Episode1_Grammaire et langue

 

vv.258-263

σιγώσῃ: partic. prés. actif, dat. fém. sing. de σιγάω; marquant l'avantage par rapport à φθόνος.

 

vv.264-280

Κλυταιμήστρα: entre les vers 258 et 281, l'attribution de vers et/ou de tirades entre Clytemnestre et le choeur fait difficulté, les mss proposant des versions différentes. L'ordre adopté par la plupart des éditeurs est celui de l'humaniste Isaac Casaubon. 

κλύειν: inf. explétif de μεῖζον.

οὖσαν: il existe un certain nombre d'emplois du participe avec φημί, lequel marque, dans ce cas, une emphase: "je parle de Troie qui est aux mains des Achéens".

τί γὰρ: les mss n'ont aucune ponctuation entre τί γὰρ et τὸ πιστὸν, ce qui autorise aussi bien le choix de Mazon que celui de Denniston-Page.

εὐπιθῆ: correction inutile de la leçon des mss εὐπειθῆ.

ἄπτερος -ος -ον: littéralement "non ailé". Le sens de la métaphore fait toutefois difficulté. Le sens attesté chez Homère (Od., XVII, 57 et XIX, 29) "sans dire un mot" dans le cadre de l'exécution d'un ordre ne convient pas ici. On peut dès lors interpréter l'adjectif de la façon suivante: "qui n'a pas encore de plumes", c'est-à-dire tout jeune, non confirmé, ce qui conviendrait mieux au contexte. En tout état de cause, la question du choeur à Clytemnestre n'est pas aimable.

 

vv.281-316

ἀγγάρου: de l'hapax  ἄγγαρος -ος -ον, "disposé par relais", qui corrige la leçon des mss   ἀγγέλου. La correction a été imposée aux éditeurs par le témoignage des Etymologica:   Αἰσχύλος γοῦν ἐν Ἀγαμέμνονι τὸν ἐκ διαδοχῆς πυρσὸν "ἀπ'ἄγγάρου πυρὸς" ἔφη.

πανὸν: de l'hapax πανός -οῦ, ὁ, doublet de φανός, la leçon facilior des mss: "flambeau, torche". La correction a été imposée, ici aussi, par la tradition indirecte, à savoir une citation d'Athénée de Naucratis, XV, 700e: πρότερος δὲ τούτων Αἰσχύλος ἐν Ἀγαμέμνονι μέμνηται τοῦ πανοῦ.

ἰσχύς: malencontreusement corrigé en ἰχθῦς par Ahrens,  fait partie d'un vers qui, juxtaposé au suivant, pose des problèmes insurmontables. Car: (1) on se trouve devant deux sujets dans des phrases nominales, ἰσχύς et πεύκη; (2) l'expression πρὸς ἡδονὴν λαμπάδος ne veut absolument rien dire. C'est pourquoi un grand nombre d'éditeurs posent l'existence d'une lacune: un vers, qui contenait le verbe principal a sans doute disparu.

χρονίζεσθαι: inf. prés. passif de χρονίζω: actif: passer le temps, durer, tirer en longueur; passif: vieillir. Il s'agit d'une conjecture visant, de même que χατίζεσθαι de χατίζω "avoir besoin",  à corriger la leçon des mss χαρίζεσθαι, dépourvue de sens. Mais elle n'est guère plus convaincante que la leçon qu'elle est censée corriger.

φλέγουσαν: on peut se demander à quel mot se rapporte ce participe à l'acc. fém. sing. Beaucoup d'éditeurs considèrent que le vers 308 dans lequel il figure est irrémédiablement corrompu. Mazon se livre à une véritable prouesse (1) en rapportant, à travers une rupture de construction φλέγουσαν à φλογὸς, complément de πώγωνα, et (2) en faisant de ὑπερβάλλειν un infinitif de conséquence avec  ὥστε sous-entendu.

εἶτ'... εἶτ'...: ensuite... ensuite. Fraenkel ne voit pas très bien pourquoi ces deux actions doivent se succéder dans le temps, mais Mazon et Denniston-Page estiment que le vers peut être maintenu tel quel et fait sens: "il s'est élancé et il est arrivé".

