberis locata essent, frustrata

    custodes, dux agminis virginum inter tela hostium Tiberim tranavit, sospitesque omnes

    Romam ad propinquos restituit. Quod ubi regi nuntiatum est, primo incensus ira oratores

    Romam misit ad Cloeliam obsidem deposcendam : alias haud magni facere.Deinde in

    admirationem versus, supra Coclites Muciusque dicere id facinus esse et prae se ferre

    quemadmodum, si non dedatur obses, pro rupto foedus se habiturum, sic deditam intactam

    inviolatamque ad suos remissurum. Utrimque constitit fides.

    Les Romains rendirent le gage de paix exigé par le traité, et, près du roi d’Etrurie, le courage fut non seulement en sûreté, mais à l’honneur : car il félicita la jeune fille et déclara qu’il lui donnait une partie des otages, à son choix. On les lui amena tous, et elle choisit, dit-on, ceux qui,étaient encore enfants : choix digne d’une jeune fille et unanimement approuvé par les otages eux-mêmes, car il importait surtout d’enlever à l’ennemi ceux que leur âge exposait le plus aux outrages.La paix une fois rétablie, Rome accorda à cette femme d’un courage sans précédent l’honneur alors sans précédent d’une statue équestre : on plaça en haut de la voie Sacrée la jeune fille assise sur un cheval.

  • dans des documents actuels:

    • -J.Poucet,Les origines de Rome,tradition et histoire,FUSL, Bruxelles, 1985.
    • -M.Serres, Rome, le livre des fondations,Paris, Grasset, 1983:une méditation philosophique sur Tite-Live, I, 7.
    • -P.Grimal,Tite-Live,Encyclopaedia Universalis, Corpus 18, pp.35-36, Paris, 1985.
    • -M.RAT,aide-mémoire de Latin,F.Nathan, Paris, 1965.

4.Un travail personnel et complémentaire sera effectué par les élèves : répondre par écrit aux deux questions suivantes :

  • comment lire une légende ?

    1. une légende est un récit à caractère merveilleux où les faits historiques sont transformés par l'imagination populaire ou par l'invention poétique; elle serait, dès lors, une histoire déformée et embellie.
    2. deux modes de lecture se présentent à nous :

    • a) le premier est la lecture historique d'une légende: en tant que lecteur, il importe de
      • rester critique, c'est à dire, objectif et impartial: distinguer les faits réels, donc historiques et les faits imaginaires qui insitent sur la présence des dieux auprès des héros, tout en rendant l'histoire plus merveilleuse.
      • prendre du recul par rapport au récit pour essayer d'en vérifier l'authenticité, donc les sources; pour essayer de cerner l'auteur, le contexte dans lequel il a écrit et les influences subies.
      • utiliser des outils comme l'archéologie, la géographie, la linguistique, la religion, la paléontologie, la numismatique, l'histoire...

      conclusion: nous faisons une lecture historique, lorsque nous avons expliqué comment, quand, pourquoi, par qui, pour qui le récit s'est constitué.

    • b) le second est la lecture non historique d'une légende: en tant que lecteur, il importe de comprendre le message que l'auteur veut faire passer et de considérer la légende comme porteuse de signes sous-tendus par une belle histoire.

  • quel intérêt de rapporter des légendes centrées sur des héros ?

    Le héros

    • est le personnage principal d'une légende; On lui prête un courage et des exploits extraordinaires; Il peut être réel (personnage historique) ou inventé par l'auteur (personnage légendaire).
    • permet l'existence d'un modèle auquel le lecteur peut toujours s'identifier.L'auteur le présente comme un exemple; il fait rêver.
    • permet de retenir l'attention car le lecteur peut le suivre au cours de ses exploits et de ses aventures tout en se retrouvant en lui ou en voulant y tendre. L'auteur légitimise ainsi la grandeur des actions et des créations du héros: comme celui-ci est magistral et extraordinaire, il est tout à fait normal que ses réalisations le soient aussi.

Ce travail de synthèse sera remis à la fin du parcours puisque les élèves exploitent tous les textes latins et des documents actuels.

Responsable académique : Alain Meurant     Analyse : Jean Schumacher     Design & réalisation inf. : Boris Maroutaeff
Dernière mise à jour : 21/09/1999