Prologue_Au fil du texte

 

vv.1-11

Θεοὺς: il n'est probablement pas indifférent que le drame commence par ce nom; il convient donc de le mettre en évidence dans la traduction.

Ἀτρειδῶν: l'emploi du pluriel est curieux, puisque Ménélas est roi de Sparte, tandis qu'Agamemnon règne à Argos (ou Mycènes).  C'est sans doute une manière d'associer plus étroitement les deux frères: non seulement ils seraient tous les deux responsables de la guerre de Troie et de ses excès, mais ils auraient été tous deux concernés d'emblée par le rapt d'Hélène. En effet, Pâris se serait ainsi rendu coupable de non respect de la loi de l'hospitalité  à l'égard de Ménélas ET d'Agamemnon, puisque ces derniers partageaient la même demeure.

χεῖμα καὶ θέρος: ces vers attestent l'importance de la connaissance des astres pour établir le calendrier, comme le prouvent par ailleurs Les travaux et les Jours d'Hésiode et la célébration des bienfaits de Prométhée par lui-même dans la tragédie attribuée à Eschyle: "Pour eux, il n'était point de signe sûr ni de l'hiver ni du printemps fleuri ni de l'été fertile; ils faisaient tout sans recourir à la raison, jusqu'au moment où je leur appris la science ardue des levers et des couchers des astres" (Pro., 454-458). Car, pour des populations agricoles, les levers et les couchers héliaques de certaines constellations  (c'est-à-dire la première et la dernière fois qu'elles apparaissent au-dessus de la ligne d'horizon) servaient de repères pour marquer les saisons, temps des semailles et temps des moissons. 

ἐλπίζον: on peut comprendre "qui espère" ou "qui attend"; l'expression est ambiguë, comme l'attitude de Clytemnestre, dont le garde parle à plusieurs reprises à mots couverts.

 

vv.12-21

ἀπαλλαγὴ πόνων: l'expression renvoie au début de la tirade: le garde attend tantôt des dieux tantôt du sort la fin de sa corvée.

 

vv.22-33

τρὶς ἓξ βαλούσης: l'image se rapporte au jeu de dés. On jetait le dé avec un cornet: si on obtenait trois fois de suit le chiffre 6, on pouvait faire avancer un pion sur un damier de 18 carrés. Ce jeu se jouait à deux, chaque concurrent ayant un pion à faire progresser sur une rangée de damiers. Ce jeu des Grecs ressemble au jeu de trictrac, qui se joue avec des dames et des dés sur un tableau spécial à deux compartiments.

 

vv.34-39

βοῦς ἐπὶ γλώσσῃ: métaphore signifiant garder le silence. Cf. Théognis, 815: "Un boeuf sur ma langue, qu'il foule de son pied vigoureux, m'empêche de bavarder, quoique j'en sache long". Ce boeuf désigne à l'origine la pièce de monnaie à l'effigie de cet animal, qui servait à acheter le silence d'un serviteur.