 

vv.317-319

ὡς λέγεις πάλιν: si on fait de cette proposition une comparative, le sens  n'en est pas évident, ce qui a suscité maintes corrections. Mazon en fait ingénieusement une complétive, apposée et explicitant λόγους τούσδε.

 

vv. 320-350

προσεννέποις: contrairement à ce que suggère la crux placée par certains éditeurs, le v.323 tel qu'il est attesté par les mss est compréhensible, car le verbe προσεννέπω signifie notamment "appeler quelqu'un/quelque chose d'un nom", avec deux acc. Le participe διχοστατοῦντ'...οὐ φίλως est attribut de ὄξος τ'ἄλειφα.

ὄξος τ'... καὶ τῶν ἁλόντων: on se trouve ici devant un bel exemple de parataxe, les τε introduisant une comparaison, les καί, l'objet de la comparaison.

φθογγάς: ce substantif est déterminé par deux génitifs différents, le génitif subjectif désignant la personne qui pousse le cri (ἁλόντων, κρατησάντων) et le génitif objectif exprimant la cause du cri (συμφορᾶς).

φυταλμίων: de φυτάλμιος -ος -ον, "qui fait naître, qui engendre, qui fait croître, qui nourrit; qui est de nature, inné" (sens plus rarement attesté). L'adjectif qualifie le nom γερόντων, formant une expression dont le rôle dans la phrase fait difficulté. Soit on rapporte celle-ci à παῖδες et on dissocie ἀνδρῶν de κασιγνήτων (Fraenkel), ce qui donne la signification suivante: "les uns tombés auprès des corps de leurs maris et frères, les enfants (tombés auprès des corps) de vieux pères". On force dans ce cas le sens de οἱ μέν en faisant désigner par l'article-pronom les épouses ou soeurs par opposition aux παῖδες. Tout en conservant le texte des mss, Mazon échappe à ce piège en faisant de ἀνδρῶν κασιγνήτων un syntagme qui désigne "les frères". Denniston-Page, quant à eux contestent la leçon des mss en faisant remarquer qu'on voit plus fréquemment les vieillards pleurer la mort des jeunes que l'inverse. C'est pourquoi ils préfèrent corriger la leçon des mss en φυτάλμιοι γέροντες παίδων.

ὧν: génitif neutre pluriel du pronom relatif, qui est un génitif partitif dont l'antécédent est πρὸς τούτοις sous-entendu. 

οὔ τἂν ἑλόντες... ἀνθαλοῖεν: ces conjectures, qui imposent la répétition de la particule ἄν et remplacent les leçons des mss οὐκ ἀνελόντες et ἂν θάνοιεν, renvoient à un proverbe qui pourrait être formulé ainsi: "était pris qui croyait prendre". 

δεῖ: est utilisé simultanément avec deux constructions différentes: avec un gén. (σωτηρίας) et avec un inf. (κάμψαι).

θάτερον: contraction de τὸ ἕτερον en attique et en ionien.

ἐγρηγορός: participe pf. actif nom. neutre sing. de ἐγείρω, ἐγερῶ, ἤγειρα, ἐγήγερκα/ἐγρήγορα (sens intr.) . Si ce participe fait difficulté pour certains éditeurs (cf. Fraenkel), il est accepté par d'autres (Mazon, Denniston-Page), qui interprètent ainsi la séquence: "même si l'armée revient saine et sauve dans ses foyers sans avoir offensé les dieux, la peine des morts pourrait se réveiller, si des malheurs imprévus ne surviennent auparavant". L'opposition entre  θεοῖς et ὀλολότων est manifeste. Les Grecs peuvent être quittes à l'égard des dieux, sans l'être à l'égard des morts, lesquels font allusion, du point de vue du choeur, aux guerriers morts au combat, du point de vue de Clytemnestre, à Iphigénie.

τύχοι: cette leçon des mss est correcte: il n'y a donc aucune raison justifiant la correction τεύχοι.

ὄνησιν: de ὄνησις -εως, ἡ: utilité, avantage; jouissance. On peut traduire de deux façons le v. 350: "je préfère la jouissance aux nombreuses richesses" ou "je choisis la jouissance de nombreuses choses" (lesquelles? peut-être la vengeance).

 

vv.351-354

πόνων: complément de ἄτιμος.